Les langues officielles du Forum mondial de RIPESS 2013 seront l’Anglais, le Français et l’Espagnol.
2. Détails
Jour 1
* Cérémonie d’ouverture
Un moment formel de la rencontre, qui peut être ouvert au public extérieur, avec des porte-paroles du Conseil d’Administration du RIPESS (un par continent), le Comité Local d’Organization, des autorités gouvernementales, des partenaires.
La ligne du temps des Forums mondiaux devrait être brièvement récupérée, mettant en évidence les principaux résultats de chacun, de manière à mettre en contexte le Forum 2013.
Certaine méthodologie peut être utilisée pour créer un moyen pour les participants de se présenter (nom, pays, organisation, secteur d’activité, les attentes de la rencontre) * Analyse politique et de conjoncture
C’est le moment d’une analyse globale où la situation du monde, les crises mondiales et les défis actuels et le rôle possible de l’ESS dans ce contexte seraient traitées. Cela sera fait en séance plénière avec un membre du Conseil d’Administration du Ripess et un ou deux parleurs principaux pas nécessairement directement impliqué(e)s dans l’ESS.
Quelqu’un de l’ONU pourrait également être invité à contribuer en ce moment avec les défis de la gouvernance mondiale et la redéfinition des objectifs du Millénaire en 2015. Les résultats de la Conférence de l’UNRISD « Économie Sociale et Solidaire : potentiel et limites » pourrait être donner bons apports aux discussions.
Les résultats du Forum social mondial de l’ESS (Juillet 2013 au Brésil) et le Forum mondial du commerce équitable (Avril 2013 au Brésil) pourraient également être brièvement présentés.
Les participants dans la plénière contribuiront également pendant un moment de « forum ouvert » après les orateurs principaux. * ESS dans les continents : état de l’art
Chaque continent aura des présentations faites par un(une) membre du CA du RIPESS sur l’état de l’art de l’ESS dans leur continent respectif. L’État de l’art sur l’ESS dans chaque continent devrait donner un aperçu des initiatives d’économie sociale solidaire et de l’organisation du mouvement dans l’Afrique, l’Asie, l’Amérique Latine et Caraïbes, l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Océanie. Ça serait aussi le moment de présenter les résultats principaux des rencontres continentales préparatoires qui ont été réalisées.
À ce point, chaque représentant continental ira également présenter brièvement les principaux résultats et propositions du continent sur la Vision Globale sur l’ESS.
Jour 2
* Territoire de l’Economie Sociale Solidaire au Quezon city Memorial Circle (région métropolitaine de Manille)
Le deuxième jour, le Forum mondial aura lieu dans un espace ouvert qui définira un « territoire de l’Economie Sociale Solidaire ». Le lieu probable sera le Quezon city Memorial Circle, en collaboration avec le gouvernement de la ville de Quezon.
Il y aura trois types d’activités au même temps :
Une foire de l’Économie Sociale Solidaire
Expositions sur les initiatives de l’ESS de partout dans le monde
Activités autogérées.
De cette façon, les participants locaux et étrangers pourront présenter leurs produits ou des matériels de divulgation. Des entreprises locales de l’ESS seront également invités à présenter aux participants du Forum leurs pratiques concrètes dans les Filipines, comme un moyen de présenter quelque chose sur la réalité de l’ESS en Asie.
Cette Territoire permettra aux participants du Forum et à la communauté locale la possibilité de connaître un peu sur la diversité de l’ESS dans le monde, d’engager les exposants dans un dialogue et faire des échanges économiques entre les acteurs internationaux présents et aussi avec des consommateurs institutionnels en d’Asie, qui vont être contacté au préalable avec un catalogue de produits et de services qui vont être disponibles dans la Foire.
Jour 3
Pour approfondir les discussions et produire des résolutions qui guideront les membres du RIPESS au cours des 4 prochaines années, les participants se pencheront pendant la journée sur 4 thèmes : « Vision Global », « Expériences de l’ESS et intégration économique », « Réseautage Global » et « Communication et visibilité de l’ESS ».
L’approche méthodologique pour ce moment est de baser les discussions sur des initiatives réelles et territoriales dans les 5 continents et d’avoir une forme très participative et démocratique de construire ses résolutions.
* Matin – Thème 1 : Vision Globale
Dans la matinée, tous les participants au forum seront impliqués à l’élaboration d’une vision globale de l’ESS.
Ce thème débattra les principes de base qui définissent l’ESS dans le monde entier, et servira de référence pour la compréhension du Ripess sur l’ESS. Tant les points de vue qui sont consensuels comme ceux qui sont divergents (c.-à-dire des perspectives différentes sur l’ESS) devraient être mis en évidence. L’idée est qu’un document de base élaboré par les réseaux continentaux au cours de l’année pourrait servir de référence pour le débat, outre les initiatives concrètes qui seront discutées dans les groupes de travail.
Questions / Problèmes de ce thème :
→ Les structures de gouvernance pour l’ESS
→ Les valeurs de l’ESS qui le distinguent de l’économie orientée par le marché néolibéral
→ Services de développement social et services de conservation écologique fournis par l’ESS
→ Viabilité économique
Avant le Forum, les réseaux continentaux du RIPESS feront des discussions sur la vision globale de l’ESS. Les formulations de la vision globale de l’ESS seront ensuite rassemblés et soumis aux membres respectifs du conseil d’administration du RIPESS, qui à son tour passeront en revue les formulations reçues. Les membres du CA du RIPESS choisiront ensuite celles qui peuvent être considérées comme formulations solides de la vision globale de l’ESS et les soumettre au Coordonnateur exécutif du RIPESS. Les participants du Forum 2013 vont analyser collectivement toutes les soumissions et choisiront ce qu’ils peuvent juger que les meilleures formulations de la vision globale de l’ESS.
Pour construire une formulation commune, un exemple de méthodologie est la suivante : Les participants au Forum travailleront en petits groupes (organisés par table) afin de formuler leur vision globale sur l’ESS. Enfin, les participants au Forum dans son ensemble décideront (par votation) sur la formulation la plus appropriée de la vision globale de l’ESS. Pour construire les consensus et les divergences, il faudrait développer d’autres méthodes.
* Après-midi – thèmes 2, 3 et 4
Dans l’après-midi, les participants au Forum seront divisés en trois groupes de travail qui traiteront les trois autres thèmes : 2) Expériences de l’ESS dans les territoires ; 3) Réseautage et organisation global de l’ESS ; 4) Communication et visibilité de l’ESS.
Questions et enjeux à traiter dans chaque thème suivre ci-dessous :
Thème 2 : Expériences de l’ESS dans les territoires
Ce groupe se concentrera sur la façon dont les initiatives existantes de l’ESS font leurs activités économiques et leur integration dans des réseaux et des chaînes. Dans ce thème, la territorialité et le développement durable sont des éléments clés qui doivent être présents de manière transversale dans les discussions.
Questions / Problèmes de ce thème :
→ Quelles actions / innovations sont entreprises par l’ESS pour lier les producteurs (éthiques) et les consommateurs (éthiques) ? Comment doit-on avancer ?
→ Quelles actions / innovations sont entreprises par l’ESS pour lier la production (éthique) et les finances solidaires / sociaux ? Comment doit-on avancer ?
→ Quelles actions / innovations sont entreprises par l’ESS pour créer un marché alternatif pour les produits et services de l’ESS à l’échelle locale, nationale et internationale ? Comment doit-on avancer ?
→ Quelles actions / innovations sont entreprises par l’ESS contribuant au développement territorial ? Comment doit-on avancer ?
Thème 3 : Réseautage et organisation global
Réseautage global se réfère à la façon dont le mouvement s’organise au niveau local, national et international. Cela a à voir avec les stratégies politiques, l’articulation avec d’autres mouvements et institutions internationales, ainsi que la structure des différents réseaux qui sont plus efficaces dans la construction d’un solide réseau mondial de l’ESS interconnecté et représenté par RIPESS.
Questions / Problèmes de ce thème :
→ Quelles sont les initiatives de réseaux qui sont nécessaires pour renforcer la vision globale dans les dimensions suivantes :
→ Quels sont les acteurs stratégiques (mouvements sociaux, institutions, structures gouvernementales) avec lesquelles nous devrions articuler de façon stratégique ?
→ Quelles sont les actions menées par les entreprises d’ESS pour se relier avec des réseaux locaux, nationaux et internationaux ?Comment peut l’ESS élargir l’adhésion au niveau local et international ?
→ Quels sont les défis pour établir ces liens institutionnels ?
Thème 4 : Communication et visibilité de l’ESS
Un des principaux défis de l’ESS est son invisibilité vers le public général, les responsables des politiques publiques, et même dans d’autres mouvements sociaux. Ce thème permettra de traiter ce défi et proposer des moyens de diffuser le message et les contributions de l’ESS pour un autre modèle de développement.
Questions / Problèmes de ce thème :
Comment développer la visibilité :
→ des expériences de l’ESS entre elles (connaître et apprendre les uns des autres) ?
→ des initiatives de l’ESS dans la société, vers le public général, et avec d’autres mouvements et acteurs ?
→ de l’organisation de l’ESS (ses réseaux, où ils sont, quels sont les acteurs qui font l’ESS et la façon dont le mouvement est organisé) ?
→ de la vision globale de l’ESS à l’égard des questions politiques d’intérêt pour la société et pour le développement (positionnement politique)
Dans chacun des trois groupes de travail thématiques, chaque continent aura choisi, avant le Forum, une initiative concrète qui sera présentée pour ouvrir chaque thème. Cela signifie que pour chaque atelier thématique, il y aura au moins 5 personnes (une par continent) qui partageront leur point de vue sur le thème en fonction de leur expérience concrète et pratique. Par conséquent, l’expérience continentale servira de point de départ des discussions (approche bas-haut). Les présentateurs doivent avoir préparé leurs présentations bien avant le Forum pour la traduction dans les autres langues officielles.
Chaque groupe thématique sera coordonné par deux membres du CA du RIPESS, de préférence un homme et une femme, de différents continents.
Enfin, un comité de systématisation travaillera sur les propositions finales élaborées par les 3 groupes thématiques pour qu’ils soient prêts pour les rencontres continentales et la dernière séance plénière le lendemain. * Soirée – Réunions Continentales
Au cours de la soirée du troisième jour, les participants de chaque continent auront une réunion par continent en même temps (5 salles). C’est un moment de construire une évaluation continentale des discussions jusqu’à présent et de préparer les propositions et présentation continentales de la journée suivante.
Comme il y aura déjà eu des Rencontres Continentales avant le Forum de Manille, les résultats de ces rencontres continentales serviront aussi comme référence à prendre en considération par les participants.
Jour 4
* Matin – Des engagements, des actions et des objectifs spécifiques et concrètes pour 2014 2017
Les discussions et débats réalisés au cours des trois premiers jours étaient de nature générale. Dans le matin du quatrième jour, les participants discuteront des sujets spécifiques dans chacun des 4 thèmes, partageant des engagements et cherchant de consolider des accords concrets, des objectifs à atteindre, une agenda mondial et d’autres actions spécifiques, qui pourraient être multilatérales ou bilatérales. * Après-midi – Session plénière finale
La session plénière finale, c’est le moment où les principaux résultats de ces 4 jours sont présentés : L’état de l’art de l’ESS dans les 5 continents ; Les questions soulevées au cours des activités dans le « Territoire de l’ESS » pendant le deuxième jour ; Les résultats et propositions des 4 Thèmes, ainsi que les activités prévues et les engagements des 5 continents.
La plénière pourrait être fermé avec un micro ouvert où les gens pouvaient librement faire une évaluation de la rencontre et contribuer avec des engagements de leur organisation et avec d’autres réflexions sur les résultats qui ont été présentés.
* Cérémonie de clôture
La cérémonie de clôture pourrait être l’occasion de montrer symboliquement la richesse des différentes façons dont l’ESS est vécu dans les 5 continents : avec de la musique, des couleurs, des témoignages. Comme exemple, les participants pourront être invitées à porter un costume national et de préparer une présentation culturelle avec de la musique, de la danse ou de la poésie.
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La chaire d’économie sociale et solidaire de l’UPEMLV et le laboratoire d’économie Erudite (Paris Est) organiseront les 33e Journées de l’Association d’Economie sociale sur le thème : "Les nouvelles frontières de l’économie sociale et solidaire", les 12 et 13 septembre 2013 à l’université paris Est Marne-la-Vallée. Le délai pour l’envoi des propositions est le 19 novembre 2012.Depuis ses origines situées au XIXe siècle, ce que nous appelons aujourd’hui et depuis peu « l’économie sociale et solidaire » (ESS) a toujours été le lieu de frontières, externes mais aussi internes. Ses frontières internes ont désigné ses diverses composantes alors que ses frontières externes l’ont séparé de l’économie capitaliste et libérale dont elle veut se distinguer. Les premières reflètent sa diversité, les secondes tracent ses spécificités communes. Elles sont donc largement interdépendantes.
Les frontières de l’économie sociale et solidaire se repèrent aussi à deux autres niveaux qui entretiennent des rapports plus lâches. Elles se lisent au niveau de ses pratiques, et de ses acteurs, et au niveau de ses théories. Prenons un exemple pour chacun d’eux. Charles Gide, au début du XXe siècle, distingue, pour le premier niveau, trois acteurs à partir de leurs modes d’actions : l’auto-organisation des associations libres, l’aide désintéressée du patronage d’initiatives privées et les aides publiques des administrations. À la même époque, on assemble et on distingue, au second niveau, quatre écoles de l’économie sociale : l’école socialiste, l’école sociale-chrétienne, l’école libérale et l’école solidariste. Comme ce rappel historique le suggère, les frontières de l’économie sociale et solidaire ont été depuis son origine mobiles. Elles ont toujours fait l’objet d’évolutions et de débats.
Aujourd’hui, dans le monde francophone, s’affirme une nouvelle dénomination, l’économie sociale et solidaire, faisant suite aux années 1980 et 1990 qui virent s’opposer partisans de l’économie sociale et partisans de l’économie solidaire. Cette dénomination « unitaire » se diffuse depuis une dizaine d’années sur trois registres : celui des organisations professionnelles dont la moitié des chambres régionales s’intitulent avec deux « s » en se désignant comme chambre régionale de l’économie sociale et solidaire ; celui des collectivités territoriales avec notamment l’échelon régional qui a été pionnier dans le développement de politique dédiée à l’économie sociale et solidaire ; celui, enfin, des mondes savants avec notamment la création en 2001 du réseau interuniversitaires de l’économie sociale et solidaire. Aussi, après dix ans de gestation, l’économie sociale et solidaire dessine-t-elle de nouvelles frontières qui suscitent analyses, débats, controverses et renouveaux.
L’objectif des XXXIIIes Journées de l’Association d’économie sociale (AÉS) est de réunir un vaste ensemble de contributions consacrées à l’économie sociale et solidaire, prenant en compte ses nombreuses dimensions, ses différents enjeux, exprimant ses diverses approches, dont la réunion permettra de mieux caractériser les nouvelles frontières internes et externes qui la constituent. La réunion de tous ces travaux devrait permettre de faire avancer les réponses à l’interrogation récurrente que soulèvent aujourd’hui ces nouvelles frontières : l’économie sociale et solidaire, quelle unité ? Plus prosaïquement, qu’est-ce que vraiment l’économie sociale et solidaire ?
Afin d’organiser en amont les contributions, nous proposons différentes entrées pour aborder l’économie sociale et solidaire. Chacune devrait permettre d’éclairer une part des nouvelles frontières de l’économie sociale, de traiter les débats que ces dernières soulèvent, de faire droit aux différentes approches dont l’économie sociale et solidaire fait l’objet.
Nouvelles frontières et histoire
Pour traiter des frontières, on propose de distinguer entre l’histoire longue et l’histoire courte, quitte à articuler ces deux historicités. Comme la référence à Charles Gide [fondateur de la Rec-Recma] a cherché à le suggérer, l’économie sociale et solidaire compose un ensemble de pratiques et de théories dont les dénominations, de même que ses composantes internes et ses lignes de démarcation, changent et évoluent au cours du temps. Ainsi, au niveau des théories, le fil rouge qui marqua la frontière externe des théories pionnières de l’économie sociale et solidaire en France, autour du concept d’association, fut sans doute leur critique commune de l’Économie politique anglaise.
Depuis le début du XIXe siècle jusqu’à la fin du XXe siècle, il y a une histoire longue à faire, ou à refaire, des frontières internes et externes de l’économie sociale et solidaire, au niveau de ses pratiques et de ses acteurs comme au niveau de ses théories. Elle sera bien sûr l’histoire de leurs évolutions mais aussi des débats que la question des frontières a soulevé : le socialisme a pu ainsi être un courant de pensée situé dedans puis dehors.
En complément, il y a une histoire courte qui est, à partir de la fin du XXe siècle, celle de l’émergence (en France ?) de la nouvelle dénomination d’économie sociale et solidaire qui a succédé à l’opposition entre l’économie sociale, d’un côté, et l’économie solidaire de l’autre. Comment cette dénomination a-t-elle émergée ? Quels en ont été les premiers acteurs qui l’ont promu ? Quels glissements de terrain manifeste t-elle ?
À la croisée de l’histoire longue et de l’histoire courte, on pourra situer la nouveauté de l’économie sociale et solidaire dans une perspective de longue durée.
Nouvelles frontières et repérages statistiques
L’une des manifestations les plus évidentes de l’économie sociale et solidaire est celle de son existence statistique. À partir d’une convention établie par un travail conjoint entre l’Insee et le Cncres, une statistique nationale de l’économie sociale et solidaire [voir l’intervention de Philippe Kaminski au XVIe colloque de l’ADDES] a vu le jour qui dessine ses frontières internes, en la divisant entre ses quatre composantes statutaires (coopératives, mutuelles, associations employeurs et fondations), et ses frontières externes, en la distinguant du hors économie sociale et solidaire public et privé.
Cette nouvelle donne statistique permet une connaissance quantitative de l’économie sociale et solidaire qui éclaire sa diversité et ses spécificités. Nous sommes ici au début d’un chantier de connaissance que les XXXIIIes Journées de l’AÉS souhaitent faire progresser.
Mais, ces nouvelles frontières statistiques font l’objet de débats. Ainsi, il n’est pas neutre de limiter le monde associatif aux associations employeurs. D’autres statistiques sont également disponibles (voir le rapport du CNIS 2010 intitulé « Connaissance des associations ») pour un autre point de vue sur les associations, par exemple, qui prendrait en compte dans l’économie sociale et solidaire le bénévolat.
Nouvelles frontières, social business et responsabilité sociale des entreprises
L’une des manières d’aborder aujourd’hui l’économie sociale et solidaire privilégie une approche en terme d’organisation. C’est d’ailleurs un point de vue ancien si l’on se reporte à Georges Fauquet puis à Claude Vienney. Ce fut plus récemment la perspective choisie par le guide de l’économie sociale et solidaire du CIF-OIT (2010) qui substitue volontiers à l’économie sociale et solidaire les organisation de l’économie sociale et solidaire (OESS). Avec cette perspective, les frontières tracées par les statuts font problème dans la mesure où les statuts ne sont qu’une partie des organisations.
Quand on choisit cette entrée par les organisations, plutôt privilégiée par les sciences de gestion, que devient l’économie sociale et solidaire ? Quelles sont les différentes approches en lice (entreprise sociale, social business, entrepreneuriat social) qui la recomposent, comment s’articulent-elles ou, au contraire, s’affrontent-elles autour de la « nouvelle économie sociale » ? Les entreprises classiques développant de la RSE font-elle partie de l’économie sociale et solidaire ? Au contraire, les OESS communiquant sur leur RSE marquent-elles par là un isomorphisme avec l’entreprise capitaliste ? L’usage de la norme ISO 26 000 (en voie avancée de labellisation [voir également ISO26000 et bilan sociétal) peut-il fonder de nouvelles frontières ?
Nouvelles frontières et développement durable
L’une des entrées privilégiées par les politiques publiques qui les amènent à aborder l’organisation de l’économie sociale et solidaire est sans conteste la question environnementale dans le cadre de l’Agenda 21. Qu’il s’agisse de la gestion des déchets, d’une agriculture durable, d’une croissance soutenable, la question écologique croise la route de l’économie sociale et solidaire. Dans cette rencontre, n’y a-t-il pas alors le risque d’une réduction du social à l’écologique en éludant la question des rapports sociaux, de la démocratie en particulier, au profit des seules normes de la qualité environnementale ? Peut-on se suffire d’un bilan carbone exemplaire pour communiquer sur sa responsabilité sociale ?
À l’inverse, la question environnementale peut-elle servir de levier pour interroger les modes de production et de consommation afin de les rendre plus conformes à une économie au service de l’homme comme dans l’exemple des circuits courts ?
Nouvelles frontières et impuissance publique
Pour beaucoup l’avancée de l’économie sociale et solidaire n’est que l’autre face du recul de l’État dans la gestion des services publics et de la solidarité. Qu’il s’agisse de la santé ou de la politique de solidarité, ce glissement a été maintes fois repéré, qui se traduit aussi par la réduction du financement public des associations. Ainsi, les mutuelles de santé augmentent le volume de leur couverture (même si elles perdent en part de marché) et les fondations augmentent leur part dans le financement des associations. C’est enfin le glissement vers une gestion en partie marchande comme dans le cas des services à la personne avec la nouvelle régulation de quasi-marchés.
Comment repérer, mesurer et analyser ce glissement de terrain où l’avancée de l’organisation de l’économie sociale et solidaire est l’autre nom du retrait de l’État ? Ne peut-on pas concevoir une nouvelle alliance entre l’ESS et l’État qui, comme l’a proposé François Soulage, se fonde sur la distinction entre, d’une part, les associations complémentaires de la politique publique et, d’autre part, les associations relais, invitant à revoir la conception de la solidarité en lien avec les prélèvements sociaux ?
Nouvelles frontières et développement des territoires
Beaucoup des travaux actuels sur l’économie sociale et solidaire portent sur les territoires parce que l’organisation de l’économie sociale et solidaire est consubstantiellement une économie de la proximité et du développement local. Au niveau des territoires, comment l’ESS s’inscrit-elle dans les logiques économiques, comment les modifie-elle ? Comment déplace-elle les frontières au sein, par exemple, des pôles territoriaux de coopération économique ?
La diversité de l’ESS apparaît-elle sur un même territoire ou existe-t-il une ESS différente selon les territoires en fonction de leur histoire, de leur spécialisation économique ou, encore, des politiques publiques locales ?
Nouvelles frontières et innovation sociale
Beaucoup des appels à projet lancés par les collectivités territoriales (les départements en particulier) en vue d’y développer l’économie sociale et solidaire se centrent sur l’innovation sociale. De sorte que l’on observe une sorte d’injonction politique à l’innovation sociale tous azimuts qui serait le remède aux problèmes sociaux. On voit ici le risque d’une instrumentalisation de l’organisation de l’économie sociale et solidaire par les politiques publiques. Prévenir ce risque suppose sans doute de mieux relier innovation sociale et utilité sociale afin d’éviter un effacement de toutes frontières.
Mais, l’innovation sociale correspond aussi aujourd’hui aux nouveaux dispositifs de coconstruction d’activités entre des acteurs de l’ESS et des acteurs publics ou des grandes entreprises privées. Dans les deux cas, si les frontières ne sont pas supprimées, l’innovation sociale est porteuse de nouvelles modalités de construction des frontières externes en laissant une zone non vide entre le dehors et le dedans.
Nouvelles frontières et droit
Le droit a été au cours de son histoire un acteur important des frontières de l’économie sociale et solidaire, segmentant ses composantes à la fin du XIXe siècle entre les coopératives (loi de 1867), les mutuelles (loi de 1883) et les associations (loi de 1901), segmentant entre 47 statuts différents les coopératives, rapprochant les coopératives des sociétés anonymes au point d’en faire une déclinaison (loi de 1867). Aujourd’hui ne fait pas exception à cette règle et les débats sur le droit sont vifs.
Le rapport Vercamer de 2010 sur l’économie sociale et solidaire avait posé la question d’un label qui serait la manière d’identifier mais aussi de renouveler les frontières de l’économie sociale et solidaire ? Où en est-on aujourd’hui par rapport à ces stratégies de labellisation ? Un autre débat concerne le statut à inventer pour identifier l’entreprise solidaire qui a luimême plusieurs entrées. L’entrée par le droit des sociétés avec la révision proposée du statut de la société anonyme qui, à côté de la finalité du partage des bénéfices, pourrait inclure une finalité sociale.
L’entrée par les structures de l’insertion par l’activité économique qui ont fait naître la volonté pour certaines de s’émanciper de la logique d’insertion et de sas pour devenir des entreprises solidaires avec pour finalité l’intégration.
Enfin, après beaucoup d’autres pays, la France prépare une loi cadre sur l’économie sociale et solidaire. Comment s’y posera la question des frontières ? Sur quels compromis se résoudrat- elle ?
Nouvelles frontières et développements théoriques récents
Si l’économie sociale et solidaire fait aujourd’hui comme hier l’objet d’approche par de très nombreuses disciplines (le droit, la sociologie, la gestion, l’histoire, la géographie), il en est une qui s’est particulièrement construite en lien avec cet objet. Il s’agit bien sûr de cette économie hétérodoxe née de la critique de l’Economie politique par la première génération des théoriciens de l’économie sociale et solidaire au XIXe. La crise des subprimes pose en des termes renouvelés cette question des frontières au sein de la science économique si l’on en croit Joseph Stiglitz (2010) lorsqu’il appelle à la nécessaire révision de celle-ci. Il ne s’agirait plus d’introduire pour cela l’information imparfaite mais de revoir le modèle de l’homo oeconomicus en y intégrant l’altruisme.
Ainsi, l’émergence de l’économie sociale et solidaire pourrait se traduire par une révision des frontières au sein de la science économique au moins à deux niveaux. Au sein, d’une part, de la théorie pure et ici on pense à des travaux sur les concepts d’équilibre en théorie des jeux ou dans le cadre de la théorie de l’équilibre général. Au sein, d’autre part, de l’économie expérimentale qui pourrait trouver une extension de ses frontières en investissant le champ de l’économie sociale et solidaire.
Nouvelles frontières et globalisation de l’économie sociale et solidaire
La nouvelle appellation d’économie sociale et solidaire est une spécificité française, liée à son histoire hexagonale. Pour d’autres pays ou régions du monde, ce « même » objet est construit différemment selon en particulier la place et les formes de l’État et du capitalisme. On parle traditionnellement de tiers secteur (ou de non-profit sector) dans la tradition anglo-saxonne, d’économie populaire en Amérique du Sud, d’économie communautaire au Québec.
Hors des frontières hexagonales, assiste t-on également à une recomposition des objets tels qu’ils ont été historiquement construits ? Au prisme de la comparaison internationale, comment se révèle l’économie sociale et solidaire ?
Calendrier, modalités de soumission
Article de Recma
Le Réseau européen de recherche EMES, en partenariat avec le Centre d’Economie Sociale à HEC - Université de Liège, vous invite à la
4e Conférence scientifique internationale d’EMES sur l’entreprise sociale, 1-4 juillet 2013, Université de Liège (Belgique)
Informations relatives à la conférence
Dans une perspective résolument mondiale et interdisciplinaire, cette conférence débattra de l’entreprise sociale et de l’entrepreneuriat social, en confrontant les approches qui se sont développées au cours des deux dernières décennies et dont la diversité va croissant.
Autour de l’entreprise sociale et l’entrepreneuriat social, la conférence fera dialoguer les courants de recherche liés au tiers-secteur (secteur non-profit, économie sociale, économie solidaire, ESS) et les communautés de chercheurs qui se forment sur des thèmes émergents tels que l’innovation sociale, l’évaluation de l’impact social, les organisations hybrides, le social franchising et la venture philanthropy, parmi d’autres.
Pour son 20e anniversaire, le Centre d’Economie Sociale accueillera la conférence, au sein de HEC – Ecole de Gestion de l’Université de Liège, dans une ville millénaire, en plein cœur de l’Europe.
Les informations relatives à la conférence seront régulièrement publiées sur la page de conférence (en anglais) .
Appel à Communications ici.
APPEL à Communication jusqu’au 1er mars.
Le Réseau Interuniversitaire de l’ESS – RIUESS - organise son XIIIe colloque à Angers les 5-7 juin 2013 sur le thème "Penser et faire l’ESS aujourd’hui. Valeurs, Statuts, Projets ?". L’appel à communications est ouvert jusqu’au 1er mars 2013.L’année 2012 a été consacrée année de la coopération et du modèle coopératif par l’ONU. L’Institut de Recherche des Nations-Unies pour le Développement Social s’interroge sur le potentiel et les limites de l’Economie Sociale et Solidaire. Ces deux éléments factuels soulignent que le discours sur le devenir et les mutations de l’ESS est désormais porté à l’échelle internationale. Il est donc d’autant plus urgent de questionner les verrous institutionnels, organisationnels, de la pensée, qui souligneraient les contraintes et les contradictions d’une ESS en expansion.
L’autre discours sur l’ESS vient des mouvements sociaux et des réseaux d’acteurs eux-mêmes qui cherchent, à travers l’ESS, les moyens nécessaires à l’atténuation des effets de la crise dans une ESS entre tensions et équilibres, entre marché et intérêt général. Dans ce cadre, une éventuelle transition économique et sociale est portée par la base selon un principe de « bottom up » qui réinterroge le sens de l’économie, de la monnaie, de l’économie politique, de la socialisation des êtres globaux, rompant avec une logique de « société de marché » pour que le marché reste au service de l’économie, de la société, des territoires.
Entre le discours et la réalité, l’idée même d’un modèle alternatif fait débat autant dans l’espace public, que dans la recherche scientifique qui interroge les fondements théoriques de cette économie de proximité (sociale et/ou géographique), de projets, faite d’expérimentations à plus ou moins grande échelle. Qu’il s’agisse d’une transition vers une économie alternative, ou vers une économie plus humaine, ou bien vers une économie au service de la société et des territoires, ou bien encore vers une économie socialement soutenable, économiquement viable, et respectueuse de l’environnement et de nos biens communs, l’ESS apparaît cependant comme « institutionnalisée ».
Pourtant son périmètre est encore flou, plaçant sous la même enveloppe de l’économie plurielle à la fois l’économie sociale institutionnalisée, la nouvelle économie sociale et solidaire, voire à l’international : l’économie populaire ou l’économie communautaire. Dans le même mouvement, les entreprises d’économie sociale et solidaire rencontrent les entreprises sociales, et s’articulent ou se confrontent à l’entrepreneuriat social. Des monnaies et des finances sont solidaires. Le commerce est équitable ou solidaire. Pour penser et mettre en oeuvre l’ESS aujourd’hui, il semble qu’il faille s’appuyer sur une convergence scientifique interdisciplinaire incluant l’ensemble des sciences humaines et sociales, économiques et de gestion, pour croiser les analyses en vue de mieux comprendre et anticiper les composantes d’une transition vers une « autre » économie.
C’est dans cette dynamique et cette volonté que s’inscrit l’appel à communication du RIUESS 2013-Angers. Les axes ci-dessous proposent d’envisager selon cinq dimensions de quelles façons l’économie sociale et solidaire s’organise pour préfigurer voire mettre en œuvre d’ores et déjà un modèle économique alternatif et viable pour les temps à venir. A l’issue de ce colloque, nous devrions être en mesure de non seulement expliquer la transition en cours des statuts et des fondements théoriques de l’ESS contemporaine, mais aussi de mieux comprendre les discours et les pratiques « sur » et « de » l’ESS contemporaine.
Axe 1 – Quel est le rôle des réseaux et des corps intermédiaires pour représenter et promouvoir l’économie sociale et solidaire ? Coordinateurs : Josette Combes, Laurent Gardin.
Axe 2 – Territoires et ESS en transition : que deviennent les valeurs et projets d’ESS ? Coordinateurs : Emmanuel Bioteau, Michel Abhervé, Francesca Petrella, Nadine Richez-Battesti.
Axe 3 – Quel est le rôle et quels sont les apports et les limites du modèle coopératif comme vecteur de transition économique ? Coordinateurs : Gilles Caire, Patrice Braconnier, Alexandrine Lapoutte.
Axe 4 – L’entreprise peut-elle être sociale ? Coordinateurs : Vincent Lhuillier, Alain Amintas, Sandrine Emin, Jennifer Urasadettan.
Axe 5 – En quoi la monnaie, la finance et le commerce, peuvent-ils contribuer au développement local dans un cadre solidaire ? Coordinateurs : Pascal Glémain, Jérôme Blanc, Jean-Christophe Guyomart, Elizabeth Poutier
La date limite de réception des propositions de communication est fixée au 01 mars 2013. Ces propositions, d’au maximum 1200 mots et précisant le sujet, la méthodologie et le cadre théorique, doivent être expédiées, par voie électronique, à :
Pascal Glémain
Emmanuel Bioteau
Chaque proposition sera évaluée en double aveugle par le comité scientifique.
Les propositions devront posséder deux éléments distincts :
1) une fiche d’identification précisant le nom du ou des auteurs, ses qualités, le titre de l’intervention et un acronyme de cinq lettres,
2) la proposition proprement dite, de 1200 mots maximum, identifiée par son seul acronyme.
Le Comité scientifique fera parvenir sa réponse, acceptation ou refus, aux auteurs avant le 15 mars 2013. Les textes définitifs devront parvenir avant le 15 mai 2013.
Le Comité Scientifique se compose de :
Alain Amintas, Université de Rennes 2
Bernard Balzani, Université de Nancy 2
Jérôme Blanc, Université de Lyon 2
Patrice Braconnier, Université de Poitiers
Odile Castel, Université de Rennes 1
Eric Dacheux, Université de Clérmont-Ferrand
Sandrine Emin, Université d’Angers
Eric Lavillunière, Institut Européen d’Economie Solidaire
Henry Noguès, ADDES
Sandrine Rospabé, Université Rennes 1
Nadine Richez-Battesti, Université de la Méditerranée
Jennifer Urasadettan, Université Rennes 2
et des membres du Comité de Pilotage :
Michel Abhervé, Université de Paris Est Marne la Vallée
Emmanuel Bioteau, ESO, Université d’Angers
Valérie Billaudeau, ESO, Université d’Angers
Gilles Caire, Université de Poitiers
Josette Combes, Université Toulouse le Mirail
Erika Flahault, ESO, Université du Maine
Laurent Gardin, Université de Valenciennes
Patrick Gianfaldoni, Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse
Pascal Glémain, ESSCA-UCO, CIAPHS Rennes 2
Jean-Christophe Guyomart, Université d’Angers
David Hiez, Université du Luxembourg
Alexandrine Lapoutte, Université de Bretagne occidentale
Vincent Lhuillier, Université de Nancy 1
Francesca Petrella, Université d’Aix-Marseille
Elizabeth Poutier, ESSCA CeRESS
Adresses postales : Rencontres RIUESS 2013
ESO, MSH-Angers,5 bis bd Lavoisier - 49045 Angers Cedex 01, Téléphone : +33.2.41.22.63.49 (Noémie Lebrun )
et
ESSCA CeRESS, 1 Rue Lakanal, BP 40348 - 49003 Angers Cedex 01, Téléphone : +33.2.41.73.57.08 (Sabrina Guérif)
(Article du RECMA)
L’Association Internationale des Investisseurs dans l’Economie Sociale, INAISE et le Forum de Finance Rural d’Amérique Latine et des Caraïbes, FOROLACFR, organisent le Sommet Mondial de la Finance Solidaire nommée « Pour plus de justice économique » qui se tiendra les mercredi 29 et jeudi 30 Mai à l’Hotel Mision de Los Angeles. OAXACA, OAX. CP 68050, Mexico.
INAISE et FOROLACFR, créés respectivement en 1989 et 2002, réunissent ensemble les organismes et acteurs impliqués dans le changement social à travers leurs actions dans le secteur financier. INAISE organise sa conférence annuelle pour la première fois en Amérique Latine.
Thèmes
Le Sommet abordera quatre thèmes qui définissent clairement les défis et enjeux de la finance sociale et solidaire :
1. Le déploiement des services financiers solidaires et les contingences de leur développement : cadres règlementaires, contrôle des taux et souveraineté institutionnelle, inclusion financière et banques de développement, mobilisation et gestion de l’épargne.
2. Sécurité / souveraineté alimentaire, économie rurale, développement de l’économie rurale et services financiers : finances rurales, agriculture familiale et économies paysannes, politiques publiques agricoles et financières pour la production alimentaire, chaînes de valeur et développement local.
3. Les questions liées aux relations économiques et aux liens sociaux : pauvreté, insécurité alimentaire, vulnérabilité, développement territorial, innovations, financement de l’accès à l’eau, finances solidaires et biens publics (éducation, santé et logement).
4. Le changement climatique et ses impacts pour les services financiers solidaires : financement de l’accès durable aux énergies renouvelables, financement de la transition écologique et sociale, articulation entre catastrophes et assurances agricoles.
Le colloque 2013 du CIRIEC-Canada (colloque 458) se tiendra dans le cadre du 81 e Congrès de l’Association francophone pour le savoir.
La mise en œuvre des décisions relève d’un paradoxe. Décider seul en mode hiérarchique permet d’agir rapidement mais le suivi est plus incertain. Dans le mode partagé, l’idée d’origine peut être diluée mais la mise en œuvre plus acceptée et mieux réussie. C’est l’essence de la gouvernance, une prise de décision partagée dans l’espoir de faire plus dans un monde où la légitimité est partagée. On peut aussi penser qu’elle sera plus démocratique selon les organisations où on se trouve.
La prise de décision se fait sur la base d’informations utiles. Or, l’information jugée pertinente peut être différente selon les valeurs et points de vue des parties concernées (internes, externes), toucher différents aspects de la performance (économique, sociale, environnementale), se référer à différentes temporalités, et concerner différents intérêts (particuliers, collectifs, général). Les questions de gouvernance et d’évaluation sont donc intrinsèquement liées (Perret, 2001 ; Bouchard, 2009).
La prise de décision conjugue toujours la distribution du pouvoir (qui décide de quoi ?) et l’évaluation (sur quelle base justifie-t-on la décision ?). La gouvernance met en rapport les parties prenantes au sein d’organisations qui réduisent les coûts de transaction liés à la recherche et au traitement de l’information (Coase, Williamson). Dans les organisations collectives (publiques et d’économie sociale), cet enjeu se traduit dans les relations gouvernance-direction, ainsi que dans des pouvoirs confiés aux comités et employés. La gouvernance, c’est aussi l’affaire de parties prenantes externes, notamment au sein de réseaux conviant une pluralité d’acteurs (privés, publics, d’économie sociale) (Cornforth 2012) reliés au sein de divers périmètres de solidarité (Monnier et Thiry 2000). Ceux-ci favorisent la conjugaison des intérêts particuliers et collectifs dans une vision construite de l’intérêt général (Bernier, Bouchard et Lévesque 2008 ; Enjolras 2008). Les entreprises collectives disposent ainsi de structures de pouvoir et d’évaluation différentes des autres entreprises, leur finalité mettant les parties prenantes au cœur des processus décisionnels – par voie de démocratie directe ou représentative – et des mécanismes évaluatifs – par voie de participation (volontaire) et de vérification (obligatoire).
Les notions de gouvernance et d’évaluation sont d’habitude traitées séparément. Ce colloque propose de les mettre en relation. Suivre le fil de la gouvernance jusqu’aux indicateurs permet de pousser plus loin la réflexion sur la gouvernance, et de jeter un regard neuf sur le caractère politique et social – et non simplement technique – de l’évaluation.
Un premier atelier fera un retour sur la notion de gouvernance. Quels enjeux dans le contexte actuel ? Quel lien entre gouvernance des organisations et gouvernance des réseaux ? Le champ des entreprises publiques et d’économie sociale est-il fertile pour mieux comprendre le sens de la gouvernance aujourd’hui ?
Un deuxième atelier portera sur ses déclinaisons pratiques de la gouvernance dans les entreprises collectives. Quel est l’état de la gouvernance aujourd’hui ? Quels sont les enjeux qui se posent ? Comment envisage-t-on l’avenir ?
Le troisième atelier portera sur les indicateurs. Est-ce que l’information disponible permet de prendre les bonnes décisions ? Qu’en est-il de la triple reddition de comptes ? Quels sont les indicateurs à privilégier ? Quelles sont les méthodes qui permettent de conduire des évaluations robustes et fondées par les besoins des parties concernées ? En d’autres mots, comment vit-on les exigences de la gouvernance en matière d’information.
Un quatrième atelier, organisé conjointement avec le Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES), portera sur la thématique de la co-construction des connaissances et sur le transfert entre universités et milieux des entreprises collectives, un champ de pratiques particulièrement développé au CIRIEC-Canada.
Deux ans après le début des mouvements de contestation et renouveau démocratique en Méditerranée, la première édition de MedESS positionne l’économie sociale et solidaire comme levier essentiel d’un développement responsable et de la création d’emploi. Espace d’engagement et de décloisonnement, MedESS réunira, du 2 au 4 mai 2013 à Tunis, celles et ceux qui, collectivement, entreprennent autrement et incarnent aujourd’hui l’espoir. 1 000 entrepreneurs sociaux, institutions et collectivités y sont attendus.
Un contexte historique pour un Printemps de l’engagement solidaire La contestation sociale apparue dans les pays méditerranéens, tant de la rive sud que de la rive nord, est le signe d’une aspiration profonde de la jeunesse au renouveau. L’assèchement des finances publiques et la remise en cause de l’Etat-Providence obligent à réinventer un développement garant de cohésion sociale.
Dans ce contexte, la question d’une citoyenneté économique équitable est centrale. La démocratisation économique et sociale doit accompagner la nécessaire reconstruction de la démocratie politique. MedESS 2013, 3 jours pour découvrir, échanger et s’engager pour l’économie sociale et solidaire dans le bassin méditerranéen
La vision de MedESS est celle d’une économie sociale et solidaire innovante, créatrice de valeurs économiques et sociétales, moteur de cohésion et performance sociales. MedESS est un processus qui s’inscrit dans la durée et milite pour la construction d’un écosystème méditerranéen favorable aux entreprises sociales.
En mettant en lumière des projets et pratiques exemplaires, MedESS 2013 a pour objectifs de :
Décloisonner les secteurs et les territoires,
Mobiliser les ressources et les engagements,
Stimuler l’innovation de terrain autour de thématiques fortes.
6 gisements d’activités seront particulièrement mis à l’honneur :
Tourisme social et solidaire
Economie verte
Entrepreneuriat rural
Diasporas solidaires
Inclusion sociale et professionnelle
Assistance solidaire aux personnes
(article de RECMA)
Inscriptions avant le 1er mars.
L’engagement de l’Organisation internationale du travail envers la promotion de l’économie sociale repose sur la conviction « qu’une paix universelle et durable ne peut être fondée que sur la base de la justice sociale » (Constitution de l’OIT) et que « dans un contexte mondial (…), des entreprises productives, rentables et durables, conjointement avec une économie sociale solide et un secteur public viable, sont indispensables à un développement économique et à des possibilités d’emploi durables » (Déclaration de l’OIT sur la justice sociale pour une mondialisation équitable). L’Académie de l’OIT sur l’Économie Sociale et Solidaire (Académie ESS) est un atelier de formation interrégional réunissant des praticiens du monde entier dans l’optique d’un partage d’expériences et d’une rencontre avec des spécialistes de premier plan. Le thème principal de cette 3e édition sera "Améliorer la Créativité des Jeunes". Inscription avant le 1er mars.
Public cible :
Praticiens de l’ESS (dirigeants et cadres d’organisations de l’économie sociale et solidaire)
Promoteurs de l’ESS (agences des Nations Unies et partenaires du développement, fondations, réseaux ESS)
Décideurs politiques des divers ministères concernés (travail, affaires sociales, développement des coopératives, entreprenariat féminin, jeunesse)
Partenaires sociaux (organisations de travailleurs et d’employeurs)
Le cours peut également intéresser les chercheurs qui souhaiteraient en savoir plus sur l’application de l’ESS dans les différentes régions du monde.
Contenu
L’Académie sur l’Économie Sociale et Solidaire se compose le matin de sessions plénières sur les cinq domaines thématiques traités dans le manuel et l’après-midi de modules au choix. Ces derniers ont pour but de permettre le partage de connaissances entre les participants, la discussion sur des études de cas, l’évocation des applications nationales ou régionales de l’ESS, ainsi que la formulation de conclusions en vue des recherches ultérieures ou de la future mise au point de projets ou politiques. Les participants ne choisissent que les modules qui les intéressent. En français, anglais, arabe.
A Goodland, le président se serre la ceinture, les banquiers sont responsabilisés et les écosystèmes préservés. Ce pays existe, fractionné en plusieurs initiatives à travers le monde. Reste à les réunir avance le Britannique Andrew Simms.
Andrew Simms, expert à la New Economics Foundation (think tank progressiste britannique) a décrit le 17 février dernier, dans le Guardian, un pays qu’il a nommé « Goodland ». Il emprunte les plus prometteuses des innovations sociales à différents pays du monde, pour dessiner une nation ou règne les valeurs d’équité, de justice sociale et de partage.
Vous pensez en ces temps difficiles qu’il n’existe aucune alternative fondamentale à l’économie telle qu’elle est ? Alors venez à Goodland. Vous aurez peut-être envie d’y rester.
Dans cette nation, le président a refusé d’occuper le palais national, pour résider avec sa femme dans un modeste deux pièces. Il redistribue 90% de son salaire, afin de partager le combat quotidien de ses concitoyens pour survivre. La nouvelle constitution de ce pays a été rédigée par un groupe de citoyens. Lorsque son secteur financier s’est effondré, les spéculateurs ont dû assumer leurs pertes et les coupables ont été poursuivis en justice, sans que les banques bénéficient, comme ailleurs, de plan de sauvetage public.
Le système bancaire du pays est aujourd’hui dynamique et basé sur une économie locale. Il est à l’abri des risques majeurs, parce qu’il est en grande partie sous statut coopératif et au service des petites et moyennes entreprises. A Goodland, le bien-être humain est plus important que la croissance économique. Le pays est doté d’un plan national pour garantir le bien-vivre, de services gratuits d’éducation, de santé, de garde subventionnée et d’un soutien efficace aux personnes âgées. Il dispose d’une loi fondamentale, qui garantit la protection de ses écosystèmes. Goodland ? Un patchwork de bonnes idées piochées à travers le monde Les villes de Goodland sont vertes, et ses habitants y font pousser des aliments biologiques et sains. Le pays a prévu de ne plus exploiter les combustibles fossiles en 2017, et son secteur économique comprend des coopératives de grande taille, intelligemment connectées et productives. Chaque personne peut par choix bénéficier d’une semaine de travail plus courte.
Fantasme absolu ? Non, Goodland existe. Ses multiples facettes sont juste dispersées dans le monde réel. Elle ressemble à un club de foot imaginaire, où vous pourriez construire votre équipe idéale avec tous les joueurs célèbres, mais en mieux. Cette économie de conte de fées n’est pas limitée par le stock de joueurs, mais croît plutôt grâce à l’émulation créée par les meilleures pratiques trouvées ça et là.
Le président mentionné est José Mujica d’Uruguay. Il vit avec environ 450 livres sterling (516 euros) par mois. Sa garde présidentielle est composée de deux policiers et d’un chien à trois pattes. Il conduit une coccinelle de 1987 et critique le « modèle de développement » des pays riches, réprimandant les dirigeants des autres pays pour leur « désir aveugle d’atteindre une croissance par la consommation ».
Après l’effondrement financier de l’Islande, la révolution des « casseroles » a ouvert la voie à une nouvelle constitution rédigée par les citoyens, en attente d’adoption, qui a compté avec la participation active de la moitié de l’électorat. Comme l’économiste et prix Nobel d’économie Paul Krugman l’a souligné, au lieu de faire payer la crise à la population, l’Islande a « laissé les banques faire faillite » et, au lieu d’apaiser les marchés financiers, a « imposé des contrôles temporaires sur les mouvements de capitaux pour se donner une marge de manœuvre ». A Porto Alegre, au Brésil, les citoyens se réunissent chaque semaine depuis 1990 pour décider comment une grande partie des fonds publics de la ville est dépensé. C’est ce qu’on appelle le budget participatif, lequel a conduit à doubler en sept ans l’accès à un assainissement adéquat dans les quartiers pauvres. Nous ne sommes pas condamnés à nous tuer au travail L’une des raisons qui explique pourquoi l’Allemagne a été moins touchée par la crise bancaire, c’est que 70% du secteur des banques est composé de banques de petite taille ou coopératives. Par comparaison, au Royaume-Uni les cinq premières banques détiennent 80% des prêts hypothécaires et 90% des comptes des petites et moyennes entreprises. Les banques allemandes ont un double mandat, celui d’être utiles aussi bien que rentables. Elles sont aussi le plus souvent propriété mutuelle, ne se livrent pas à des spéculations risquées, ont une connaissance du milieu local, une autonomie et la possibilité de prendre des décisions par branche.
En Espagne, la coopérative à plusieurs têtes Mondragón, qui vaut 14 milliards d’euros et compte plus de 80 000 employés, démontre que des modèles de propriété d’entreprises qui reposent moins sur l’intérêt individuel et davantage sur l’engagement et la coopération des salariés peuvent réussir à grande échelle. Et le succès de l’initiative hollandaise d’une semaine de travail plus courte suggère que nous ne sommes pas condamnés à nous tuer au travail, quoiqu’en dise la coalition au pouvoir ([au Royaume-Uni, pays de l’auteur de cet article, ndlr].)
Le Bhoutan est célèbre par la mesure de sa réussite mesurée non pas par le PIB - une simple mesure de la quantité et non de la qualité de l’activité économique - mais évaluée à l’aune du Bonheur national brut. Cet indicateur composite utilise 151 variables, dont la bonne gouvernance, l’éducation, la santé, la résilience écologique, la vitalité des communautés, le bien-être, l’utilisation du temps, le niveau de vie et la diversité culturelle. Prendre en compte les limites écologiques fixées par la nature Après l’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies du 22 Avril comme Journée de la Terre-Mère, la Bolivie a adopté sa loi sur la Terre-Mère en 2010. Cette loi exige que toute législation actuelle et future prenne en compte les « limites écologiques fixées par la nature ». Dans la pratique, cela signifie impulser une transition des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables et auditer les entreprises pour évaluer leur respect de l’environnement. Ailleurs, le Nicaragua s’engage à une élimination presque complète des combustibles fossiles d’ici 2017, tandis qu’à Cuba, le mouvement d’agriculture urbaine biologique a reverdi les villes et favorisé la protection de la santé publique.
En Equateur,il existe un plan national global pour le Bien Vivre qui « rejette la plupart des approches orthodoxes du développement ». Celui-ci promeut cinq révolutions : constitutionnelle et démocratique ; éthique ; économique et agricole, sociale, et « pour la défense de la dignité latino-américaine ». L’objectif est de réaffirmer l’autorité souveraine d’un pays à mettre ses propres objectifs économiques et sociaux au-dessus de ceux des marchés.
Tandis que la Grande-Bretagne se préoccupe de l’accessibilité des services, le régime fiscal du Danemark livre le budget nécessaire pour financer une santé et une éducation gratuites, l’aide à domicile pour les personnes âgées, et environ les trois quarts du coût des services de garde. Loin de nuire à l’économie, des impôts plus élevés stimulent les investissements dans les infrastructures, l’éducation et la R & D.
Suggérer que la Grande-Bretagne n’a pas d’alternatives économiques à la voie actuellement choisie est un auto-aveuglement politique. Seules notre volonté et notre imagination nous limitent. Voici un Goodland possible. Pourquoi ne pas construire, ou créer le vôtre ?
Andrew Simms est membre de la New Economics Foundation (NEF). Son livre « Cancel the Apocalypse : the New Path to Prosperity » est disponible en anglais aux éditions Little, Brown.
Ce texte initialement publié sur le site du Guardian a été traduit et présenté par Pierre Johnson, auteur, consultant, fondateur de Solecopedia, encyclopédie partagée de l’économie sociale, écologique et solidaire.
Début décembre 2011, la Fondation Charles Léopold Mayer (FPH) lance le site socioeco.org. Il se base sur les nombreuses années d’expérience accumulées par les réseaux internationaux représentatifs de l’économie solidaire (notamment avec ALOE) .
Le site socioeco.org est un site de ressources documentaires sur l’économie sociale et solidaire, en quatre langues : français, anglais, espagnol et portugais. L’objectif est de donner plus de visibilité à cette « autre » économie en regroupant sous une forme organisée et en un seul endroit ce que l’on peut retrouver par ailleurs sur des centaines de sites épars. Il s’agit principalement de textes de réflexion - qui peuvent être des textes scientifiques -, quand ils sont disponibles sur le net. Le site ne reprend que les textes publiés à partir de l’année 2000, sauf exception – si certains auteurs considèrent que leurs documents publiés avant cette date sont encore pertinents pour rendre compte de la situation actuelle.
Les documents publiés
Il s’agit principalement de documents d’analyse et d’études de cas (plus de 1700). L’idée étant à la fois de montrer la littérature foisonnante qui existe sur les différentes thématiques liées à l’ESS, du contenu pour la réflexion donc. Mais aussi du contenu pour l’action, avec la description d’études de cas, reproductibles en tout ou en partie à d’autres endroits du globe. Les études de cas sont géolocalisées, elles peuvent être trouvées facilement sur la section « Carte » : banques communautaires en Argentine, tourisme solidaire au Brésil, coopératives de femmes en Inde, chaînes de production solidaire au Malawi, agriculture biologique en Nouvelle-Zélande...
L’organisation de l’information
Tout d’abord, l’ESS se retrouve déclinée en
10 axes (colonne de gauche), avec leurs dossiers dédiés. Chaque dossier est présenté très brièvement puis illustré par les textes contenus dans la base. Ce sont des documents d’analyse, des interventions dans des colloques, des articles, des propositions, des vidéos, des études de cas, des notes de lecture, des chartes. Chaque document est présenté sous la forme d’une fiche avec titre, sous-titre, auteur, résumé et le document à télécharger librement.
mots-clés (colonne de droite).
Le second niveau de structuration se fait :
par auteur (ou organisme). Une petite fiche auteur reprend tous les documents produits par cette personne et présents dans le site. Si vous trouvez votre nom dans la liste des auteurs et souhaitez y ajouter une présentation et même une photo, n’hésitez pas contacter Françoise Wautiez par e-mail : fwautiez@gmail.com
par pays.
En plus des documents, le site socioeco propose :
dans une section « Initiatives », la carte de la Banque de données des Initiatives solidaires (BDIS) pour vous permettre de repérer des initiatives solidaires près de chez vous : où acheter votre pain bio, votre café équitable, faire appel à une entreprise d’insertion pour des travaux de plomberie…
Dans la section « Bibliographie », vous trouverez les livres parus sur les différentes thématiques liées à l’ESS, classés par année.
L’encyclopédie de l’ESS, Solecopédia, regroupe, quant à elle, des définitions des concepts liés à l’ESS en 7 langues.
Les formations en ESS : l’axe « Education, Information et formations en ESS » rassemble les principales informations sur les formations liées à l’ESS, déjà 60 en France, de quoi donner envie aux jeunes et aux moins jeunes de mettre leurs talents au service d’un monde plus solidaire. Les formations sont géolocalisées et vous pouvez les retrouver également dans la section « Carte ».
Des partenariats
Au cours de cette année, des partenariats se sont initiés. Certains naturels comme avec la Coredem, la Communauté des sites de REssources documentaire pour une Démocratie Mondiale, un espace de partage de savoirs et de pratiques par et pour les acteurs de changement. Une trentaine d’organisations et de réseaux, dont socioeco.org, mutualisent d’ores et déjà leurs informations et analyses pour créer de l’intelligence collective.
D’autres partenariats se sont amorcés avec un échange de contenus, par exemple avec RELIESS, site internet dédié aux politiques publiques liées à l’ESS. Vous pouvez accéder à tous les documents de RELIESS sur le site socioeco.org grâce aux mots-clés et bientôt par dossiers. Le Réseau Intercontinental de Promotion de l’Economie Sociale Solidaire (RIPESS) devrait faire remonter des études de cas proposées par les membres des réseaux continentaux, par l’intermédiaire d’un comité d’orientation..
Le site évolue donc au fil des jours et des contacts qui se nouent. N’hésitez pas, vous aussi, à envoyer vos textes, à proposer des documents, des formations… et suivez l’actualité de socioeco sur le fil twitter dédié (socioeco-fr).
Article publié aussi sur site du Labo de l’’ESS.
L’objet de ce colloque est d’interroger la doctrine du solidarisme – cette « philosophie officielle de la troisième république » (Bouglé, 1907) qui a tant inspiré les « républicains de progrès » au cours de cette période cruciale de construction des social-démocraties européennes que constituent les années 1870-1910 (Hatzfeld, 1973) – dans le but de savoir si (dans quelle mesure et selon quelles modalités) elle n’offre pas les moyens de contribuer de façon originale à la légitimation et à la structuration théorique du mouvement de l’économie sociale et solidaire (ESS). Le colloque est organisé conjointement par l’ESDES et la Faculté de philosophie de l’Université catholique de Lyon. Il aura lieu les 16 et 17 janvier 2013. L’appel à communications est ouvert jusqu’au 30 septembre 2012.
Le projet de ce colloque est né d’un constat : malgré des chiffres qui témoignent de sa bonne santé, l’économie sociale et solidaire persiste à être considérée comme une « sous-économie » et/ou un « sous service public » qui serait voué à traiter des problématiques que ni le marché ni l’État ne veulent et/ou ne peuvent prendre en charge (Laville, 2011). Ce déficit de légitimité s’explique en partie par le fait que l’ESS peine à s’ancrer dans un corps doctrinal suffisamment robuste pour donner du sens à l’ensemble des pratiques qui entrent dans son giron (Caillé, 2005). On prendra pour preuve que le syntagme « économie sociale et solidaire » ne fait même pas consensus chez les auteurs qui, à des degrés et selon des modalités divers, appellent et travaillent au développement d’une économie qui ne soit pas uniquement déterminée par le profit – d’aucuns allant jusqu’à parler de l’ESS comme d’un oxymore dont les promoteurs négligeraient la dimension « unidimensionnelle » de l’économie (Latouche, 2003).
Dans la mesure où le discours « sur » l’ESS n’est pas sans incidence ni analogie avec ce qui se fait « dans » l’ESS (Caillé, 2005), c’est bien à l’horizon d’un problème qui n’est pas seulement sémantique qu’il nous semble aujourd’hui utile de revisiter la pensée du solidarisme. À la faveur d’un savant mélange entre les sciences naturelles, le droit, la philosophie et la sociologie, le solidarisme a assurément constitué, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, le socle doctrinal sur lequel s’est adossé un programme politique et social de type réformiste. La réalisation de ce programme a permis tout à la fois de conjurer les conséquences sociales catastrophiques induites par la libre concurrence et le « tout marché », et le danger de l’aventurisme révolutionnaire. Il nous semble qu’aujourd’hui cette double exigence doit être maintenue dans tout travail d’élaboration un tant soit peu rigoureux du concept encore mal défini de l’ESS et, plus largement, dans la perspective d’une défense de la spécificité du projet sociopolitique portée par l’ESS, qui la différencie de l’économie capitaliste classique.
Les théoriciens « historiques » du solidarisme (C. Gide, A. Fouillée, L. Bourgeois, G. Delprat…) n’ont cessé en outre d’insister sur le fait que la réalisation de ce projet sociopolitique original trouvait sa condition de possibilité théorique dans la prise de conscience des nécessaires rapports de solidarité unissant les hommes dans le temps et l’espace pour former une « collectivité de semblables » (Gauchet, 1993 ; Castel, 1995) : ces rapports comprenant à la fois ceux qui unissent les hommes de facto, et ceux qui devraient les unir dans le présent et à l’avenir. Le colloque sera l’occasion de réfléchir sur cette conception de l’homme en société reconduite par cette notion indissociablement descriptive et normative de solidarité, laquelle nous paraît riche d’enseignements pour tous les acteurs qui oeuvrent aujourd’hui à l’avènement d’une « autre économie ».
Organisation des journées
Chaque journée sera l’occasion d’une alternance entre des conférences plénières, proposées par des spécialistes reconnus du sujet, et des ateliers, durant lesquels les répondants à cet appel à communication présenteront leurs travaux. Une table ronde à laquelle tous les invités participeront viendra conclure le colloque.
La première journée du colloque sera pour l’essentiel consacrée à une réflexion sur les fondements culturels et intellectuels de la pensée solidariste, l’objectif étant de dresser un panorama des principales ressources théoriques que cette pensée recèle pour aider l’économie sociale et solidaire à se construire comme un mouvement unifié et cohérent.
La deuxième journée sera davantage orientée vers l’analyse critique du lien entre solidarisme et ESS, dans le but d’évaluer la pertinence heuristique d’un tel rapprochement, nullement évident à première vue, et dont la portée ne doit pas dissimuler les limites qu’on peut lui trouver au regard des spécificités contemporaines du mouvement de l’ESS et/ou de l’existence d’autres sources intellectuelles que le réformisme solidariste.
Conférenciers invités
Quatre conférences plénières jalonneront le programme de cette conférence. Serge Audier (Université Sorbonne-Paris IV), Marie-Claude Blais (Université de Rouen), Bruno Frère (Université de Liège) et Elena Lasida (Institut Catholique de Paris) interviendront sur le thème de l’ESS et du solidarisme.
Comité d’organisation
CHASSAGNON Virgile, Directeur de la recherche à l’ESDES-École de management, maître de conférences en sciences économiques, Université Catholique de Lyon.
CHAPAS Benjamin, enseignant-chercheur en économie à l’ESDES-École de management, Université Catholique de Lyon.
GABELLIERI Emmanuel, Doyen de la Faculté de philosophie, Université Catholique de Lyon.
D’HOMBRES Emmanuel, enseignant-chercheur, Titulaire de la Chaire : Humanisme, citoyenneté, civilisation, Faculté de philosophie, Université Catholique de Lyon.
Pour plus d’informations :
ESDES Recherche
23, place Carnot - 69286 LYON Cedex 02
Tél. : 04 72 32 58 96
Chaire Humanisme, citoyenneté, civilisations
25, rue du Plat - 69288 LYON Cedex 02
Tél. : 04 72 32 50 97
Article de RECMA
"Les PTCE sont des regroupements sur un territoire donné d’initiatives, d’entreprises et de réseaux de l’économie sociale et solidaire associés à des PME socialement responsables, des collectivités locale, des centres de recherche et des organismes de formation qui mettent en oeuvre une stratégie commune et continue de coopération et de mutualisation au service de projets économiques innovants de développement local durable." Cette journée, co-organisée par l’ARDES, la CRESS, le COORACE et le RTES, a pour objectif d’informer sur la démarche et de lancer une dynamique régionale de structuration et d’accompagnement des pôles et projets : recensement, accompagnement, structuration, valorisation. Elle s’adresse à tous les acteurs intéressés par les démarches territoriales de coopération économique, qu’ils soient acteurs de l’ESS, collectivités locales, chercheurs, partenaires...
9 h 30 Les Pôles Territoriaux de Coopération Économique : démarche et enjeux
Laurent FRAISSE, Socio-économiste, membre du Laboratoire Interdisciplinaire pour la Sociologie Economique (LISE / CNAM-CNRS) et du Centre de Recherche et d’Information sur la Démocratie et l’Autonomie (CRIDA).
12 h Déjeuner – Buffet
La Part du Colibri « Découverte express » pôles témoins et en projet
13 h 30 Ateliers au choix : Témoignages et échanges entre acteurs
3 PTCE par atelier : un témoin national, un témoin régional et un troisième en création témoigneront autour des questions de la coopération, du pourquoi et comment entreprendre ensemble sur un territoire, des modèles économiques, de la gouvernance, de l’accompagnement
10 h Table ronde : « Les PTCE, leviers de développement des territoires »
« Qu’est-ce qu’un PTCE ? Pourquoi et comment coopérer ?
Comment passer de l’envie à l’action ? »
Animation : Gaël Louesdon, association Terre de Liens Normandie.
Matthieu Giovannone, Président de l’association Cobanor Tritex.
Armand Rosenberg, directeur Val Horizon.
Jean-Marc Binaud, agent de développement Basse Normandie, UNADEL (Union Nationale des Acteurs et des Structures du Développement Local).
Jacques Levagueresse, directeur de la Miriade : Mission Régionale pour l’Innovation et l’Action de Développement économique.
Laurent Fraisse, coordinateur national de la démarche PTCE / Socio-économiste.
15 h 30 Table ronde : « Quelle place de la collectivité locale dans l’émergence et le développement d’un PTCE » ?
Animation : Gaël Louesdon, association Terre de Liens.
Cyril Kretzschmar, conseiller régional délégué à l’économie sociale et solidaire à l’artisanat du Conseil Régional de Rhône Alpes (sous réserve).
Annie Berger, Administratrice du RTES (Réseau des territoires pour l’économie solidaire), Conseillère communautaire de l’agglomération Caennaise, Conseillère municipale de la ville de Caen.
David Revert, conseiller municipal à Trouville, élu de la Communauté Cœur Côte Fleurie.
Conseil Régional de Basse-Normandie (à préciser)
Etat (sous réserve)
16 h Mise en perspective nationale par Laurent FRAISSE
16 h 15 Clôture des travaux et mise en perspective régionale
16 h 30 Bilan du Mois de l’ESS
16 h 45 Clôture du Mois de l’ESS par M. Laurent Beauvais, Président du Conseil Régional de Basse Normandie ou son représentant
17 h Cocktail de clôture
Article du RECMA
Les groupes Economie sociale et solidaire, cohésion et territoires et Marché Intérieur et Services se réunissent le mercredi 5 décembre de 14h30 à 17h30, à Confrontations Europe (19-21 rue du Luxembourg, Bruxelles) sur le thème "Mesure de l’impact social des entreprises sociales".
L’entrepreneuriat social représente un "nouveau modèle économique" qui doit pouvoir « se développer dans le marché unique » (SMA I). « Une entreprise sociale, acteur de l’économie sociale, est une entreprise dont le principal objectif est d’avoir une incidence sociale plutôt que générer du profit pour ses propriétaires ou ses partenaires » (Social business initiative).
La Commission a donc décidé de "développer une méthode pour mesurer les gains socio-économiques des entreprises sociales" et "leur impact sur la communauté". La méthode se veut "rigoureuse et systématique", notamment pour guider les Fonds d’investissement pour l’entrepreneuriat social européens et le programme pour le Changement social et l’innovation (SMAII).
La mesure de l’impact social peut s’appuyer sur plusieurs expériences :
depuis 20 ans, les coopératives, mutuelles et associations ont mis au point des outils d’évaluation spécifiques (bilan sociétal, révision coopérative…), pour éclairer les parties prenantes (en premier lieu les membres) ;
des méthodes ont émergé pour démontrer leur impact social sur la société : mesure de l’immatériel, social return on investment..., pilotés par des experts de la mesure et de la comptabilité ; des termes nouveaux émergent ("impact economy", « économie positive »...).
Le périmètre des "entreprises sociales" s’étendant au-delà des statuts (coopératives, mutuelles, associations ou fondations) et du régime fiscal (non lucratif), le législateur européen est à la recherche de critères d’identification "fonctionnels." En outre, la commande publique souhaite s’appuyer sur des labels discriminants.
On pourrait donc passer du stade de l’expérimentation à l’inclusion de la mesure de l’impact dans des textes législatifs, européens et nationaux. Le chantier est stratégique, car :
d’une part les systèmes d’évaluation sont traversés par des rapports sociaux (Marie Bouchard) ; les labels ressortent d’une régulation par le marché plus que par les Etats (Jacques Defourny, Marthe Nyssens) ;
d’autre part le dispositif qui sortira dessinera le cadre d’action de ces entreprises sociales pour les 10 à 20 ans à venir, au plan européen et dans les Etats membres.
Quelle(s) sont la(es) logiques qui sous-tendent la mesure de l’impact des entreprises sociales ? à qui, à quoi va-t-elle servir ? Comment se nourrir des expériences existantes ?
Toutes les entreprises sociales vont-elles être concernées de la même manière ? Comment les outils d’évaluation influeront-ils sur leur fonctionnement ? Quel(s) mode(s) de gouvernance retenir pour les dispositifs à créer ?
Introduction par Nicole Alix présentant la synthèse du livre "The Worth of the Social Economy" coordonné par Marie Bouchard (titulaire de la chaire de recherche du Canada en économie sociale), en présence des représentants de la Commission Européenne
Autour de
Ariane Rodert, membre du CESE
Karl Richter, conseiller de l’investissement d’impact social, Euclid Network et directeur d’Engaged Investments
Bernard Bazillon, directeur de KPMG économie sociale, France
Christophe Alliot, conseiller des producteurs du commerce équitable, Satori
Merci de vous inscrire auprès de Christopher Flynn, tel : +32 2 213 62 72
Article de RECMA
Cadre privilégié de promotion, de contacts d’affaires et d’échanges commerciaux, la Foire internationale de Dakar (FIDAK) se définit comme »l’un des plus grands rendez- vous économiques de l’Afrique, en général, et de la sous- région ouest africaine, en particulier. La présence à chacune de ses éditions de plusieurs centaines d’entreprises privées de différents secteurs d’activités, provenant de tous les continents, présente un intérêt certain pour le développement de vos relations d’affaires. » Au sein de cet événement de promotion économique, quelle place réserve-t-on à l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) et au renforcement des petits producteurs locaux ? Connait-on vraiment la valeur et le potentiel de l’ESS et l’effet multiplicateur que pourrait avoir une forte mobilisation de ses acteurs ? Il est nécessaire d’évaluer la portée de ce secteur en vue d’en restituer sa place véritable dans le développement économique et social du Sénégal. Le colloque International sur l’ESS au Sénégal, organisé par AlphaDev en partenariat avec le Centre Canadien d’Etude et de Coopération Internationale et autres structures d’appui permettra de faire connaitre ce secteur à la population sénégalaise et sensibiliser les institutions par rapport à son importance.
Objectifs
L’organisation de ce colloque vise des objectifs répondant aux besoins des différents partenaires
Faire connaitre le secteur de l’ESS au plus grand nombre de sénégalais
Sensibiliser par rapport à l’importance et aux difficultés du secteur
Permettre aux groupements une meilleure visibilité et une occasion d’amélioration
Article du RECMA
Les circuits courts peuvent prendre la forme de marchés publics, de kiosques à la ferme, de marchés virtuels ou de vente de paniers selon la formule de l’agriculture soutenue par la communauté. Ils ont pour caractéristique essentielle de ne pas comporter plus d’un intermédiaire entre l’entreprise de production ou de transformation et le consommateur. Au Québec, ces circuits sont en pleine émergence. Plusieurs intervenants, notamment des milieux municipal, communautaire, environnemental, de la santé et du bioalimentaire, mènent des activités gravitant autour du développement de cette forme de commercialisation et possèdent leurs propres vision et perspective relativement à l’avenir des circuits courts. Tenu sous le thème L’avenir des circuits courts : ensemble vers une vision commune, le présent colloque, qui se veut d’envergure nationale, vise à permettre à ces différents acteurs de présenter l’état de la situation relativement aux circuits courts ainsi que de partager leur vision quant à l’avenir de ces derniers.
Une initiative de la Table en agrotourisme et commercialisation en circuit court du ministière de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, en collaboration avec Équiterre et l’Association des marchés publics du Québec (AMPQ).
Pour plus d’information, rendez-vous sur le site.
Ces rencontres font suite au succès croissant des éditions précédentes (Lyon, Toulouse, Bordeaux, Nantes et Strasbourg). Elles répondent à des objectifs pluriels :
Permettre aux acteurs engagés dans des démarches de projet ou d’animation de renforcer leurs liens et d’échanger sur leurs pratiques, leurs méthodes, leurs outils, et les diverses avancées réalisées (outils spécifiques, modèle coopératif, montages juridiques et financiers originaux, nouveaux partenariats, structuration des réseaux d’acteurs…)
Faire avancer la réflexion sur les enjeux du secteur. En particulier, seront abordées cette année la question de l’accessibilité de ce type de projet à tous types de populations, ainsi que la question des avancées législatives en faveur de l’habitat participatif.
Offrir un espace d’échanges permettant le renforcement des partenariats entre les différents intervenants de l’habitat participatif : associations, collectivités, professionnels…
Alimenter la réflexion des acteurs : recherche, modèles étrangers, formes d’habitats alternatifs.
Permettre la découverte de l’habitat participatif par des publics peu initiés ou novices : acteurs locaux et grand public.
Consultez le dossier de presse
Le programme
Vendredi
9h00 Accueil
9h30 Ouverture des rencontres
10h00 2012 Année internationale des coopératives :
11h30 L’habitat Participatif, acteur de l’Economie Sociale et Solidaire
12h00 Pause
13h30 Prise de parole des élus : les perspectives au niveau national et local
14h30 Tables rondes : créer les conditions de l’émergence de projets d’habitat participatifs (les 2 tables rondes se dérouleront en parallèle)
16h30 Pause
17h00 Plénières : retour des tables rondes
• Tourisme solidaire et responsable pour un developpement durable des territoires ;
• Sensibiliser les acteurs publics et privés du développement territorial à l’intérêt de promouvoir un tourisme responsable et solidaire ;
• Favoriser les échanges de bonnes pratiques et les concertations entre acteurs locaux impliqués dans le développement des territoires méditerranéens ;
• Formuler des propositions concrètes pour contribuer à renforcer le développement touristique des zones fragiles des pays de la Méditerranée.
La ville de Tiznit abritera, les 22 et 23 octobre prochain, les travaux du Forum international tourisme solidaire et développement durable (FITS Méditerranée 2012), avec la participation de plusieurs experts, professionnels et acteurs de la société civile, apprend-on auprès des organisateurs.
Placé sous le signe « Le rôle du tourisme dans le développement durable des territoires sensibles de la Méditerranée », ce séminaire devra couronner les travaux d’une caravane de plusieurs forums régionaux et ateliers de terrain entamés, à partir de Tanger le 15 octobre, pour englober nombre de villes marocaines (Oujda, Figuig, Chefchaouen, Rabat, Essaouira, Guelmim, ), indique un communiqué du secrétariat international du FITS parvenu à la MAP.
Cette caravane prévue en amont du Forum de Tiznit vise, selon ses initiateurs, à informer et sensibiliser les acteurs du développement territorial, en particulier les collectivités locales et les institutions, sur la thématique du tourisme responsable et solidaire, créer des passerelles entre les acteurs du développement local et ceux du tourisme, favoriser les rencontres et échanges de bonnes pratiques et à faire connaître les alternatives touristiques existantes ou en construction sur les terroirs ruraux et périurbains.
La caravane solidaire Tanger-Tiznit traitera, ainsi, de thématiques liées notamment au « Tourisme et développement durable des sites naturels », « Tourisme et terroirs », « Economie sociale et tourisme solidaire », « Tourisme rural et agriculture paysanne », « Tourisme, architecture et patrimoine » et « Tourisme et développement local participatif ».
Les travaux du FITS s’articuleront autour de deux tables rondes ayant trait à l’examen des « différentes stratégies mises en œuvre pour le développement du tourisme » et des moyens de « favoriser d’autres dispositifs d’appui au tourisme responsable et solidaire », et de huit ateliers thématiques.
Il s’agit de la « Commercialisation des produits touristiques : démarche qualité, commerce équitable », « Renforcement des capacités, partage des savoirs, transfert de bonnes pratiques », « Tourisme et valorisation des patrimoines naturels et culturels », « Rôle des gouvernements locaux dans le développement touristique », « Economie sociale et développement du tourisme responsable et solidaire », « Tourisme et agriculture paysanne », « Rôle des réseaux dans le développement touristique » et « Défis du développement touristique des zones de désert et d’oasis ».
La décision de tenir cette édition du FITS Méditerranée dans la région Souss-Massa-Drâa intervient suite à une recommandation formulée lors du Festival du safran de Taliouine (octobre 2011), avec l’intention de dynamiser le secteur du tourisme rural comme vecteur de création d’emplois, de valorisation des produits locaux et de sauvegarde du patrimoine naturel et culturel, comme du cadre bâti.
Article du Lematin.ma
Connaissez-vous les différents modèles d’Agriculture Soutenue par la Communauté ? Etes-vous impliqué-e-s dans une AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne), une Food Co-op, un GAS (Groupe d’Achat Solidaire en Italie), un GASAP (Groupe d’Achat Solidaire pour l’Agriculture Paysanne en Belgique), un Système de Garantie Participative (SGP) ou dans une action similaire qui met en pratique la Souveraineté alimentaire au niveau local ? Etes-vous intéressé-e-s par la mise en réseau et l’échange entre ces initiatives au niveau européen ?
Partout en Europe, des personnes de cultures et aux parcours différents travaillent déjà ensemble pour réorganiser la manière dont nos sociétés gèrent la production, la transformation et la distribution alimentaires ; elles se rassemblent et agissent pour atteindre la Souveraineté alimentaire localement, au sein de leurs territoires.
Nous vous invitons à participer activement à la rencontre européenne de Milan en octobre prochain. Cette rencontre a pour objectifs de s’entendre sur une vision commune de ce que sont des réseaux de distribution alimentaires permettant la mise en pratique des principes de la Souveraineté Alimentaire, de définir les futurs axes thématiques et de décider de la forme que prendra la nouvelle plateforme européenne des initiatives d’ASC. Notre objectif est de travailler aux modalités de coordination de nos initiatives et de créer une plateforme décentralisée où le partage d’expériences entre projets de distribution alimentaire alternatifs pourra se faire de façon autonome.
Cette rencontre s’inscrit dans la continuité du processus de travail mis en place par le Forum de Nyéléni-Europe qui s’est tenu à Krems en Autriche en août dernier. Elle se concentrera sur l’Axe 2 du Plan d’Action : « Changer la manière dont la nourriture est distribuée ».
Urgenci > RENCONTRE EUROPEENNE - MILAN 2012 1 Les thèmes proposés pour la rencontre sont :
1. Etablir le socle commun, les valeurs partagées par l’ensemble du mouvement ; 2. Décentraliser l’échange d’expériences ; 3. Coopérer avec les alliés sur l’axe 2 du plan d’action de Nyéléni (Changer la manière dont la nourriture est distribuée) ; 4. Travailler sur les modalités de coordination de nos initiatives : quelle structure ?
Nous sommes très heureux de vous convier à cette session de travail visant à redéfinir et reconstruire nos systèmes alimentaires locaux européens à Milan du 10 au 12 octobre 2012, que vous soyez engagé-e dans la promotion de relations solidaires entre petits producteurs et consommateurs, acteur-trice d’un réseau alimentaire local, partisan-e des circuits-courts et des marchés paysans.
C’est ainsi que nous résisterons au monopole de l’agrobusiness et à la dictature qu’il exerce sur les paysans et les consommateurs, et lutterons plus efficacement contre l’homogénéisation des systèmes alimentaires globaux qui détruisent les intérêts des petits producteurs locaux et des consommateurs ! C’est ainsi que nous apporterons notre contribution à la construction de systèmes alimentaires locaux durables et d’une économie pour une société solidaire.
Notre objectif est d’assurer une participation équilibrée des différentes régions d’Europe et du plus grand nombre possible d’acteurs et d’actrices du mouvement pour la Souveraineté Alimentaire à cette session de réflexion et de travail commune, que nous souhaitons reflet de notre diversité européenne.
Cependant, notre budget limité ne nous permettra pas de financer l’ensemble des frais de voyage pour tou-te-s les participant-e-s. Nous essaierons de prendre en charge au maximum les coûts d’hébergement et de nourriture sur place (une petite contribution sera cependant demandée, variable selon les possibilités de chacun-e.) Afin d’organiser l’interprétation en fonction des besoins des participant-e-s, nous vous remercions d’avance de vous inscrire avant le 30 juin si vous ne comprenez pas l’anglais et de nous indiquer votre langue de travail.
L’inscription est ouverte jusqu’au 1er septembre 2012.
Premiers signataires :
Réseau international URGENCI _ Comité Nyéléni Europe _ Netzwerk Solidarische Landwirtschaft, Allemagne _ PRO-BIO LIGA, République Tchèque _ MIRAMAP (Mouvement Inter-Régional des AMAP), France _ Association des Consom’acteurs (TVE), Hongrie _ Réseau des GASAP, Bruxelles _ Mouvement Terre-en-vue, Belgique _ DES Brianza, Italie _ AgrarAttac, Autriche _ ÖBV Via Campesina Autriche
L’appel est pour l’instant disponible en anglais, espagnol et italien. Bientôt dans d’autres langues....
Thematique & Objectifs
Dans la conjoncture actuelle de la Tunisie, où le succès des programmes économiques et sociaux s’est avéré très limité par le passé et où les richesses n’ont pas été équitablement réparties, le pays doit désormais emprunter une nouvelle voie de développement économique et social, qui met à contribution l’expérience de la société civile locale, ancrée dans son milieu, exprimant fidèlement les besoins et les attentes des communautés longtemps privées d’initiatives et de moyens. L’économie sociale et solidaire (ou tiers secteur) -ayant fait ses preuves dans divers pays et conjonctures similaires- constitue à ce titre l’alternative la plus adaptée. Cette économie « de proximité » largement orientée développement local constitue une vraie locomotive pour le développement d’activités créatrices de richesse et génératrices d’emplois, pour un développement endogène et réellement partagé. Elle constitue une vraie réponse aux crises économiques mondiales, présentes et à venir.
Voir blog de PLATESS
En 2012, le Forum mondial Convergences 2015 propose un programme riche et diversifié, qui se nourrit des croisements d’expériences pour aller plus loin dans la création de convergences et de partenariats innovants entre tous les acteurs publics privés et solidaires engagés dans la lutte contre la pauvreté et la précarité dans les pays développés et dans les pays en développement. 2 dynamiques complémentaires : approfondissements par métiers et croisements d’expériences
Le programme (cliquez ici pour le télécharger) permet aux acteurs de différents secteurs de la solidarité – la solidarité internationale, l’entrepreneuriat social, le social business ou encore la microfinance – d’approfondir les problématiques spécifiques à leur métier lors de discussions réunissant des professionnels chevronnés. Mais la conviction de Convergences 2015 est qu’il est indispensable de décloisonner ces secteurs, afin que les acteurs de la solidarité dialoguent, échangent et inventent ensemble des solutions aux défis économiques, sociaux et environnementaux de notre temps. Le programme est donc conçu pour encourager les acteurs publics, privés et solidaires à croiser leurs expériences et partager leurs réflexions sur des sujets transversaux et autour de préoccupations communes.
5 axes de réflexions transversaux
Le programme s’organise autour de 5 axes de réflexion principaux : 1. Analyser les grands enjeux de la lutte contre la pauvreté dans les pays développés et dans les pays en développement à l’aune des contraintes environnementales ; 2. Identifier le rôle spécifique de chaque acteur dans la lutte contre la pauvreté ; 3. Construire des convergences et des partenariats innovants en faveur du développement ; 4. Améliorer les pratiques des professionnels de chaque secteur ; 5. Définir des modèles économiques et identifier des financements adaptés aux différentes formes de projets de solidarité.
S’inscrire en ligne : www.convergences2015.org
C’est sur ce thème que des économistes, des politiciens et des arctivistes de toutes les parties du monde se rencontrent les 14, 15 et 15 septembre à Ottobrun près de Munich pour le 14e congrès mondial de BIEN.
Le groupe de préparation a élaboré un beau programme sur la base des 180 contributions provenant de 29 pays. Il y aura des conférenciers bien connus, dont plusieurs membres du comité international de BIEN, comme Philips van Parijs, Guy Standing, Ingrid van Nierkek, Eduardo Suplicy, Claus Offen. Des Suisses aussi participeront : le président de BIEN-Suisse, Albert Jörimann, présentera une contribution. D’autres membres du comité de BIEN-Suisse et du comité de l’initiative populaire fédérale seront présents.
De nombreuses manifestations se déroulent dans la région de Munich avant et pendant le congrès : des forums de discussion, des ateliers artistiques, des présentations de livres, du théâtre... Il est prévu une exposition sur l’expérience RBI en Namibie et même un tour cycliste.
Chacun est le bienvenu à ce congrès, dont les langues sont l’anglais et l’allemand. Pour plus d’informations et le formulaire d’inscriptions, programme et résumés des interventions : www.bien2012.de
Avec la participation de Stéphane Hessel, Patrick Viveret, Vivian Labrie, Etienne Chouard, Abdoullah Cissé, etc..
Voir programmeici.
Formulaire d’inscription en ligne.
Déclaration du mouvement social de l’économie sociale et solidaire à Rio+20
Fichiers : 2012_declaration_ripess_rio_20_en.pdf103 K 2012_declaration_ripess_rio_20_esp.pdf107 K 2012_declaration_ripess_rio_20_fr.pdf118 K
Les analyses de l’économie sociale et solidaire sont contrastées. Les uns critiquent son instrumentation par un État social défaillant, les autres, au contraire, valorisent le caractère démocratique de ses structures. Pour dépasser ces oppositions, nous pensons utile d’aborder l’objet dans la perspective plus large de la recomposition des rapports entre société, économie et démocratie. Cet élargissement de focale envisage l’économie sociale et solidaire dans ses interdépendances avec d’autres entités, ce qui pourrait fournir les bases d’un renouvellement conceptuel partiel, insistant sur la contribution à un dépassement du dualisme marché-État. Cinq pistes de questionnement seront privilégiées dans ce dossier.
La première est liée à des auteurs de référence, et l’on peut évoquer parmi ceux-ci Polanyi et Ostrom. Karl Polanyi a livré une critique de la société de marché qui est d’une centralité particulière dans la période contemporaine de crise. Cette oeuvre majeure pour une approche socio-économique permet-elle d’éclairer la réalité de l’économie sociale et solidaire aujourd’hui et quels outils propose-t-elle à cet égard ? La même question peut être adressée aux travaux d’Elinor Ostrom prix Nobel d’économie 2009. Au-delà d’un postulat commun selon lequel les formes de coordination les plus efficaces ne se situent ni sur le marché ni dans l’État, on peut se demander dans quelle mesure les travaux de l’école de Bloomington, et ceux d’Ostrom en particulier, renouvellent les approches de l’économie sociale et solidaire, et consolident plus généralement les postures académiques institutionnalistes et pluridisciplinaires. A contrario, on peut aussi s’intéresser à l’opportunité, ou non, d’une distanciation épistémique vis-à-vis de ces travaux.
La seconde porte sur les controverses analytiques vis-à-vis de l’objet. Des débats intellectuels vifs traversent le champ de l’économie sociale et solidaire : quels en sont les fondements économiques et politiques ? Est-il possible de dépasser ces controverses, le faut-il ? Quelles sont les approches théoriques qui apparaissent les plus heuristiques dans la multitude des travaux qui ont été effectués au cours des deux dernières décennies ?
La troisième porte sur les interactions entre l’action publique d’une part, l’économie sociale et solidaire d’autre part. On l’oublie souvent, mais l’économie sociale et solidaire est une composante importante d’une conception extensive de l’action publique, entendue comme action complexe combinant l’action citoyenne, l’action associative et l’action des pouvoirs publics. Observe-t-on des changements institutionnels oeuvrant dans ce sens ? Quels sont les effets d’un tel renouvellement ? Quelles sont les modalités de « publicisation » repérables dans les pratiques ?
La quatrième porte sur les rapports entre l’économie solidaire et le changement social. Une partie de l’économie sociale et solidaire s’est construite dans le mouvement social et dans la société civile. Quels liens peut-on identifier entre ces mouvements sociaux et l’économie sociale et solidaire ? Quelle est la signification de la terminologie d’innovation sociale de plus en plus utilisée ? Dans quelle mesure l’ESS s’articule-telle avec le changement social ? L’économie sociale et solidaire participe-t-elle d’une redéfinition des concepts de mouvement social et de changement social ?
La cinquième porte sur les « nouvelles entrées » de l’analyse de l’économie sociale et solidaire. Dans quelle mesure des déplacements sur la question de la consommation par exemple plutôt que sur la production renouvellent-ils les analyses et s’inscriventils dans une capacité de changement ?
Les articles attendus seront fondés théoriquement. Des contributions exposant des travaux de terrain ciblés seront particulièrement bienvenues s’ils permettent d’éclairer les recompositions et enjeux des débats théoriques. Les contributions portant sur les expériences étrangères, et les contributions internationales sont particulièrement encouragées.
Date limite d’envoi des articles : 2 janvier 2013
Les articles d’une longueur maximale de 60 000 signes espaces compris, doivent parvenir par voie électronique. Ils doivent impérativement être présentés selon les normes formelles de la revue (cf. Les consignes aux auteurs).
Secrétaire de rédaction de la RFSE,
Guillaume Yvan,
bureau 205 bâtiment SH2 CLERSE
(USTL Lille1, 59 655 Villeneuve d’Ascq Cedex)
XIIe Rencontres du RIUESS Nancy 6-8 juin 2012
L’économie sociale et solidaire face aux défis de l’innovation sociale et du changement de société
Le réseau INAISE (Association Internationale des Investisseurs dans l’Économie Sociale) organise sa Conférence Internationale Annuelle, à l’initiative et l’invitation de la SIDI, le 1er juin prochain près de Paris, à « L’Usine », salle de conférence du Groupe SOS dans la Plaine St Denis.
Créé à Barcelone en 1989 à l’initiative de sept organisations financières de l’économie sociale, le réseau INAISE compte aujourd’hui plus de 54 membres du monde entier. Plateforme mondiale de la finance sociale, INAISE organise chaque année une Conférence Internationale qui réunit les investisseurs sociaux pour traiter des grands enjeux liés à leur secteur d’activité et identifier les opportunités de coopérations vectrices d’un changement social et environnemental. Chaque conférence encourage les échanges d’expériences, les réflexions collectives et des mises en relation innovantes entre acteurs. Cette année, elle est organisée par la SIDI, sur le thème : Comment la finance sociale peut-elle contribuer à la lutte contre le changement climatique ?
Les effets du changement climatique sont plus que jamais une préoccupation d’actualité et concernent aussi le secteur de la finance sociale. En effet, les acteurs de ce secteur se distinguent de ceux de l’économie classique par la volonté de parvenir à un modèle de développement « durable » (à la fois économique, social et environnemental). La question du long terme est donc essentielle pour les acteurs de l’économie sociale : ils doivent s’adapter au changement climatique en cours, mais aussi se préparer à la future crise probable, par des actions concertées et d’envergure.
Les instances d’INAISE souhaitent que cette Conférence puisse faire date, qu’elle pose les jalons d’une prise d’engagements pour atteindre des résultats pratiques et applicables. La Conférence 2012, présidée par Dominique Lesaffre, de la SIDI et Président d’INAISE, sera articulée par :
Une séance plénière d’introduction avec l’intervention de grands témoins
4 ateliers
Enfin, une séance plénière en fin d’après-midi qui portera sur la restitution et la synthèse des ateliers, ainsi que sur la définition d’un agenda de travail.
Vous pouvez dès aujourd’hui vous inscrire en ligne : www.inaise.org La Conférence INAISE 2012 est ouverte à tous.
Vingt ans après le Sommet de la Terre à Rio, associer croissance économique et développement durable apparaît plus que jamais problématique. Cette association n’offre pas de solution convaincante au grand problème de l’heure : éviter l’effondrement écologique, tout en améliorant la justice sociale et les perspectives d’avenir pour tous. Précédant de quelques jours « Rio + 20 », notre colloque aura pour objectif d’aller au-delà du programme du « développement durable », et de faire valoir la « décroissance » comme une condition nécessaireà l’élaboration d’un monde réellement prospère.
Tout en prenant appui sur les travaux des deux précédents colloques internationals sur la décroissance (Paris 2009, Barcelona 2010), le colloque de Montréal s’intéressera aux particularités du contexte Américain. Quel sens donner à la « décroissance » dans un continent caractérisé par une telle diversité, économique, sociale, culturelle ou encore géographique ? Comment penser la mise en œuvre d’un projet de décroissance dans des contextes aussi différents que ceux que l’on observe de l’Arctique à la Terre de feu ? Que signifie notamment un tel projet pour les Amérindiens, engagés dans la défense de leurs territoires ancestraux et de leurs peuples ? Comment rendre compréhensible et acceptable l’idée de décroissance aux très riches Américains du Nord ?
Le colloque rassemblera des chercheurs, des militants, des environnementalistes et des autochtones, qui discuteront des possibilités de bâtir, dans les Amériques et ailleurs, des sociétés plus justes, sur une Terre libérée du dogme de la croissance économique infinie.
Site web : http://montreal.degrowth.org/index_... Appel à contributions accessible en ligne.
Dans quel contexte ?
Les évolutions de l’organisation actuelle du marché de l’emploi qui accompagnent un changement de régime du capitalisme et de ses moyens de régulation impactent les dispositifs censés pallier aux inégalités et aux insécurités sociales. Construit sur la base du salariat, notre modèle de protection sociale doit faire face à des défis incontournables du fait la précarisation croissante des parcours professionnels et de la baisse progressive du nombre des personnes en activité. Ces défis ne sont pas seulement d’ordre économique, même si la question du financement des assurances sociales diverses doit être posée. Plus encore, la sortie d’un régime économique de plein emploi nécessite de repenser la place du travail dans les activités sociales et économiques d’une part ainsi que dans les trajectoires individuelles et le quotidien des individus d’autre part. De fait, les frontières de l’emploi, du chômage et des activités qui n’ont pas (ou ont une faible) reconnaissance sociale voir un défaut de légitimité juridique doivent être repensées économiquement, socialement et politiquement.
Le travail invite ainsi à être redéfini, dans son contenu et dans ses contours, alors que sa « valeur » est sans cesse rappelée sur la scène politique. Depuis déjà plusieurs années, chercheurs et membres de la société civile, invitent à réfléchir à (ou appellent à la promotion d’) un autre lien social, à la distinction du travail et des fonctions sociales qu’il rempli(ssai)t.
Il n’est pas inutile de rappeler, comme l’explique D. Méda1, la nécessité de faire « la différence entre des fonctions (assurer un lien social, permettre l’épanouissement de l’individu) et le système qui permet à ces fonctions, à un moment donné, de s’exercer. Or cette distinction est essentielle. La faire permet d’affirmer, premièrement, que le travail n’est pas en soi porteur de ses fonctions ; deuxièmement que celles-ci sont susceptibles d’être portées ou assurées par un autre système ».
Cet autre système a pu voir le jour à la fin des années 80, au moment où l’Etat décide d’attribuer un revenu minimum (le RMI) à vocation universelle (ce qu’il ne sera pas en réalité, puisqu’il reste encore fortement conditionnel) aux citoyens français privés involontairement de ressources du fait de leur incapacité à travailler2.
A la faveur de transformations profondes dans les représentations de la pauvreté et de l’assistance et d’une augmentation régulière du nombre des personnes privées de travail ou privées des sécurités qu’il est censé garantir (les travailleurs « pauvres » et « précaires »), les pouvoirs publics ont abrogé la loi portant sur le dispositif RMI et l’ont remplacée par le RSA en 2008, faisant de l’emploi le cœur d’une politique social d’activation.
Si le RMI visait explicitement (au départ) la réhabilitation des individus comme citoyens, sans autre contrepartie que la reconnaissance de leur dignité et de leur appartenance sociale, le RSA modifie considérablement cette définition extensive de l’intégration sociale en la faisant exclusivement portée par le travail : « La lutte contre la pauvreté et le retour vers la dignité, pour les personnes d’âge actif, ne peuvent être effectifs que par le travail »3. Or de nombreux défis ne sont pas résolus par ce nouveau dispositif et doivent aujourd’hui trouver des armatures conceptuelles (pour être pensés) et des aboutissements politiques (pour être dépassés) telles que les impasses de la contractualisation, du non-recours aux droits, des accompagnements insatisfaisants, voir infantilisants, de la normalisation croissante des parcours et du déficit de reconnaissance des individualités, etc.
Un revenu pour tous.
L’idée d’un revenu universel/inconditionnel/d’existence/social, déjà débattue par des cercles plus ou moins larges de chercheurs, sort donc du registre de l’utopie pour devenir un projet concret.
Il renvoie à l’établissement d’une citoyenneté non seulement politique mais aussi sociale, qui permettrait d’assurer chacun contre les risques auxquels sa trajectoire ou son statut l’assigne. Il s’inscrit dans des débats sur la sécurité sociale des personnes dans des carrières d’emploi de plus en plus flexibles et sur l’attachement de droits aux individus et non à leur statut.
Le revenu universel invite à reconnaître et trouver des dispositifs sociaux de valorisation des occupations et des activités dont la productivité est aujourd’hui inférieure aux normes économiques et dont le contenu de correspond pas aux attentes sociales les plus communément répandues, dont l’exercice n’est pas régit par des formats institutionnels légitimes. Il pose la question des motifs de l’agir humain dès lors que l’attente d’une participation librement choisie à la société se substitue à l’obligation de travailler.
Dans le contexte économique actuel, la question du versement d’un revenu minimum ne peut plus être envisagée de manière conjoncturelle, elle doit accompagner la transformation d’une structure sociétale complexe et s’accompagner de la couverture réelle des besoins non seulement vitaux mais nécessaires, par la mise à disposition d’un montant permettant de se loger, se nourrir, se vêtir, se former, se soigner…
Il pose des problèmes concrets multiples (mode de financement, montant, mode de versement, conditionnalité..) que chercheurs, politiques et citoyens sont invités à débattre et à dépasser.
Concrètement…
Ce colloque se situe au démarrage d’un projet d’expérimentation du revenu universel porté par le collectif POURS (POUrs un Revenu Social). Ce collectif est composé de citoyen(ne)s et de militant(e)s écologistes et/ou de gauche. Il a pour ambition de réaliser une mise en œuvre locale du revenu inconditionnel avec des partenaires communaux ou départementaux qui acceptent (d’ors et déjà) de tenter le pari, pour leurs administrés, d’une politique sociale alternative.
Avec l’appui des chercheurs, des intellectuels et des militants qui ont une expertise sur cette question, nous voudrions ancrer ce projet dans un débat solide, qui permette de dégager les différents enjeux de l’instauration d’un revenu universel, sa déclinaison pratique et les conceptions anthropologiques qui permettent de soutenir ou d’invalider un tel dispositif, ainsi que de prendre en compte les préventions que suscite l’expérimentation sociale.
A ce titre, la question de savoir si l’exercice de la citoyenneté démocratique est encouragé ou entravé par le versement d’une allocation sans contrepartie est centrale dans ce débat, car elle permet d’envisager les conditions d’instauration du lien social et des structures qui le maintiennent en lien avec la mise à disposition d’un revenu. Le revenu universel voudrait contribuer à répondre aux impasses de la protection sociale, à renverser les logiques de l’assistance, à promouvoir la liberté des personnes à conduire leur vie en leurs offrant les capacités réelles de choix de leurs activités.
Cet appel concerne tout type de disciplines scientifiques, (sont concernées la sociologie, l’anthropologie, l’économie, l’histoire, la philosophie…) et s’adresse à des chercheurs confirmés aussi bien qu’à des doctorants. Les approches critiques sont les bienvenues.
Les communications pourront porter sur :
Pour les présentations en plénières :
Un état des savoirs sur le RI.
L’état de l’organisation économique capitaliste et les transitions en cours (ou à conduire) ; Les impacts économiques et sociaux d’un revenu inconditionnel ; Les implications du revenu inconditionnel sur le système de protection sociale ; Les enjeux concrets du RI sur le fonctionnement du marché du travail ; Les représentations du travail, de la société, de la citoyenneté, et/ou du lien social liées au revenu ; Les fondements philosophiques et politiques du revenu inconditionnel ; Les enjeux et impacts d’un temps « libre », libéré de la nécessité de travailler ; Les questions de la gratuité et des biens communs.
Quel Revenu universel ?
La présentation/proposition de différentes conceptions du RU : revenu différentiel, impôt négatif, ou revenu universel et les modes de versement y afférant ; La pertinence, les possibilités ou limites d’un versement en monnaie « locale » ou en nature ; Les critères d’éligibilité (quels bénéficiaires ?).
Pour les ateliers thématiques :
Expérimenter/mettre en œuvre.
L’objectif de cet atelier est d’étudier les possibilités d’expérimentation et de mise en œuvre locales ou partielles d’un revenu inconditionnel. Il convient également de questionner la pertinence et l’efficacité de telles démarches.
Préventions et justifications de l’expérimentation sociale ; Conditions de la mise en œuvre et de l’évaluation de l’expérimentation locale du RU ; Comment accompagner la rédaction et la promotion d’un projet de loi ?
Financer
La question du financement est une des principales problématiques techniques soulevées par le revenu inconditionnel. L’atelier doit permettre de recenser les différentes options de financement et de mettre en lumière l’impact des modalités de financement sur l’économie.
Sources et modalités de financement ; Revenu inconditionnel et mécanismes économiques (Inflation, échanges internationaux, concurrence internationale, etc.).
Le RU et les « mouvements sociaux ».
Nombre de mouvements sociaux sont engagés dans des luttes visant à garantir à certaines minorités une sécurité de revenu. Le revenu inconditionnel pourrait-il être une revendication fédératrice ?
Quels mouvements sociaux peuvent se retrouver dans la revendication d’un revenu inconditionnel ? Le revenu inconditionnel peut-il être un facteur de reconnaissance économique et sociale des minorités. La revendication d’un revenu inconditionnel est-il compatible avec le combat syndical ? Quel impact du revenu inconditionnel sur la politisation et l’engagement syndical ?
Calendrier et modalités de réponse :
Le colloque se tiendra à Montreuil, les 30 et 31 mars 2012. Les propositions de communication sont à remettre au plus tard le 3 janvier 2011 à l’adresse suivante : contact@pourunrevenusocial.orgElles doivent contenir : Le(s) nom(s) du ou des auteurs. Le titre du/des thème(s) auxquels la proposition se rattache. 10 mots-clés auxquels renvoie le projet de communication. Un synopsis de 4 000 signes présentant les grandes lignes du projet de communication. Les propositions seront examinées par un comité scientifique composé de : Isabelle Astier, Julie Garda, Jean-Marie Monnier, Baptiste Mylondo, Carlo Vercellone.La notification de la décision du comité scientifique concernant l’acceptation ou le refus de votre proposition sera rendue le 16 janvier 2012. Les textes complets et définitifs devront être finalisés et transmis pour le 26 février 2012. Ils devront contenir : Le(s) nom(s) du ou des auteurs. Le titre du/des thème(s) auxquels la proposition se rattache. 10 mots-clés auxquels renvoie le projet de communication. Un résumé de 1 500 signes. Le texte de la communication (30 000 signes maximum).
Perspectives de publication :
Les textes présentés lors du colloque donneront lieu à plusieurs formes de communication, sur différents supports :
Une sélection de textes sera publiée dans un livre disponible dès le jour du colloque. Certains textes pourront être publiés dans le cadre d’un hors-série thématique du journal Le Sarkophage. Certains textes pourront être publiés dans le cadre du numéro d’été 2012 de la nouvelle revue Les Indignés. Une sélection de textes de doctorants et post-doctorants seront publiés sur un site internet dédié.
1 D. Méda, 1995, Le Travail. Une valeur en voie de disparition, “Alto”, Aubier, rééd. Champs-Flammarion, 1998. 2 Loi n°88-1088 du 1 décembre 1988 relative au revenu minimum d’insertion. Art. 1 “Toute personne qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation de l’économie et de l’emploi, se trouve dans l’incapacité de travailler, a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence.” 3 M. Hircsh, E. Wargon, N. Sarthou-Lajus, « Revenu de solidarité active : quelle philosophie ? », Etudes, 2009/1, Tome 410.
Article de Pour un revenu social
La Mairie de Paris accueillera le vendredi 30 mars la prochaine journée organisée par le Réseau des Territoires pour une Economie Solidaire. Cette Rencontre nationale des collectivités locales autour de l’économie sociale et solidaire est organisée avec le soutien des principaux réseaux d’élus. Attention ! Inscription préalable obligatoire, nombre de places limité : téléchargez le bulletin d’inscription.
Destinée aux collectivités locales et à leurs réseaux, elle a comme objectif de mettre en lumière le rôle possible des collectivités pour le développement de l’économie sociale et solidaire, et de dégager des propositions pour une politique nationale d’économie sociale et solidaire articulée avec les territoires.
Habitat et politique de la ville, alimentation et circuits courts, pôles territoriaux de coopération économique, des réponses innovantes peuvent être apportées dans le cadre de l’économie sociale et solidaire avec l’implication de différents niveaux de collectivités.
Ont notamment confirmé leur participation à cette journée : Patrick Kanner, président du Conseil général du Nord, Pascal Canfin, député européen, Dominique Voynet, Maire de Montreuil, Michel Dinet, président du Conseil général de Meurthe et Moselle, Mireille Bordes, vice-présidente du Conseil général de Dordogne, Jean-Louis Robillard, vice-président du Conseil régional Nord-Pas de Calais,...
Pierre Calame, Président de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme et auteur de l’Essai pour l’Oeconomie, introduira la journée.
Une table ronde réunissant les représentants des principaux réseaux de collectivités clôturera la journée.
Retrouvez ici le programme.
23/02 - Tour du monde des monnaies
Inscriptions avant le 17 février sur www.festifric.org
Préambule : lancement du Nostra le 18 février à l’Atrium de Salon
Le Pays Salonais en transition, partenaire de Festi’Fric, annoncera la naissance du Nostra, monnaie locale du Pays Salonais en transition, à l’occasion de la soirée d’information qu’il organise le 18 février à 18h30. Sont invités :
Zoom sur le programme de Festi’Fric du jeudi 23 février : les monnaies en PACA...
Au cours de la table ronde de la matinée, seront présentées différentes monnaies de la région :
... et en France et dans le monde
Un BarCamp, « pas de spectateurs, tous acteurs », est prévu l’après midi avec des séances tournantes de 25 minutes où chacun pourra échanger avec des représentants de projets innovants :
... Sans oublier le point d’orgue de cette journée : la conférence débat avec
ancien banquier central et co-fondateur de l’Ecu, autour de la question : "Quel rôle pourraient jouer les monnaies complémentaires face à la crise actuelle ?"
En présence d’Elsa Di Méo, conseillère régionale et d’autres invités
Programme complet et inscription à la journée sur www.festifric.org
lietaer
Le Vendredi 24/02 - Construisons nos monnaies et systèmes d’échanges en PACA
Journée des acteurs et innovateurs, organisée sous forme d’ateliers pour faire émérger ou approfondir les systèmes d’échanges et engager des actions concrètes. Les Ateliers, ouverts au public, sont prévus en deux sessions matin et après midi pour aider les projets innovants à décoller (... normal on est à Salon !!!) :
Monter un projet de Monnaie complémentaire, (§voir détail sur MoCo) animé par Frédéric Bosque (Sol Violette-Toulouse)
Monnaies complémentaires et territoires (§voir détail sur MoTer) en direction d’élus et de fonctionnaires territoriaux animé par la Docteure Marie Fare (Université de Lyon II) et Carlos de Freitas (Institut Palmas)
Accélérateurs de Projet, à destination des projets émergents en PACA . 2 séances de 45 mn soit 2 projets "accélérés" et deux autres l’après midi. (§voir détail sur AcProj) Avec l’assistance des personnes référentes des monnaies du bar camp de la veille : La Brixton Pound, la Mesure, La Fing/Moniba, L’Accorderie (en fonction du souhait des unes et des autres à contribuer à cet atelier).Si cela vous intéresse, contactez-nous à info@festifric.org
Petite histoire de la monnaie depuis sa création jusqu’à nos jours à travers le jeu : "La poule aux oeufs d’or" animé par Miguel Rotenberg (Les Petits Débrouillards) avec l’aide de Célina Whitaker (ancienne coordinatrice nationale du SOL France, membre du CEDAL et du Collectif Nouvelles Richesses) - (§voir détail sur PaOo )
La plateforme d’échanges solidaires, un projet de coopération économique en PACA et Auvergne animé par Marc Alphandery du MES (Mouvement de l’économie Solidaire) (§voir détail sur PeSpaca)
Inscription possible aux ateliers en double cliquant directement dans les pages du site puis en sauvant. Wiki-wiki ! Programme complet et inscription à la journée sur www.festifric.org
bannière festifric
CONTACT : info@festifric.org - 04 91 99 02 40 (APEAS)
Festi’Fric est organisé par l’APEAS, O2ZoneTV et fokus 21, avec l’aide de :
Assodev-Marsnet, la FING, l’Equitable Café, la Cantine de Jo&Elsa, la Case à Palabres, les SELS : le ProvenSel, le REEL et le SEL de Mars’, le Pays Salonais en Transition, Les Petits Débrouillards, Les Amis de la Terre 13, La Maison de famille et la mairie de Forcalquier, SEVE, le Pôle d’Economie Solidaire 06, le Ravi, la Maison des Alternatives Solidaires d’Avignon, JournArles, les Editions Yves Michel, Radio Galère, M2K13 (association porteuse du projet Marseille2013 OFF), Bio Pour Tous 05, Mesclun, EPICE, La Mairie de Salon de Provence.
Ce séminaire international de haut niveau est organisé conjointement par l’Institut d’Economie Politique Karl Polanyi et le Réseau EMES.
Informations sur le séminaire
Vous pouvez télécharger les documents suivants :
Les contributions présentées dans le cadre de ce séminaire seront publiées sur ce site dans la collection des EMES Conferences Selected Papers après le séminaire (fin mars).
L’économie sociale et solidaire souffre d’un déficit de visibilité, pourtant le message qu’elle véhicule correspond à un projet de développement durable dans ses aspects sociaux et économiques. Il devrait répondre aux préoccupations croissantes d’implication socio-responsable des citoyens et des pouvoirs publics mais ce message n’arrive pas jusqu’à eux dans une forme identifiable ou pertinente. Des éléments de compréhension, qui ont aussi donné les bases du projet à développer, ont émergé depuis la 1° réunion du groupe de travail au Luxembourg en 2009, lors des 4° rencontres du RIPESS* international.
Les particularités de la socio-responsabilité de l’économie sociale et solidaire (ESS) versus les critères de RSE (responsabilité sociale des entreprises)
Le terme ESS est très polysémique, les modalités de participation et d’implication des parties prenantes dans les structures de l’ESS sont plurielles (salariés, bénévoles, usagers, consommateurs comme dans les AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne), leur modèle économique est très varié avec une pluralité de ressources et de financements. Mais ces pratiques brouillent les frontières entre le monde marchand, le non marchand, l’économique, le militantisme, le public et le privé et c’est une des grandes caractéristiques de l’économie solidaire. Développer des réseaux coopératifs et solidaires intégrés dans l’activité économique produit le constat qu’il devient difficile de dire où commence le projet social et où se termine l’activité économique car les deux sont intimement liés, ce qui fait la grande différence avec les démarches de responsabilité sociale des entreprises (RSE) qui ajustent quelques axes de développement pour satisfaire à quelques critères, sans remettre en cause leur modèle de développement. Pour l’économie sociale et solidaire, la socio-responsabilité est au coeur du projet économique, elle lui est inhérente et insécable, mais il reste à traduire cette solidarité pour la rendre lisible et évaluable, en particulier pour les consommateurs et les politiques publiques.
Prise de conscience d’un besoin de référentiel de l’ESS et d’outils communs pour mieux communiquer Les pratiques de l’économie solidaire sont moins ancrées par les statuts traditionnels de l’économie sociale (coopératives, mutuelles, associations et fondations) et sont plus orientées vers des finalités sociétales. Elles ont besoin de se formaliser dans un message qui serve de référentiel et qui soit facilement déclinable dans les pratiques. Une des causes du manque de visibilité réside dans le choix volontaire des acteurs de laisser le champs peu défini, le plus ouvert possible, par peur de figer un processus et d’obliger à un alignement jugé jusqu’alors arbitraire. Pourtant la diversité des activités de l’économie sociale et solidaire est avancée comme frein à sa lisibilité et comme une difficulté par les acteurs publics pour financer sereinement ce secteur.
Interactions de l’ESS avec ses parties prenantes Les modalités de distributions jusqu’aux usagers/consommateurs finaux font partie du projet de l’économie solidaire et du commerce équitable et certains revendiquent d’ailleurs l’appellation de commerce équitable de proximité pour des circuits courts comme les AMAP , par exemple. Un distributeur peut devenir un passeur d’information, participant ainsi à une éducation à la consommation responsable, à travers l’explication du choix des différents labels d’agriculture biologique ou de commerce équitable. Ces pratiques n’existent bien évidemment pas dans la grande distribution où pourtant une partie des acteurs du commerce équitable ont choisi de revendre leurs produits : certaines parties prenantes potentialisent la dynamique responsable et solidaire, plus que d’autres, avant d’arriver aux usagers/consommateurs. D’où l’importance d’organiser la visibilité de la chaîne de production pour maintenir la chaîne de valeur de la production à la distribution .
La coopération économique entre acteurs de l’ESS reste peu développée, ce qui limite considérablement les possibilités de cohérence de ce secteur et contribue à morceler sa lisibilité. Les raisons en sont multiples mais beaucoup d’outils soutiennent plutôt le développement d’activités individuelles sous forme de micro- ou petites entreprises, encouragés par les politiques communautaires, plutôt que le développement de projet associatifs ou coopératifs.
Rendre le champs de l’ESS visible et structuré par des partenariats économiques internes L’affiliation à une fédération professionnelle ne suffit pas à produire une cohérence visible du champ de l’économie solidaire. Un véritable développement économique endogène serait nécessaire pour mailler et potentialiser le champ, c’est-à-dire une mise en réseau par des coopérations « fortes », c’est-à-dire des interactions économiques plutôt que des liens faibles de reconnaissance identitaire.
La vision brésilienne et québécoise des réseaux d’économie solidaire présents au forum LUX’09 du RIPESS à Luxembourg, dans l’atelier Communication, présente une coopération entre acteurs qui se structure d’abord en B to B (Business to Business) et se pose en préalable à la constitution d’une vision politique partagée et non l’inverse (Delille P. Terrier C., 2009) : il faut d’abord démontrer la viabilité du projet économique (de sa viabilité sociétale même s’il doit être subventionné) et sa capacité à se fédérer et à se mailler avec ses parties prenantes, y compris (et surtout) avec ses pairs, pour qu’on puisse lui accorder la crédibilité d’ avoir un possible impact dans une transformation sociale. Sinon, on reste dans l’incantatoire utopique qui ne convaincra plus personne.
Les valeurs sociales et solidaires ont du mal à vraiment investir le plan économique et marchand et le modèle d’organisation de la communauté des logiciels libres a été évoqué comme pouvant convenir à l’économie solidaire : pas de projet macro-politiques mais un ensemble de pratiques relativement consensuelles et des communautés de travail qui se forment et se défont au fur et à mesure que la nécessité de développement avance et se modifie, qui fonctionnent sur un mode de travail en réseau et en cooptation, à géométrie variable, avec toute latitude de former de nouvelles communautés affinitaires, si des individus le jugent opportun. Les décisions se prennent au plus prêt de l’opérationnel et il n’y a pas de méta-organisation, qui pense pour tous et décide des orientations.
Le Projet ESS Global est né de ces réflexions : comment accroître la coopération économique des acteurs de l’ESS entre eux et l’interfacer avec leurs parties prenantes (version expérimentale http://www.essglobal.info/fr/)
Améliorer la visibilité et l’efficacité de ce projet par des plates-formes internet collaboratives à la gestion décentralisée au plus près des acteurs, devrait inciter aux projets communs et à la coopération économique. Recenser des bonnes pratiques pour qu’elles puissent essaimer, organiser des formes de coopération, créer des chaînes intégrées de productions socio-responsables et solidaires, en travaillant sur l’interopérabilité des plates-formes, développer l’internationalisation des interactions entre acteurs de l’ESS, devrait augmenter les parts de marché de l’ESS dans l’économie « mainstream ».
Pour cela, de nombreuses actions sont mises en place, avec différents objectifs :
-* politiques pour créer des communautés d’acteurs et de partenaires, diffuser l’information sur les projets dans différents media (communautaires, nationaux ou internationaux) et auprès des réseaux de consommateurs responsables -* économiques pour favoriser des coopérations endogènes ou mutualiser les achats entre entreprises de l’ESS, faciliter le développement local
Favoriser le développement local et la couverture durable et fonctionnelle des territoires a aussi été évoquée comme une priorité de déploiement : le travail en réseau et la possibilité d’acheter à distance devrait favoriser l’implantation ou le maintien d’activités traditionnelles ou très spécifiques, dans des zones peu peuplées, rejoignant en cela, le mouvement « Slow food », pour la préservation de la diversité culturelle et économique.
Il apparaît de plus en plus clairement qu’un tissu économique diversifié, peu concentré, est beaucoup moins vulnérable aux crises et préserve le tissu social d’écarts brutaux de l’activité économique solvable. Par contre, les entités qui composent ce tissu économique fluide sont individuellement fragiles et le développement en réseau les protège en partie. Dans des zones faiblement peuplées, le subventionnement public se justifie par une demande insuffisante et maintient une activité qui se rapproche d’un service d’intérêt général (le problème se pose en France dans les mêmes termes qu’au Canada). L’usage des monnaies complémentaires permet d’organiser des péréquations, de supporter une gouvernance participative et d’orienter la consommation responsable.
Le partenariat avec les pouvoirs publics et les usagers/clients /consommateurs : à partir de ces nouveaux outils (informations en ligne, fonctionnalité en réseau), le forum brésilien d’ES a développé une diffusion systématique des appels d’offres publics sur le site et les acheteurs publics sont aussi aidés dans leur rédaction par une meilleure connaissance des possibilités du marché de l’économie solidaire et par la cartographie du site. Ainsi, le classement par thématiques et territoires, avec les informations données sur les capacités de réponses des organisations, aident les pouvoirs publics à élaborer les appels d’offres et leur évitent aussi de coûteuses études de marché. Les acteurs peuvent répondre en créant des groupements momentanés d’entreprises, pour « faire masse » et il est aussi plus facile de trouver des sous-traitants en interne partageant les mêmes valeurs, en cas de pic d’activité.
Participation des usagers : la géolocalisation des productions de biens et services draine les consommateurs responsables au plus près de leur bassin de vie. De nombreuses possibilités de circuits courts producteurs-consommateurs se dessinent aussi à travers cette configuration, avec des achats groupés qui permettent de réduire les coûts ; et un commerce électronique, qui permet de réduire les lieux de dépôts-ventes des produits. Les québécois éditent régulièrement un catalogue « Acheter solidaire » qui regroupe thématiquement les offres de produits disponibles à la vente. Une visibilité accrue (traçabilité sociale) des conditions de production et de l’organisation sociale autour de la prestation de services, devrait faciliter la consommation responsable des usagers de la plate-forme et des pouvoirs publics.
Le respect de la diversité des outils et des pratiques a été plusieurs fois évoqué, pour installer l’idée qu’il fallait se garder de vouloir uniformiser les outils et de se développer tous sur le même modèle, mais bien plutôt travailler sur l’interopérabilité des outils et l’articulation de référentiels différents. La préservation de la diversité économique est une condition favorable à la survie des systèmes, ainsi que l’organisation décentralisée et en réseau. Il apparaît aussi important de travailler sur les plus petits dénominateurs communs et un thesaurus partagé, pour pouvoir faire dialoguer les systèmes. Les outils du web sémantique apparaissent comme une opportunité pour organiser l’interopérabilité des systèmes grâce à la norme SKOS/RDF, et créer une ontologie spécifique de l’ESS.
L’enjeu est donc, quel que soit la logique interne des sites partenaires, d’être capable d’exprimer dans un vocabulaire commun les informations à partager : structures, personnes, événements, thématiques...
L’ambition du projet ESS Global, dans le cadre du RIPESS* international est de rendre visible et de faire dialoguer au service de la co-responsabilité sociétale et de la « bio-diversité » économique, des chaînes intégrées d’ESS entre elles et avec leurs parties prenantes.
Le projet auvergnat de plate-forme d’échanges solidaires (PES) réunissant plus d’une trentaine de structures et têtes de réseau, initié par le CREDIS et co-financé par le Conseil Régional d’Auvergne, a relancé une dynamique ascendante d’enrichissement du réseau français BDIS (http://www.la-bdis.org/-Le-BDIS-en-region-.html) Ce projet s’intègre dans la dynamique portée par le groupe de recherche Communication et solidarité, de l’université Blaise Pascal, depuis la conception de l’atelier Communication de l’ESS, lors des rencontres du RIPESS, au Luxembourg en 2009 jusqu’aux récents séminaires sur la création d’un pôle d’innovation sociale en Auvergne.
Conference "Développement et promotion de l’Economie Solidaire au service du développment durable à Luxembourg"
Date : 24 novembre 2011
Lieu : Cercle Cité, Luxembourg-Ville (LUX)
Cette conférence est organisée par le département de l’Economie solidaire placé sous l’autorité du Ministre délégué à l’Economie solidaire, Romain Schneider. Elle sera l’occasion de présenter un premier plan de développement pour l’Economie solidaire au Luxembourg élaboré en cours d’année en collaboration avec différentes parties prenantes.
Cette conférence réunira différents représentants du secteur, experts et universitaires pour aborder l’enjeu d’une meilleure compréhension et intégration de l’économie solidaire dans les politiques de développement nationales, régionales et locales.
Inscriptions : www.tudor.lu/ecosol2011
Contact : Fatima.mestre@ecosol.etat.lu
Rejoignez des centaines de praticiennes et praticiens expérimentés et émergents des entreprises sociales en provenance de toutes les régions du Canada lors de la quatrième Conférence canadienne sur l’entreprise sociale qui aura lieu à Halifax, en Nouvelle-Écosse, le 20-22 Novembre, 2011.
Apprenez comment les entreprises sociales contribuent au développement des communautés !
Partagez vos expériences et idées avec d’autres Chefs d’entreprise sociale et des partisans !
Réseautez avec des praticiennes et praticiens d’entreprise sociale, leurs partisans, les bailleurs de fonds et des représentants du gouvernement !
Agissez pour trouver des réponses à vos questions, pour explorer vos idées ou acquérir de nouvelles connaissances - et faites une différence dans votre communauté !
La Conférence :
Sessions intensives d’une journée et d’une demi-journée : Initiation à l’entreprise sociale, démonstration de leur valeur,
la gouvernance de l’entreprise sociale, les compétences en planification des affaires, le marketing, l’analyse financière, la
franchise des entreprises sociales ainsi que le soutien et le renforcement des entreprises sociales au Canada.
Forum politique : Rapport sur l’état des politiques publiques sur les entreprises sociales au Canada, les développements récents qui favorisent leur développement et une séance de travail pour combler les lacunes.
Visites d’entreprises sociales locales.
L’entreprise sociale est un modèle éprouvé pour la construction d’organismes sans but lucratif viables. Elle aide les
organismes à réaliser leur mission tout en créant des emplois, fournissant des biens et des services nécessaires aux
communautés, faisant la promotion de l’innovation sur le marché, améliorant l’offre de services sociaux, environnementaux,
artistiques et culturels et en renforçant leur viabilité financière.
Les entreprises sociales contribuent à la force, à la croissance et à la revitalisation économiques des communautés.
La Quatrième Conférence canadienne sur l’entreprise sociale est une initiative du Conseil pour les entreprises
sociales du Canada.
Les inscriptions seront ouvertes à la fin de juillet 2011
Les 5e Rencontres du Mont-Blanc, du 9 au 12 novembre, intitulées « l’économie sociale, un nouveau modèle de développement ? », élaboreront une position commune de l’économie sociale à porter au sommet de Rio 2012.
L’économie sociale, un nouveau modèle de développement ?
Comment l’économie sociale répond-elle aux défis sociaux et environnementaux actuels ? Comment crée-t-elle et distribue-t-elle la richesse ? Par ses objectifs, par ses pratiques, constitue-t-elle un modèle de développement durable ?
Autant de questions qui seront débattues lors de cette 5e édition des Rencontres du Mont-Blanc. L’occasion pour les dirigeants d’économie sociale de définir le rôle qu’ils jouent et celui qu’ils souhaitent tenir, de lancer et de partager des projets concrets.
Les 5e Rencontres du Mont-Blanc sur le chemin de Rio 2012
Les 5e Rencontres du Mont-Blanc interviendront quelques mois avant la Conférence des Nations Unies sur le Développement Durable, qui réunira les chefs d’Etat à Rio au printemps 2012.
Elles seront le lieu d’expression idéal de l’économie sociale pour interpeller la gouvernance publique mondiale et démontrer en quoi l’économie sociale peut favoriser un développement soutenable et intégratif.
Le Comité Scientifique de l’édition prépare un texte d’orientation qui sera validé par les participants et porté au sommet de Rio 2012.
Pour aller plus loin
Une conférence internationale organisée par la Région Île-de-France, avec le soutien de la Chaire Développement durable de Sciences Po et de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), et consacrée au concept de dette écologique.
Cet événement exceptionnel, en présence notamment de Michel Rocard (ancien Premier ministre) aura lieu le 7 novembre 2011 de 8h30 à 18h30 dans l’hémicycle de la Région Île-de-France (57 rue de Babylone, Paris 7e).
Présentation de la conférence :
« Le concept de dette écologique, initialement créé par des ONG dans les pays du Sud, apparaît aujourd’hui de plus en plus présent dans les débats au Nord. Porté essentiellement par des ONG depuis vingt ans, ce concept a gagné l’attention des sphères politiques et scientifiques, comme l’a montré l’attention particulière portée par le gouvernement fédéral belge dans les années 2000. Quelle est l’histoire de ce concept et quelles sont ses différentes définitions ? Quelle est sa pertinence et sa validité scientifique ? Dans quelle mesure le concept de dette écologique peut-il être un principe d’action, et quelles sont ses implications en termes pratiques, notamment pour les acteurs publics et privés des pays du Nord ? »
Contact : Élise Coudane
L’Université de l’OIT sur l’économie sociale et solidaire (« Université SSE ») sera un atelier de formation interrégional réunissant des praticiens du monde entier dans l’optique d’un partage d’expériences et d’une rencontre avec des spécialistes de premier plan. Le format du cours permettra aux participants de satisfaire leurs besoins individuels en choisissant parmi un large éventail de modules facultatifs.
Objectifs
À la fin de l’activité, les participants seront à même :
-* de mieux comprendre les différents domaines dans lesquels l’ESS peut jouer un rôle (création d’emplois, protection sociale, dialogue social, innovation, environnement, etc.) ;
L’économie sociale et solidaire résulte de pratiques collectives de développement durable qui contribuent à la construction d’un monde plus juste et équitable. Elle ne peut progresser que dans une perspective d’ensemble établissant des liens entre l’économique et le social, entre le local et le mondial, entre le travail et l’investissement, entre production, consommation et environnement. Pour se développer et apporter sa pleine contribution elle doit s’inscrire dans un cadre de politiques publiques et de programme qui lui sont favorables. Ainsi elle devient un véritable moteur de développement et occupe une place de plus en plus importante en comblant des besoins qui ne sont pas adéquatement pris en compte par l’économie publique ou privée. L’économie sociale et solidaire fait partie des réponses à la crise économique actuelle que ce soit dans les pays du Sud ou dans les pays du Nord.
Objectifs de l’événement
Les organisateurs
L’évènement est organisé par le Chantier de l’économie sociale en partenariat avec le gouvernement du Québec et de la Ville de Montréal. Plusieurs autres organisations s’associent à l’organisation de l’événement. Il s’agit du FAST (Financial Alliance for Sustainable Trade), ainsi que du Centre d’étude et de coopération internationale (CECI), du RIPES S Amérique du Nord (Réseau intercontinental pour la promotion d’économie sociale et solidaire), de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) et du Réseau canadien de développement économique communautaire.
Un comité de parrainage international
Plusieurs institutions nationales et internationales ont déjà confirmé leur volonté de collaborer à la réussite de l’événement. Ces organisations et d’autres seront invités à faire partie d’un comité de parrainage international. Ce comité de parrainage sera co-présidé par M. Laurent Lessard, ministre responsable du ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire (MAMROT), M. Gérald Tremblay, maire de la ville de Montréal et Mme Nancy Neamtan, PDG du Chantier de l’économie sociale.
Parmi les personnes et les organisations ayant exprimés une volonté de collaboration, on retrouve : l’Organisation international du travail (OIT-ACTRAV), le PNUD (Programme Universitas-ART) ; le Directeur du Secrétariat d’État à l’économie solidaire, gouvernement du Brésil, M. Paul Singer et le Forum brésilien de l’économie solidaire, le Forum sur l’innovation sociale (OCDE, programme LEED), le groupe coopératif mexicain (CGES) et bien d’autres.
Les thèmes
Cette rencontre internationale a pour thème principal : le nécessaire dialogue État - société civile pour l’élaboration de politiques publiques en faveur de l’économie sociale et solidaire.
Ce thème principal s’actualise autour de divers enjeux qui constituent des sous-thèmes de l’événement :
Le développement local et régional : l’économie sociale et solidaire est avant tout
issue d’actions collectives au niveau local, les expériences les plus réussies se caractérisant par un ancrage territorial.
L’innovation : l’économie sociale et solidaire fait appel a priori à l’innovation au sein
de l’entreprise, dans ses rapports avec le marché, l’État et les secteurs non marchands, dans le lien entre l’économie formelle et informelle, dans les critères d’évaluation, dans la réponse aux besoins (logement, enfance, etc.)
Finances et commerce solidaires : l’accès à du capital adapté aux réalités de
l’économie sociale et solidaire de même que l’accès aux marchés locaux ainsi qu’aux programmes d’achats publics représentent des enjeux importants.
Le monde du travail : la création d’emplois stables et la démocratisation de sa gestion
de même que la contribution des syndicats et des fonds de travailleurs au développement de l’économie sociale et solidaire représentent aussi des enjeux majeurs.
La sécurité alimentaire : la question de la sécurité et de la souveraineté alimentaire se
pose de façon fort différente entre les pays du Sud et du Nord. Mais la production collective, les productions équitables, les cycles de production et de consommation locale sont autant de moyens de progresser pour assurer à tous les habitants de la planète une nourriture saine et suffisante.
Participation
La rencontre internationale réunira environ 1000 participants ; des promoteurs, des chercheurs, des organismes de soutien, des ONG, des représentants gouvernementaux (ville, région, pays), des organisations de la société civile et des mouvements sociaux provenant du Québec, du Canada et de plus de 50 pays des Amériques, d’Afrique, d’Europe et d’Asie.. Des acteurs de l’économie sociale et solidaire du Québec proposeront une diversité de possibilités de visites en région et dans la région montréalaise afin de mieux connaître la réalité québécoise de l’économie sociale et solidaire et de construire des liens entre les acteurs québécois et ceux d’autres pays.
Pour plus d’information Chantier de l’économie sociale 4 200, rue Adam Montréal (Québec) H1V 1S9 Canada Site : www.chantier.qc.ca Courriel : ecosoci@chantier.qc.ca
Invitation au congrès de fondation RIPESS Europe, Barcelone du 8 au 10 septembre 2011
Après Lima 1997, Québec 2001, Dakar 2005, Luxembourg 2009, le RIPESS Europe franchit une étape en organisant son congrès de fondation.
Ce moment très attendu par les réseaux de l’économie solidaire en Europe se veut convivial, participatif, démocratique et constructif.
Ce congrès est ouvert à tous les réseaux d’économie solidaire –réseau territorial ou plateforme inter-sectorielle formalisés ou non à l’échelle nationale, régionale ou inter-régionale et européen.
En créant les Assises du Bonheur, nous affirmons notre volonté de considérer le bonheur comme un objet de recherche scientifique, et notre espoir de voir cette manifestation, au fil des années, devenir un événement incontournable de cette recherche.
Faire progresser la notion de progrès sociétal, aider à enrichir son contenu, être le point de rencontre de tous ceux qui, par le champ de leurs recherches, contribuent à cet objet, mettre en relation des chercheurs d’horizons différents pour produire de nouvelles connaissances, c’est un des objectifs forts que s’est assigné l’OIB.
En ancrant ces assises à SETE, nous voulons donner à tous ceux qui accepteront de nous suivre dans cette aventure une sorte de patrie commune dans un environnement merveilleux.
PROGRAMME Vendredi 9 Septembre
Les Mesures du Bonheur (1ère partie) 8h30 Accueil
Présidence : Patrice Tachon, ancien Bâtonnier, Avocat au barreau de Moulins,
Président de l’OIB 9h00
Message d’ouverture (en duplex de Pondichéry) _ David Annoussamy, juge honoraire, Inde _ L’avocat et l’innovation sociétale Bénédicte Bury, Avocat au barreau de Paris, Membre de la Commission formation du Conseil National des Barreaux _ Projection du documentaire "Indices" Suivi d’un échange avec Vincent Glenn, réalisateur d’"Indices" _ L’INSEE et la Commission Stiglitz Claire Plateau, responsable INSEE du suivi de la Commission sur la mesure de la performance économique et du progrès social
12h00
Buffet au Musée Paul Valéry
Les Mesures du Bonheur (2ème partie)
Présidence : Francis Teitgen, ancien Bâtonnier, Avocat au barreau de Paris
14h00 La data base mondiale du Bonheur Ruut Veenhoven, Professeur Emérite, Université Erasmus de Rotterdam
_ Le Produit Intérieur Doux (PID) Vivian Labrie, chercheure, Québec, animatrice du PID
Pause - Danses égyptiennes
_ Le Bonheur National Brut (BNB) Dorji Wangdi, Ministre du travail et des ressources humaines du Bhoutan
_ L’indice du bonheur mondial, pourquoi ? Comment ? Quels résultats ? Pierre Le Roy, fondateur de Globeco
18h30
Temps libre - Concert
Groupe « Une Anche Passe » - Musique traditionnelle Languedocienne
Le Grand Débat
20h00 Echanges avec l’ensemble des intervenants et des participants.
Introduction de Phuntsho Rapten, Chef de la planification au Ministère du travail et des ressources humaines du Bhoutan
« Bonheur National Brut et bonne gouvernance au Bhoutan »
Concerts
22h00
Groupe « Bat.G » - Hip-hop / accordéon
Groupe « Usual suspects » - Soul funk
Samedi 10 Septembre
Travail, Bonheur et Droit
9h00
Accueil
Présidence : Paul Herman, ancien Bâtonnier, Avocat au barreau de Clermont-Ferrand, Président de l’EFACS
Le bonheur en entreprise : de la lutte contre la précarité à l’épanouissement des dirigeants et des salariés Clare Hart, Présidente de FACE Hérault (Fondation Agir Contre l’exclusion), Chef d’entreprise
Droit du travail, entreprise et bonheur Paul-Henri Antonmattei, Professeur à la Faculté de droit de Montpellier, Directeur du laboratoire de droit social
Droit et bonheur : quelle responsabilité sociétale pour le juriste Abdoullah Cissé, Professeur des Universités (Sénégal), Président d’Africalegis
12h00 Clôture des Assises par Patrice Tachon, Président de l’Observatoire international du bonheur
TARIFS
Pass Conférences, Animations et participation aux frais d’accueil
20 € TTC
(chèque à l’ordre de l’OIB)
Le PASS comprend
Les conférences, les petits-déjeuners d’accueil, le buffet déjeunatoire au Musée Paul Valéry, le grand débat et les concerts.
Si séjour souhaité sur Sète, prendre attache avec l’office de tourisme de Sète www.ot-sete.fr
COMMENT S’INSCRIRE
Inscription validée dès réception du bulletin d’inscription accompagné du règlement.
A envoyer :
Par courrier OIB-Maison des Avocats
14, Rue Marcel de Serres CS 49503-34961 Montpellier cedex 2
Par Fax : 04-67-52-97-79
Par courriel : secretaire@oib-france.com
Dans un contexte où l’accès à l’emploi se fait toujours plus difficile et où les conditions de travail se durcissent, l’économie sociale et solidaire est-elle en mesure de proposer des façons de « travailler autrement » ? En France et en Europe au XIXe siècle, l’économie sociale s’est largement construite autour de la « Question sociale ». L’associationnisme, la coopération, la mutualité sont nés de la volonté des mouvements socialistes, ouvriers, chrétiens sociaux ou humanistes d’améliorer le sort des travailleurs et de leurs familles et de contribuer à leur émancipation. Aujourd’hui encore l’économie sociale revendique « un régime particulier d’appropriation, de distribution ou de répartition des gains » (Charte de l’économie sociale, CNLAMCA, 1980) et se veut « génératrice d’emplois de qualité comme d’une meilleure qualité de vie et propose un cadre adapté aux nouvelles formes d’entreprise et de travail » (Déclaration de principes de la Conférence européenne permanente des coopératives, mutualités, associations et fondations, 2001). De son coté, au tournant des années 1980, l’économie solidaire a émergé dans un contexte d’exclusions durables du marché du travail et d’exploitation des petits producteurs, au Sud comme au Nord, par les grandes firmes capitalistes. Elle a pour projet de « recréer un triangle vertueux entre l’emploi, la cohésion sociale et la démocratie participative » (Manifeste de l’économie solidaire, 2006) et de « créer et/ou consolider des emplois en veillant à leur qualité, à leur pérennité et à leur professionnalisation. » (France Active, 2005) Il nous semble aujourd’hui opportun de réinterroger l’économie sociale et solidaire, de façon pluridisciplinaire mais aussi au regard de la diversité internationale, sur ses conceptions et pratiques vis-à-vis du travail autour de quatre grandes questions, qui constituent les 4 axes de l’appel à contribution.
L’Institut Veblen lance un appel à contribution à destination des chercheurs et des jeunes chercheurs étudiant l’économie sociale et solidaire ou, plus largement, des modèles économiques à forte vocation sociale et/ou environnementale.
Ce projet vise à développer une méthodologie rigoureuse pour étudier les modèles économiques et l’impact social et environnemental des entreprises sociales.
Les contributions doivent porter sur des acteurs concrets, situés en Europe ou ailleurs, et expliciter le contexte institutionnel (cadre juridique, type de soutien des pouvoirs publics, etc.) dans lequel ils opèrent. L’analyse doit clairement faire apparaître le modèle utilisé et discuter sa viabilité.
L’article doit comporter entre 20 et 40 mille signes.
Les propositions seront acceptées sur la base d’un résumé développé (environ 2 pages).
Les personnes intéressées sont priées d’envoyer le résumé à W. Kalinowski
Frais d’honoraires pour les articles retenus sur la base du résumé : 600 en droits d’auteur (en AGESSA si l’auteur est domicilié en France).
Les propositions doivent être envoyées avant le 30 juin 2011.
Plus d’informations sur www.veblen-institute.org
Organisé par les laboratoires LEFI et Triangle, Université de Lyon, ce colloque est trilingue (espagnol / anglais / français) et pluri-disciplinaire. Il appelle tout type de proposition dans le champ des monnaies sociales ou complémentaires, mais se centre particulièrement sur le thème :
"Trente années de monnaies sociales et complémentaires – et après ?"
Date limite des propositions de communications : 6 septembre 2010
Journée Acteurs des monnaies sociales et complémentaires Une Journée destinée aux acteurs des monnaies sociales et complémentaires suivra les deux jours du colloque, le 18 février 2011.
Cette Journée Acteurs du 18 février 2011 vise à mettre en contact et faire dialoguer les porteurs de projets, gestionnaires de programmes, chefs de missions dans les collectivités locales, élus locaux, mais aussi observateurs intéressés... Elle est organisée par les laboratoires Triangle et LEFI, l’Association SOL et l’Institut Palmas Europe.
Nous y dresserons le portrait de "l’entreprise responsable". Vous trouverez ci-contre le contenu des conférences de cet événement !
Découvrez également le Manifeste de l’Entreprise Responsable, texte qui affirme que l’économie peut être différente, responsable et qui le prouve en s’appuyant sur une boîte à outils des Bonnes Pratiques, regroupant des centaines d’exemples de réalisations concrètes. Découvrez et signez-le, cela vous prendra quelques instants pour soutenir notre démarche et montrer votre volonté de voir le monde économique avancer concrètement vers plus de responsabilité !
Texte de cadrage de Philippe Vasseur, Président du World Forum Lille
Le constat est unanime : le monde ne peut continuer à tourner comme il l’a fait jusqu’à présent, mais les dirigeants des pays qui le composent peinent à s’accorder sur les mesures indispensables. Bien que leurs décisions soient absolument nécessaires, elles ne peuvent pourtant pas être suffisantes.
Chacun, sur les cinq continents, doit apporter sa contribution individuelle à la solution collective. Ainsi, l’évolution de l’économie mondiale dépend de chaque entreprise. La recherche du profit – condition de survie et de développement de l’entreprise – est compatible avec le respect des intérêts de la planète et de sa population, dès lors qu’elle s’inscrit dans une perspective de long terme.
Les bonnes pratiques mises en oeuvre dans toutes les régions du globe par des entreprises de toutes sortes prouvent que l’implication sociale et environnementale est non seulement compatible avec la performance économique mais encore qu’elle peut en être un élément de stratégie durable.
La vocation du World Forum Lille est de montrer concrètement que l’entreprise responsable (économiquement, socialement et écologiquement) n’est pas une utopie mais une réalité. Sa spécificité et son originalité résident dans la promotion de bonnes pratiques issues du monde entier, représentant autant d’exemples à suivre pour donner une autre dimension à l’économie : celle de la responsabilité globale.
En 2007, la première session du World Forum Lille avait été consacrée à « la diversité et l’égalité des chances pour l’emploi ». En 2008, ce sont les bonnes pratiques pour « nourrir et protéger la planète » qui ont été mises en avant. 2009 a permis de mettre « l’argent responsable » sur la sellette. 2010 sera l’année de « l’entreprise responsable » dans tous les domaines.
Pour en savoir plus, découvrez la note de cadrage de l’édition 2010 : Note de cadrage World Forum Lille - août 2010
**** Retrouvez ici quelques contributions d’experts sur les sujets du World Forum 2009 :
Pr. Frédéric LOBEZ, Directeur de l’Ecole Supérieure des Affaires de Lille, AFFI (Association Française de Finance) crise financière et G20
Rodolphe VIDAL, ingénieur de recherche à la Chaire Entrepreneuriat Social Essec, doctorant au C3ED / IACA à l’Université de Versailles Saint Quentin en Yvelines L’argent considéré comme une technique
et beaucoup d’autres contributions sur le webzine du World Forum Lille !
"The 23rd of November is an event that will take place in the context of the European Year of the Fight against Poverty and Social Exclusion, including economic exclusion. I am particularly pleased that we shall be all be meeting to defend a cause that we have long supported, one whose solutions can be found at local level, and that should also dare to include a global dimension.
All of us have contributed at our various levels of governance contributed in our own ways, with our complementarities, so that all people may become actors of their own development. We hope that this meeting will now help us to move forward from our current situation of being a collective of actors, each with his or her own contribution, to becoming a collective actor, in the form of the European P’ACTES that we shall launch at the end of our day’s work.
Best wishes Président “Pactes Locaux” France Joubert
It is necessary to have signed up in advance to be allowed to enter the Committee of the Regions building. It is possible to sign up until the 15th of November.
Contact : martine.theveniaut4@orange.fr
Programme here :
Réunion accueillie par le Comité des Régions européennes, rue Belliard, Métro Maalbeek. Salle JDE 51, Bruxelles, 23 novembre 2010, de 9h 30 à 17h.
"Cette journée est inscrite dans l’année de la lutte contre la pauvreté – l’exclusion économique – et l’exclusion sociale. Je suis particulièrement heureux de voir que nous serons tous réunis pour une cause que nous défendons depuis longtemps, une cause dont les solutions se trouvent au niveau local, mais qui doit oser inclure une dimension mondiale.
Nous avons agi les uns et les autres, à des niveaux de gouvernance différents et en complémentarité, pour que chacun soit acteur de son développement. Du collectif d’acteurs que nous formons tous, à des degrés différents, cette journée doit nous conduire à mettre en place l’acteur collectif qui sera porté par les P’ACTES Européens que nous installerons en fin de journée.
Vous trouverez dans le programme tous les éléments nécessaires à votre participation. Amicalement,
Le Président « Pactes Locaux » France Joubert"
L’inscription est obligatoire pour entrer dans les locaux (badge). Inscription reçue jusqu’au 10 novembre.
Contact : martine.theveniaut4@orange.fr
Un colloque international à Grenoble Grenoble (France)
L’IEP Grenoble organise un colloque international les 22-23 novembre dans le cadre des Entretiens Jacques Cartier sur le thème : « Au-delà de la crise : un modèle économique en question. Enseignements et perspectives de l’Economie sociale et solidaire »
Ce colloque vise à analyser les évolutions de l’Economie sociale et solidaire, à en inventorier les limites et à dégager les perspectives d’avenir.
Les propositions de contribution doivent être envoyées à l’ESEAC avant le 20 octobre, en même temps que l’inscription envoyée au Centre Jacques Cartier.
Plus d’informations ici.
Il vient de paraître. Il dresse un bilan de ce secteur souvent mal connu de l’économie traditionnelle.
Réalisée par l’Observatoire National de l’Economie Sociale et Solidaire, cette nouvelle édition du « Panorama de l’économie sociale et solidaire en France et dans les régions » apporte un éclairage synthétique sur les spécificités et les évolutions d’un ensemble socio-économique qui représente près de 10 % de l’emploi en France.
Quelques chiffres clés pour avoir une idée de ce que représente cette économie :
9.9% de l’emploi français
2.3 millions de personnes salariées
53.1 milliards d’euros de rémunérations brutes
215 000 établissements employeurs
plus de 100.000 emplois créés chaque année
Les 1ères Assises du Tourisme et de l’Economie Solidaire décalées au jeudi 11 novembre 2010. Initialement prévues le mercredi 10 novembre 2010, les 1ères Assises du Tourisme et de l’Economie Solidaire ont été décalées au jeudi 11 novembre 2010 au Parc des Expositions de Colmar, au cœur du salon Solidarissimo (Hall 5). Ce changement permet ainsi de donner encore plus de sens à la manifestation et de faciliter ainsi la participation des acteurs du tourisme solidaire.
En ouverture à la seconde édition de Solidarissimo, Salon du Tourisme et de l’Economie Solidaire, qui se déroulera du 11 au 14 novembre 2010 à Colmar, l’ONG « Tourisme sans Frontières » organisent en collaboration avec l’équipe organisatrice du Salon, les 1ères Assises Internationales du Tourisme et de l’Economie Solidaire sur le thème « Le tourisme, facteur de développement économique des pays en développement ».
Le Ministère des Affaires Etrangères et Européennes apporte son parrainage à ces rencontres ainsi que la Fondation ST-EP de l’Organisation Mondiale du Tourisme.
Voir programme ici.
Colloque international organisé par l’IAE Lyon en partenariat avec l’ESDES
Jeudi 4 novembre 2010 : I_ AE Lyon, Université Jean Moulin Lyon 3, 16 rue Pr. Rollet Lyon 8ème
Vendredi 5 novembre 2010 :
ESDES, Université Catholique de Lyon, 23 Place Carnot, Lyon 2ème
L’Économie Sociale et Solidaire (ESS) représente aujourd’hui près de 10 % de l’emploi total en Europe et même davantage dans certains pays, dont la France. Avec la crise, ce secteur prend une importance sociale, économique et politique croissante. Les coopératives, les mutuelles, les fondations et les associations ont leur propre mode de fonctionnement. Leurs managers ont, de même, leur propre logique d’action qui remet en cause les découpages et les frontières classiques du management ainsi que les modèles de rationalité associés (public/privé, marchand/non marchand, intérêt collectif/intérêts particuliers...).
Comment, alors, concilier solidarité et efficacité dans un univers de plus en plus concurrentiel ?
Les principes et les outils de gestion de ces entreprises sont-ils ou doivent-ils spécifiques ?
Ces entreprises sont-elles à l’origine d’innovations managériales et sociales particulières ?
Il s’agit de savoir comment renouveler les stratégies et les modèles de management sans pour autant renier les valeurs et les principes fondamentaux de l’ESS.
Ce colloque international est centré autour de 3 thématiques clés : la gouvernance, les pratiques de management et la performance des entreprises de l’ESS. Il sera également un moment privilégié de partage de connaissances et d’expériences avec des dirigeants et des experts français et étrangers (nord-américains et européens), spécialistes du management de l’économie sociale. Le colloque s’adresse aux professionnels de l’Économie Sociale et Solidaire, aux chercheurs et à toute personne intéressée.
Interviendront notamment Jean-Philippe Poulnot (Dirigeant de Chèque Déjeuner), Pr Jean-Louis Laville (CNAM Paris), le père Devert (Habitat et Humanisme), Pr Marie Bouchard (Chaire de recherche du Canada en économie sociale)…
[Programme :http://centremagellan.univ-lyon3.fr...]
Inscriptions : Martine Chorein, IAE Lyon - Tél : 04 78 78 71 58 martine.chorein@univ-lyon3.fr
Contacts Presse :
IAE Lyon - Catherine PARMENTIER, Responsable Communication
Tél. 04 78 78 71 49 - catherine.parmentier@univ-lyon3.fr
http://iae.univ-lyon3.fr
ESDES - Muriel THIERCELIN, Responsable Communication
Tél : 04 26 84 52 22 - mthiercelin@univ-catholyon.fr
http://www.esdes.fr
L’esprit des rencontres internationales Ethique, Finance & Responsabilité
Le contexte d’une finance toujours plus mondialisée amplifie la tentation des acteurs de se réfugier dans des paradigmes rassurants et d’évacuer ainsi la question plus complexe de l’effet de leurs décisions sur le bien commun. Ainsi, au niveau individuel et institutionnel, les critères gouvernant la prise de décision se résument trop souvent à des préoccupations de rentabilité et réduisent la notion de responsabilité à une dimension strictement juridique et le terme éthique à des règles déontologiques.
C’est dans cette perspective que l’Observatoire de la Finance organise ses Rencontres Internationales intitulées « Ethique, Finance et Responsabilité » depuis 2002.
L’objectif principal des Rencontres « Ethique, Finance et Responsabilité », articulées autour de tables-rondes, est d’offrir un éventail d’exemples et d’analyses portant sur la question du rapport entre la finance et l’éthique. Car, à l’heure actuelle, il est de plus en plus essentiel d’affermir le discernement des opérateurs financiers pour que leurs décisions soient responsables et éthiquement fondées.
Les intervenants - issus des milieux académiques et intellectuels, des milieux financiers, des régulateurs publics et des ONG – sont originaires de toute l’Europe, mais aussi des Etats-Unis ou d’Afrique.
Les représentants de 16 pays africains ainsi que des experts et spécialistes d’Amérique, d’Afrique, d’Europe et du Bureau International du Travail participeront à cette rencontre, qui doit définir une feuille de route commune pour la promotion de l’économie sociale et solidaire et créer un cadre de concertation entre les acteurs du développement non gouvernementaux.
Le Maroc a été choisi pour accueillir cette rencontre en raison des progrès importants réalisés dans le domaine du développement humain, particulièrement le grand chantier de l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH), a indiqué M. Abdeljalil Cherkaoui, président du Réseau Marocain d’Economie Sociale et Solidaire (REMESS) lors d’une rencontre avec la presse.
Beaucoup de pays africains, a-t-il dit, veulent profiter de l’expérience marocaine dans ce domaine. Cette rencontre, a-t-il ajouté, sera aussi l’occasion pour structurer les réseaux africains agissant dans le domaine de l’économie sociale et solidaire, qui constitue une alternative pour lutter contre la pauvreté, le chômage et la marginalisation.
L’économie sociale et solidaire, a-t-il insisté, doit être prise en compte dans tous les programmes et projets, y compris les projets structurants. La rencontre de Kénitra s’inscrit dans le cadre de la vision de la conférence du BIT, qui avait eu lieu du 19 au 21 octobre 2009 à Johannesburg, en Afrique du Sud, et répond aux recommandations des réseaux africains de l’Economie Sociale et Solidaire, réunis à la rencontre internationale Lux 09, tenue en avril 2009 à Luxembourg sur la thématique "La Globalisation de la Solidarité".
La question de la pauvreté, qui frappe un certain nombre de pays africains, revient souvent dans les négociations des programmes d’aide au niveau international.
Le potentiel africain, qu’il soit naturel ou culturel, est souvent mal exploité par les populations locales et ne fait enrichir que les intermédiaires étrangers qui profitent de l’inconscience et l’ignorance des autochtones, sous parfois, des arguments et discours humanistes de bienfaisance, indique une note du REMESS.
Les alternatives de développement proposées au niveau international privilégient des schémas classiques où le capital prime sur l’humain et la notion de gain prend le dessus sur les valeurs du développement durable et équitable, ajoute la note.
Plus de 755 millions de dollars ont été investis entre 1996 et 2005
http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/296974/marginale-l-economie-sociale
Au début des années 1980, alors que le Québec subissait une crise économique sévère, Nancy Neamtan, déjà impliquée dans des activités communautaires, s’est lassée d’entendre le discours provenant des grandes tours de bureaux du monde des affaires au centre-ville. Investir dans de gros projets, disait-on, allait entraîner des retombées dans l’ensemble de l’économie. « Nous étions à 10 minutes du centre-ville et rien ne retombait », se rappelle cette citoyenne du Centre-Sud de la métropole, un milieu largement défavorisé.
« Il fallait agir dans une autre logique que celle des Thatcher et Reagan », soutient-elle encore aujourd’hui. Sa théorie s’appuie sur une logique de création d’emplois qui ne coûtent pas cher en vue de répondre à des besoins très concrets dans la communauté, c’est-à-dire « créer de la richesse autrement et redistribuer cette richesse au moment où elle se crée ». Cela a été fait par des investissements dans le logement communautaire et des centres pour personnes âgées.
En l’espace de cinq ou six ans, environ 6000 emplois ont été créés, souligne-t-elle à l’appui de sa méthode. Un autre exemple qu’elle donne pour montrer comment on peut agir économiquement dans la communauté est celui des centres de petite enfance. Les parents ont bénévolement créé des garderies, mais pour que le système fonctionne, il faut qu’il y ait convergence de trois facteurs, à savoir les ressources locales, le marché et les ressources publiques. « Vendre des permis pour une garderie privée est un scandale en soi. Avec un CPE, tout l’argent retourne aux services pour les enfants et les parents demeurent au conseil d’administration », dit-elle, comme si elle voulait donner une saveur très actuelle à sa théorie, qu’elle affiche comme la preuve qu’il y a une solution de rechange au néolibéralisme.
Elle poursuit avec un autre cas extrêmement frappant pour faire ressortir les différences entre le modèle de l’économie solidaire et celui qui a ébranlé la structure économique mondiale en 2008. Cet exemple est celui de l’habitation aux États-Unis, où « le marché » a permis la vente de maisons fastueuses à des gens pratiquement sans argent, grâce en bonne partie au montage financier des PCAA (produits adossés à des actifs) qui s’est effondré comme un château de cartes, alors qu’ici le logement créé par l’économie solidaire est demeuré tout à fait solide.
Mme Neamtan mentionne que la Société centrale d’hypothèques et de logement a fait une très bonne affaire en créant un produit d’assurance pour l’habitation sociale, puisqu’il n’y a aucune faillite dans les coopératives d’habitation. Les statistiques montrent que le taux de survie après 10 ans est de 44 % pour les coopératives en général, en comparaison de 19,5 % pour les entreprises qui ne sont pas des coopératives.
Pour revenir aux années 1980, Mme Neamtan situe son engagement social dans un fort courant qui a suscité diverses initiatives, notamment la création du Fonds de solidarité FTQ. Plusieurs autres instruments financiers ont vu le jour dans les années subséquentes, si bien qu’on estime à plus de 755 millions les sommes investies dans les entreprises d’économie sociale entre 1996 et 2005.
Le Chantier : un réseau de réseaux
Pour sa part, Mme Neamtan est devenue la directrice générale du Regroupement pour la relance économique du sud-ouest de Montréal, lequel prenait en 1989 la relève du Programme économie de Pointe-Saint-Charles, établi en 1984. Puis, en 1996, pour un sommet de l’économie et de l’emploi, le premier ministre Lucien Bouchard l’invitait à présider un comité sur l’économie sociale pour faire le point les travaux accomplis à Montréal et ailleurs. Il fut convenu alors que le Regroupement allait poursuivre ses activités pendant deux ans. Dès 1997, celui-ci s’incorpore sous le nom de Chantier de l’économe sociale et Mme Neamtan en devient la présidente-directrice générale. Il s’agissait de structurer les activités et de les formaliser en mettant en place un conseil d’administration, en définissant une forme de gouvernance et en consolidant la mission. En somme, ce Chantier est devenu « un réseau de réseaux » avec des ramifications à la grandeur du Québec. Son conseil d’administration compte
34 personnes venant de multiples champs d’activité et de toutes les régions, sans oublier ces mouvements sociaux comme ceux des femmes et des communautés autochtones.
Avec un mandat de promotion, de développement de l’économie solidaire et d’identification de projets d’investissement, le Chantier a convaincu en 2006 gouvernements et partenaires socio-économiques de mettre 52,8 millions dans un fonds dont la gestion est assumée par une fiducie, qui jusqu’à maintenant a autorisé des investissements de 16,3 millions dans 52 entreprises, lesquelles maintiennent près de 1500 emplois, ce qui a généré des investissements totaux de 132 millions. Depuis le début de ses activités en 2007, la Fiducie a en moyenne investi 286 000 $ par projet ou 10 269 $ par emploi. Parmi les 47 projets d’investissement approuvés à la fin de 2009, c’est le secteur du tourisme et des loisirs qui arrive au premier rang. Un exemple parmi d’autres est celui du Cinéma Beaubien, indépendant des grands distributeurs et sauvé de la fermeture avec deux financements totalisant 780 000 $ pour un projet de modernisation de 2,7 millions. La fiducie a investi dans diverses coopératives (funéraires, d’habitation, commerce de détail, agroalimentaire, stations de radio, etc.).
Vers une Bourse de l’économie solidaire ?
L’une des préoccupations majeures du Chantier est de chercher de nouveaux outils financiers pour répondre aux besoins de sa clientèle. La fiducie en est un ; il y a aussi le Réseau d’investissement social pour le capital de risque (RISQ), lancé en 1997 avec un fonds de 10 millions, une moitié provenant du gouvernement québécois, l’autre étant fournie par Jean Coutu, la Banque Nationale, le Mouvement Desjardins, Alcan et quelques autres. En avril dernier, le gouvernement ajoutait 5 millions à des fins de prédémarrage. Depuis sa fondation, le RISQ est intervenu dans 577 projets de financement pour un montant de 13 millions dans des entreprises de l’économie solidaire offrant 7800 emplois pour des postes permanents, occasionnels ou d’insertion.
« On ne sera jamais Microsoft, mais on travaille sur de nouveaux produits », mentionne Mme Neamtan. « Le Chantier ne veut pas devenir gros, mais créer des synergies et faire ce que personne d’autre ne peut faire », explique-t-elle. Parmi les nouveaux produits envisagés, il y a celui d’une Bourse de l’économie solidaire, c’est-à-dire créer un marché secondaire pour établir un lien entre l’entrée et la sortie d’un actionnaire dans une entreprise, sans compromettre sa survie. Le défi est de créer des produits qui permettent l’essor et la consolidation des entreprises collectives, tout en assurant un retour adéquat pour attirer des investisseurs. Il y a par ailleurs un projet à l’étude concernant la consommation. L’objectif est de constituer une sorte de banque d’informations pour informer les institutions, les municipalités et les particuliers sur les endroits où l’on peut effectuer des achats responsables, aussi bien d’un point de vue économique que social et environnemental.
La carrière communautaire de Mme Neamtan qui commençait, il y a une trentaine d’années à 10 minutes du centre-ville de Montréal, l’a conduite bien au-delà de Pointe-Saint-Charles. On l’invite à diverses activités internationales pour parler du Chantier, notamment une invitation de l’ONU, à Genève, il y a plus d’un an pour faire part de son expérience en tant que « praticienne » de l’écononomie sociale, en présence de représentants de la Banque mondiale. D’autres organisations universitaires et internationales, notamment l’OCDE, l’Organisation internationale du travail, etc. s’intéressent à son expertise « très pragmatique ». Elle prédit la tenue « d’un grand événement international à Montréal l’an prochain ».
Où en est-on maintenant dans l’économie sociale, par rapport aux années 1990 ? « Ça change tout le temps. Il faut créer des conditions pour que les gens qui veulent lancer une entreprise le fassent. Il faut être une organisation innovante. Aujourd’hui, les gens ont une approche entrepreneuriale plus ambitieuse. Ils n’acceptent pas d’être en marge de l’économie. Ils ont plus d’assurance, plus de connaissances et une meilleure capacité d’articuler leurs aspirations. Tout cela s’inscrit dans une mouvance internationale. Et les investisseurs privés nous regardent avec plus d’intérêt qu’avant. Nous avons une feuille de route établie. En 1995, l’objectif était de faire reconnaître que l’économie sociale était une composante de l’économie générale », constate la p.-d.g. du Chantier.
***
Collaborateur du Devoir
Ethel Côté
Canadian Centre for Community Renewal / Centre Canadien pour le Renouveau Communautaire
Strengthening Resilience - Transforming Local Economies/ Renforcer La Résilience - Transformation les Économies Locales
Développement d’entreprises sociales / Social Enterprise Development
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K0B 1L0, EDT
Mission
Centre Canadien pour le Renouveau Communautaire s’est engagé à élaborer des solutions et à proposer des adaptations aux défis critiques découlant des changements climatiques et du pic pétrolier. Notre priorité est de travailler avec les communautés pour accroître leur résilience, en particulier leur capacité à satisfaire équitablement leurs besoins alimentaires, énergétiques, financiers, en habitation et leurs moyens de subsistance durables. Employant un large éventail de modes d’organisation, de planification et de propriétés d’entreprise, le CCRC met l’accent sur le renforcement de l’autonomisation des économies locales et régionales comme tâche clé de la transition.
Canadian Centre for Community Renewal is committed to crafting solutions and adaptations to the critical challenges stemming from climate change and peak oil. Our priority is working with communities to increase their resilience, especially their capacity to equitably meet their needs for food, energy, finance, shelter, and sustainable livelihoods. Employing a wide range or organizing, planning and enterprise ownership formats, CCCR emphasizes strengthening the self-reliance of local and regional economies as a key task of transition.
Coopératives, mutuelles et territoires : Enjeux, défis et alternatives Une conférence internationale qui sort des sentiers battus
De plus en plus de chercheurs et d’organisations questionnent la croissance économique sans développement, l’accumulation de richesses sans redistribution significative et l’absence de contrôle de leurs ressources par les communautés. Crise de l’agriculture, réchauffement climatique, problèmes démographiques, crise énergétique, épuisement des ressources, etc., des indices annonçant les limites d’un système capitaliste tel qu’on l’a connu jusqu’à ce jour. La Conférence internationale Quel projet de société pour demain ? Coopératives, mutuelles et territoires : enjeux, défis et alternatives dégagera, par diverses portes d’entrée thématiques, les paramètres d’un projet de société inscrit dans la mouvance des transformations sociales actuelles, locales, nationales et internationales. Ces thèmes sont : l’urgence écologique, le renforcement et le renouvellement de l’État social, la démocratisation de l’économie, la solidarité internationale, les alliances entre mouvements… La Conférence internationale de septembre 2010 s’inscrit dans la mouvance de la recherche de nouvelles réponses à la crise globale que nous traversons. Nous voulons, à cette occasion, porter un regard renouvelé sur le monde à bâtir.
Comment le mouvement coopératif et mutualiste s’inscrit et contribue au développement de stratégies alternatives au modèle économique qui a prévalu jusqu’ici ? Comment les valeurs, les principes et les politiques du mouvement coopératif et mutualiste en particulier, et des entreprises collectives en général, portent-ils le germe d’un autre sens à la vie en société ? Un sens qui repose sur la prise en compte du plus grand nombre et sur la confiance dans leur potentiel à pouvoir construire ensemble, tant les idées nouvelles que les projets concrets ? Les recherches entreprises depuis quelques années par des chercheurs dans une dynamique interactive avec les acteurs de nos organisations insistent sur ce sens à donner au développement. Elles pointent vers diverses expériences innovantes dont les fondements reposent résolument sur la solidarité entre les territoires, une solidarité qui fait appel à la participation et à l’engagement de tous les acteurs de la société capables d’accéder aux connaissances et aux savoir-faire qui les renforceront.
Les coopératives et les mutuelles dans les territoires ne sont pas seules à jeter un regard nouveau et à expérimenter des alternatives. Le mouvement coopératif et mutualiste invite l’ensemble des acteurs représentant les différents mouvements à partager leur vision et les moyens qu’ils mettent en œuvre pour bâtir cette alternative de solidarité entre les pays, entre les mouvements, pour et par les communautés. Ainsi, le mouvement syndical, communautaire, écologique, de développement local, etc., font-ils partie des porteurs d’alternatives qui peuvent jeter les bases d’un projet de société équitable et démocratique.
Dans cette perspective, nous pensons que la dimension internationale de cette conférence nourrira le projet économique et social du mouvement coopératif et mutualiste fortement inscrit dans l’identité québécoise et dans ses territoires. La conférence internationale : mobiliser les forces vives des régions au Québec
En collaboration étroite avec les forces vives des communautés et des régions et, en particulier, avec les partenaires de l’Alliance de recherche sur le Développement territorial et coopération (ARUC-DTC), soit l’Association des centres locaux de développement (ACLDQ), le Réseau des sociétés d’aide au développement des communautés (SADC), la Fédération québécoise des municipalités (FQM) et les réseaux coopératifs régionaux et sectoriels, des forums régionaux se tiendront portant sur les principales lignes de force de la réflexion collective sur le projet de société émergeant de cette conférence internationale. Comment peut-on traduire concrètement, à partir de grands paramètres, un projet de société solidaire, équitable et démocratique, dans les territoires du Québec en mettant à profit les forces que renferment les identités de chaque territoire ? Les objectifs de la Conférence internationale
La Conférence internationale vise à répondre aux questions suivantes :
1. Quels sont les modèles économiques et sociaux les mieux à même de répondre aux enjeux collectifs d’aujourd’hui ? Comment évoluent les coopératives et les mutuelles dans ces nouvelles dynamiques ? 2. Quelles contributions le mouvement coopératif et mutualiste peut-il apporter au développement durable et solidaire des territoires et de la société ? 3. Quel arrimage le mouvement coopératif et mutualiste peut-il réaliser avec d’autres acteurs de la société de demain, partenaires institutionnels et mouvements sociaux ?
La Conférence vise donc à nous questionner sur les modèles d’avenir et à dégager les paramètres d’un projet de société pour ensuite établir les ancrages locaux de ce projet. L’extrant de la Conférence internationale a l’ambition de renouveler notre vision du développement laquelle sera appelée à être proposée et discutée par l’ensemble des acteurs de la société québécoise, dans les différentes régions du Québec, tant par le monde coopératif et mutualiste, que par les forces syndicales, le monde scolaire, municipal, etc. La conférence est un tremplin pour faire émerger des prises de position et des actions structurantes du mouvement coopératif en alliance avec d’autres mouvements sociaux en tant que parties prenantes des alternatives à développer tant au plan local que national et international pour faire face à la crise globale que la planète traverse. Les organisations sollicitées
La conférence vise à réunir des leaders et acteurs du mouvement coopératif et mutualiste, et d’autre part les leaders du mouvement des travailleurs (syndicats et fonds de travailleurs), du mouvement des agriculteurs et des milieux ruraux, du monde municipal (municipalités, MRC, CRÉ) et du développement régional et local (CLD, SADC, CDR, CDEC, etc.), du mouvement de la consommation responsable et du commerce équitable, des organismes de la coopération internationale, du monde communautaire et de l’économie sociale, des chercheurs, des enseignants et des étudiants (universités et Cegep) préoccupés par le développement coopératif, la solidarité internationale et le développement durable et solidaire des communautés.
Les contributions des entreprises coopératives à une " économie plurielle", tel est le thème générique du colloque co-organisé par la section recherche de l’Alliance Coopérative Internationale, la CRESS Rhône-Alpes et l’Université Lyon 2 et le laboratoire LEFI.
La question de la pluralité de l’économie relève d’une importance particulière dans une économie mondiale qui trop souvent tend à uniformiser et qui, par réaction, provoque de la part des acteurs des "attitudes de chacun pour soi ".
Il suffit de renvoyer aux principes coopératifs édictés par l’ACI pour montrer que la coopération au-delà d’une conception de l’entreprise est porteuse d’une vision de l’économie fondée sur la personne humaine ainsi que sur le « vivre ensemble » et « l’agir ensemble ».
Ceci implique de considérer l’économie dans sa diversité, laquelle repose entre autre sur la pluralité des modes d’entreprendre. La coopération constitue l’un de ceux-ci. Dans cette rubrique
Hôtel Concorde la Fayette Paris Samedi 17 juillet 2010 - 10:30 - 15:30 A L’OCCASION DU CINQUANTENAIRE DES INDEPENDANCES AFRICAINES Construisons durablement l’Afrique avec l’Economie Sociale et Solidaire Agir en synergie avec les diasporas africaines
Editorial
Face au déferlement de l’ultralibéralisme et à la vague d’uniformisations de la mondialisation et de l’économie de marché, les entreprises de l’économie sociale et solidaire défendent la primauté de l’homme sur le capital. » Le profit ne peut être la finalité unique de l’activité économique » proclame le manifeste pour une économie sociale et solidaire signé par des syndicalistes et responsables d’associations.
Compte tenu de son champ d’action assez large, il nous sera difficile de donner une définition précise de l’économie sociale et solidaire. « L’économie solidaire, c’est un mouvement qui regroupe des milliers d’initiatives locales [entreprises adaptées aux personnes handicapées, logement des exclus, éducation populaire, aide aux personnes, accès aux loisirs pour les plus démunis, recyclage, protection de l’environnement, commerce équitable, régies de quartier….] pour produire, consommer, employer, épargner et décider autrement. Produisant à la fois de la valeur ajoutée marchande et de la valeur sociale (…) C’est une économie de proximité en pleine expansion, dont les emplois ne peuvent être délocalisés. » Extrait du Manifeste de l’économie solidaire Tout le monde s’accorde à constater qu’à côté de l’économie basée essentiellement sur la recherche du profit au maximum pour les investisseurs, on observe une économie d’aide mutuelle et d’auto- assistance plus démocratique.
Pour certains, il s’agit d’un secteur comprenant les coopératives, les associations et les mutuelles. D’autres y ajoutent les fondations. D’une manière générale, la particularité de l’économie sociale et solidaire et son mérite proviennent du fait qu’elle s’attaque aux difficultés des plus démunis et aux besoins individuels et collectifs souvent difficiles à gérer par l’Etat en raison de leur complexité. Elle emploie des personnes exclues ou qui risquent de l’être, elle fournit des services individuels à des personnes à faibles revenus et veille enfin à un développement durable.
Si on sait, d’un côté que, l’économie sociale et solidaire a contribué et contribue encore considérablement au développement des pays du Nord en réduisant le taux de chômage des personnes très éloignées de l’emploi, beaucoup se posent encore des questions sur le rôle que ce type d’économie joue, ou peut jouer dans le développement des pays du Sud, frappés par les exclusions sociales de toute nature, la mal gouvernance et la discrimination. Quelle peut donc être l’action de la coopération internationale pour accompagner les pays du Sud vers cette forme d’économie qui respecte l’homme et le place au centre de ses préoccupations.
L’imagination déployée pour créer les initiatives dans l’économie sociale et solidaire présente une importante fraction méthodologique et technique entre le Nord et le Sud. Pendant qu’au Nord, l’économie sociale et solidaire bénéficie d’un environnement régulé animé par des professionnels bien avérés, travaillant dans la constitution de réseaux et de coordinations efficaces pour un meilleure développement du secteur ; le Sud en revanche traine le pas avec une regrettable dispersion des actions. Ce qui réduit considérablement l’efficacité d’une telle approche pourtant basée sur la solidarité à la fois des actions locales, du soutien des diasporas et de l’accompagnement des institutions républicaines, et même de l’Etat.
Aussi, pensons nous qu’une véritable solidarité internationale doit se mettre en place afin que l’économie sociale et solidaire connaisse un rayonnement plus perceptible au-delà des frontières des pays du Nord ; que cette nouvelle approche de l’économie progresse et se développe dans les pays du Sud où l’économie informelle tend à s’ériger en système, laissant ainsi la pauvreté s’installer durablement au sein des populations fragilisées par le chômage de longue durée. C’est ici qu’il faut interpeller les africains de l’étranger. Ils ont un double rôle à jouer : s’approprier les bonnes pratiques susceptibles de faire avancer le continent noir en matière de soutien des initiatives économiques locales et agir solidairement en apportant un soutien financier et technique aux organisations éprouvant un fort intérêt de contribuer au développement de l’Afrique de manière durable.
Aux pouvoirs publics et collectivités territoriales, un plus fort engagement en termes d’accompagnement et de canalisation est nécessaire au plan local car les initiatives de développement menées au-delà des frontières nationales par des diasporas souffrent souvent d’isolement et d’indifférence de la part des pouvoirs quand bien même celles-ci s’avèrent d’utilité sociale et d’une viabilité économique avérées.
En organisant le Colloque de Paris, HUMANITAS INTERNATIONAL, en sa qualité de promoteur de l’ économie sociale et solidaire en milieu africain voudrait militer, tout d’abord, en faveur de la valorisation des initiatives économiques des africains ICI(LE VILLAGE DES MIGRANTS) afin de favoriser leur intégration, ensuite, permettre la mise en place de plates formes LA BAS( BOUTIQUE DE GESTION DE L’ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE)devant trouver des Alternatives pour le Développement d’une Dynamique Economique Locale( ADDEL) dans les pays de départ, avec pour ambition de mettre en synergie les actions menées en Occident en terme de développement solidaire et les initiatives locales dans les pays du Sud en insistant sur la formation et l’accompagnement de ces hommes et femmes qui , demain parraineront des initiatives économiques dans leur pays d’origine, ou encore, prendront en main leur vie en créant leurs propres activités fondées non sur le profit d’abord mais sur la solidarité et la mutualité. D’où il paraît nécessaire d’acquérir et de renforcer l’expertise sans laquelle les initiatives s’étiolent et restent sans effet.
On le sait, l’économie sociale et solidaire a le vent en poupe. Elle fait ses preuves et concerne aujourd’hui des centaines de millions de personnes à travers le monde. En France, en Allemagne et en Belgique, elle pèse 10% dans les chiffres de l’emploi. L’existence d’une moitié de l’humanité dépend des structures de l’économie sociale et solidaire (associations, coopératives, mutuelles et fondations). Le Colloque de Paris s’inscrit naturellement dans cette démarche et a pour vocation de susciter un grand intérêt en la matière dans les politiques de développement et de lutte contre le chômage de longue durée dans les pays du Sud. En accueillant ce premier rendez-vous, Paris lance le débat pour une longue réflexion sur la rédaction d’un document de référence recommandant systématiquement le développement de l’économie sociale et solidaire en Afrique.
MESSI HIERONYME Paul Emile, Président
PROGRAMME 10h : Accueil des participants
10h 30 : mot de bienvenue du Président de l’association HUMANITAS INTERNATIONAL
10h 35 : Allocution d’ouverture de Seybah DAGOMA , Maire adjointe de Paris chargée de l’économie sociale et solidaire
10 h 45 : définition du concept de DIASPORA par Gaston KELMAN, écrivain et conseiller du Ministre de l’immigration
11h : Définition de l’économie sociale et solidaire par le Président de l’atelier, du CRESS ou un Représentant
11h 15 : Etat des lieux des actions des diasporas africaines, par un Représentant du FORIM et de la FAFRAD
11 h 30 : ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE : EXEMPLE A SUIVRE PAR LES PAYS AFRICAINS par Coordination Sud
11h 45 - 13h 15 : Table Ronde N°1(4 intervenants) L’ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE COMME ALTERNATIVE A LA PROBLEMATIQUE DE DEVELOPPEMENT DURABLE DU CONTINENT AFRICAIN Quels moyens mettre en œuvre pour impliquer davantage les associations, les coopératives, les fondations et les mutuelles dans le développement social et économique du Continent noir ?
13h 30- 14 h PAUSE CAFE
14 h 15 -15 h 45 – Table-Ronde N°2 ( 4 intervenants) FAIRE PRENDRE CONSCIENCE AUX DISPORAS AFRICAINES DU RÔLE QUE PEUT JOUER LEUR ENORME POTENTIEL FINANCIER ET INTELLECTUEL DANS LA CREATION D’ENTREPRISES SOLIDAIRES EN AFRIQUE POUR LUTTER CONTRE LE CHÔMAGE : QUELLES SYNERGIES AVEC LES ACTIONS MENEES AU PLAN LOCAL EN AFRIQUE ?
15h 45- 16 h : Synthèse et mise en perspective des débats : OCDE
16 h 00 : Clôture de la journée par le Président de HUMANITAS INTERNATIONAL
16h - 17h : Cocktail , échanges et remises des recommandations à publier
Environ 300 participants sont attendus à ces travaux dont :
Des Représentants du corps diplomatique des Etats africains
Des Représentants du Ministère de l’immigration
Des Représentants d’organismes internationaux
Des Dirigeants d’associations et d’ONG
Des Chefs d’entreprise d’économie sociale et solidaire
Des Dirigeants d’entreprises africaines
Des Dirigeants de structures d’insertion socioprofessionnelle
Des Médias locaux
Des Collectivités territoriales
Des invités venant d’Afrique
Sous réserve de confirmation, la liste d’intervenants se présente comme il suit :
Gaston KELMAN, Conseiller du Ministre de l’Immigration
Madame Seybah DAGOMA, Maire adjointe de Paris chargée de l’économie sociale et solidaire
DOGAD Dogoui, Président du Cercle de la Diversité Républicaine
Dr Gisèle OSSAKEDJOMBO NGOUA MEMIAGHE, Ambassadeur Délégué Permanent auprès de l’UNESCO et de l’OIF, Marraine des journées
MESSI HIERONYME, Président HUMANITAS INTERNATIONAL
Hubert Freddy NDONG MBENG, Administrateur HUMANITAS INTERNATIONAL
MANDENG BAKANG Cyrille, Administrateur HUMANITAS INTERNATIONAL
François-Xavier MBEZELE NGOMBA, Administrateur HUMANITAS INTERNATIONAL
Dembélé, Président du Conseil des Maliens de France
Andre Julien MBEM, Editorialiste
GNINGUE Djibril, Directeur de la tribune Diaspora Africaine
Claire MIMBOE NDI SAMBA, Fondatrice du REPCAM, Directeur Fondation ETO’O FILS
Mme Léa DABANY, Coordonatrice de la Fondation AMISSA BONGO
Martine Rhein, Représentante des Droits de l’Homme et de l’enfant
Alain Bal, Président des citoyens du Monde
DOUKOURE, Président de la FAFRAD
Représentant Coordination Sud
Représentant Forim
Un Représentant de l’OCDE
Directeur du Fonds National de l’Emploi au Cameroun
Le Directeur de l’office National de l’emploi au Gabon
Les Ministres gabonais et camerounais de l’artisanat, des PME et de l’économie sociale
Président du Patronat gabonais
Président de l’APIP
Président du GICAM
N.B : Le colloque sera réparti en 2 tables – rondes enrichies de deux sous-thèmes relatifs au thème principal. Chaque atelier sera animé par 6 intervenants selon leurs convenances et leurs domaines d’action. Il est par ailleurs demandé aux participants de fournir au comité d’organisation une recommandation pour la promotion de l’économie sociale et solidaire en Afrique et les stratégies possibles entre les institutions locales en Afrique et les actions des diasporas. Un commentaire saisi de 20 lignes minimum et d’une page Maxi peut aussi accompagner cette recommandation. Ces commentaires seront publiés dans un document intitulé : MANIFESTE POUR LE DEVELOPPEMENT DE L’ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE EN AFRIQUE
Invitation aux Dialogues en humanité du 2 au 4 juillet 2010 de 12h a 22h au Parc de la Tête d’Or aàLyon
Au cœur du Parc de la Tête d’Or, le Grand Lyon offre une occasion inédite de s’interroger de façon conviviale et ouverte sur les innombrables questions liées a l’humain. Cette 9ème édition des Dialogues, sur le thème : "construisons le bien vivre, comment conjuguer les enjeux sociaux et culturels avec le défi écologique", a pour ambition de poser la question humaine comme question politique.
60 Ateliers artistiques et ludiques, 9 agoras dont"Chercher a dominer l’autre, c’est se détruire soi-même","La pauvreté dans le monde est une création artificielle. C’est la société qui fait les pauvres" ou "L’enjeu du féminin des femmes et des hommes ou la féminitude, avenir de l’humanité", des temps de coopération, témoignages croisés de "passeurs d’humanité" venus du monde entier, autant d’opportunités d’échanges fructueux. Chiffres clés : 3 jours de partages et d’animations
* 5 000 visiteurs * 60 ateliers * 140 partenaires * 50 pays
Règle N°1 : Liberté de propos Règle N°2 : Bienveillance (écoute et respect de soi, de l’autre, de la nature) Règle N°3 : Égalité de tous devant la question humaine Les Dialogues en humanité ... ailleurs
Les Dialogues en humanité a l’école des Hautes Études de Management de Rabat (Maroc) du 10 au 12 décembre 2009 sur le thème "peut-on entreprendre humainement" avec Ali Serhrouchni, ont rassemblé 850 participants (entrepreneurs, étudiants, enseignants, philosophes, artistes, élus, journalistes).
Les Dialogues en humanité de Bangalore (Inde) se sont tenus du 17 au 20 février 2010 à Pipal tree sur le thème "What is the good life ? : valeurs et spiritualités pour relever le défi de la justice sociale et du changement climatique". 3 000 participants se sont joints à l’événement.
Le Printemps des Richesses est un espace d’échanges artistiques, politiques et sensibles pour explorer ce qui compte vraiment pour nous (du 11 mars au 4 avril a Mains d’Oeuvres, l’Espace 1789 et dans Saint-Ouen).
Les Dialogues en Humanité a Berlin pour lutter contre l’exclusion et la pauvreté sociale a travers l’éducation artistique et culturelle (dans le cadre de 2010 année européenne de lutte contre l’exclusion et la pauvreté sociale). Les Dialogues se dérouleront fin aout 2010 de 8h30 a 20h00 a la Fondation Genshagen dans le Brandebourg.
Dans l’esprit du Conseil national de la Résistance "Résister, c’est créer. Créer, c’est résister"
Pour une nouvelle économie : vers les Etats généraux de l’économie sociale et solidaire
Douze personnalités de l’économie sociale et solidaire lancent un appel
A l’initiative du Labo de l’ESS et de la plupart des responsable des principaux réseaux de l’économie sociale er solidaire un appel vient d’être lancé en faveur d’Etats généraux de l’économie sociale et solidaire qui pourraient débuter à l’automne prochain à un peu plus d’un an de l’élection présidentielle.
Nous, acteurs de l’ESS, proposons de réfléchir collectivement à l’organisation d’Etats Généraux de l’ESS, qui débuteraient à l’automne 2010 et se termineraient à l’été 2011, à moins d’un an des élections présidentielles.
Ce texte présente notre diagnostic, nos motivations et esquisse les premières perspectives soumises au débat. Nous proposons à toutes celles et ceux qui le souhaitent de réagir sur www.lelabo-ess.org/eg (site provisoire)
Les échanges autour de ces propositions donneront lieu à une réunion en septembre (date à préciser) pour organiser ensemble les Etats Généraux.
Prenons bien la mesure de la gravité de la situation Les crises se succèdent, s’emmêlent et s’amplifient. Les périls écologiques frappent d’abord les plus fragiles. La démesure de la finance met à mal l’écosystème planétaire et précarise les salariés. L’abstention monte. Les rentes se renforcent et le travail ne permet plus de vivre décemment. Le domaine de la marchandise s’étend. Le lien social se délite,les inégalités se creusent.
Face à cela, la tentation du repli ou du chacun pour soi, des égoïsmes est forte, et peut conduire à des réactions populistes et violentes, des affrontements nationaux et internationaux, des régimes autoritaires et des reculs de civilisation. Déjà partout en Europe, s’affirment avec force des partis xénophobes et nationalistes.
Pour sortir de la crise par le haut, nous devons, plus que jamais, porter et déployer un esprit de résistance et de création.
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RÉSISTER, C’EST CRÉER. CRÉER, C’EST RÉSISTER.* [1]
Résister et Créer, c’est ce que font au quotidien les salariés, bénévoles, entrepreneurs, consommateurs, élus… de l’économie sociale et solidaire (ESS). Ses 200 000 entreprises et 2 millions de salariés rassemblent une grande diversité d’initiatives économiques, ni publiques, ni capitalistes, qui cherchent à produire, consommer, décider et vivre autrement, de manière plus respectueuse des hommes, de l’environnement et des territoires.
Pourtant, ces initiatives apparaissent fragmentées. Leur offre de services et d’emplois loin d’être à la mesure des besoins. Et elles ne parviennent pas à incarner un projet de transformation de société. Nous pouvons, devons peser et nous affirmer dans le débat public, influencer les décisions, mobiliser l’opinion, en créant un rapport de force favorable, pour changer d’échelle, changer de cap, de modèle socio-économique.
Pour y parvenir, nous proposons de réfléchir et travailler collectivement à des Etats généraux pour une économie sociale et solidaire, qui mis en oeuvre dès l’automne 2010 se tiendraient à l’été 2011.
L’objectif ne serait pas d’organiser un rassemblement sans suite ou de réitérer un travail d’élaboration de propositions déjà mené. Il ne s’agirait pas de prolonger ou de refaire ce qui a déjà été fait, mais de s’appuyer dessus, pour atteindre trois objectifs.
METTRE EN MOUVEMENT, CONVAINCRE L’OPINION, INFLUENCER LES DÉCISIONS
Mettre en mouvement les acteurs de terrain (dirigeants, salariés, sociétaires, bénévoles…) partout sur les territoires.
Pour changer la donne, il faut mobiliser « ceux qui font » : la vigueur de nos entrepreneurs, la proximité et l’ancrage territorial de nos organisations et réseaux, l’engagement de nos sociétaires et bénévoles, consommateurs, la force de frappe de nos grandes entreprises, la mobilisation des élus locaux sont autant de leviers pour faire mouvement. Développons le sentiment d’appartenance, revendiquons notre fierté à mettre en oeuvre une autre économie !
Faire connaître et reconnaître nos valeurs, nos pratiques, nos solutions. Toucher, mobiliser les citoyens, pour leur donner envie d’agir, de s’impliquer dans l’ESS
Tant que l’ESS ne sera pas populaire, au sens premier du terme, elle ne sera pas prise au sérieux durablement. L’ESS doit montrer au plus grand nombre qu’elle est à la fois une économie utile à leur quotidien et à leur mieux mieux-vivre et une économie à laquelle ils donnent sens, par leur consommation, leur épargne, leur travail. Une économie au service des personnes ; des personnes pleinement acteurs de l’économie.
Influencer les décisions, pour créer un environnement favorable au développement de l’ESS, et plus largement d’une économie plus humaine.
Tous les leviers sont à actionner : formation, fiscalité, commande publique, aides publiques, politiques d’innovation et d’aménagement du territoire, régulations européennes et internationales, etc. Pour convaincre, nous devons porter des propositions fortes, argumentées, transformatrices, réalisables, en s’appuyant sur les travaux existants. Nous devons aussi développer un langage de la preuve de nos pratiques et rechercher l’exemplarité. Et enfin, rechercher une meilleure articulation entre propositions et politiques publiques territoriales, nationales et européennes
UNE NOUVELLE GÉNÉRATION, UN LANGAGE COMMUN, SORTIR DE L’ENTRE-SOI
Pour atteindre ces trois objectifs, réussir ces Etats Généraux, nous devons nous attacher à :
Faire émerger une nouvelle génération de dirigeants et de représentants de l’ESS.
Une génération issue du terrain et des territoires, des forces organisées et non-organisées. Une génération plus diverse, plus féminine, plus jeune, en phase avec la société : comment prétendre changer une société à laquelle on ne ressemble pas ? De nouveaux visages, de nouveaux porte-paroles sont nécessaires, pour porter et développer l’ESS dans les 15 prochaines années.
Sortir de l’entre-soi et créer de nouvelles alliances, audacieuses et porteuses de sens pour faire émerger maintenant cette économie humaine.
L’ESS est un puissant facteur de renouveau mais n’arrivera pas seule à changer de cap, et ne doit pas rester en vase clos. Pour jouer pleinement son rôle, elle doit nouer de nouvelles alliances avec l’ensemble des acteurs du changement, elus, syndicats, ONG, mouvements sociaux, consommateurs, entrepreneurs responsables, logiciels libres, réseaux sociaux, etc.
Construire un langage commun, sur qui nous sommes et où nous voulons aller.
L’ESS riche de sa diversité, ne parvient pas encore à parler un langage commun, lisible, audible, sur ce qu’elle est et son projet. Un travail de convergence entre ses différentes sensibilités (économie sociale, économie solidaire, entrepreneuriat social) est nécessaire.
CONSTRUISONS ENSEMBLE CES ETATS GENERAUX 2011
Les Etats généraux de l’ESS que nous appelons de nos voeux doivent créer les conditions d’une dynamique innovante, démocratique, inclusive, partant des territoires et de leurs acteurs, et leur permettant de s’approprier pleinement la démarche.
Cherchons donc ensemble les voies positives pour que l’ESS puisse réellement faire mouvement, dans son unité et sa diversité, au service de la société et de son émancipation.
Une rencontre sur les Etats généraux sera organiséeen septembre 2010. Nous y débattrons ensemble de la pertinence de ce projet, et s’il est retenu, déterminerons collectivement les objectifs précis, ses modalités de mise en oeuvre, sa gouvernance.
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A l’initiative du Labo de l’ESS, ce texte et ce projet vous sont proposés par Claude Alphandéry (Initiateur le Labo ESS/Président d’honneur France Active), Gérard Andreck (Président CEGES), Yannick Barbançon (Président CN-CRES), Christiane Bouchart (Présidente RTES), Jean-Claude Detilleux (Président GNC), Jacques Henrard (Président CPCA), Bruno Lasnier (Président MES), Alain Philippe (Président Fondation MACIF), Christian Sautter (Président France Active), Hugues Sibille (Président Avise), François Soulage (Président Secours Catholique), Jean-Pierre Worms(Vice - Président FONDA).
Rejoignez ces premiers initiateurs et contribuez sur www.lelabo-ess.org/eg !
[1] « Résister, c’est créer. Créer c’est résister », reprenons à notre compte l’appel à la commémoration du 60e anniversaire du Programme du Conseil National de la Résistance, en 2004. Voir en ligne : Le site du Lab de l’ESS
INAISE fête ses 20 ans.
Le monde a traversé ces derniers mois la plus intense secousse financière qu’il ait connue depuis les années 1930, celle-ci a déclenché une véritable crise économique globale.
Les citoyens ont perdu confiance dans le secteur financier et expriment de plus en plus leur volonté de voir naître une nouvelle finance. La finance sociale, dans ses diverses formes, a montré une incroyable résistance face à la crise et connaît un intérêt grandissant de la part du grand public.
Cette conférence tentera de mettre en évidence les raisons de cette résistance et la manière dont la finance sociale peut insuffler à la finance classique, ainsi qu’ aux organes de régulation, la volonté de reconnecter avec l’économie réelle et redonner ainsi un sens à la finance.
Le programme provisoire de la conférence est disponible ici en anglais pour le moment.
Elaborer un corpus théorique de l’économie sociale et solidaire pour un autre modèle de société
Après dix ans de colloques du Réseau Inter-Universitaire de l’Économie Sociale et Solidaire et de multiples manifestations scientifiques, de nombreux thèmes ont été abordés et ont permis d’approfondir les divers enjeux, domaines et difficultés de l’ESS (cf. site www.riuess.org). En dépit d’une somme de recherches et publications consacrées à l’ESS, il n’existe pas d’accord, même en interne, sur ses contours et ses fondements, ce qui constitue une faiblesse scientifique indéniable vis-à-vis des théories ou analyses classiques.
Il est donc apparu nécessaire de combler ce manque et les dix ans du RIUESS ont semblé une occasion opportune. Il s’agit tout à la fois de tirer les enseignements des travaux réalisés toutes ces années autant que de poser les bases de la décennie à venir. En effet, sans accord sur ce qui constitue l’économie sociale et solidaire, et ce y compris la reconnaissance de ses divergences, les chercheurs en ESS courent le risque de se disperser ou de se perdre.
Préciser ces fondements apparaît en effet comme l’une des conditions indispensables à l’accession de l’ESS au statut d’alternative crédible à la pensée dominante sur l’économie. Sans présager de la réponse qu’elle apporte, tant les conceptions de l’ESS requièrent d’être discutées entre ses différentes écoles (courants de pensée), il apparaît que l’ESS prend de plus en plus ses distances avec un modèle dominant, lui-même controversé. Il convient aujourd’hui d’analyser leurs divergences réelles quant à leurs relations. Pour y parvenir, 3 séries d’ateliers, 3 plénières et 2 tables rondes sont organisées avec des personnalités reconnues de l’économie sociale et solidaire, aussi des chercheurs, des doctorants et des acteurs eux-mêmes producteurs de pensée.
Pour consolider le socle théorique de l’ESS, il est apparu essentiel non seulement de préciser ses fondements conceptuels à travers ses aspects essentiels, mais également d’interroger ses fondements épistémologiques dont la complexité pourrait bien constituer une spécificité. Dans une logique de croisement des regards et de discussions ouvertes avec toutes les parties prenantes de l’ESS.
Programme sur le site du RIUESS
L’économie citoyenne est riche en histoire et en diversité comme en témoignent les coopératives plus que centenaires et les dernières innovations des entreprises sociales, preuves concrètes de l’engagement citoyen.
En période de crise économique et écologique comme celle que nous traversons actuellement, ces approches revêtent encore plus d’importance.
Le Sommet pancanadien de l’économie citoyenne 2010 rassemblera les chefs de file, les représentantes et les représentants des secteurs du développement économique communautaire, des coopératives et de l’économie sociale. Ensemble, ils élaboreront un programme politique commun et mobiliseront l’action citoyenne pour une économie sûre et durable qui place les êtres humains et la planète au premier rang.
Le Sommet 2010 s’articulera autour de six axes principaux :
Pour plus d’information sur le contexte du Sommet, cliquez ici. Les inscriptions débuteront vers la fin février. Vérifiez cette page pour plus d’information.
Membres du groupe de coordination du Sommet pancanadien
Les réseaux et les organismes suivants sont impliqués dans le groupe de coordination du Sommet :
Les trois jours de la conférence seront consacrés à une réflexion politique et stratégique pour mieux comprendre comment le développement durable local peut offrir des opportunités pour surmonter les effets de les crises économique ,sociale et environnementale au niveau local et comment il peut être mis en pratique dans le contexte politique actuel.
Dunkerque 2010 examinera comment le développement durable peut aider les autorités locales à affronter les défis économiques, sociaux et climatiques actuels et comment sa mise en œuvre peut être poussée davantage dans le contexte de crise actuel. La conférence rassemblera des acteurs clés afin d’identifier les changements nécessaires à nos cadres politiques et examinera comment les différents secteurs peuvent coopérer pour pousser davantage le développement durable en Europe. Cette conférence est la plus grande en Europe à traiter du changement climatique après Copenhague 2009 (COP – 15) et elle offrira aux autorités locales une occasion unique de se positionner en tant que partenaires engagés et leaders pour les solutions innovatrices et la réduction des émissions. L’acte final de Dunkerque 2010 comportera un message politique à l’Europe et au monde entier sur le climat et le développement durable local en général.
La plus grande conférence européenne dédiée au développement durable local
Après le succès des conférences d’Aalborg 1994, de Lisbonne 1996, d’Hanovre 2000, d’Aalborg 2004 et de Seville 2007, plus de 1500 dirigeants d’autorités locales de toute l’Europe, ainsi que des représentants de réseaux européens et nationaux de gouvernements locaux, d’institutions européennes d’organisations internationales, d’entreprises, d’ONGs et d’institutions de recherche sont attendus à l’occasion de la plus grande conférence européenne dédiée au développement durable local.
Le Mouvement des entrepreneurs sociaux est né et bien né. Un démarrage réussi le 2 février dernier, avec plus de 200 personnes réunies pour enclencher une dynamique de travail.
Ce lancement, porteur d’élan et d’avenir, s’est aussi accompagné d’interrogations légitimes sur notre démarche, au sein de l’économie sociale. Il nous a semblé dès lors nécessaire de prendre la parole, dans un esprit de dialogue, pour clarifier les choses et dessiner des perspectives.
D’abord, en répondant à des questions importantes sur notre approche, pour lever les malentendus. Ensuite, en soumettant quelques idées clés sur lesquelles nous invitons au débat - un débat respectueux, approfondi et pluriel, qui cherche les voies positives pour que l’ESS puisse réellement faire mouvement, dans son unité et sa diversité, au service de la société et de son émancipation.
La mise en mouvement d’une ESS ouverte et offensive, la réponse aux grands enjeux sociaux et environnementaux du 21ème siècle, la progression de nos pratiques, la construction de nouvelles alliances vigilantes et audacieuses, la réponse aux attentes de la jeunesse, voilà ce qui nous motive ! Ce texte s’inscrit dans cette perspective.
Cycle de conférences publiques sur l’économie sociale et solidaire à l’Université de Genève :
Quatre soirées de 18h15 à 20h, entrée libre
Mercredi 24 mars 2010
L’économie solidaire en Amérique latine : racines historiques et formes actuelles
Intervenante : Isabelle Hillenkamp, enseignante-chercheuse à l’École internationale de commerce et développement 3A, Lyon
Modérateur : Christophe Dunand, membre du comité d’APRÈS-GE et chargé de cours HEG-SO Genève
Salle : M2150 UniMail
Mercredi 14 avril 2010
L’économie sociale et solidaire : une pensée plurielle
Intervenant : Laurent Fraisse , chargé de recherche en socio-économie au Centre de Recherche et d’Information sur la Démocratie et l’Autonomie (CRIDA), Paris
Modérateur : Michel Oris, professeur de démographie historique et d’histoire sociale, Université de Genève
Salle : M2150 UniMail
Mercredi 21 avril 2010
Le développement de l’économie sociale et solidaire en Europe : point de situation et défis à venir ?
Intervenant : Denis Stokkink , économiste et président du Think Tank européen Pour la solidarité, Bruxelles
Modérateur : Thierry Pellet, Secrétaire général de la Chambre de l’économie sociale et solidaire, APRÈS-GE
Salle : M R160 UniMail
Jeudi 6 mai 2010
de 18h30 à 20h00
L’économie morale : perspective historique
Intervenants : Laurence Fontaine , historienne, Paris
Modérateur : Michel Oris, professeur de démographie historique et d’histoire sociale, Université de Genève
Salle : M2150 UniMail
Les politiques territoriales de l’économie sociale et solidaire sont relativement récentes en France. Historiquement c’est d’abord au niveau national, à travers notamment la création de la Délégation à l’économie et l’innovation sociale (DIES) au début des années 80, puis d’un Secrétariat d’Etat à l’économie solidaire (2000-2002), que les premiers contours d’une politique publique en faveur de l’économie sociale et solidaire ont été définis. La nomination de délégués régionaux et l’organisation en 1999 de consultations régionales de l’économie sociale avaient donné une première impulsion. Mais c’est la désignation d’élus à l’économie sociale et solidaire, après les élections municipales, cantonales et régionales des années 2000, qui a permis de franchir un seuil dans la visibilité et la structuration de l’ESS (économie sociale et solidaire) comme nouveau champ de l’action publique territoriale.
Si les politiques territoriales de l’ESS peuvent être considérées comme une innovation institutionnelle des dix dernières années, il est difficile encore d’en évaluer l’ampleur et les impacts. Par exemple, il n’existe pas à ce jour de recensement exhaustif des centaines d’élus qui, dans les municipalités, agglomérations, départements et régions, ont fait reconnaître et développer une compétence en économie sociale et solidaire. Pourtant, les signes tangibles de dynamiques locales en faveur l’ESS existent. Citons le développement du Réseau des Territoires pour l’Economie solidaire (RTES)[1], qui regroupe aujourd’hui une cinquantaine d’élus, ou encore le « Manifeste des régions pour l’économie sociale et solidaire » de l’Association des Régions de France (ARF)[2].
Bien entendu, ces premières politiques sont concomitantes d’une consolidation des regroupements d’acteurs collectifs sur les territoires. La transformation des Groupements régionaux de la Coopération, de la Mutualité et des associations (GRCMA) en Chambres Régionales de l’Economie Sociale (CRES) à la fin des années 90 a marqué la volonté de faire des représentants de l’économie sociale de véritables partenaires territoriaux. C’est également dans la seconde partie des années 90 que se sont constitués les premiers regroupements d’acteurs de l’économie solidaire sur plusieurs territoires[3].
Si l’économie sociale et solidaire est un domaine récent des politiques publiques territoriales, cela ne veut pas dire que les coopératives, les mutuelles, les associations et, plus largement, l’ensemble des initiatives d’économie sociale et solidaire n’étaient pas jusqu’à présent soutenues par les collectivités territoriales. Elles l’étaient, mais de manière irrégulière et cloisonnée. Surtout, ce qui fait leur spécificité, leur double finalité économique et sociale, leur fonctionnement socio-économique collectif et participatif et plus largement leur prétention à faire de l’économie autrement, était rarement intégré comme un atout pour le développement local.
Les politiques territoriales de l’ESS en France, une trajectoire institutionnelle singulière ?
Comment expliquer l’affirmation de politiques régionales alors même que les politiques nationales de l’ESS se trouvent souvent réduites à la portion congrue, laissant les acteurs et les initiatives dépendre des aléas de politiques d’emplois aidés et d’insertion qui ne tiennent que trop rarement compte de la variété des activités de l’ESS et de leur utilité sociale ?
Plusieurs facteurs peuvent être ici avancés.
Il y a d’abord une dimension partisane, qui n’est pas négligeable. Les politiques territoriales de l’ESS ont été à l’origine portées par des coalitions « gauche plurielle », au sein desquelles les élus Verts ont souvent eu un rôle prépondérant dans la revendication et la construction de compétences territoriales en ESS. Ce marquage politique initial n’a pas été sans préoccuper les acteurs locaux soucieux de généraliser et d’élargir le portage politique de l’ESS à d’autres composantes de la gauche, et plus largement à l’ensemble des élus d’une collectivité locale. Toutefois, le renouvellement ou le changement d’un certain nombre d’élus à l’ESS dans les collectivités territoriales, à l’occasion des dernières élections municipales, témoigne d’une diffusion plus large de la compétence ESS, même s’il est encore trop tôt pour évaluer les impacts sur le contenu et « l’institutionnalisation » de ce nouveau domaine de l’action publique.
Il y a ensuite les dynamiques des acteurs et des réseaux, qui ont été relativement hétérogènes dans les différents territoires. Si le poids des initiatives socio-économiques joue, si la représentation que l’ESS constitue une forme d’entrepreneuriat différent, sinon un autre modèle économique, a progressivement fait son chemin dans le débat d’idées, l’émergence de l’ESS est moins le fruit d’une alliance avec le mouvement social, comme au Brésil (Laville et al., 2005), que des engagements et des profils particuliers des premiers élus à l’ESS[4]. Entrés tardivement en politique après un parcours militant ou syndical non sans incidence sur leur orientation professionnelle, ils ont souvent été praticiens de l’économie sociale et solidaire avant d’être élus. Cette expérience de terrain est un atout dans la mesure où ils savent à quel genre d’obstacles les entrepreneurs sociaux et porteurs de projets sont confrontés dans le montage d’activités solidaires.
Enfin, il faut mentionner des dimensions institutionnelles. De manière générale, la reconnaissance territoriale de l’ESS s’inscrit dans un mouvement de décentralisation, notamment des compétences en matière de développement économique et d’action sociale, avec une intégration croissante des initiatives socio-économiques de la société civile à la création de biens, de services et d’emplois répondant aux besoins des populations locales et au renforcement de la cohésion sociale. Pour autant, il y a comme un paradoxe français à voir émerger des politiques de l’ESS dans un pays qui a historiquement dénié aux corps intermédiaires la reconnaissance et le droit de participer à la production de l’intérêt général. La prégnance d’une culture politique où les élus et l’administration incarnent la volonté générale explique sans doute la nécessité d’avoir un élu, voire une administration dédiée, pour qu’un problème s’impose dans l’agenda politique et le débat public.
Un positionnement progressif dans le développement économique local
L’ambition des politiques de l’économie sociale et solidaire, mises en place sur les territoires dans les années 2000, est de s’afficher d’emblée comme transversale, c’est-à-dire à la fois comme intersectorielle et interstatutaire. Nombre d’élus tentent d’inscrire leur action au-delà de la gestion d’un (tiers) secteur de réparation sociale et d’insertion de publics cibles en affichant la volonté d’agir pour l’ensemble de la population d’une collectivité. Une politique transversale ne vise pas non plus un simple accroissement numérique des coopératives, des mutuelles, des associations et des autres entreprises sociales sans prendre en considération les autres acteurs économiques du territoire et les priorités du développement local. Enfin, une politique transversale ne se réduit pas à une addition de soutiens à quelques initiatives, filières ou secteurs clés comme le commerce équitable, la finance solidaire, l’insertion par l’activité économique, le développement des services aux personnes, etc.
Faut-il encore définir et faire la démonstration auprès des acteurs de l’économie sociale et solidaire, des élus et de l’opinion publique, de la nécessité et de l’efficacité d’une action transversale ? La constitution d’enjeux politiques communs en termes de connaissance et de valorisation, de soutien aux réseaux, de création d’emplois et d’activités, de financements et d’arbitrages budgétaires, d’accès aux marchés publics, etc. s’avère alors déterminante pour rassembler autour d’un projet de développement des acteurs et des réseaux dont la cohérence idéologique et économique est parfois questionnée.
Dans le prolongement des premières recherches menées sur l’action publique et l’économie solidaire[5], notamment les études du MES et du RTES[6], nous insisterons ici sur les quatre enjeux majeurs que sont la visibilité et la structuration locale de l’ESS, l’appui et l’accompagnement des initiatives, les financements et la régulation des aides et des marchés publics.
La mise en visibilité et la structuration locale, une étape incontournable de reconnaissance
Le nouvel élu à l’ESS est confronté à l’obligation de préciser son domaine de compétence auprès de ses collègues et d’une administration qui connaissent mal ou peu l’ESS. Qu’est-ce que l’économie sociale et solidaire ? A quels types d’acteurs et d’entreprises cette politique s’adresse-t-elle ? Quels sont les enjeux communs aux différents acteurs et réseaux ? Avec quels interlocuteurs légitimes dialoguer et agir ? Telles sont les questions difficilement contournables auxquelles il doit s’atteler.
Etant donné le déficit de compréhension et de visibilité des initiatives et activités de l’ESS, la connaissance, la sensibilisation et la promotion de l’ESS sont un axe transversal et prioritaire des politiques régionales. Concrètement, l’action des élus régionaux a permis une déclinaison territoriale des statistiques officielles (INSEE) sur le poids de l’ESS en termes de nombre d’établissements, d’emplois, de CA, de secteurs d’activité à l’échelle d’une région. Etablir statistiquement que l’ESS représente entre 10 et 15% des emplois, selon les régions, est crucial compte tenu de la force performative des chiffres dans la rhétorique politique et médiatique. Par ailleurs, la multiplication d’événementiels (conférences, rencontres, forums, visites et parcours itinérants, à l’exemple du « mois de l’économie sociale et solidaire » dans les régions) a permis de couvrir cette année une large partie du territoire français. Durant le mois de novembre 2008, plus de 700 événements auraient été organisés dans 20 régions françaises[7]. Les régions ont aussi permis la rédaction et la diffusion de multiples guides sur les initiatives de l’ESS, la finance solidaire, le commerce équitable, la consommation éthique, l’achat public responsable, etc.
Une politique régionale de l’économie sociale et solidaire peut difficilement être conduite sans les acteurs et les structures qui s’en réclament. La recherche de légitimité des élus auprès de leurs collègues et des services techniques, des acteurs de l’ESS auprès des autres acteurs économiques privés comme publics, doit normalement conduire à une reconnaissance et une implication mutuelles. Cette politique d’appui à la structuration a pris deux formes. D’abord, elle a pris la forme d’un soutien à la structuration de réseaux existants comme les Chambres régionales de l’économie sociale (CRES) ou les regroupements d’économie solidaire, et plus largement un soutien aux structures intermédiaires (agences locales, chargés de mission ESS) à même d’animer territorialement les dynamiques ESS. Ensuite, elle a également consisté en la mise en place de processus ou d’instances consultatives, parfois participatives (séminaire permanent, comité de suivi, etc.), d’élaboration, de mise en place et de suivi des politiques de l’ESS.
Notons que ces tentatives de co-production de politiques publiques ne relèvent pas uniquement d’un éthos démocratique des élus qui voudraient faire de la politique autrement, mais d’une nécessité stratégique de s’appuyer sur la mobilisation des acteurs pour compenser une faiblesse des réseaux et des ressources politiques et administratives des élus récents. Là encore, en se replaçant quelques années en arrière, ce maillage régional des acteurs n’existait pas compte tenu des rivalités existantes entre représentants de l’économie sociale et de l’économie solidaire, des intérêts parfois divergents entre familles coopérative, mutualiste et associative, des réticences des réseaux existants (IAE) déjà bien implantés et structurés territorialement à épouser une nouvelle cause.
L’enjeu stratégique des dispositifs d’appui aux initiatives locales
L’appui stratégique aux initiatives locales d’économie sociale et solidaire relève autant du souci économique d’adapter les dispositifs d’aide et de financement à la création d’activités aux singularités de l’entrepreneuriat social, que d’un enjeu de visibilité, qui passe par l’exemplarité et le nombre d’initiatives sur un territoire. La mise en place d’une politique d’appui aux initiatives répond d’abord à une revendication des acteurs et des organisations qui estiment que les critères des dispositifs d’aide et les modalités d’accompagnement à la création d’entreprise sont inadaptés, voire parfois discriminants. Les projets de l’économie sociale et solidaire seraient trop souvent jugés atypiques et donc mal appréhendés dans leur singularité. La prime à l’innovation sociale, la dynamique collective de l’entrepreneuriat, l’utilité sociale, le multi-sociétariat, une solvabilisation qui ne passe pas uniquement par le marché, la mobilisation de ressources militantes ou bénévoles, la mixité des financements, sont autant de dimensions qui cadrent mal avec les mesures habituelles de soutien de l’activité économique par les collectivités locales.
La mise en place d’une politique d’appui aux initiatives tient ensuite à des raisons politiques de visibilité et de légitimité d’un nouveau domaine d’action publique mal connu et pas toujours compris, tant par les élus et l’administration que par les autres acteurs économiques et la population locale. La mobilisation des acteurs de l’économie sociale et solidaire et l’exemplarité des initiatives sont des vecteurs importants de reconnaissance. Valoriser et appuyer les initiatives dans leur diversité sectorielle et statutaire est d’abord une manière de se compter et de faire la démonstration du poids de l’économie sociale et solidaire sur un territoire. C’est une stratégie pour définir et consolider le périmètre de l’économie sociale et solidaire, dont la cohérence est parfois mise à mal par son hétérogénéité. La valorisation des initiatives a une vertu pédagogique non négligeable. « Pour la Région Haute-Normandie, favoriser le développement de l’économie sociale et solidaire en donnant à voir des initiatives concrètes se révèle, à l’expérience, la meilleure façon de sensibiliser, de convaincre et de mobiliser »[8]. Elle est enfin un élément tangible d’évaluation d’une politique de l’économie sociale et solidaire. Tant d’initiatives soutenues, tant d’activités viables et consolidées, tant d’emplois créés, tant d’usagers de nouveaux services, etc. sont autant d’indicateurs qui compteront en fin de mandat.
La mise en place de dispositifs dédiés à l’économie sociale et solidaire est sans doute la voie le plus fréquemment empruntée. Elle prend souvent la forme d’un appel à projets avec des procédures et des critères d’attribution et de financements spécifiques. Elle peut également se concrétiser par différentes aides à la création d’activité qui, selon les collectivités, distinguent les phases d’élaboration du projet, de démarrage, de développement avec différentes modalités financières pour chaque étape. Citons par exemple l’appel à projets ESS de Nantes Métropole (40 actions soutenues, 350 000€ cumulés en 2006-2008) dont l’originalité tient à la participation des acteurs de l’ESS dans le processus d’identification, de pré-instruction et de suivi des projets, avec la constitution de groupes d’appuis partenariaux pour les pérenniser. Autre dispositif intéressant, Creactives de la Région PACA, qui soutient la création et la consolidation d’activités de l’ESS répondant à des critères de développement durable. Son intérêt est aussi de mettre en place des conventions pluriannuelles intégrant une évaluation annuelle des projets sur la base d’une démarche de progrès. Enfin, les dispositifs dédiés à l’ESS se veulent parfois plus ciblés, en privilégiant un type d’entreprises ou un espace de création spécifiques. C’est le cas de programmes d’appui à la création de Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC), aux couveuses d’activités ou à la reprise d’entreprises sous forme coopérative. Citons également la création de pépinières d’entreprises solidaires ou de plates-formes de commercialisation qui visent, non seulement à faciliter l’hébergement et la mutualisation de moyens entre entrepreneurs sociaux, mais aussi à créer des synergies économiques et des projets communs. Pour autant, définir les critères pertinents d’un appel à projets et obtenir un budget propre ne suffisent pas à favoriser l’innovation socio-économique sans changements politico-administratifs dans les manières d’instruire, d’évaluer et de sélectionner les projets, d’accompagner et de former les entrepreneurs, de prendre en compte la mixité des ressources comme de renforcer les capacités d’auto-financement des initiatives.
Par ailleurs, les collectivités territoriales en charge de l’économie sociale et solidaire n’appuient pas seulement les porteurs de projets ou les organisations déjà existantes, mais construisent également les cadres d’une coopération élargie entre acteurs et entreprises souhaitant s’investir dans des initiatives économiques socialement et écologiquement soutenables. Contrairement et parfois complémentairement à une politique qui postule l’existence d’un réservoir de projets intéressants qu’il suffirait de mieux accompagner et financer, certains élus et conseillers techniques participent plus activement à la définition des besoins non satisfaits d’un territoire mais aussi des réponses à y apporter. Ils se font alors facilitateurs et médiateurs entre parties prenantes.
De l’encadrement social et écologique du marché aux limites de la mise en concurrence
La première génération des politiques de l’ESS a souvent consisté, soit à créer des dispositifs spécifiques de l’ESS, soit à faire entrer l’ESS dans les politiques de droit commun en ouvrant les dispositifs d’aide à la création d’entreprise et au développement économique à l’ESS. Aller plus loin suppose, comme l’affirment certains élus, d’infléchir les politiques territoriales sur la base des valeurs et des principes portés par l’ESS ou de généraliser les dispositifs ESS à l’ensemble des acteurs économiques d’un territoire. Produire du général à partir du spécifique suppose de s’attaquer aux contenus des priorités politiques d’une collectivité locale, notamment en matière de développement économique. Conditionner les aides aux entreprises sur la base de critères sociaux et environnementaux, introduire les clauses sociales et environnementales dans les marchés publics, infléchir la politique d’achat public, favoriser la reprise ou la relocalisation d’entreprises sous forme coopérative, construire de nouveaux services d’intérêt général par l’investissement des collectivités locales dans des SCIC, etc., sont autant de pistes évoquées lors des entretiens et mises en œuvre sur certains territoires.
L’expérience des dernières années en matière de clauses sociales indique les stratégies pour faire de l’ESS un levier d’une économie plurielle. Saisir les opportunités qu’offre le code des marchés publics en matière de clauses d’insertion (article 14, 30, 53) suppose un long travail de connaissance et de persuasion politique auprès des élus mais aussi des différents services techniques des collectivités territoriales. La volonté des élus et l’engagement d’un ou deux techniciens s’avèrent décisifs. Les expériences existantes montrent qu’une des stratégies de gouvernance efficaces pour l’ESS tient (1) à la co-construction de l’offre et de la demande en amont, lors de la définition du cahier des charges, visant selon les filières (2) à l’adaptation de la commande publique à la taille des entreprises de l’ESS (allotissement) et (3) à un changement d’échelle de l’offre ESS par un accompagnement technique et un soutien aux regroupements de producteurs (cf. note sur les regroupements d’entreprises d’économie solidaire) ou (4) au montage de partenariats avec d’autres entreprises locales en tenant compte des besoins de recrutement des bassins d’emploi. Bref, il s’agit d’introduire du débat public sur l’organisation du marché et des coopérations entre l’ensemble des acteurs économiques du territoire, pour tenter de juguler les stratégies habituelles de rapports de force et de lobbying. Parmi les expériences pionnières, citons l’introduction de la clause commerce équitable dans le marché traiteur de la ville de Lyon.
Du côté de la conditionnalité des aides économiques aux entreprises, plusieurs initiatives régionales méritent que l’on s’y intéresse. Ainsi en région PACA, c’est en partie sous l’impulsion de l’élu en charge de l’ESS et du fait de la participation de la CRES à l’élaboration du Schéma Régional de Développement Economique (SRDE) qu’il a notamment été décidé de sortir d’une logique d’aide aux grandes entreprises, considérant que cela faisait rarement levier en matière d’emplois, pour passer à une logique de prêts. Citons également la région Limousin qui a introduit début 2007 une modulation du taux d’aide aux entreprises (du simple au double) en fonction de critères économiques, sociaux et environnementaux. Cette approche a été renforcée à partir du 1er janvier 2009. Toutes les entreprises sont alors invitées à valoriser leurs pratiques en matière de gouvernance, de redistribution des résultats aux salariés, d’insertion durable ou encore d’implication dans des actions de développement local et régional.
Mais au-delà des enjeux de taille et de types de marché, la question des limites à la mise en concurrence se pose de manière urgente. Dans un contexte où les entreprises de l’ESS sont de plus en plus, au nom des vertus de la concurrence, mises sur un pied d’égalité avec l’ensemble des opérateurs public et privé sans tenir compte, ni des différences de leurs finalités, ni de leurs modes d’organisation, faire la démonstration que le marché n’est pas l’horizon indépassable du développement économique local s’avère primordial. Pris entre marginalité institutionnelle et utopie de transformation, les élu(e)s et acteurs locaux sauront-ils mobiliser les ressources pour ne pas rabattre le projet politique de l’économie sociale et solidaire à l’unique reconnaissance des entreprises sociales sur le marché ? L’affirmation d’une nécessaire régulation de l’économie plurielle face au processus croissant de marchandisation en dépend. Préserver les possibilités d’achat direct de prestations sans mise en concurrence, se prémunir des logiques de subvention juridiquement coincées entre une logique d’encadrement social du marché et une logique de délégation de service public, est primordial pour assurer les conditions d’un financement de l’innovation sociale où les entreprises de l’ESS ne sont pas considérées comme de simple prestataires de services.
Vers une seconde génération de politiques publiques territoriales de l’ESS
Les actions décrites précédemment vont se poursuivre, d’autant que nombre d’élus à l’ESS viennent d’être nommés suite aux dernières élections municipales, et en sont donc à la première étape de construction de ce nouveau domaine de l’action publique. Pour autant, l’expérience accumulée par d’autres collectivités territoriales invite à aller plus loin dans les préfigurations d’une seconde génération des politiques locales de l’ESS. Si la préservation d’une niche institutionnelle est sans doute nécessaire, l’enjeu est de savoir si la consolidation des dispositifs et la structuration du milieu de l’ESS sont suffisamment solides pour faire des politiques spécifiques de l’ESS un marchepied vers une régulation d’une économie plurielle. C’est autant dans la perpétuation de dispositifs d’appui spécifique aux initiatives solidaires que dans la diffusion des valeurs et critères de l’économie sociale et solidaire dans l’ensemble des politiques des collectivités locales qu’un autre modèle de développement territorial est envisageable. Promouvoir l’ESS auprès des médias et du grand public, élargir le portage politique et technique des politiques de l’ESS, passer d’une politique d’appui aux initiatives solidaires de régulation de l’économie plurielle, tels sont les défis à venir.
Références
ARF, Les régions s’engagent pour l’économie sociale et solidaire CRIDA/RTES, Les politiques publiques d’économie solidaire, un enjeu pour les initiatives locales , 2007 Collectif SSIG, Guide pratique sur les services sociaux d’intérêt général en direction des collectivités territoriales Fraisse, L, « Les enjeux de l’action publique en faveur de l’économie sociale et solidaire », in Carvalho de Franca, G., Laville, J-L,Action publique et économie solidaire, éditions Eres, mai 2005. Fraisse, L, « Le soutien des initiatives sur les territoires au cœur des politiques de l’économie sociale et solidaire », in CRIDA/RTES,Les politiques publiques d’économie solidaire, un enjeu pour les initiatives locales, 2007, pp.44-56. Jérôme V. « Les politiques d’économie sociale et solidaire, un combat d’élu/e/s engagé/e/spour un autre développement économique » in CRIDA/RTES, Les politiques publiques d’économie solidaire, un enjeu pour les initiatives locales, 2007, pp.57-66. Laville, J-L., Magnen, J-P., Carvalho de Franca, G Meideros A., Action publique et économie solidaire, éditions Eres, mai 2005. « L’économie sociale et solidaire : un autre développement économique. Comment se situe-t-elle aujourd’hui et quelle sera sa place dans l’économie de demain ? ». Etude pilotée par Claude Alphandéry avec la collaboration de Laurent Fraisse et Tarik Ghezali. Rapport phase 1, décembre 2008. Le mois de l’économie sociale et solidaire Mouvement pour l’économie solidaire, Avec les régions, l’économie sociale et solidaire en mouvement, Regards et implications des acteurs et réseaux dans la construction des politiques régionales d’économie sociale et solidaire , en collaboration avec le RTES. Nantes-Métroplole, Appel à projet Région Provence-Alpes-Côte d’Azur Ressources solidaires RTES
Notes
[1] Réseau des Terrritoires pour l’Economie Solidaire [2] les_regions_s_engagent_pour_une_economie_sociale_et_solidaire [3] Par exemple, l’Agence Provençale d’économie alternative et solidaire (APEAS) existe depuis 1995 en région Provence Alpes Côte d’Azur, l’Agence pour le Développement de l’économie solidaire (ARDES) en Basse Normandie prend corps en 1996, l’Assemblée permanente de l’économie solidaire (APES) en région Nord Pas-de-Calais voit le jour en 2000. [4] Voir à ce sujet l’article de Vanessa Jérôme, « Politiques publiques d’économie sociale et solidaire : un combat d’élu/e/es engagé/e/s pour un autre développement économique », chapitre 6. [5] Laville J-L., De França Filho G., Magnen J-P., Medeiros A., Action publique et économie solidaire, Erès, Ramonville, 2005. [6] Fraisse L., Berger J. et al., Avec les régions, l’économie sociale et solidaire en mouvement , Mouvement pour l’Economie Solidaire, 2006 ; RTES- CRIDA, Les politiques publiques d’économie solidaire, un enjeu d’avenir pour les initiatives locales . [7] Pour une présentation générale des manifestations du mois de l’économie sociale et solidaire [8] Cyril Moreau, chargé de mission auprès de Claude Taleb, Vice-Président en charge de l’économie sociale et solidaire et de la coopération décentralisée à la région Haute-Normandie. Intervention lors du séminaire RTES du 20 juin 2007.
Laurent Fraisse est chercheur au LISE (Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique), CNAM-CNRS.
Article de la Revue du Mauss Permanente, téléchargeable en pdf ici.
L’économie sociale et solidaire peine à être reconnue comme une réelle force de transformation sociale. Des initiatives récentes tentent d’y remédier.
La crise que traverse aujourd’hui le capitalisme a redonné de l’actualité à la recherche d’alternatives à l’entreprise privée classique. Parmi les candidats, les organisations de l’économie sociale et solidaire (ESS). L’économie sociale rassemble les associations, les coopératives et les mutuelles. Elles ont en commun d’être gouvernées sur un mode démocratique (une personne = une voix) et de ne pas avoir pour objectif de maximiser les revenus de leur capital. L’économie solidaire, pour sa part, regroupe les organisations qui produisent des biens et des services à forte utilité sociale, qui décident d’embaucher en priorité des personnes en difficulté, de développer des activités soutenables sur le plan écologique, ou encore de pratiquer des formes d’échange respectant des normes sociales et environnementales élevées, comme le fait le commerce équitable.
Ces deux familles se recouvrent largement - un grand nombre d’entreprises solidaires ont un statut associatif ou coopératif -, mais pas totalement : il ne suffit pas à une banque d’être coopérative pour être solidaire... et bon nombre d’entreprises de statut privé lucratif poursuivent des objectifs qui les qualifient pour être considérées comme solidaires.
En dépit de son développement et de sa puissance - l’ESS rassemblerait aujourd’hui plus de 200 000 organisations employant 2,1 millions de salariés -, ce secteur peine à s’affirmer comme une réelle alternative à l’économie dominante. Faute d’unité, faute d’apparaître comme un véritable mouvement de transformation sociale, faute aussi d’être à même de mobiliser - ou de vouloir le faire - ses adhérents, ses sociétaires ou ses associés.
Trouver des solutions aux problèmes de la société
L’ESS n’est pas une exception française. Même si les noms et les statuts diffèrent selon les histoires nationales, peu de choses la séparent de l’important non-profit sector qui existe aux Etats-Unis. De même, dans le reste de l’Union européenne, en Amérique latine comme en Asie, on trouve de nombreuses coopératives, mutuelles, associations ou fondations (1). Rien d’étonnant. Car, partout où les hommes vivent, il se trouve des personnes pour tenter de répondre aux questions économiques et sociales auxquelles l’Etat et/ou le secteur privé ne donnent pas de réponses satisfaisantes. De ce point de vue, l’ESS tire moins sa légitimité de ses statuts, de ses valeurs ou de ses principes, qui ne sont connus que d’une minorité d’initiés, que de sa capacité à innover et à trouver des solutions aux problèmes de notre société. Moins de ce qu’elle est que de ce qu’elle fait, même si les deux ne sont pas sans rapport.
Ce qu’elle fait peut être illustré par de nombreux exemples. Ainsi, quand les ouvriers créèrent les premières sociétés de secours mutuel, au milieu du XIXe siècle, ils parvinrent à accéder collectivement à un minimum de sécurité alors que les patrons se séparaient des salariés malades ou invalides sans la moindre indemnité. Quand les paysans ou les artisans et petits patrons se rassemblèrent à la fin du XIXe siècle pour créer les premières caisses de crédit agricole ou les premières banques populaires, ils trouvèrent ainsi le moyen d’accéder au crédit pour développer leurs activités, ce que les banques classiques leur refusaient. Les associations de tourisme social qui se sont développées aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale ? Elles ont permis aux employés et aux ouvriers de profiter de leurs congés payés pour partir en vacances, un luxe jusque-là réservé à une minorité aisée. Enfin, quand, dans les années 1980, des travailleurs sociaux créent des entreprises et embauchent des personnes jugées inemployables, par les employeurs du secteur public comme du privé, ils prouvent qu’il est possible de lutter concrètement contre l’exclusion produite par le chômage de masse.
On pourrait multiplier les exemples, dans le domaine social, culturel, éducatif, sportif : l’ESS joue un rôle pionnier, à la fois réparateur des maux de la société et initiateur de solutions nouvelles. A ce point de vue, elle est moins une alternative au système qu’un élément majeur de sa réforme et de sa régulation, comme en témoignent d’ailleurs les secteurs d’activité où elle joue un rôle significatif (voir graphique ci-contre).
Répartition des effectifs salariés au sein de l’économie sociale et solidaire et hors d’elle, selon les secteurs d’activité, en 2007
L’économie sociale et solidaire (ESS) a un poids très important dans le secteur financier (un tiers des emplois), mais c’est aussi là que sa banalisation est la plus prononcée à quelques exceptions (significatives) près. Elle joue également un rôle essentiel dans le domaine sanitaire et social, ainsi que dans l’éducation populaire. En revanche, elle a un poids négligeable dans l’industrie (hors agro-alimentaire, où les coopératives ont un poids significatif). Enfin, si elle joue un rôle important dans le commerce, c’est en y incluant les coopératives de commerçants (Leclerc, Intermarché, Système U...). Cette présence inégale témoigne de la difficulté de l’ESS à se développer dans les activités qui mobilisent beaucoup de capitaux. Elle traduit aussi les motivations des entrepreneurs sociaux, plus soucieux de résoudre les problèmes de notre société que de développer de nouveaux produits et services.
Entre récupération, banalisation et instrumentalisation
Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que les organisations de l’ESS n’échappent pas à un destin qui oscille entre récupération, banalisation ou instrumentalisation. La récupération peut être à l’initiative de l’Etat comme du secteur privé : historiquement, les politiques publiques, dans les domaines de l’éducation, de la santé ou de la protection sociale, sont largement issues de la société civile. Ainsi, la Sécurité sociale n’aurait jamais vu le jour si le mouvement mutualiste n’avait auparavant ouvert le chemin. La solidarité générale assurée par les systèmes d’assurance sociale obligatoire s’est développée sur le terreau des solidarités instituées par l’économie sociale au profit de groupes sociaux particuliers, réunis sur une base professionnelle ou territoriale (2).
La récupération peut aussi être le fait d’entreprises du secteur capitaliste : on le voit aujourd’hui avec le développement d’entreprises à but lucratif dans le secteur des services à la personne, en concurrence avec les associations, ce qui, en "écrémant" la partie la plus rentable de ce marché, limite la politique de mutualisation permettant d’offrir des services de qualité à des personnes ne disposant pas de moyens suffisants.
La banalisation, on l’observe partout où la réussite des entreprises de l’ESS se traduit par l’adoption progressive des règles du système dominant. L’exemple du secteur financier (banques et assurances) est ici particulièrement significatif. Les structures coopératives et mutualistes y ont un poids considérable : Crédit agricole, groupe Banque populaire-Caisse d’épargne, Crédit mutuel, dans la banque ; groupes MMA, GMF, Macif, Maif ou encore Matmut, dans l’assurance... Cette réussite économique s’est cependant trop souvent traduite par une banalisation pure et simple (3). Au point que les clients d’une partie de ces banques et compagnies d’assurances ne sont pas toujours capables de dire - quand on le leur demande - en quoi elles diffèrent des banques ou des compagnies d’assurances de statut privé lucratif.
Dernier risque, enfin : l’instrumentalisation. Elle est bien souvent observée dans le secteur associatif où de nombreuses structures jouent un rôle de simples opérateurs de politiques publiques décidées en dehors d’elles ; elles les assurent à moindre frais pour les collectivités territoriales ou l’Etat, qui évitent ainsi d’avoir à multiplier les postes de fonctionnaires. Leur rôle d’aiguillon de l’action publique se limite souvent, au final, à réclamer plus de moyens pour mener à bien leurs missions.
Une puissance qui peine à s’affirmer
Autant dire que l’ESS, prise dans son ensemble, n’est pas l’Alternative avec un grand A au capitalisme. On observe néanmoins en son sein de multiples initiatives qui sont autant de formes de résistance à sa logique. Une résistance qui concourt à transformer en permanence notre société. De nombreuses associations innovent ainsi en matière d’action sociale, de pratiques culturelles ou éducatives. Des banques coopératives, des mutuelles ou des institutions spécialisées développent des produits d’épargne solidaire. Dans le domaine agricole, des producteurs inventent de nouvelles filières, en rupture avec le productivisme, comme les Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap).
Située entre le privé et le public, dans le marché tout en portant des valeurs de coopération et de solidarité, l’ESS contribue ainsi à civiliser l’économie et à la démocratiser, ne serait-ce qu’en introduisant du pluralisme dans les formes d’organisations productives. Elle rappelle que l’entreprise privée capitaliste n’est pas la seule forme possible. Et témoigne que l’enrichissement personnel n’est pas le seul motif qui peut donner envie d’entreprendre.
Il n’en demeure pas moins qu’elle recouvre des réalités disparates. Aussi n’est-il guère surprenant qu’elle peine à s’affirmer et que nulle voix ne parle avec force en son nom. Historiquement, les organisations de l’ESS se sont d’abord regroupées en fonction de leur statut et/ou de leur métier : Alternatives Economiques, en tant que coopérative de production, adhère ainsi à la Confédération des Scop, elle-même adhérente au Groupement national de la coopération (GNC), qui rassemble aussi bien les banques coopératives que les coopératives agricoles ou les coopératives de commerçants, tels les centres Leclerc.
En pratique, les différentes composantes de l’ESS comptent surtout sur les organisations qui les regroupent par statut et par métier pour défendre leurs intérêts spécifiques auprès des pouvoirs publics aux niveaux régional, national et européen. Des structures syndicales qui affirment l’utilité de leurs mandants, afin de défendre les avantages liés à leur statut ou obtenir des subventions. En outre, comme ces différentes familles opèrent dans des champs très variés, elles s’adressent à des interlocuteurs différents. Les coopératives agricoles vont d’abord frapper à la porte du ministère de l’Agriculture, les banques coopératives et les assureurs mutualistes s’inquiètent plutôt des projets de Bercy ou de Bruxelles à leur égard. Quant aux mutuelles de santé, elles débattent de leur place dans la prise en charge des soins avec le ministre chargé des Affaires sociales.
Il existe néanmoins une structure faîtière, le Conseil des entreprises, employeurs et groupements de l’économie sociale (Ceges), qui associe toutes les familles de l’économie sociale et solidaire. Mais le Ceges a une autorité d’autant plus limitée qu’il n’existe guère de consensus, au sein de ses composantes, sur la parole collective qu’il faudrait porter face aux pouvoirs publics ou à destination de l’opinion publique. Cette absence de consensus peut d’ailleurs se lire à la modestie de ses moyens : alors que le Medef occupe un immeuble de huit étages avenue Bosquet, dans le très bourgeois 7e arrondissement de Paris, le Ceges se contente de trois bureaux sous-loués près de la gare Saint-Lazare. Dans ces conditions, comment s’étonner que les pouvoirs publics ne donnent que de très faibles moyens à la Délégation interministérielle à l’innovation, à l’expérimentation sociale et à l’économie sociale (Diieses), son interlocuteur public (4) ?
A l’actif du Ceges cependant, la mise en place d’une représentation commune des syndicats d’employeurs de l’économie sociale aux élections prud’homales. Leurs listes ont rassemblé 19% des voix patronales en 2008, écornant ainsi sérieusement le monopole de l’alliance Medef-CGPME. Mais ce succès est resté sans lendemain. Et si nombre de personnalités de l’économie sociale affirment aujourd’hui la nécessité pour celle-ci de parler d’une voix forte et unie, elles peinent à se mettre d’accord dès qu’il s’agit de répondre à la question : pour dire quoi ?
On l’a bien vu face à la crise. Alors que l’économie sociale joue un rôle essentiel dans le secteur financier - pour le meilleur et pour le pire, comme l’ont montré les déboires de Natixis -, elle n’a pu, ou n’a pas souhaité, porter des propositions pour la régulation du secteur. Porter une vraie parole de transformation sociale supposerait donc d’oser défendre un projet en faveur d’une économie réellement alternative, plus sociale et plus soutenable sur le plan environnemental. Et d’assumer de se situer, au moins implicitement, dans le champ politique.
Un risque qui n’effraye pas les promoteurs des nouveaux regroupements qui sont en train de voir le jour, en marge du Ceges et des structures associatives qui affirment représenter l’économie solidaire spécifiquement. Ils entendent promouvoir une ESS en mouvement, celle qui porte le renouvellement du secteur. Deux initiatives méritent d’être signalées. La première est le Labo de l’ESS, un think tank créé à l’initiative de Claude Alphandéry, président d’honneur de l’association France active. Son objectif : profiter de la crise pour faire connaître et reconnaître une ESS offensive et ouverte, interroger et améliorer les pratiques de celle-ci, et oeuvrer à une transformation sociale, écologique et démocratique de l’économie globale, en alliance avec d’autres acteurs de la société. Ce vaste programme s’articule autour de cinquante propositions très concrètes, qui sont d’ores et déjà mises en débat, notamment à l’occasion des élections régionales (5).
Une autre initiative intéressante vient parallèlement de voir le jour, dont les créateurs sont en partie les mêmes : le Mouvement des entrepreneurs sociaux. Avant même d’avoir lancé une campagne d’adhésion, cette structure rassemble plus d’une centaine d’adhérents, qui entendent promouvoir l’entrepreneuriat sans exclusive, pour autant qu’il s’inscrit dans une démarche sociale et environnementale exigeante, mais dont les contours demeurent cependant encore à définir (6).
Au-delà des formes des organisations à vocation nationale existantes, l’économie sociale et solidaire (ESS) est représentée en régions à travers le réseau des chambres régionales de l’économie sociale et solidaire (sachant que le terme "solidaire" est parfois banni). Ces chambres régionales sont regroupées en un conseil national. Le développement des chambres régionales de l’économie sociale et solidaire a accompagné la montée en puissance du rôle des régions en matière de développement économique.
L’idée est de ne pas exclure les personnes travaillant dans des sociétés de capitaux, dès lors que celles-ci satisfont aux critères définis par le mouvement. Ce parti pris le distingue du CJDES, le Centre des jeunes, des dirigeants et des acteurs de l’économie sociale, qui rassemble des cadres et des dirigeants issus des associations, des coopératives, des mutuelles et des fondations (7). Le Mouvement des entrepreneurs sociaux, comme le CJDES, veut rassembler des personnes et non des organisations. Une logique qui rompt avec la pratique habituelle de l’économie sociale où les projets individuels avancent le plus souvent masqués derrière l’ambition collective ! Pourtant, l’avenir de l’ESS suppose aussi qu’elle ait la capacité d’attirer les milliers de jeunes qui souhaitent entreprendre, voir le résultat de leur travail, tout en s’investissant dans des activités porteuses de sens. Philippe Frémeaux
Alternatives Economiques - n°288 - Février 2010
Notes
(1) Voir www.rencontres-montblanc.coop
(2) La mutualité conserve aujourd’hui un rôle essentiel en matière de complémentaire santé, qui va d’ailleurs croissant en raison de la réduction de la couverture maladie publique.
(3) Voir "Banques coopératives, qu’allaient-elles faire dans cette galère ?", Alternatives Economiques n° 281, juin 2009, disponible dans nos archives en ligne.
(4) A l’automne dernier, une mission a cependant été confiée au député Francis Vercamer par le Premier ministre sur les conditions de développement de l’économie sociale et de l’entrepreneuriat social.
(5) Voir www.lelabo-ess.org
(6) Voir www.mouves.org
(7) Voir www.cjdes.org
Intervention de Gus MASSIAH, à l’occasion du séminaire « 10 ans après : défis et propositions pour un autre monde possible », Forum Social de Porto Alegre, Brésil, janvier 2010
Gustave Massiah, représentant du CRID (Centre de Recherche et d’Information pour le Développement) au Conseil International du Forum Social Mondial. Ancien Président du CRID. Ancien Vice Président d’Attac. Membre fondateur de l’Aitec (Association Internationale des Techniciens, Experts et Chercheurs)
Une banque coopérative suédoise propose des crédits sans intérêts grâce à un système astucieux. L’initiative commence à essaimer.
Même dans un secteur à la réputation sulfureuse comme la banque, des exceptions existent. Pour en découvrir une, un petit détour au royaume de Suède s’impose.
Une banque coopérative y collecte l’épargne des membres afin de proposer des prêts à d’autres membres. Sans demander d’intérêt.
L’idée
Dans la petite ville de Skövde, pas très loin de Göteborg, siège la banque coopérative Jak, pour Jord-Arbete-Kapital, soit « terre-travail-capital ».
Reconnue par les autorités bancaires en 1997, elle collecte l’épargne de ses membres et l’utilise pour octroyer des crédits.
Comme toute autre banque coopérative. Sauf qu’elle déclare « ne pas demander d’intérêt sur ses prêts ».
Certes, il y a des frais à payer, mais ils sont fixés à l’avance et ne dépendent pas de la solvabilité du client.
De plus, la banque a mis au point un système de gestion de l’épargne et des crédits qui lui permet d’avoir toujours assez de dépôts, sans être obligée de chercher de l’argent sur le marché interbancaire -pratique poussée jusqu’à l’extrême par certains établissements.
« Une banque qui veut être toujours solvable »
« Lors de la dernière crise, on a constaté que les banques dépendaient trop du marché et trop peu de leur dépôts », confirme ainsi le professeur Jean-Paul Pollins, directeur dulaboratoire d’économie d’Orléans et membre du Cercle des économistes.
Un risque que Jak ne veut pas prendre, comme l’explique Ludwig Schuster, expert allemand des systèmes d’échange locaux et de finance alternative pour l’agence RegioProject et le think-tank MonNetA :
« Une banque de ce type veut être toujours solvable, et se limite à faire circuler l’argent entre épargnants et demandeurs de crédits. »
Comment la mettre en pratique ?
Pour garantir ces conditions, Jak a repris un système d’attribution de points-épargne testé pour la première fois par une petite coopérative danoise. L’objectif : maintenir un équilibre entre l’argent qui rentre dans les caisses de la banque sous forme d’épargne et celui qui sorte sous forme de crédits.
Miguel Ganzo, chargé des relations internationales de la banque, explique le fonctionnement :
« Chaque mois, toute couronne déposée génère un point-épargne qui s’accumule sur le compte du membre. A l’inverse, une couronne prêtée soustrait des points du compte tant qu’elle n’a pas été remboursée. »
Par conséquent, si un membre souhaite emprunter de l’argent sans avoir cumulé assez de points-épargne, chaque mois il sera non seulement tenu de rembourser son crédit, mais aussi de verser sur son compte une épargne compensatoire du même montant.
Cela garantit à l’établissement de disposer toujours d’une certaine liquidité. Pour la même raison, l’emprunteur doit également acheter l’équivalent de 6% de son prêt en participations à la banque (« dépôt d’équité »). Un dépôt censé lui être reversé à la fin du remboursement. Un exemple de crédit : pas d’înterêts, mais une épargne en plus
Compliqué ? Prenons un exemple concert : calculons ce qui se passe pour un crédit moyen chez Jak (14 000 euros à rembourser sur une période de onze ans) et lorsque le membre n’a pas épargné un seul centime au préalable (0 point d’épargne cumulé).
Voici les détails :
Dépôt d’équité du prêt. 6 % de 14 000 € = 840 €
Frais du prêt. 14 000 € x 131 mois (onze ans) x 0,015 (facteur fixe) = 2 310 € (17,5 € par mois)
Remboursement mensuel. 14 000 € / 131 mois = 106 €
Epargne compensatoire mensuelle. 14 000 € / 131 mois = 106 €
Montant total versé par mois. 17,5 € + 106 € + 106 € = 229,5 €
En onze ans, le crédit est remboursé, le membre a épargné 14 000 euros sur son compte (qu’il pourra retirer trois mois après) et se voit reverser les 840 euros du dépôt d’équité. Si le membre a déjà de l’épargne lorsqu’il demande un prêt, son épargne obligatoire mensuelle sera d’un montant inférieur.
Un fonctionnement inspiré de celui des « tontines » africaines
« Au premier abord, je serais porté à comparer le fonctionnement de cette banque à celui des “tontines”, ces communautés d’épargne locale où les membres du village cotisent pour financer les projets de l’un d’entre eux », affirme Jean-Paul Pollins.
Malgré sa petite taille, la banque Jak gère l’argent de quelque 35 000 épargnants suédois. « Avec, en plus, l’engagement d’être toujours solvables », précise Ludwig Schuster, alors que dans une tontine on ne peut pas récupérer son argent tant que le bénéficiaire du prêt n’a pas tout remboursé.
Jak s’impose une rigueur budgétaire draconienne : en 2008, les 2,45 millions d’euros de coûts opérationnels ont été couverts…
Difficile pour autant d’imaginer que des géants comme la Société Générale ou le Crédit coopératif puissent devenir adeptes de ce modèle. Georges Pujals, chercheur associé à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), ne se fait pas d’illusions :
« Dans une banque qui gère quatre ou cinq millions de clients, c’est impossible. Ce type de banque peut marcher uniquement en s’adressant à une clientèle restreinte, militante, solvable et surtout très fidèle. »
Pour garder la clientèle : promixité et participation
Pour garder cette clientèle, qui pourrait être tentée d’aller voir la concurrence pouvant proposer des conditions plus alléchantes, la banque Jak joue la proximité et la participation.
A la place des agences (remplacées par un portail Internet), elle a créé 27 groupes locaux animés par quelques 700 bénévoles. Ils font la promotion de la banque tout en remotivant les anciens membres, décrit Miguel Ganzo :
« En 2009, on a constaté que le nombre de membres qui nous ont quitté a presque dépassé celui de ceux qui nous ont rejoint, alors que ces cinq dernières années on gagnait 1 400 à 2 600 membres par an.
Même constat pour le volume des prêts : 12,4 millions d’euros en 2009 face au 23,3 millions d’euros de l’année d’avant. C’est probablement un effet des taux extrêmement bas proposés en ce moment par les banques commerciales. »
Malgré ce coup d’arrêt, il reste tout de même des publics pour qui la banque Jak offre des atouts indiscutables :
* les associations, à qui leurs adhérents peuvent offrir les points qu’ils ont cumulés * les collectivités, qui peuvent offrir leurs points aux entreprises souhaitant accéder à des prêts à faible coût
Ce que je peux faire
Inutile de se faire des illusions, la banque Jak n’a pas pour objectif d’ouvrir des filiales à l’étranger. Mais le virus suédois se répand. En Italie, une association culturelle inspirée de Jak est née et travaille à la mise en place d’une coopérative.
Les Allemands sont allés un peu plus loin. Début 2005, la o/ZB (pour ohne Zins Bank, la « banque sans intérêts ») a ouvert à Stuttgart. Pas vraiment une banque, elle est plutôt un réseau de petites communautés d’épargne et de crédit.
Viviane Vandemeulebroucke, coordinatrice de l’Association internationale des investisseurs dans l’économie sociale (Inaise) :
« Ce n’est pas facile de créer une banque, même au niveau local. On doit toujours respecter les réglementations bancaires qui, suite à la crise, sont devenues plus contraignantes. Y compris vis-à-vis des petites banques alternatives, jugées plus fragiles et donc soumises à plus de contrôles. »
Article de Rue89
FAIR (Forum pour d’Autres Indicateurs de Richesse) est un collectif regroupant des personnes qui réfléchissent aux meilleurs indicateurs de progrès et de bien-être de la société.
FAIR Wallonie-Bruxelles est né en juin 2009 (en concertation avec FAIR France) pour ouvrir les frontières à la réflexion entamée en France.
FAIR (France) est né début 2008 suite à la mise sur pied par le Président Sarkozy d’une commission (appelée Commission Stiglitz) dont l’objectif est d’analyser la mesure des performances économiques et du progrès social.
Cette commission d’experts est une avancée certaine, mais nous estimons néanmoins qu’on ne peut laisser des experts décider seuls des indicateurs de référence pour notre société. Pour nous, le débat ne peut pas être qu’une affaire d’experts. La société civile doit être appelée à se prononcer.
"C’est en redonnant sens aux échanges non économiques et "à ce qui compte" le plus pour nous que nous serons en capacité de redéfinir la notion de richesse, de refonder les règles du partage, les supports d’échanges, comme la monnaie, mais aussi les modalités de compte, ou encore les systèmes de redistribution appropriés, que nous serons en mesure de redonner sa juste place -et non pas toute la place- à l’économie" (Manifeste de FAIR, décembre 2008).
Le premier forum est un moment de réflexion, d’analyse et d’échange. Réfléchir aux objectifs et à la mesure de ces objectifs dans notre société est indispensable et nous serions heureux de vous rencontrer à cette occasion.
Ricardo Cherenti - Marc Installé - Michel Laffut - Christine Ruyters - Luc Simar
Fil conducteur de la journée.
Les 12 ateliers deLUX’09 forment un socle partagé : À partir des réalités et des acquis d’une démarche collective : « Faire pacte c’est tout à la fois renouveler le contrat social d’après-guerre et renégocier avec les pouvoirs publics en fonction de nos engagements ».
Nous sommes héritiers pour une part, mais aussi inventeurs et promoteurs de nouvelles formes d’organisations des solidarités dans les territoires. Celles-ci ont fait leurs preuves et apportent déjà des réponses à la crise dans l’économie réelle.
Oui, il est possible de participer à la transformation de l’économie, sans se diluer dans l’économie de marché, sans retourner à l’économie administrée.
Trop locale, expérimentale et supplétive, « marque de fabrique » ou contre-culture, l’économie solidaire passerait-elle à côté de l’essentiel, au moment où la survie des uns et des autres est engagée ?
Comment transformer une réussite (Lux’09) dans une mise en mouvement ? définir les objectifs de stratégies de changement à la mesure des défis d’une mondialisation plus responsable ?
…………………………………………….
Timing : Matin : 9h30 -12h 30
9h 30 : Ouverture
9 h 45 - 11h 30 : Bilan et perspectives du Forum Lux’09.
Accompagné d’échanges modérés par France Joubert.
11 h 30 – 12 h 45. Chantiers d’approfondissement pour 2010 (en 4 ateliers).
12h 45 : Acter des convergences volontaires de façon solennelle et conviviale :
Déjeûner sur place : 13h – 14h 15 Confirmer sa présence avant le 20 novembre.
Timing après-midi : 14h30 - 17h
14h15 – 14h30 :
Chaque chantier d’approfondissement annonce une intention et un premier pas concret.
14h 30 - 17 h : Table ronde, forum sur la gouvernance territoriale sous la Présidence du Comité des Régions Européennes. Introduction Mr Bourg Broc.
Les solidarités actives dans l’économie réelle des territoires trouvent aujourd’hui différents appuis dans des réformes en cours, des redéfinitions de missions, de nouveaux indicateurs (bien-être, richesse) et un dialogue social territorial. L’intervention du Comité des Régions, puis celles les intervenants - qui, tous, travaillent sur ces questions - nous permettront d’éclairer les enjeux de cette nouvelle gouvernance territoriale…
Accompagné d’échanges, modérés par Martine Theveniaut.
Une conférence débat 2009 du Réseau INTELLIGENCE DE LA COMPLEXITE
Organisée à Paris, le 25 novembre de 14h à 18h, à la FPH (38, rue Saint-Sabin, 75011 Paris). Avec les interventions de Pascal Petit (CNRS), Pierre Calame (FPH), Robert Delorme (CEPREMAP)...Sur le thème « L’INTELLIGENCE DE LA GOUVERNANCE AU DEFI DE L’OECONOMIE ». Pré-inscription nécessaire.
PROGRAMME
Le débat sera organisé autour de quelques interventions, entrelacées d’échanges et de discussions ouvertes avec tous les participants : Président : Pascal PETIT, Directeur de recherche CNRS émérite (Ancien président de la Section Economie –Gestion du Conseil National du CNRS
Exposé d’ouverture : Pascal PETIT
Contribution de P CALAME : « Sur l’Oeconomie : la méthodologie de la réinvention, à la fois sociétale et managériale de la gouvernance »
Discutant : Pr Robert DELORME, Professeur de science économique, CEPREMAP - E. E. Paris, Vice Président de l’AE-MCX : « L’Oeconomie : Essai ou Manifeste ? »
Brèves interventions préparées à l’avance de Dominique Genelot (‘Gouvernance et Management’), Michel Adam (‘Entreprise d’Economie Sociale’), JL le Moigne (‘Organisation et Marché’), Ali Ait Abdelmalek (‘Socio Economie et enjeux Territoriaux’)
Interventions préparées et spontanées de la salle
Conclusion par Edgar MORIN, autour du thème « Les sept défis pour une politique de civilisation »
Plus d’information sur le site de l’IRE.
Le CETIM a le plaisir de vous annoncer la sortie de presse de deux livres critiques sur l’aide au développement. Ces deux livres sont très complémentaires :
"Aide au développement. Efficace, neutre, désintéressée ? Points de vue critiques du Nord sur la coopération européenne" offre un examen des politiques européennes en matière d’aide au développement et propose des pistes pour penser une politique de coopération progressiste et solidaire. Pour plus d’informations, voir ci-dessous et consulter http://www.cetim.ch/fr/publications_details.php?pid=171
Avec "En finir avec la dépendance à l’aide" Yash Tandon secoue sérieusement le monde de la coopération internationale car il dénonce la dépendance des pays du Sud à l’égard de l’aide et propose sept étapes concrètes pour en sortir. Pour plus d’informations, voir ci-dessous et consulter http://www.cetim.ch/fr/publications_details.php?pid=172
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Aide au développement. Efficace, neutre, désintéressée ? Points de vue critiques du Nord sur la coopération européenne
Crise écologique, propagation des virus…, malgré ses frontières soigneusement érigées, le Nord se rend aujourd’hui compte que nous ne formons qu’un seul monde. « Faisons table rase de nos responsabilités et unissons-nous pour mieux vivre les décennies à venir ! » semblent suggérer les défenseurs d’une nouvelle aide publique au développement (APD).
Une APD technique, neutre, qui pourrait servir au fonctionnement optimal des marchés, à protéger les fameux « biens publics mondiaux »… Voilà pour le discours dominant.
Mais est-ce la vocation de l’aide au développement ? Peut-elle être a politique ? Doit-elle rester un instrument de domination ou devenir un outil de coopération, avec tout ce que cela implique, entre tous les peuples, mis sur un pied d’égalité ?
N’est-il pas urgent de réfléchir à quelle « autre » Europe – Suisse comprise –, nous aspirons ? Quels autres rapports Nord/Sud nous souhaitons ?
Répondant à un article de Jean-Michel Severino (l’actuel directeur général de l’Agence française de développement) illustrant la pensée dominante en matière d’APD, les auteur-e-s de cet ouvrage nous proposent des pistes permettant de construire une autre politique européenne de coopération et de solidarité internationales. Ouvrage collectif avec les contributions de Geneviève Azam, Ghazi Hidouci, Alison Katz, Frédéric Lapeyre, Bernard Lecomte, Gérard Perroulaz et Renaud Vivien. En référence à un texte de Jean-Michel Severino (Directeur général de l’Agence française de développement).
PubliCetim n°33, ISBN : 978-2-88053-074-7, 192 pages, 10 CHF / 6 Euros.
En finir avec la dépendance à l’aide , de Yash Tandon (traduction française). Préfaces de Samir Amin et de Benjamin W. Mkapa
Les pays développés dépendants de l’aide cherchent à se sortir de cette dépendance sans toutefois y parvenir. Ce livre montre comment ils pourraient se libérer par eux-mêmes de cette aide – qui se prétend relevant du développement, mais qui ne l’est pas.
Ce livre tombe à point, car il avertit le Sud de ne pas tomber dans le piège de l’aide et de ne pas approuver le colonialisme collectif de l’OCDE – ce club de riches pays donateurs. Une stratégie de sortie de l’aide au développement nécessite un changement radical, à la fois des mentalités et des stratégies de développement des pays dépendants à l’aide. Elle requiert également une implication plus profonde et directe des peuples dans leur propre développement, tout comme une restructuration radicale des institutions mondiales de l’aide et de leur architecture.
"Yash Tandon est un intellectuel ougandais important qui a été l’un des acteurs majeurs de ce que j’ai appelé « l’éveil du Sud » – la période de Bandoung de 1955 à 1980. Yash démontre que « l’aide » est un instrument de la stratégie de domination de l’impérialisme, (…) et oppose avec force des propositions d’une « autre aide », fondée sur les principes de la solidarité internationaliste et anti-impérialiste des peuples." Samir Amin
"Tous ceux qui se sentent concernés par le développement des pays du Sud devraient s’intéresser de près au message de l’ouvrage et en débattre. Si cela implique qu’il faut remettre en question les anciens concepts et les anciennes méthodes de travail, alors faisons-le." Benjamin W. Mkapa, Président de la Tanzanie 1995-2005
PubliCetim n°34 (coédition avec Pambazuka Press et South Centre), ISBN : 978-2-88053-075-4, 224 pages, 12 CHF / 8 Euros
CETIM - Centre Europe-Tiers Monde
6, rue Amat
1202 Genève
Suisse
Tél. : +41 22 731 59 63
Fax : +41 22 731 91 52
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Soumettez un plan d’affaires à notre compétition Les Anges des entreprises sociales (dû le 14 septembre)
Un horaire et l’inscription se trouvent sur notre site Internet. Ne manquez pas nos rabais sur les frais d’inscription jusqu’au 23 septembre 2009 !
L’entreprise sociale est un modèle qui a fait ses preuves pour créer de l’emploi, fournir des biens et services nécessaires aux communautés, faire la promotion de l’innovation dans le marché, améliorer la livraison de services sociaux, environnementaux, des arts et de la culture, et renforcer la viabilité des OSBL - toutes des activités, qui peuvent promouvoir la croissance économique et revitaliser les économies locales. L’entreprise sociale est une vraie solution dans le climat économique actuel, où des communautés à travers le pays ont été décimées par l’écrasement du secteur manufacturier, la crise financière et les taux croissants de chômage.
La Troisième conférence canadienne sur l’entreprise sociale est une initiative du Conseil pour les entreprises sociales du Canada. Pour plus d’information sur la conférence, veuillez envoyer un courriel à : info@torontoenterprisefund.ca.
A suivre en direct
L’IRE, Economists for Peace and Security et la New America Foundation, s’associent pour organiser une conférence le 13 novembre 2009, à Washington, au Ronald Reagan Building and International Trade Center, avec notamment James K. Galbraith, Stephany Griffith-Jones, Jan Kregel, Jane D’Arista, Phil Angelides de la Financial Crisis Inquiry Commission et Damon Silvers du Congressional Oversight Panel.
Cette conférence, organisée avec le soutien de la Fondation Charles Léopold Mayer, sera retransmise en direct sur le site de la New America Foundation à partir de 15h, heure de Paris.
Présentation et programme :
Dans le prolongement de la conférence de New York de novembre 2008, cette nouvelle conférence sera consacrée à l’analyse de la crise actuelle et aux propositions de réforme. Parmi les points abordés : la réforme du système bancaire et financier international, le système monétaire international mais aussi le chômage et la crise hypothécaire aux Etats-Unis. Les intervenants examineront également les effets de la politique économique de l’administration Obama sur le devenir du système financier et monétaire international.
9:00 - Discours d’ouverture James Galbraith, président de Economists for Peace and Security
9:15 - 9:45 - Keynote Speech Damon Silvers, Congressional Oversight Panel
9:45 - 10:35 - Banks and Regulation
Session présidée par Mike Lind, New America Foundation, Economic Growth Program
William K. Black, University of Missouri, Kansas City
Perry Mehrling, Barnard College, Columbia University
Robert A. Johnson
10:40 - 11:00 - Keynote Speech Phil Angelides, Financial Crisis Inquiry Commission
10:05 - 12:00 - Jobs and Housing
Session présidée par James Galbraith
Dean Baker, Center for Economic and Policy Research
Gary Dymski, University of California Center Sacramento
Robert Kuttner, The American Prospect
Sherle Schwenninger, New America Foundation, Economic Growth Program
12:05 - 13:00 - The Dollar
Session présidée par Richard Kaufman
Pierre Calame, Fondation Charles Léopold Mayer
Jane D’Arista, University of Massachusetts, Amherst, Political Economy Research Institute
Jan Kregel, Levy Economics Institute of Bard College and University of Missouri, Kansas City
Stephany Griffith-Jones, Columbia University, Initiative for Policy Dialogue
Avec le soutien de la Fondation Charles Léopold Mayer, EPS et IRE, en partenariat avec la New America Foundation, s’associent pour organiser une conférence le 13 novembre 2009 à Washington, au Ronald Reagan Building and International Trade Center.
L’état actuel du système bancaire, l’augmentation du taux de chômage (aux Etats-Unis, en Europe…), le positionnement problématique du dollar dans le système monétaire international et la crise immobilière, rendent nécessaires la construction d’une réforme de long terme. Des remèdes à court terme tels que plans de relance nationaux ont été mis en place, mais ils sont insuffisants et impuissants face à l’ampleur structurelle et systémique de cette crise.
Cette conférence a pour objectif de fournir analyses et recommandations concrètes à l’attention de l’administration Obama, des thinks tank américains et internationaux et du G20. Parmi les points abordés : la réforme du système bancaire et financier international, le système monétaire international mais aussi le chômage et la crise hypothécaire aux Etats-Unis. Les experts tenteront également d’examiner les implications plus larges de la politique économique de l’administration Obama sur le système financier et monétaire international et de prendre en compte dans leurs interventions la nature profondément politique du climat actuel dans lequel la crise économique évolue.
8:30am – accueil
9am – Discours d’ouverture par James Galbraith, président de Economists for Peace and Security
9:15 – 9:45 - Keynote par Damon Silvers, Congressional Oversight Panel
9:45 - 10:45- Banks and Regulation
Session présidée par Mike Lind, New America Foundation, Economic Growth Program
William K. Black, University of Missouri, Kansas City
Perry Mehrling, Barnard College, Columbia University
Robert A. Johnson
10:50-11:50 - Jobs and Housing
Session présidée par James Galbraith
Dean Baker, Center for Economic and Policy Research
Gary Dymski, University of California Center Sacramento
Robert Kuttner, The American Prospect
Sherle Schwenninger, New America Foundation, Economic Growth Program
11:55 - 12.55 pm - The Dollar
Session présidée par Richard Kaufman
Pierre Calame, Fondation Charles Léopold Mayer
Jane D’Arista, University of Massachusetts, Amherst, Political Economy Research Institute
Jan Kregel, Levy Economics Institute of Bard College and University of Missouri, Kansas City
Stephany Griffith-Jones, Columbia University, Initiative for Policy Dialogue
1:30 – 2:30 déjeuner
2:30pm – 6pm – session fermée : réunion du groupe de travail sur la réforme bancaire, financière et monétaire
COMMUNIQUE DE PRESSE
(Jakarta, 9 novembre 2009) Près de 40 paysans de 25 pays du monde, membres du mouvement paysan international La Via Campesina, se réuniront à Rome à l’occasion du Sommet mondial de la FAO sur la sécurité alimentaire et le Forum de la société civile du 13 au 18 novembre. « Le temps des palabres a assez duré », a déclaré Nettie Wiebe, une paysanne canadienne, dirigeante du mouvement. « Si le monde veut vraiment éradiquer la faim, il n’y a pas beaucoup d’options. Nous devons soutenir et encourager les paysans à produire des aliments pour les populations locales de façon durable. La véritable solution à la crise alimentaire passe par une reprise du contrôle des moyens de production alimentaire tels que la terre, les semences, l’eau et les marchés locaux par les paysans et les paysannes, et non par les multinationales ».
Même si le monde produit suffisamment pour nourrir tous ses habitants, le nombre de personnes souffrant de la faim a atteint un milliard cette année pour la première fois dans l’histoire de l’humanité – et 80% des personnes souffrant de la faim sont des paysans, des paysannes, des paysans déplacés ou des travailleurs agricoles. Pour bien trop de familles dans le monde, la faim n’est pas un chiffre, c’est une cruelle réalité.
Comme par ironie, cette crise alimentaire sans précédent a fait naître des initiatives qui vont dans le sens des politiques qui ont provoqué la catastrophe actuelle. C’est le cas du Partenariat mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire et du Fonds spécial pour la sécurité alimentaire de la Banque mondiale, soutenu par le G20. Ils financent le développement de technologies telles que celles de la « révolution verte » qui ne font qu’accroître la dépendance des paysans face au marché et détruisent les sols. Ces initiatives renforcent les politiques de libre-échange et fonctionnent main dans la main avec l’agro-industrie.
Certes les grandes entreprises n’ont aucun intérêt à sauver le monde de la faim. Elles se concentrent sur l’augmentation de leurs parts de marché et de leurs marges bénéficiaires. Ce qui s’est passé lors de crise des prix alimentaires en 2007 est très instructif : les entreprises du secteur agro-industriel ont fait des bénéfices faramineux(1), pendant que des millions de personnes basculaient dans la faim et la pauvreté. Aujourd’hui les terres agricoles sont devenues un investissement lucratif et les entreprises mettent la main sur d’énormes parcelles de terre dans le monde, expulsant les paysans, afin de produire des aliments destinés à l’exportation ou des agrocarburants.
Au Sommet de la FAO à Rome, La Via Campesina défendra la nécessité d’une nouvelle gouvernance pour l’alimentation et l’agriculture afin de résoudre la crise alimentaire ainsi que l’actuelle crise du climat. Les politiques alimentaires ne doivent pas être laissées entre les mains du « club des donateurs » et des institutions financières. Un système de gouvernance démocratique, à l’image de celui évoqué au sein du Comité de la sécurité alimentaire mondiale de la FAO, doit être mis sur pied immédiatement pour garantir aux pays et aux peuples du monde le droit à mettre en oeuvre la souveraineté alimentaire. La souveraineté alimentaire est le droit des populations et des nations à définir leurs propres politiques alimentaires et à promouvoir des systèmes d’alimentation locaux, respectueux des moyens de subsistance des populations, des cultures et de l’environnement.
« Nous allons servir des produits bio produits localement lors du Forum de la société civile à Rome. Chaque jour, nous fournissons également 150 000 repas scolaires bio dans toute l’Italie », a annoncé Andrea Ferrante, de l’Association italienne pour l’agriculture bio (AIAB), une organisation membre de La Via Campesina. Selon lui, « la souveraineté alimentaire commence chaque jour, à chaque repas. Elle existe déjà localement dans de nombreux endroits et avec de la volonté politique, elle peut s’étendre à l’ensemble du monde et résoudre la crise alimentaire actuelle ».
(1) Cargill par exemple, le plus grand négociant en grains du monde, a connu une hausse de ses bénéfices de près de 70% en 2007 - une hausse de 157% depuis 2006. (http://www.grain.org/seedling/?id=592)
Voir les activités du Forum
Pour en savoir plus : www.viacampesina.org
La Via Campesina est un mouvement international rassemblant des millions de paysans, de petits producteurs, de sans-terre, de femmes rurales et de travailleurs agricoles du monde entier. Notre mouvement est composé de 148 organisations actives dans 69 pays d’Asie, d’Afrique, d’Europe, et des Amériques.
Fruit du travail de l’Observatoire national de l’économie sociale et solidaire, soutenu par le Conseil national des chambres régionales de l’économie sociale, cet atlas est un événement à lui seul. Véritable mine d’informations sur tout ce que représente et fait l’économie sociale et solidaire en France, l’atlas détaille les emplois, les employeurs, les réseaux, les domaines qui fondent cette part grandissante de l’activité économique en France ; pour mémoire : 9% des entreprises et 10% des salariés.
L’atlas est présenté en trois parties :
* Une première partie qui répertorie les données nationales tant sur les emplois et les entreprises que sur les différentes structures juridiques (coopératives, mutuelles, associations, fondations) qui composent le domaine.
* Une deuxième partie, sous forme de cartes, présente un comparatif régional.
* Une troisième partie est consacrée à une analyse de l’économie sociale et solidaire dans chacune des 26 régions (France métropolitaine et départements d’outre-mer).
Pour nous convaincre définitivement de l’intérêt et du devenir de ce domaine, rappelons-nous ces trois simples repères : 38 millions de personnes en France sont couverts par une mutuelle, 6 dépôts bancaires sur 10 sont gérés par des banques de l’économie sociale et solidaire, 1/4 de la distribution est géré par l’économie sociale et solidaire.
Téléchargez l’atlas.
Plus de 950 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde. Haïti, Mexique, Egypte, Indonésie, l’année 2008 a été marquée par les émeutes de la faim. Aux images saisissantes ont succédé les explications, trop nombreuses pour former une image claire. L’envolée du prix des céréales, l’entrée en bourse des denrées alimentaires, la compétition pour les terres avec les cultures non-alimentaires, les premières conséquences des changements climatiques.
A cela s’ajoutent d’autres éléments moins débattus, mais tout aussi déterminants. La forte régression des cultures vivrières au profit des « cultures de rente » (soja pour les cheptels européens, huile de palme, etc.) dans les pays du Sud, a mis en péril leur souveraineté alimentaire et les a rendus dépendants d’importations coûteuses en devises.
Les semences très productives des grandes compagnies agroalimentaires sont, elles aussi, coûteuses, protégées par des brevets et accompagnées d’un cortège d’intrants chimiques, engrais et pesticides qu’il faut acheter.
Dans les pays qui ont bénéficié des rendements spectaculaires de l’agriculture industrielle, on voit la productivité stagner -voire baisser- et les sols s’appauvrir dans des proportions inquiétantes.
L’eau se raréfie au point qu’aux Etats-Unis, certains agriculteurs gagnent mieux leur vie en vendant leurs droits sur l’eau aux villes proches qu’en cultivant leurs terres.
Ailleurs, il est plus intéressant d’acheter le blé à l’étranger que de dépenser l’eau nécessaire pour le faire pousser.
On pourrait continuer encore la liste des problèmes qui surgissent, s’imbriquent et tissent une barrière de plus en plus infranchissable. L’agriculture mondiale arrive dans une impasse, et l’on ne sait plus aujourd’hui s’il sera possible, demain, de nourrir 9 milliards d’humains.
Le paradoxe, c’est que la faim a d’abord frappé ceux qui produisent la nourriture pour le monde (2,5 milliards de personnes vivent et trop souvent mal de la production agricole).
Le paradoxe, c’est aussi que les modèles alimentaires qui s’imposent partout aujourd’hui sont la cause de graves malnutritions au Sud (où les terres sont consacrées à l’alimentation des porcs, volailles et boeufs consommés dans les pays riches) et de graves maladies au Nord (obésité, maladies cardio-vasculaires et diabète sont aujourd’hui considérés comme épidémiques).
Le paradoxe, encore, c’est que l’inquiétude naît alors que l’on produit (encore) largement de quoi nourrir toute la population mondiale. Car ce qui fait défaut aujourd’hui, ce ne sont pas les ressources mais leur distribution équitable, ce ne sont pas les terres, mais leur juste répartition.
Dans déjà de nombreux pays, les mouvements coopératifs, associatifs, mutualistes, les fondations jouent un rôle important pour pondérer les injustices et aider les logiques de solidarité à se mettre en place, mettre en place d’autres façons de produire et consommer.
Toutes les analyses indiquent que l’économie sociale a un rôle-clé à tenir dans un avenir proche (coopératives agricoles, de pêche, de consommation et de distribution, associations de commerce équitable, banques coopératives et mutualistes, mutuelles de santé et d’assurance, associations sociales, fondations, coopératives de services...), si elle reste fidèle aux valeurs dont elle est porteuse. Aide à la recherche et au développement d’une agriculture respectueuse de l’environnement et des sociétés, mise en place de circuits de production et de vente véritablement équitables, soutien aux organisations agricoles locales permettant l’autonomie des territoires, évolution des modes de consommation et de distribution, conciliation entre production alimentaire et bio-énergie… sont quelques-uns des défis qui attendent l’économie sociale.
Les 3e Rencontres du Mont-Blanc (en 2007) ont permis aux acteurs de l’économie sociale de mieux appréhender les problèmes et les enjeux liés au changement climatique et à la nouvelle donne énergétique.
Cela leur a permis de se positionner, de concevoir le rôle qui est le leur et de mettre sur pied près de trente projets qui reflètent leurs valeurs et l’originalité de leurs méthodes dans le monde entier. Les liens sont nombreux, entre crise énergétique et crise alimentaire.
Les 4e Rencontres du Mont-Blanc, en novembre 2009, sont l’occasion d’une analyse de la situation mondiale, de présenter expériences et réalisations mais aussi de nouveaux projets à partager pour tenter de « mieux nourrir la planète ».
Des dirigeants de coopératives, mutuelles, associations, fondations y participeront ainsi que des représentants de mouvements sociaux et syndicaux, d’organisations internationales invitées (Pnud, Pam, FAO, Cnuced, BIT, ACI...), des chercheurs et universitaires.
Les projets qui émaneront de ces Rencontres, portés par des entreprises et organisations présentes feront ensuite l’objet d’un suivi afin d’en mesurer la portée concrète.
Télécharger le programme.
Vous voulez découvrir une économie qui a du sens ? En novembre, participez au Mois de l’économie sociale et solidaire !
Et si on mettait vraiment l’économie au service de l’homme ?
Les acteurs de l’Economie sociale et solidaire démontrent tous les jours qu’une autre forme d’économie est possible… le Mois de l’économie sociale et solidaire permet de le faire savoir !
Avec le Mois de l’économie sociale et solidaire, le mois de novembre est dorénavant un rendez-vous incontournable pour les acteurs de l’économie sociale et solidaire et pour les citoyens curieux d’une économie plus responsable qui sait répondre aux préoccupations des Hommes et des Territoires.
Ce Mois de l’économie sociale et solidaire permet de mettre un coup de projecteur sur les entreprises et les acteurs qui agissent au quotidien pour une économie plus humaine, une société plus équitable, des actions et des activités plus responsables et solidaires…
Plusieurs centaines de manifestations sont proposées aux citoyens par les acteurs de cette économie : manifestations vitrine sur l’économie sociale et solidaire, portes-ouvertes, visites d’entreprises, concerts associatifs, débats publics, journées de prévention… Des événements réunis sous un même logo, celui du Mois de l’économie sociale et solidaire, et dans un même programme régional.
Un site internet interactif www.lemois-ess.org permet d’élaborer facilement son programme personnalisé en fonction de son territoire et de ses centres d’intérêts (économie, culture, sport, services à la personne, environnement, insertion…). On y trouve, également, des informations sur cette autre manière d’entreprendre qui pourvoie près de 10% des emplois salariés en France, on peut y consulter la liste des entreprises qui ont souhaité affirmer leur appartenance à l’économie sociale et solidaire et les citoyens peuvent, eux-mêmes, s’engager pour favoriser la reconnaissance de cette économie indispensable à une société plus équitable et durable.
Rendez-vous sur le site www.lemois-ess.org et sur les territoires pendant tout le mois de novembre pour découvrir l’économie sociale et solidaire, près de chez vous, autour de thématiques et d’actions concrètes !
Notre démarche
« Nous vivons une crise de civilisation qui appelle un projet de civilisation. Si cette idée s’impose peu à peu dans tous les milieux, elle reste trop souvent à l’état de discours. Les mesures prises ne sont pas à la hauteur des périls. La petite musique d’un “business as usual”, certes plus vert et plus social, revient comme une antienne, faisant fi des leçons des crises.
Une majorité de citoyens ne satisfait pas de cette perspective et souhaite une réforme profonde de l’économie. Savent-ils que des centaines de milliers de personnes y œuvrent déjà ? Il s’agit des salariés, bénévoles, entrepreneurs, consommateurs… de l’économie sociale et solidaire (ESS). Ce champ rassemble une grande diversité d’initiatives économiques, ni publiques, ni capitalistes, qui cherchent à produire, consommer et décider autrement, de manière plus respectueuse des hommes, de l’environnement et des territoires.
Au sens le plus large, l’ESS représente 200 000 entreprises et 2 millions de salariés. Fort de plus de 150 ans d’histoire, ce mouvement est loin d’être une exception française, et se développe partout en Europe mais aussi au Québec, en Amérique Latine… La crise actuelle est une opportunité pour convaincre que non seulement l’ESS constitue une réponse immédiate aux problèmes sociaux et écologiques mais qu’elle peut aussi, par ses valeurs et pratiques, inspirer de nouvelles régulations économiques à la hauteur des enjeux.
Il est urgent d’agir et de convaincre. C’est pourquoi nous mettons ici en débat 50 propositions pour changer de cap, issues des travaux du Labo de l’ESS. Vous avez la parole ! Votre avis, vos idées nous sont précieux. Faites mouvement avec nous et agissons ensemble pour un autre mode de développement. »
Claude Alphandéry
Initiateur du Labo de l’économie sociale et solidaire
Président d’honneur de France Active
Le « Labo de l’ESS » est une démarche participative qui vise à mobiliser les acteurs de l’ESS autour d’une plateforme partagée de messages clés et de propositions fortes en faveur de l’ESS, à installer dans le débat public.
Cette démarche se déroule en trois temps :
1) La R&D (jan. – oct. 2009) : construction d’un premier ensemble de réflexions et de propositions, impliquant une centaine d’acteurs, personnes et organisations (lien hyper texte vers les contributeurs). Le résultat de ces travaux est présenté sur ce site (lien hypertexte vers la première thématique).
2) Le prototype (1er nov. – 31 déc. 2009) : mise en débat du contenu et des propositions, sur ce site et sur les territoires, à l’occasion du Mois de l’ESS (voir actualités). Vous pouvez réagir sur l’ensemble des propositions du Laboratoire (lien hypertexte vers la première thématique) ou participer à notre sondage (lien hyper texte vers le sondage).
3) Le produit final (jan.- avril 2010) : à partir de vos commentaires et des résultats du sondage, une plateforme partagée de messages et propositions sera formalisée et une action publique d’ampleur sera menée, dans le cadre des élections régionales.
Téléchargez les 50 propositions.
Réagir aux propositions, aller sur le site du Labo de l’ESS.
Mise en débat des propositions du Labo durant le mois de l’ESS
Agenda
23 Octobre, Revin (Ardennes)
Laurent Fraisse, 4ème rencontres de l’Economie sociale et solidaire organisées par la Ligues de l’Enseignement des Ardennes.
6 novembre, Lille
Claude Alphandéry ou Laurent Fraisse, Comment l’économie sociale et solidaire peut-elle répondre aux nouveaux besoins sociaux et environnementaux ? Rencontre organisée par l’APES et la CRES à 18h30 à la Chambre de Commerce et d’Industrie.
6 novembre, Perpignan
Tarik Ghezali, Réussir autrement, les réponses de l’économie sociale et solidaire, Rencontre organisée par la Macif, 18h-20h.
12 novembre, Lunel
Laurent Fraisse, Rencontres de l’ESS organisées par la Maison de l’emploi.
13 novembre, Gap
Laurent Fraisse Les valeurs de l’économie sociale et solidaire face à la crise : handicaps ou atouts ? 4e forum de l’économie sociale et solidaire des Hautes-Alpes organisée l’UDES, hôtel du département de 9h30 à 16 heures.
17 novembre, Marseille
Laurent Fraisse, L’ESS, une source pour d’autres indicateurs de richesses, conférence organisée par la Cress Paca au Conseil Régional.
24 novembre, Orléans
Laurent Fraisse, Les Assises de l’Economie Sociale et Solidaire, les bonnes pratiques porteuses d’avenir, organisée par la Cres Centre, Cresol et CPCA au Centre de Conférence d’Orléans.
26 novembre, St-Brieuc
Laurent Fraisse, Au cœur d’une société en crise le choix de l’ESS, conférence organisée par l’URIOPSS, AFPE Centre Louis Guilloux de 9h00 à 13h00.
26 novembre, Caen
Tarik Ghezali, Innovation sociale et économie sociale et solidaire, conférence organisée par la Cress, Région Basse-Normandie et l’Université de Caen, 14h -17h.
3 décembre, Reims
Laurent Fraisse, clôture du Mois de l’ESS organisée par CRESCA à 17h30 la Caisse d’Epargne.
4 décembre, Montpellier
Tarik Ghezali, L’innovation sociale : quels enjeux pour l’économie sociale ? Convention des entreprises de l’économie sociale Conventis (3 et 4 décembre), organisée par la Cress, la Région Languedoc-Roussillon, au Corum, 09h30-12h.
La crise : Des opportunités perdues ?
La crise de 2007/09 a posé la question centrale du bien fondé du processus de financiarisation qui, pendant les 30 dernières années, a fait de la finance le centre névralgique de l’économie et de la société mondiale. Même si, aujourd’hui, les pratiques et les habitudes réflexes reviennent rapidement, ces doutes et inquiétudes de fond vont continuer à déranger les esprits. Si le doute est pris au sérieux, il peut déboucher sur une régénérescence du système socio-économique. Si, par contre, cette remise en question est étouffée, la crise de 2007/09 pourrait bien n’avoir été que la répétition générale d’un effondrement systémique à venir. Les intervenants et les participants aux tables-rondes de la rencontre « Ethique, Finance & Responsabilité » analyseront et débattront des changements et des mises en questions que la crise aura – ou, dans certains cas, aurait - permis de porter à terme.
Thèmes abordés :
Cérémonie de remise du « Ethique en finance, Prix Robin Cosgrove »
L’esprit des rencontres internationales Ethique, Finance & Responsabilité
Le contexte d’une finance toujours plus mondialisée amplifie la tentation des acteurs de se réfugier dans des paradigmes rassurants et d’évacuer ainsi la question plus complexe de l’effet de leurs décisions sur le bien commun. Ainsi, au niveau individuel et institutionnel, les critères gouvernant la prise de décision se résument trop souvent à des préoccupations de rentabilité et réduisent la notion de responsabilité à une dimension strictement juridique et le terme éthique à des règles déontologiques.
C’est dans cette perspective que l’Observatoire de la Finance organise ses Rencontres Internationales intitulées « Ethique, Finance et Responsabilité » depuis 2002.
L’objectif principal des Rencontres « Ethique, Finance et Responsabilité », articulées autour de tables-rondes, est d’offrir un éventail d’exemples et d’analyses portant sur la question du rapport entre la finance et l’éthique. Car, à l’heure actuelle, il est de plus en plus essentiel d’affermir le discernement des opérateurs financiers pour que leurs décisions soient responsables et éthiquement fondées.
Les intervenants - issus des milieux académiques et intellectuels, des milieux financiers, des régulateurs publics et des ONG – sont originaires de toute l’Europe, mais aussi des Etats-Unis ou d’Afrique.
« Innover contre la pauvreté : inventer les outils d’une économie populaire »
En 1998, Joaquim Melo inaugurait, avec 2 000 reais, la première « banque communautaire » du Brésil : la Banque Palmas.
Douze ans après, 46 autres banques communautaires ont été créées sur ce modèle dans le pays et près de 3 600 au Venezuela. Et l’Institut Palmas dispose aujourd’hui d’un porte-feuille de près de 2 millions de reais.
A travers son témoignage à paraître le 15 octobre (*), l’inventeur du système Palmas retrace la formidable aventure humaine qui l’a conduit à générer l’une des réponses les plus expertes et adaptées aux impacts des politiques économiques et des crises financières modernes sur les populations les plus vulnérables.
La force des banques communautaires est d’associer ingénieusement deux armes dans le combat contre la pauvreté et l’exclusion sociale : le microcrédit et une monnaie locale.
A l’invitation de Jacques Muller, Sénateur Vert du Haut-Rhin, Joaquim Melo débattra du système Palmas et des innovations dans la lutte contre la pauvreté avec une dizaine d’acteurs engagés sur le terrain de la réduction des inégalités : gouvernement, institutionnels, associations, chercheurs et élus. Ils partageront leur expertise des technologies et politiques éco-sociales à mettre en œuvre pour l’avènement d’une véritable démocratie économique, à toutes les échelles de territoire.
Partenaire financier de la Banque du Brésil depuis 2005, l’Institut Palmas a reçu, en 2008, le Prix des Objectifs du Millénaire pour le Développement décerné par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et le Secrétariat général de la Présidence de la République du Brésil.
Programme en téléchargement sur http://www.banquepalmas.fr
Les intervenants
Jérôme Faure, Délégué interministériel à l’innovation, à l’expérimentation sociale et à l’économie sociale,
Robson Rocha, vice-Président de la Banque du Brésil,
Jean-Luc Perron, Délégué général de la Fondation Grameen-Crédit Agricole,
Francine Bavay, Vice-Présidente du Conseil Régional Ile-de-France en charge du développement social et de l’économie sociale et solidaire,
Sayeeda Rahman, Responsable du microcrédit et de l’éducation à l’UNESCO,
Eric Gignet, Délégué de la Fondation Macif, responsable de l’économie sociale et solidaire du Grand Est,
Bernd Balkenhol, Directeur Section microfinance de l’Organisation Internationale du Travail (sous réserve),
Emmanuel Landais, ADIE (Association pour le droit à l’initiative économique),
Patrick Viveret, Chercheur, philosophe, essayiste, Conseiller référendaire à la Cour des Comptes, auteur du rapport « Reconsidérer la richesse »,
Yves Cabannes, Professeur à l’University College London, chercheur, spécialiste en planification urbaine et en démocratie participative.
(*) Viva Favela ! Quand les démunis prennent leur destin en main, Editions Michel Lafon
Conférence au Sénat en présence de Joaquim Melo, Coordinateur de l’Institut Palmas - Brésil
Le 16 octobre 2009 - 14h – 18h
Palais du Luxembourg - Salle Monnerville - 15 rue de Vaugirard. 75006 Paris
M° Odéon/RER Luxembourg
Inscriptions avant le samedi 10 octobre (places limitées) : conference.innover@gmail.com
Contact Presse :
Institut Palmas
Carlos de Freitas
Pour l’édition 2009, 300 exposants et 20 000 visiteurs sont attendus. Une occasion de faire le point sur le commerce équitable, de rencontrer des professionnels du secteur, de découvrir les nouveaux produits, d’échanger avec les producteurs du Sud, d’assister à des conférences sur les sujets d’actualité du commerce équitable...
Retrouvez les informations sur le salon sur : www.salon-europeen-commerce-equitable.org
Le salon est organisé par :
Equi’Sol
FLO
IFAT
Eine Welt Netz NRW
Bananalink
AVSF
La PFCE
Qui se cache derrière le commerce équitable ? Découvrez la série "Paroles de commerces équitables". Portraits et points de vues professionnels, du producteur au distributeur.
Le colloque « Formuler une politique pour l’économie sociale » réunira des responsables de politiques, des chercheurs de pointe, des aménageurs de communautés, ainsi que la prochaine génération de leaders en matière d’économie sociale : nos étudiants.
Cette rencontre de partenaires et de réseaux multiples se basera sur les résultats de recherches récentes pour préparer les fondements d’un dialogue sur le rapprochement de la pratique et des politiques en économie sociale.
La co-production de politiques publiques pour l’ESS :
Le Programme Canadien de Recherche en Economie Sociale, co-dirigé par le Réseau canadien CED (avec des partenaires praticiens et universitaires à travers tout le Canada) a développé une analyse globale comparative des instruments de politiques publiques en développement dans le monde entier et qui visent à renforcer l’économie sociale et solidaire de manière à ce que celle-ci soit un moyen de résoudre la pauvreté, d’assurer la durabilité alimentaire, écologique, le développement humain et de satisfaire les autres besoins dans le contexte de la triple crise — sociale, économique et environnementale — à laquelle la planète doit faire face. Nous souhaitons appliquer les conclusions de cette analyse à un processus de recherche-action participatif de manière à ce que les acteurs de l’économie sociale et solidaire prennent part à la coproduction d’un programme de développement de politiques à tous les niveaux de gouvernement au Canada, qui culminera avec une importante conférence en 2010.
A la veille du sommet du G20 de Pittsburgh (24-25 septembre 2009), l’Association Internationale des Investisseurs dans l’Economie Sociale (INAISE), la Fédération Européenne des Banques Ethiques et Alternatives (FEBEA), avec la National Community Reinvestment Coalition (NCRC) alliée à la Global Coalition for Responsible Credit (GCRC) s’unissent pour demander aux gouvernements du G20 d’associer les acteurs de l’économie solidaire aux réformes du système financier. Elles présentent 12 mesures pour que les pays du G20 s’engagent immédiatement dans la création d’un nouveau système financier efficace, socialement utile et solidaire.
Faut-il un G20 bis pour être entendu ?
A l’heure où les grandes institutions financières subissent de plein fouet une crise qu’elles ont contribué à créer, les financeurs solidaires affichent une croissance positive due à la confiance qu’ils inspirent. A elles seules, les banques réglementées du réseau INAISE présentent un total de bilan de plus de 10 milliards d’euros en 2009, et connaissent une croissance annuelle de 30% depuis le début de la crise. A l’écart des soubresauts financiers, leurs activités de crédit et d’investissement sont restées rentables. Ces résultats confirment la pertinence de notre modèle de gestion prudente, tournée vers le long terme. Ils confortent nos choix historiques d’investissement dans des marchés innovants (énergies renouvelables, éco-industrie, éco-habitat, agriculture durable, commerce équitable) et donnent raison à notre conception d’une finance utile au service du développement des territoires, des populations défavorisées, de la culture et de la création d’entreprises.
Au total, l’économie solidaire crée environ 10% de l’emploi au Etats-Unis et en Europe.
« Cela nous impose un devoir de vigilance sur les règles qui assurent la sécurité et la crédibilité des banques et des autres institutions financières » souligne Marcel Hipszman, Président du réseau INAISE. Nos 12 propositions s’appuient sur des méthodes et des pratiques mises en place par les membres de nos fédérations ; certaines de ces propositions ont déjà été adoptées par des Etats membres du G20. Elles visent à instaurer dans tous les pays membres une obligation d’assurer toute prestation financière selon les principes d’une finance responsable. Elles visent également à mettre en place un système de contrôle réellement effectif sur toute la chaîne des prestations financières en y associant également les usagers. Elles rappellent la nécessité de limiter et d’encadrer les rémunérations. Nos propositions visent enfin à s’assurer que chaque institution financière serve tous les publics sur tous les territoires et prenne en compte les impacts sociaux et environnementaux. Elles ont pour pivot la mise en place d’une régulation renforcée et commune aux pays du G-20.
Pièces jointes : versions en anglais et en français du communiqué de presse complet avec les 12 propositions.
Pour tout complément d’information : Contact presse : Marie de Fouchier +33 (0)6 08 46 37 20
U.S Contact
Jesse Van Tol, Special Assistant to the President & CEO, National Community Reinvestment Coalition (NCRC)
727 15th Street, NW, Suite 900, Washington, DC 20005
TEL : +1 (202) 464-2709 | www.ncrc.org
European Contact
Marcel Hipszman, Président de INAISE
rue d’Edimbourg 26 - B-1050 Bruxelles, Belgique
Tel : +33 (0) 6 11 26 17 37 www.inaise.org
Fabio Salviato, Vice Président de la FEBEA
Tel : +39 34 72 10 01 51
Qui sommes nous ?
INAISE
Créée en 1989, l’Association Internationale des Investisseurs dans l’Economie Sociale(INAISE), est un réseau mondial de financeurs solidaires basé à Bruxelles regroupant plusieurs centaines de banques, organismes de microfinance, fonds de garantie et sociétés d’investissement en Europe, Amérique du Nord, Amérique du sud, Afrique, Asie du sud est et Australie. Les membres du réseau INAISE ont un savoir-faire particulier dans le financement des entreprises –notamment coopératives- et des associations dans les domaines des énergies renouvelables, du commerce équitable, de la culture, de la santé et des services sociaux. Les banques du réseau INAISE connaissent une croissance régulière. A fin 2008, leur total de bilan atteignait 10 milliards euros avec une croissance de 61% sur la période 2007-2008.
FEBEA
Créée en 2001, la Fédération Européenne des Banques Ethiques et Alternatives – FEBEA est une association basée à Bruxelles qui regroupe des institutions financières européennes issues de l’économie sociale et solidaire. La FEBEA compte 25 membres basés dans 11 pays de l’Union Européenne, et dans deux pays de l’AELE. Banques écologiques, banques coopératives, coopératives d’épargne et de crédit, sociétés financières, de capital risque, fondations, les établissements membres de la FEBEA sont divers par leur forme mais tous partagent le même souci de transparence et d’utilité sociale et environnementale. Ils totalisent ensemble près de 21 milliards d’euros de total de bilan et environ 528 000 clients et sociétaires. La FEBEA est un lieu d’échanges et de dialogue, de partage d’expériences et de bonnes pratiques. Ces échanges ont produit notamment la création d’outils innovants comme le fonds de garantie « Garantie Solidaire » et la société d’investissement européenne appelée SEFEA.
NCRC
Fondée en 1990, la National Community Reinvestment Coalition – NCRC - est basée à Washington DC. Elle regroupe plus de 600 associations et organisations locales, fonds et entreprises sociales qui promeuvent l’accès universel aux services bancaires élémentaires (crédit, épargne) pour construire et entretenir le logement social, créer de l’emploi et développer la citoyenneté. NCRC dirige un fonds qui aide les ménages à risque. Son institut de formation offre une assistance technique et juridique aux associations membres. NCRC mène les partenariats locaux d’innovation dans la distribution de services financiers et sociaux.
GCRC
La Global Coalition for Responsible Credit (GCRC) fédère des organisations locales installées dans 79 pays, dont le Brésil, le Mexique, la Colombie, l’Inde, le Banqladesh, l’Afrique du Sud, le Japon, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Son but est de promouvoir des systèmes financiers équitables avec les produits, services et mode de rémunération respectueux des meilleurs standards et des bonnes pratiques. La GCRC a été créée en 2004 par le NCRC et ses partenaires internationaux grâce aux financements de la Fondation Ford, dans le cadre de l’Initiative internationale pour une banque équitable/GBFI.
International Association of Investors in the Social Economy
Rue d’Edimbourg 26
B-1050 Brussels
Belgium
Tel +32 2 894 46 84
Fax +32 2 894 46 83
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La publication du Rapport Stiglitz nous incite à verser au débat les travaux de Patrick Viveret, philosophe et conseiller à la cour des comptes « Reconsidérer la richesse » (publiée en 2002 aux Editions de l’Aube). Dans ce texte Viveret (photo ci-contre) explique déjà que le PIB est un outil de mesure des flux monétaires sans prise en compte des destructions provoquées par une activité économique peu respectueuse de la nature ou du lien social. Philippe Merlant, co-fondateur de Place Publique en a produit une analyse parue dans Place Publique en 2002 que nous vous proposons à nouveau.
La mission de Patrick Viveret sur "les nouveaux facteurs de richesse" nous invite à revoir de fond en comble nos représentations de l’économie et de la valeur. Dès maintenant, elle peut se traduire en pistes d’expérimentation pour les collectivités locales sensibles à cette démarche. Premières perspectives. "Reconsidérer la richesse" : tel est le titre du rapport rédigé par Patrick Viveret, philosophe et conseiller référendaire à la Cour des comptes, au terme de la mission que lui avait confié Guy Hascoët, ancien secrétaire d’Etat à l’Economie solidaire. Ce travail constitue aussi bien une critique des indicateurs économiques "classiques" - au premier rang desquels le Produit intérieur brut - qu’une analyse des conditions dans lesquelles a pu se développer, dans nos sociétés, une véritable "religion" de l’économie. Pour Patrick Viveret, il s’agit à la fois de défendre le droit à "compter autrement" et de plaider pour celui "à ne pas tout compter… mais à prendre en compte ce qu’on ne compte pas". Autrement dit, tenter simultanément de sortir de la dictature marchande et monétaire sur l’économie et de contenir l’économisme triomphant qui imprègne nos sociétés.
Changer les règles du jeu Fort bien, mais comment s’y prendre ? Toute transformation politique suppose de parvenir à changer quelques règles du jeu. Aujourd’hui, ces règles sont faites pour préserver et conforter le système dominant : l’économie capitaliste de marché. On voit bien, par exemple, que le fait que le PIB n’enregistre que les flux monétaires aboutit à disqualifier toutes les formes économiques non marchandes et non monétaires. Ainsi, le travail bénévole accompli par les associations apparaît purement et simplement comme venant ponctionner des richesses qui, elles, seraient créées par les seules entreprises privées. Les tenants d’une "autre économie" sont donc nécessairement conduits à se poser la question d’un changement des indicateurs et autres règles du jeu.
Changer les règles, cela peut se faire par la loi ou par l’expérimentation (du moins dans un premier temps). Traditionnellement, la culture de gauche favorise le passage direct par la loi, qui émane de la représentation populaire et s’impose à tous. Mais les difficultés que l’on rencontre à construire un véritable intérêt général montre que le processus législatif n’est pas toujours la panacée. La gauche n’aurait-elle pas intérêt à réhabiliter la notion d’expérimentation dont la droite, des années durant, s’est faite le champion ?
Dans ce contexte, le local apparaît comme le terrain par excellence de l’expérimentation. D’autant qu’en matière économique, le développement local durable, dans les faits et quelles que soient les divergences entre les différents types d’acteurs, intègre toujours : une dimension économique autre que marchande ; une dimension sociale, culturelle, politique, écologique autre qu’économique…
De plus, les territoires locaux sont souvent le lieu où le débat démocratique peut se nouer autour de désaccords féconds et dynamiques (et non autour d’antagonismes figés). C’est à ce niveau, par exemple, que peut se poser, de manière concrète et pertinente, la question de ce que les citoyens souhaitent valoriser dans leur vie en société.
Le rapport de Patrick Viveret peut ainsi ouvrir la voie à un foisonnement d’expérimentations locales. Voici quelques pistes, qui concernent aussi bien l’évaluation de la richesse créée localement que les incitations aux formes économiques non marchandes, la question des monnaies de proximité et autres systèmes d’échanges, la mise en place de débats démocratiques sur ces questions. Evaluer la richesse créée localement
Quatre idées pourraient être explorées au niveau local, qui permettraient aux collectivités territoriales et aux acteurs économiques et sociaux de se doter d’autres "thermomètres" que ceux habituellement utilisés.
1. Simulation de la richesse créée par les actions bénévoles, notamment associatives. Pour démarrer dans cette voie, une municipalité pourrait, par exemple, à l’occasion d’un forum inter-associatif initié par ses soins, demander aux associations de réaliser elles-mêmes une auto-évaluation de ce qu’elles estiment créer comme richesse pour la collectivité. Ce premier travail pourrait déboucher sur la mise en place de critères et d’indices acceptés par tous.
2. Encouragement à la mise en place de bilans sociétaux. Le bilan sociétal a été inventé par le CJDES (Centre des jeunes dirigeants et acteurs de l’économie sociale) pour permettre aux structures de l’économie sociale d’évaluer l’impact de leur activité sur la société (sur les plans social et environnemental notamment). Un tel outil pourrait être promu par une collectivité territoriale, qui le proposerait alors à l’ensemble des acteurs économiques locaux (marchands et non marchands). On pourrait ainsi évaluer l’impact (négatif quand il s’agit de destruction, positif quand cela contribue à prévenir des risques sociaux et environnementaux) de l’ensemble des activités économiques locales sur la société.
3. Mise en place d’une comptabilité municipale "patrimoniale". Contrairement à la comptabilité privée qui, avec le "bilan", dispose en permanence d’un outil pour évaluer l’état du patrimoine d’une entreprise, la comptabilité publique dispose rarement de données "patrimoniales". Une collectivité territoriale pourrait mettre en place des indicateurs en ce sens, notamment pour évaluer l’état du patrimoine "naturel" de son territoire.
4. Appropriation d’un logiciel permettant des comparaisons et simulations. Une association italienne a développé et promu un système-expert qui permet de calculer un indicateur synthétique à partir de différentes données économiques, technologiques, sociales et environnementales. Cet indicateur variant en fonction du poids que l’on souhaite donner à tel ou tel critère, il est possible de simuler et de comparer les performances de différents territoires à partir du choix - politique - qui est fait de privilégier plutôt tel ou tel facteur. Une collectivité locale pourrait ainsi disposer d’un outil pour ouvrir le débat concernant les effets - sur la mesure de la richesse - des priorités choisies. Inciter au développement de formes économiques non marchandes Plus directement, une collectivité locale peut décider de favoriser les formes économiques non monétaires ou non marchandes, en raison de l’impact positif que ces activités ont sur le territoire.
5. Ouverture d’un fonds public destiné à financer les activités de prévention. A partir de la mise en place d’indicateurs locaux de destruction sociale et environnementale, une collectivité territoriale pourrait ouvrir un fonds public, destiné à financer les activités de prévention des casses sociales et environnementales. Il s’agit là d’une mesure qui s’inscrit dans la logique de l’"activation des dépenses passives".
6. Mise en place de systèmes incitatifs au développement du "capital humain". Tout le monde s’accorde à reconnaître que le "capital humain" constitue désormais la première richesse des entreprises et autres acteurs économiques. Une collectivité a donc pour mission de faire prospérer ce capital sur son territoire. A Grand-Quevilly, dans la banlieue de Rouen, la municipalité a décidé de créer un revenu étudiant pour ceux qui poursuivent leurs études dans l’agglomération, à charge pour eux de participer à des activités de soutien scolaire auprès des plus jeunes. Une logique vertueuse qui vise à développer le capital humain local, et que d’autres collectivités pourraient suivre sinon systématiser…
7. Mesures d’appui aux activités d’économie sociale et solidaire. Certaines activités d’économie sociale et solidaire s’apparentent à des prestations marchandes, mais elles ne peuvent être considérées comme "concurrentielles" de celles des prestataires privés, dans la mesure où elles s’accompagnent d’effets sociaux bénéfiques pour toute la collectivité (renforcement du lien social, dynamique d’appropriation collective, expression des citoyens sur les problèmes qui les concernent, etc.). Là, les municipalités ont un rôle crucial à jouer, notamment lorsqu’il s’agit d’attribuer des marchés. Ainsi, une Ville - à condition de respecter les clauses du code des marchés publics - peut choisir de privilégier une Régie de Quartier plutôt que des entreprises privées effectuant le même type de travail dans les quartiers d’habitat populaire (entretien des espaces verts, ménage des parties communes, enlèvement des encombrants, services de médiation nocturne…). Mettre en place des systèmes d’échanges et monnaies de proximité Constatant que la monnaie officielle joue souvent un rôle d’exclusion, les collectivités locales peuvent s’engager à promouvoir des monnaies de proximité ou des systèmes d’échanges basés sur le temps.
8. Travail de repérage et d’analyse sur "le temps des femmes". Première femme élue députée au Parlement néo-zélandais, Marilyn Waring s’est fait connaître par une critique sans concession des systèmes nationaux de comptabilité. Depuis, dès qu’elle arrive dans un nouveau pays, elle s’efforce d’en comprendre la structuration sociale en interrogeant les femmes sur leur emploi du temps. Des évaluations de ce type pourraient périodiquement être menées par une collectivité territoriale afin d’identifier une part de la richesse créée mais non comptabilisée.
9. Encouragement à la mise en place de SEL ou de banques du temps. Les systèmes d’échanges locaux sont nés au Canada et en Grande-Bretagne dans les années 80, avant de s’implanter en France au milieu des années 90. Ils permettent d’échanger des biens, des services ou des savoirs dans une unité d’échanges locale basée sur le temps. Le principe des "banques du temps", nées en Italie des luttes de femmes, est sensiblement similaire. Mais chez nos voisins, la loi nationale sur les temps sociaux, votée en 1990, oblige les mairies à soutenir ces banques du temps (prêt d’un local, ouverture d’une ligne téléphonique, etc.). En France, une collectivité locale ne pourrait-elle pas choisir de s’engager de son plein gré dans cette voie ?
10. Participation des collectivités locales à l’expérience Sol. Le projet Sol consiste à créer une monnaie électronique affectée aux réseaux de l’économie sociale et solidaire. Les Sols peuvent être acquis en achetant des biens et services de l’économie sociale et solidaire, en ayant un comportement civique tendant à réduire les destructions, en s’impliquant dans des activités bénévoles et citoyennes. Ils peuvent servir à acheter des biens et services de l’économie sociale et solidaire, à accéder à des biens collectifs (accès à la culture…), à soutenir des initiatives locales ou de grandes causes. Une collectivité territoriale pourrait participer à une telle expérience, par exemple en abondant les Sols acquis par les personnes. Organiser le débat démocratique sur ces questions Il ne suffit pas de critiquer les indicateurs officiels ou de plaider pour l’existence de monnaies plurielles. L’enjeu, pour les collectivités territoriales, c’est aussi de remettre les choix économiques entre les mains des citoyens. Donc de conjuguer nouvelle approche de la richesse et démocratie participative.
11. Couplage du budget participatif avec des démarches de simulation de la perte. Initiées notamment au Brésil, les expériences de budget participatif ont l’immense avantage de replacer certains choix budgétaires entre les mains des citoyens et de mettre ainsi en lumière les priorités choisies. Mais elles s’appuient sur des indicateurs "classiques" qui survalorisent les activités monétaires. On pourrait coupler des innovations de ce type avec des démarches visant à valoriser les biens et services par simulation de leur perte. Ce qui revient à poser aux citoyens plus directement la question : qu’est-ce qui a de la valeur pour nous ?
12. Mise en place d’indicateurs de dissociation et ouverture de débats publics. On parle d’indicateur de dissociation dès que l’on repère un "grand écart" entre les indicateurs économiques classiques et des données sociales et environnementales. Une municipalité pourrait décider d’ouvrir le débat public (en utilisant notamment des outils de type "conférences de citoyens") dès qu’un tel indicateur est repéré et donne ainsi matière à des interprétations divergentes.
Article de Place Publique
Voir aussi article de ce numéro : Rapport Stiglitz : le PIB, un indicateur de croissance dépassé.
Par Agnès Rousseaux, Sophie Chapelle (2 septembre 2009)
Dans notre société quantifiée, chronométrée, financiarisée, monnayée, rentabilisée, le philosophe Patrick Viveret, proche du mouvement altermondialiste, nous interpelle : « Qu’est-ce qui compte vraiment dans nos vies ? » Les expérimentations de monnaies alternatives en France ou en Argentine, l’émergence de nouveaux indicateurs de richesse ou les actuelles remises en cause du capitalisme financier, sont autant de signes que des transformations sociales et individuelles sont discrètement à l’oeuvre. Le philosophe revendique aussi le droit à ne pas tout compter.
En 2000, Patrick Viveret a mené une étude sur les nouveaux facteurs de richesse, à la demande de Guy Hascoët, alors secrétaire d’Etat à l’Economie Solidaire du gouvernement Jospin. Certaines propositions de ce rapport, intitulé « Reconsidérer la richesse », ont été à l’époque qualifiées d’utopistes. Elles sont pourtant aujourd’hui pleinement d’actualité. Au-delà des batailles sur la répartition des richesses, questionner la nature même de la richesse est aujourd’hui un enjeu majeur, comme nous l’explique le philosophe dans cet entretien vidéo. Une invitation à changer de regard sur le monde, pour aller affronter « les zones de haute pathologie collective » où règnent les logiques de captation et d’accumulation.
Interview avec les réponses filmées de Patrick Viveret sur http://www.bastamag.net/spip.php?article601
L’objectif de ce document est d’exposer les projets de la Banque Palmas, en particulier le processus de création de « monnaie sociale ». Ce projet, démarré entièrement par une association de quartier, a été le premier mis en place au Brésil, en 1998, et est considéré aujourd’hui comme une réussite dans la lutte contre l’exclusion et la pauvreté.
« Je souhaiterai,s observant le futur, que notre région de Santa Maria, qui est relativement pauvre, puísse être plus intensement aidée avec une attitude d´espérance. Nous n’avons pas besoin de personnes désanimées, nous ne voulons éluder personne, nous ne voulons pas créer des expectatives fausses, mais une véritable Espérance ». (Dom José Ivo Lorscheiter).
Depuis 1994 a lieu, à Santa Maria, RS, la Foire d’économie sociale (Feira da Economia Solidária), qui aurait complété, les 10, 11, et 12 juillet 2009, sa 16ème Édition régionale et sa 5ème Éditon internationale. Cet événement a toujours été planifié et réalisé en collaboration avec la force de l’économie éociale (Economia Solidária) en réseau avec le Forum Brésilien d’Économie Solidaire (Fórum Brasileiro de Economia Solidária), différents Forums régionaux, les 60 Commissions d’organisation de Santa Maria pour le projet Espérance/Coespérance « Projeto Esperança/Cooesperança » du Diocèse de Santa Maria, RS, des entités partenaires, des organisations gouvernementales et non gouvernementales, des mouvements sociaux et les entreprises sociales (solidaires), d’une manière très organisée, engagée à mettre sur pied cette Foire durant 16 ans.
La Foire de Santa Maria fait partie d’un Programme national de Foire en réseau avec les politiques publiques au Brésil et qui fortifie le commerce équitable et la consommation éthique et solidaire. À partir de 2001, la Foire est devenue une marque nationale avec la participation de plusieurs entreprises d’autres régions (États) et d’autres pays, devenant ainsi LA FOIRE NATIONALE ET INTERNATIONALE DE L’ÉCONOMIE POPULAIRE SOCIALE (SOLIDAIRE) et confirmant que « UNE AUTRE ÉCONOMIE SE RÉALISE ». L’événement de 2008 avait réuni environ 145 milles personnes de 25 pays, de 27 États (régions) brésiliens, d’environ 400 Communes, avec la participation de 850 entreprises sociales (solidaires) et plusieurs réseaux d’économie sociale d’Amérique latine et d’autres continents, occupant de nombreux et significatifs espaces de formation comme : des séminaires nationaux et internationaux, des ateliers, marche internationale et eucuménique pour la Paix, Debout Juventude, partage d’expériences et moments culturels avec la présence des différentes cultures, ethnies et un grand nombre de peuples indigènes de différentes tribus.
La Foire de Santa Maria : « Une expérience apprenante et enseignante »
L’édition de l’année 2009 entre dans l’histoire de manière différente. Les efforts et le travail bénévole des 60 commissions formées par les entreprises solidaires qui composent le Réseau du projet Espérance/Coespérance « Projeto Esperança/Cooesperança » intégré dans le travail social de la Banque de l’Espérance (Caritas Dioceseme) du Diocèse de Santa Maria- RS, de la Caritas Brésilienne et de la Caritas Régionale/RS, du SENAES (Sécretariat National d’Économie Sociale), du IMS (Institut Mariste de Solidarité) et de nombreuses autres entités partenaires et sponsors, qui viennent travailler pour cet événement depuis un an, furent interrompus et annulés. Pourquoi la Foire n’a pas eu lieu quand les autres événements dans la ville se réalisaient ? L’allégation du Juge Dra. Eloísa Helena Hernandez de Hernandez fut « qu´il y aurait agglomération de personnes », un risque pour la propagation de la Grippe A (H1N1). Qu’en est-il des autres agglomérations : les autobus, les cinémas, les shoppings, les Fêtes, les boites de nuit, les différents marchés, les jeux, la Fête de la Patate Douce, la Grande Foire de Voitures, les écoles, les différentes églises, les nombreux autres événements qui provoquent l’agglomération de personnes en lieux fermés, au centre-ville, du RS du Brésil ? Serait-ce que l’air de notre événement est différent ? Notre nourriture est différente ? Notre travail est différent ? Notre ambiance est différente ? Ou serait-ce que le véritable motif est que l’économie sociale (solidaire) ouvre pour le monde la possibilité d’un modèle économique de développement solidaire, durable et d’inclusion sociale, de partage, de sauvegarde de la dignité humaine où les exclus de ce processus actuel ont voix et droit à une participation interactive ?
Voyez ici bas la chronologie des faits :
1. 2 juillet 2009, les responsables des commissions de la Foire du projet Espérance/Coespérance « Projeto Esperança/Cooesperança » et de la Préfecture municipale de Santa Maria se sont réunis avec le Dr. José Haidar Farret, sécretaire municipal de la Santé, pour discuter de l’équipe de santé avec les professionnels, et de l’Unité mobile durant les 3 (trois) jours de la Foire. Le Dr. José Haidar Farret a confirmé que son équipe fera tout pour donner assistance pendant tout l’événement, incluant pour le 4ème Debout Juventude qui y fera son campement. Ainsi, nous sommes restés plus tranquille avec ce soutien du Sécretariat de la Santé pour la Foire.
2. 2 juillet 2009, une grande réunion avec les différents secteurs de la santé, des représentants de la Préfecture municipale et de la Commission centrale de la 16ème FEICOOP a été tenue. Pendant cette réunion, il y a eu de longs débats où les secteurs de la santé voulaient annuler tous les événements de la Foire, mais la Commission de la Foire a pondéré et a décidé d’annuler les événements internationaux, et la décision fut transmise le jour même au Préfet municipal Cézar Schirmer, qui a manifesté son accord pour le maintien des événements nationaux.
3. 3 juillet 2009, tous les secteurs de la santé antérieurement mentionnés se sont réunis avec le Promoteur public de défense communautaire, Sr. João Adede Y Castro. Pendant cette réunion, le Promoteur a recommandé aux organisateurs l’annulation de tous les événements relatifs à la Foire et à la Préfecture municipale. Il a été exigé l’annulation de tous les événements. Les documents ont été transmis à la Commission de la Foire le jour même aux environs de 17 heures.
4. 4 juillet 2009, au Centre de Référence d’économie sociale (solidaire) Dom Ivo Lorscheiter, Rua Heitor Campos, s/n, Santa Maria, RS, se sont réunis environ 170 membres des différentes commissions, qui ont sollicité, sous la tutelle d’un avocat, une reconsidération des faits. Cette négociation s’est tenue jusqu’au 7 juillet 2009, à 16h30, alors qiu’il fut annoncé, par le biais de la presse, par la Préfecture municipale, la RÉALISATION de tous les événements nationaux, parce que les commissions avaient déjà annulé les événements internationaux, avec l’accord du Préfet municipal Cézar Schirmer. Aux environs de 18h, le Promoteur de défense communautaire Dr. João Marcos Adede Y Castro est entré avec Action de Jurisprudence, exigeant l’annulation de tous les évenements nationaux et internationaux.
5. 8 juillet 2009, vers 10h30, fut transmis aux organisateurs la décision d’annulation totale et obligatoire de tous les événements, avec une condamnation à payer environ 18 520 € (dix huit milles cinq cents vingt Euros) en cas de non respect de la décision de justice, pour chaque entité : Préfecture de Santa Maria, l’Archidiocèse de Santa Maria, la Banque de L’Espérance et le projet Espérance/Coespérance « Projeto Esperança/Cooesperança », responsables des évènements de 2009.
6. Du 1er juillet au 12 juillet 2009, se sont tenues de nombreuses réunions avec l’équipe centrale de la Foire, les commissions et les entités partenaires. Nous avons reçu des milliers d’appels téléphoniques et courriels demandant une clarification de la situation. L’annulation totale de la foire nous a été transmise seulement un jour et demi avant le début des événements nationaux, rendant pratiquement impossible l’avertissement des caravanes qui venaient de loin et qui étaient déjà en route.
Quant à celles qui étaient déjà sorties de leurs villes d’origine, elles ont été bien reçues. Nous avons manifesté notre profonde indignation au promoteur Dr. João Adede Y Castro et au Juge Dra. Eloísa Helena Hernandez de Hernandez, qui n’ont pas eu la capacité d’écouter les organisateurs en premier (qui n’ont pas eu de droit de défense, ni de clarification des faits). Cette indignation a gagné la toile ainsi que tous les forums nationaux et internationaux d’économie sociale. Cette solidarité, aujourd’hui, fortifie la construction d’un nouveau modèle de développement solidaire et substantiel avec des politiques publiques à travers un nouveau modèle d’organisation, de production et de commerce équitable, une consommation éthique et solidaire. En réalité, le « Coeur de l’économie sociale (solidaire) a été mondialement blessé. Quand est arrivé l’annulation des événements nationaux, le 8 juillet 2009, 15 caravanes étaient déjà sorties de leurs différents États. Ces caravanes ont quand même réalisé à Santa Maria un grand moment de partage, d’échange d’expériences et de formation dans divers lieux de la ville et de la région. Entre autres, la visite du tombeau de Dom Ivo Lorscheiter (précurseur de l’économie sociale au Brésil), dans le sanctuaire de la basilique Notre Dame Medianeira ; la marche de l’Espérance, où des milliers de personnes en harmonie et pour la même cause ont clamé : force, courage, justice et liberté, fortifiant ainsi la Toile de l’Espérançe dans la perspective d’ « Un autre monde possible ». Après ces trois jours, devant un système exclusif et oppresseur, il est nécessaire et urgent que l’économie sociale (solidaire) se réalise à travers un grand mouvement mondial.
Pour cela, il a été lancé pour le mois de janvier 2010, la célébration des 10 ans du Forum Social Mondial dans la région métropolitaine de Porto Alegre. La réalisation du 1er Forum Mondial de l’économie sociale (solidaire) sera précédé de la 1ère Foire Mondiale d’Économie sociale (solidaire), à Santa Maria - RS - Brésil. Cet événement sera réalisé avec la présence de tous les réseaux mondiaux, de tous les continents, avec la certitude qu’ « Un autre monde est possible » et qu’ « Une autre économie est déjà en train de se réaliser ».
« Si tu veux planifier pour un an : plante des céréales ; Si tu veux planifier pour 30 ans : plante des arbres ; Si tu veux planifier pour 100 ans : organise et motive l’organisation du peuple » (Proverbe Chinois).
Version française : Economie Sociale du Quebec
Pour plus de détails sur les actions décrites dans ce texte, ici
« Réconcilier l’économie et la société »... Ce principe inscrit au fronton de l’économie sociale revient à la mode. Avec l’échec du capitalisme financiarisé et la mise en cause des politiques prônant l’individualisme et le court terme, l’esprit associatif, mutualiste et coopératif est de plus en plus fréquemment évoqué. Sa mise en œuvre concrète par des milliers d’entreprises met en lumière les paradoxes d’un modèle où coexistent maraîchers solidaires et banques d’affaires, expérimentation et refondation du capitalisme.
Une banque sociale, la Shore Bank, qui veut changer le monde en ouvrant l’accès au crédit aux populations défavorisées des quartiers de Chicago, Detroit ou Cleveland ; une société coopérative, Autocool, qui propose un service d’autopartage de véhicules, accessible vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, grâce à un réseau de stations urbaines de proximité. Une collectivité locale qui lance une coopérative pour accompagner les projets de création d’épiceries solidaires dans trois communes de l’agglomération périgourdine... Pas de doute. Les entreprises sociales et solidaires suscitent des vocations.
Les responsables politiques, qui ont longtemps ignoré, méprisé ou minimisé leur rôle en les reléguant au rayon des « accidents de l’histoire », les appellent désormais en renfort, en particulier sur le terrain du développement durable et de la solidarité. Un signe : l’inauguration, le 12 mars, d’une Ecole de l’entrepreneuriat en économie sociale, à Marseille, la première du genre en France. Même si les chiffres restent modestes, l’évolution en France du nombre de sociétés coopératives de production (SCOP) indique une dynamique : il a triplé en huit ans (mille neuf cent cinquante SCOP en 2009).
A une autre échelle, le plan d’action du président américain Barack Obama, présenté le 9 février, prévoit des investissements importants pour favoriser la création d’entreprises de ce type. Le 19 février, le Parlement européen a adopté, par cinq cent quatre-vingts voix pour (vingt-sept contre et quarante-quatre abstentions), une résolution mettant en évidence le rôle important de l’économie sociale face à la crise. Il constate ainsi que « la reconnaissance des statuts européens pour les associations, les mutuelles et les fondations est nécessaire pour garantir l’égalité de traitement des entreprises de l’économie sociale dans les règles du marché intérieur ». Une présence sur tous les continents
Mais qu’est-ce au juste que l’économie sociale ? La Commission européenne parle de « troisième système ». Certains utilisent le terme de « secteur à but non lucratif ». Il inclut en tout cas une multiplicité d’acteurs : associations, fondations, mutuelles, coopératives... S’écartant théoriquement de la logique capitaliste, dans laquelle celui qui finance décide, le projet, collectif, n’appelle pas à l’accumulation du capital. « Le profit n’est donc pas le but de ces entités, explique Mme Antonella Noya, analyste des politiques au sein du programme OCDE-LEED (1). Ce qui ne veut pas dire qu’elles ne doivent pas réaliser des bénéfices, essentiels pour assurer la stabilité financière et donc la pérennisation de la structure. »
Pour M. Thierry Jeantet, directeur général d’Euresa, un réseau européen regroupant des mutuelles et des coopératives d’assurance, « l’économie sociale a toujours été dans le marché, mais pas dans le monétaire. Ceux qui veulent l’écarteler entre le marchand et le non-marchand n’ont pas compris sa nature ».
Qu’il s’agisse des charities — organismes de bienfaisance à l’anglaise —, des organisations autogérées allemandes (Netz), des « communautés » au Brésil, ou des SCOP à la française (2), l’économie sociale est animée par des principes démocratiques qui forment une ligne de rupture avec le capitalisme, soutient M. Jeantet. « Ces règles impliquent l’épanouissement de la personne, la libre adhésion, la juste répartition de la création de richesse, l’indépendance vis-à-vis des Etats, les valeurs collectives de solidarité, la gestion équitable. » Ici, une personne égale une voix, à la différence des sociétés où une action égale une voix. Dans les SCOP, les salariés détiennent au minimum 51 % du capital et représentent au moins 65 % des droits de vote, mutualisant ainsi les risques et les grandes décisions.
Deux tendances traversent l’économie sociale. D’une part, l’« européenne », qui développe une vision de l’entrepreneuriat collectif. D’autre part, l’« américaine », plus rivée aux services et à une démarche individuelle. « Les fondations, les organisations de charité et les trusts sont la plupart du temps localisés aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Australie, confirment Ermanno Tortia et Carlo Boragaza, de l’université italienne de Trente, alors que les coopératives, organisations et sociétés mutualistes ont une tradition plus forte dans les pays européens continentaux. »
On trouve davantage de coopératives de consommateurs et de logements au Royaume-Uni et en Suède, où les structures de parents et de travailleurs jouent un rôle important — à hauteur de 12 % — dans le système de garderie d’enfants. En Allemagne, le troisième secteur est bien représenté par les mutuelles d’assurance. De petite taille, souvent spécialisées et territoriales, les coopératives ont trouvé un terreau fertile en Espagne et dans la péninsule italienne. Les mutuelles de santé sont particulièrement toniques en Belgique, en Irlande et aux Pays-Bas, ainsi qu’en France, où le secteur agricole est lui aussi très coopératif (neuf exploitations sur dix) ; 60 % des dépôts des Français se font dans des établissements de ce type — Banques populaires, Caisses d’épargne, Crédit agricole, Crédit mutuel... —, qui emploient cinq cent mille personnes. Mais on trouve aussi des coopératives dans l’agroalimentaire (Yoplait), dans la grande distribution (Système U, Centres Leclerc) ou encore dans l’optique (Krys ou Optique 2000). Des noms, connus, qui amènent à hausser un sourcil surpris et à se poser une question : pour le client occasionnel, quelle différence entre une enseigne coopérative et une enseigne classique ? Dans le cas du Crédit agricole, par exemple, elle ne saute pas aux yeux...
Evoquant l’exemple de deux opticiens, cet ancien franchisé de Lissac, qui a décidé d’adhérer à la coopérative Atol en achetant une part de son capital social, constate : « Les deux se ressemblent ; ils nous font profiter d’un réseau national. Mais, dans les coopératives, il y a la souplesse et la démocratie en plus. On a un droit de regard sur le fonctionnement. » Chaque adhérent, quelle que soit l’importance de son entreprise, participe à l’élection du conseil d’administration, ce qui lui permet d’avoir voix au chapitre, par exemple, sur le choix... des campagnes de promotion.
Ces entreprises « appartiennent collectivement à leurs sociétaires et ne sont ni “opéables” ni cessibles car leurs fonds propres sont impartageables, souligne-t-on à la Fédération nationale des coopératives de consommateurs (FNCC). Cette indépendance leur permet de s’engager sur le long terme comme acteurs d’un développement pérenne ». Le client d’une de ces enseignes désireux de participer à la définition des produits proposés ou de s’investir dans son fonctionnement peut le faire — mais le sait-il ? — en s’acquittant du paiement d’une part sociale. Sa voix, au cours de l’assemblée générale, sera égale à celle des autres coopérateurs.
Dans un autre registre, l’affaiblissement programmé de l’Etat-providence conduit à un transfert vers l’économie sociale de certaines missions désormais non ou mal assumées. Le Québec a ainsi mis en place, à partir de 2004, une politique en faveur des groupes de femmes, des associations pour l’environnement et des coopératives de santé. Aux Etats-Unis, les Community Development Financial Institutions (CDFI) jouent un rôle important dans la revitalisation des quartiers.
En France et dans les pays méditerranéens, le tissu associatif vient pallier, dans l’urgence, les lacunes des services publics, notamment face à l’aggravation de la crise du chômage. « L’incapacité de l’économie formelle à créer des emplois en nombre suffisamment élevé a ouvert la porte à des organisations dédiées à la création d’emplois d’insertion, emplois de court terme habituellement financés par l’Etat », souligne M. Peter Lloyd, directeur du cabinet d’étude britannique Ecotec Research and Consulting.
L’exemple de Noncello, la plus grande coopérative sociale d’Italie, avec mille salariés, s’avère particulièrement intéressant. Elle a été créée, il y a plus de vingt ans, par le Centre de santé mentale de la province de Pordenone, à l’initiative de trois psychiatres et de six patients qui venaient de quitter l’hôpital, à la suite de la fermeture, décidée par la loi, de ce type d’établissement (3). Elle forme ses salariés — chômeurs de longue durée, malades psychiatriques, anciens toxicomanes... — à la récupération de l’électroménager. Elle leur permet également d’acquérir une spécialisation dans les soins aux personnes âgées, aux enfants, aux malades d’Alzheimer, etc. Grâce à l’achat d’un laser de dernière génération, la coopérative œuvre aussi dans la découpe de composants (elle fournit le fabricant d’appareils électroménagers Zanussi). Elle a enfin participé à la restauration du théâtre de la Fenice, à Venise, et du sol du Kremlin, à Moscou. Quatre cent mille employés pour dix-huit mille six cents coopératives : on a là, en Italie, l’un des domaines les plus créateurs d’emplois. Nombre de ces coopératives investissent avec succès dans les secteurs de l’« économie verte ».
En Europe, le mouvement coopératif a défini des statuts spécifiques permettant un partenariat entre usagers, bénévoles et salariés, mais aussi entre collectivités et entreprises. Le mouvement espagnol des sociétés de travailleurs associés (sociedades laborales) a pu se développer avec vigueur grâce à la création d’un système législatif ad hoc et à l’appui des forces politiques et des pouvoirs publics. Il a permis de créer plus de dix-sept mille sociétés et cent mille emplois en quelques années. Alors que les travailleurs sont majoritaires dans le capital social de l’entreprise, aucun actionnaire, à l’exception des organismes publics, ne peut en détenir plus du tiers.
En France, la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), qui permet d’associer autour d’un même projet des acteurs multiples — salariés, bénévoles, usagers, collectivités publiques, entreprises, associations, particuliers... (on parle de multi-stakeholders (4)) —, constitue un symbole de cette ouverture. On compte actuellement cent trente-quatre SCIC dans l’Hexagone, tels Artisans du monde ou Enercoop. Elles répondent à des demandes auparavant insatisfaites et désormais rentables. Ainsi, Enercoop s’emploie à faire converger producteurs d’électricité, consommateurs et acteurs du domaine des énergies renouvelables. « Les bénéfices de la coopérative seront réinvestis dans la maîtrise de l’énergie et les nouveaux moyens de production d’électricité renouvelable », expliquent les dirigeants de la société (5). N’importe qui peut devenir sociétaire en souscrivant au minimum une part de capital, laquelle donne droit à une réduction d’impôts de 25 % du montant souscrit. Capital verrouillé, dividendes plafonnés
Les nouvelles législations incitent à inclure le champ des coopératives dans un ensemble plus large, mais moins distinct du modèle économique dominant : celui des « entreprises sociales ». « La différence, c’est que ces dernières sont à but lucratif, fait observer Mme Noya. Mais elles s’inspirent des mêmes valeurs. Dans certains pays, elles bénéficient de ce statut à condition de poursuivre des objectifs d’intérêt général et l’amélioration du bien-être individuel et collectif. » C’est le cas au Royaume-Uni avec les Community Interest Companies (CIC), ciblées sur la satisfaction des besoins au niveau local. Le capital en est verrouillé et les dividendes sont plafonnés.
Ces entreprises ont souvent pour projet de décentraliser le pouvoir, d’inventer de nouvelles formes de travail et de privilégier le capital social plutôt que le capital financier. Illustration en est fournie par l’américain Better World Telecom (BWT), un fournisseur d’accès à Internet. BWT consacre 1 million de dollars par an au financement de sa fondation jusqu’en 2010, et 3 % de ses revenus sont versés à l’aide à l’enfance, à l’éducation et à l’environnement, sous forme de dons (6). Bien que ses serveurs informatiques utilisent une énergie d’origine éolienne, l’entreprise entend proposer à ses clients des tarifs beaucoup moins élevés que ceux des majors des télécoms.
Dans cette mouvance, le réseau Ashoka, une association néophilanthropique internationale née en 1980 en Inde, sélectionne et soutient des innovateurs dont l’activité peut changer la vie des populations dans des domaines variés. Ashoka compte aujourd’hui plus de deux mille entrepreneurs dans le monde, qui échangent leurs idées, expériences et « bonnes pratiques ».
Si, pour certaines, ces entreprises « innovantes » s’inscrivent dans une évolution naturelle de l’économie sociale, pour d’autres, leur fonctionnement n’a rien de démocratique, le capital demeurant central. « Ce système intermédiaire de “capitalisme social” permet au capitalisme de paraître plus éthique », estime M. Jeantet.
Y aurait-il donc, d’un côté, les « purs » de l’économie sociale et, de l’autre, des leurres ? Par ailleurs, les coopératives et autres mutuelles sont-elles si vertueuses que cela ? L’évolution de certaines d’entre elles montre que non. Il est parfois difficile de faire la distinction entre telle grande coopérative et une société multinationale. Dans le monde de la banque, l’exposition aux produits toxiques liée à la tourmente financière mais aussi la question des rémunérations des dirigeants en ont fourni l’illustration. Devenues d’imposantes « machines » dirigées par des permanents, certaines coopératives ont échappé au contrôle de leurs adhérents. Des dirigeants peu scrupuleux ont été nommés par souci d’« efficacité », avec comme principal objectif de jouer « dans la cour des grands » à coups de fusions, de filialisations et d’absorptions. Des mutuelles, comme le Crédit mutuel ou le Crédit agricole, sont allées chercher des outils financiers risqués pour se développer. Lors de l’assemblée générale des actionnaires de Crédit agricole SA, le 19 mai 2009, des actionnaires ont ainsi montré leur mécontentement sur la baisse du dividende, et leur « écœurement » sur les avantages en nature des dirigeants. Les Banques populaires, que l’on ne suspectait pas d’affairisme, compte tenu de leur histoire — elles furent créées par des artisans —, mais à qui l’on attribuait plutôt une gestion « de bon père de famille » à l’origine de leur succès, ont été entraînées dans la spirale de l’argent décomplexé. Tout comme les Caisses d’épargne, qui se sont lancées dans la course au gigantisme en mettant sous le boisseau leur statut coopératif et leur vocation de proximité. Les deux coopératives ont donné naissance à Natixis, dont elles contrôlent, à parité, 71,5 % des actions. Ce nouveau-né se révélera friand de produits financiers « toxiques » (7). « Le risque est d’y laisser son âme »
Ces tentations ne sont pas uniques dans le monde de l’économie sociale : tout n’est pas pur sucre ni couleur café sous le ciel du commerce équitable. Le principe de départ, visant à structurer des relations équilibrées entre consommateurs et producteurs, et fondé sur une juste rémunération du travail des paysans des pays en voie de développement, a été quelque peu malmené, du moins si l’on en croit Frédéric Karpyta. Dans La Face cachée du commerce équitable (Bourin Editeur, 2009), le journaliste s’interroge : le commerce équitable peut-il rester vertueux si, pour assurer des débouchés aux petits producteurs de café, de riz ou de coton, il choisit de faire affaire avec les mastodontes de la distribution (8) ?
En réponse, les responsables de Max Havelaar justifient leur stratégie par la démocratisation des produits éthiques. Les ventes du commerce équitable ont en moyenne progressé de 20 % par an depuis 2000. On trouve ce type de produits dans plus de cinquante mille supermarchés et plus de deux mille huit cents boutiques spécialisées. « Le risque est d’y laisser son âme et de créer une dépendance des petits producteurs, sous prétexte de leur ouvrir de plus grands marchés », soutient Karpyta. Des acteurs comme Artisans du monde préfèrent rester en marge.
Dans son livre Repenser la solidarité (Presses universitaires de France, 2007), le sociologue Serge Paugam invite à revoir cette notion. Plusieurs réseaux illustrent cette volonté de valoriser les systèmes d’entraide. Parmi eux, le Réseau intercontinental de promotion de l’économie sociale et solidaire (Ripess). Ses initiateurs animent des structures nationales, notamment le Grupo Red d’Economía Solidaria du Pérou, le Groupe d’économie solidaire du Québec et le Groupe sénégalais d’économie sociale et solidaire.
Pour Mme Noya, il existe « une marge énorme pour la créativité dans le domaine de l’innovation financière. La Fiducie du Chantier de l’économie sociale, au Canada [Québec], offre des prêts sans remboursement de capital avant quinze ans ». Finances solidaires, Bourses sociales, capital patient, social banking, pair à pair bancaire sur le Web : autant de nouveaux modes de placement pour lesquels les investisseurs n’attendent pas un retour financier rapide. Grâce à Internet, ces réseaux surfent sur la multiplication des possibilités d’échange.
L’économie sociale restera-t-elle marginalisée ou est-elle appelée à devenir le socle d’une économie durable ? Selon les organisations de solidarité internationale issues de la migration (OSIM), les flux migratoires vont, dans les années à venir, changer la donne en faveur du codéveloppement. Les pays émergents, eux, n’attendent pas. Au Brésil, une bonne partie de l’insuffisante réforme agraire passe par l’économie sociale, au sein de laquelle vingt mille coopératives sont très actives. L’élection de l’ex-syndicaliste Luiz Inácio Lula da Silva à la tête du pays mais surtout l’action du Mouvement des sans-terre (MST) y sont pour quelque chose.
L’organisation des paysans à travers le MST a permis de mieux gérer la production, la transformation et la commercialisation des produits. Elle a également facilité la diffusion des services de base en milieu rural (santé, éducation, etc.), la revalorisation culturelle des campagnes mise à mal par le « tout urbain », l’agriculture biologique, la protection des semences et des variétés locales. Sans parler de la participation accrue des paysans et des ruraux aux décisions.
Dans les pays de l’Europe orientale, où la période de transition a donné à l’économie sociale une orientation « société civile », l’évolution du secteur n’a pas été simple, l’idée de coopérative étant rejetée du fait de son utilisation pendant l’ère communiste. Des mutuelles de santé sont néanmoins en voie de création en Pologne et en Slovénie.
Dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le rééquilibrage du social et de l’économique constitue aussi un enjeu essentiel. L’« écodéveloppement » théorisé par l’économiste Ignacy Sachs y devient un enjeu reconnu. Mais il faudra gagner en crédibilité sans perdre de vue la finalité du modèle. Cette économie a « constamment besoin de faire le point sur elle-même pour mieux se projeter dans le futur et réaffirmer clairement son rôle d’alternative globale, insiste M. Jeantet. Sa vraie liberté, c’est d’être un projet politique. Ce n’est pas seulement une myriade d’entreprises dans le monde mais un modèle structurant de la société ».
Des dialogues entre acteurs internationaux sont organisés pour lui permettre de gagner en reconnaissance politique. Réunis à l’occasion du dernier sommet des Rencontres du Mont-Blanc, en 2007, les dirigeants ont invoqué un « new deal planétaire » et appelé à un véritable dialogue social dans les grandes instances de régulation mondiales (9). Des dizaines de projets horizontaux et de jumelages existent déjà, par exemple, entre femmes guinéennes et népalaises pour trouver des formes d’énergie nouvelles. Des associations d’Amérique latine et d’Afrique du Sud travaillent ensemble. Des coopérations dynamiques naissent en Colombie avec le soutien du consortium de coopératives sociales italiennes CGM.
L’économie sociale ne chôme pas. Constitue-t-elle une alternative au capitalisme ? Comme le sous-tend M. Jeantet, « elle ne réglera pas le fardeau de la dette des Etats. Elle ne résoudra pas les crises répétées des réserves internationales... Il serait ridicule de penser qu’elle va être un miraculeux opérateur mondial ». A elle de prouver qu’elle peut jouer un rôle original. Yan de Kerorguen.
Banque, Capitalisme, Économie, Entreprise, Solidarité
Yan de Kerorguen Article du Monde Diplomatique
Cofondateur de Place-Publique.fr, auteur de La Mer, le prochain défi, Gutenberg, Paris, 2009.
(1) Organisation de coopération et de développement économiques - Développement économique et création d’emplois au niveau local.
(2) Lire Cécile Raimbeau, « Des travailleurs “récupèrent” leurs entreprises », Le Monde diplomatique, décembre 2007.
(3) Une loi-cadre, votée en 1991, octroie aux coopératives un mandat les habilitant à s’occuper d’insertion.
(4) Le vocabulaire managérial oppose les shareholders (actionnaires) aux stakeholders (littéralement « dépositaires d’enjeux », ou « parties prenantes »). Ces derniers sont des salariés, clients, autorités locales, associations, etc., impliqués dans la marche d’une entreprise.
(5) Le site Internet d’Enercoop.
(6) On ajoutera que BWT participe à la plantation de mille arbres par mois « pour sauver la planète » en précisant toutefois que ce genre d’opération est devenue la tarte à la crème de la « prise de conscience écologique ».
(7) Natixis a été l’établissement français le plus touché par la crise des subprime, accusant une perte nette de 2,8 milliards d’euros en 2008 et de 1,8 milliard d’euros au premier trimestre 2009. Une plainte a été déposée par de petits actionnaires.
(8) Lire Christian Jacquiau, « Max Havelaar ou les ambiguïtés du commerce équitable », Le Monde diplomatique, septembre 2007.
(9) Les 4es Rencontres du Mont-Blanc se tiendront les 9 et 10 novembre, à Chamonix-Mont-Blanc, autour du thème : « Comment nourrir la planète ? Quel rôle pour l’économie sociale ? ».
L’Association des régions de France (ARF) et la Caisse des Dépôts viennent de lancer un site internet dédié aux politiques régionales de soutien à l’économie sociale et solidaire : www.essenregion.org. L’ARF et la Caisse des Dépôts ont souhaité créer un outil pratique et dynamique au service des élus, agents territoriaux et acteurs du secteur. Ouvert à tous, le site propose une cartographie des politiques régionales de soutien à l’économie sociale et solidaire. Il éclaire, au travers de fiches techniques, sur les dispositifs et les pratiques mis en place au niveau régional et local ; il donne à voir des expériences européennes intéressantes ; il assure une veille juridique sur les principales évolutions réglementaires concernant ce secteur. Le site répertorie et met à disposition les travaux menés par les différentes sources statistiques disponibles sur l’emploi et l’activité dans le secteur aussi bien en région qu’au niveau national.
(1/3) : Qu’est-ce que l’innovation sociale ?
A l’occasion d’un voyage d’études organisé par la 27e Région, nous sommes allés à la découverte de l’innovation sociale britannique, en rencontrant la plupart des cabinets de design et les principaux acteurs qui participent à redéfinir le rôle des usagers dans les services publics. Comment l’innovation s’inscrit-elle concrètement dans la vie des gens ? Peut-on faire de l’innovation sans technologie ? L’innovation sert-elle à faire de la politique ? Immersion.
L’innovation sociale : redonner le pouvoir aux utilisateurs
L’innovation sociale désigne un ensemble de stratégies, de concepts, d’idées et de formes d’organisation qui cherchent à étendre et renforcer le rôle de la société civile dans la réponse à la diversité des besoins sociaux (éducation, culture, santé…). Dans ce vaste creuset, le terme désigne à la fois des techniques et processus d’innovation et des innovations elles-mêmes (comme le microcrédit, l’apprentissage à distance…) ainsi que tout le champ d’action que cette innovation recouvre : entrepreneuriat social, mouvement coopératif, et plus généralement l’économie sociale et solidaire, comme on l’appelle plus traditionnellement en France ; un terme qui désigne à la fois les organisations qui jouent ce rôle et les processus qui expérimentent de nouveaux “modèles” de fonctionnement de l’économie (comme le commerce équitable ou l’insertion par l’activité économique). Le périmètre de l’innovation sociale est à la fois plus vaste et plus précis que celui de la démocratie participative à la française, qui concerne surtout le moment de la prise de décision politique.
Image : L’un des slogans du cabinet Think Public, tiré de leur plaquette de présentation : “Nous pensons que les gens qui utilisent et délivrent des services ont l’expérience et les idées pour les améliorer”.
L’innovation sociale est un mode de pensée qui met l’accent sur la personnalisation et la cocréation, explique Catherine Fieschi directrice de CounterPoint, le think tank du British Council, l’agence britannique internationale chargée des échanges éducatifs et des relations culturelles (et ancienne directrice de Demos, un think tank britannique lui aussi spécialisé sur ce sujet, comme elle nous le confiait en mai 2008). C’est-à-dire que l’individu est appelé à cocréer les biens et services collectifs qu’il veut utiliser et ne pas en être seulement consommateur. Le projet consiste à redonner du pouvoir à l’utilisateur, l’aider à s’émanciper, développer ses “capacités” ou plus précisément encore développer sa “capacitation“, c’est-à-dire faire que chacun exprime et cherche des solutions à ses demandes individuelles tout en créant de nouvelles formes de sociabilité pour éviter de se diriger vers une société trop fragmentée.
L’idée qui sous-tend le principe de l’innovation sociale est d’autonomiser l’individu tout en renforçant le lien social, en mettant l’accent sur l’analyse des comportements pour mieux y répondre. Pour Charles Leadbeater de Participle – qui travaille notamment à construire des solutions sociales pour les plus âgés -, si nous concevons l’innovation sociale comme nous concevons un bien de consommation, nous allons rater l’essentiel. “Les professionnels ont tendance à penser que les solutions aux problèmes passent toujours par l’augmentation des moyens consacrés aux solutions traditionnelles et professionnelles : si nous voulons plus de sécurité, il faut plus de policiers, si nous voulons une meilleure école, il faut plus de professeurs, si nous voulons un meilleur système de soin, il faut plus de services et de personnels… Quand on a un problème de service public, on a tendance à vouloir y répondre par plus de services publics, alors que bien souvent les solutions sont ailleurs.” Et de prendre l’exemple de la diminution des incendies domestiques. Faut-il mieux équiper les pompiers pour qu’ils puissent maîtriser les incendies ou développer des programmes d’installation de détecteurs de fumée ou de raccordement des appareils ménagers au gaz de ville… ou encore convaincre les gens d’arrêter de fumer ? “La solution ne consiste pas toujours à réorganiser les services, mais plutôt de regarder les besoins et les demandes des gens. Portons le regard sur les utilisateurs plutôt que sur le système en place”, assure le consultant.
Pour l’agence de design social Think Public, l’innovation sociale consiste à impliquer les gens dans les processus d’amélioration, de rénovation et de création des services publics. Là encore, il s’agit de déplacer le regard, de changer l’angle de vue, d’engager une conception centrée sur l’utilisateur. Le codesign (la coconception) dont se revendiquent ces consultants consiste à capter différentes perspectives pour comprendre comment les gens veulent ou peuvent utiliser un service public. Car l’objet du design, ici, n’est pas la conception d’un produit, mais bien celle d’un service, dans le but de transformer le service et le coproduire pour que les gens se l’approprient mieux. C’est d’ailleurs ce qui est intéressant dans le codesign : l’implication des usagers, qui n’est pas un alibi participatif, mais qui doit être au coeur de la transformation.
Pour Ivo Gormley, anthropologue à Think Public, vidéaste et consultant sur ces questions : “la participation est la clef de la transformation, parce qu’elle amène la confiance, l’excellence et l’efficacité. Plus vous comprenez un système et mieux il fonctionne. Plus vous en impliquez les utilisateurs, et plus le service s’améliore et se rapproche d’eux. Plus il est proche des utilisateurs et plus il a des chances d’être efficace”.
“Le plus important est de faire découvrir aux gens, par eux-mêmes, les problèmes qu’ils cherchent à résoudre”explique Robert O’Dowd du Design Council, l’organisme de promotion du Design sous toutes ces formes en Grande Bretagne. “Toutes les initiatives qui tombent d’en haut risquent surtout de ne pas fonctionner. A Dott”, un programme d’innovation sociale qui se déroule tous les trois ans dans une région anglaise différente, “on conçoit avec les gens, plutôt que pour eux. Tout doit être transparent, en impliquant les gens dans tout le processus, même si cela ne marche pas toujours. L’important n’est pas le prototype que nous allons réaliser avec eux, mais de laisser la communauté avec de nouveaux talents, de nouveaux outils, de nouvelles approches et de nouvelles envies qui vont donner du pouvoir au gens.”
Changer les pratiques et les méthodes
Face à des problèmes sociaux complexes, à l’image de comportements antisociaux que dénonçait un récent rapport britannique, il y a besoin de tester de nouvelles approches, explique Sophia Parker du Silk, le Laboratoire d’innovation sociale du comté de Kent, créé en 2007. Les méthodes et les outils ne fonctionnent que si elles sont associées aux gens, rappelle-t-elle. Il faut voir les utilisateurs comme des contributeurs aux solutions que l’on recherche et non pas comme des problèmes, tout en gérant la complexité, sans la simplifier. “La façon dont on implique les gens est importante. Le design permet de valoriser ce que les gens font et d’utiliser du matériel professionnel qui assure du sérieux de ce que l’on attend d’eux”, explique Sophia Parker. Le design est un processus qui a pour fonction d’impliquer les gens dans la conception des services, en rendant les supports, les projets, les séances de travail plus accessibles aux usagers de base. Est-ce que l’approche consiste alors seulement à rendre les supports jolis, agréables, communicables ? C’est parfois peut-être un peu le cas, en tout cas c’est une critique qu’il faut entendre. Il n’empêche que l’équipement participe aussi de la transformation de la relation. Il valorise ce que font les gens. Il encode la communication comme un principe d’accessibilité.
Mais les pratiques et les méthodes ne se résument pas au seul ajout d’éléments graphiques. Elles reposent aussi dans un esprit d’innovation, assez entrepreneurial dans la forme, qui doit se traduire par des réalisations concrètes, rapides, assumant leur caractère expérimental ou inachevé… D’où des fonctionnements en ateliers, d’ou l’utilisation du prototypage, qui consiste à rendre rapidement les choses concrètes, pour pouvoir les tester. “On prototype simplement pour tester et voir comment ça s’adapte aux gens”, explique Paul Thurston de Think Public. D’où, enfin, le fonctionnement en petites équipes réactives, mieux à même de rester proche des gens, de les impliquer.
Sophia Parker pense même que la force du Silk repose sur cette petite taille. Avec son petit budget, sa petite équipe, il présentait peu de risque pour les politiques du Comté. D’ailleurs, quand Sophia Parker envisage son développement, elle n’en parle pas comme celui d’une organisation, mais comme celui d’un réseau qui se démultiplie et parsème le territoire de petites équipes. Le laboratoire d’innovation sociale est la seule agence de ce type dans les territoires britanniques, même si d’autres territoires en ont le projet comme Liverpool, le Suffolk, le Sussex… D’ailleurs, souligne Charles Leadbeater, le réseau d’innovation est plus important que le laboratoire.
Les méthodes sont assez classiques finalement, mais elles ont l’avantage d’exister. Comme le rappelle Stéphane Vincent, responsable de la 27e Région : “L’enjeu repose moins sur le fait que les solutions passent à l’échelle, que sur les méthodes. Donner à tout le monde des boites à outils, des solutions d’empowerment, apprendre à concevoir des services… L’acteur public n’a bien souvent construit aucune méthode. Produire des outils permet de réfléchir à la façon dont les services vont fonctionner, permet de se projeter.”. Ces méthodes consistent d’abord à établir le diagnostic, c’est-à-dire mettre en lumière le problème. Comme le dit Leadbeater, “le plus important dans l’innovation, c’est la question qu’on pose, car elle induira les réponses qu’on y apportera. Face au vieillissement de la population, la bonne question c’est comment on vieillit bien. Ce n’est pas une question de services ou d’amélioration de services, mais de comment les gens veulent vivre et vieillir. Le défi n’est pas d’incrémenter l’innovation, mais d’engager les gens dans le changement.”
Ensuite, vient la “découverte”, comme l’explique Ivo Gormley d’I Think Public. Pour “découvrir”, les consultants de Think Public ont recours aux techniques des sociologues et des anthropologues, comme ils l’expliquent dans cette vidéo détaillant leur méthode : ils s’appuient sur l’observation pour mieux comprendre les utilisateurs, avec des captations vidéo, des suivis quotidiens pour regarder toutes les interactions que les gens ont avec tel ou tel service public par exemple. Ils s’en servent comme un outil d’analyse et de débat : non seulement la vidéo est l’un des support de la méthode anthropologique, mais elle sert également aux usagers pour s’étudier entre eux afin qu’ils fassent leurs propres observations, qu’ils établissent leurs propres diagnostics. Le but est de capter différentes perspectives : observer les gens, leurs parcours, leurs vies pour apprendre d’eux et trouver les idées qui vont les satisfaire. Ces observations débouchent souvent sur l’organisation d’un ou plusieurs ateliers de cocréation, des ateliers de créativité type Barcamp comme ceux du Social innovation Camp, d’autres utilisant le jeu, la libre parole ou les techniques de scénario et de mises en situation… Des ateliers qui se fondent sur les expériences des gens, et qui débouchent le plus souvent sur un prototype, pas nécessairement fonctionnel, mais qui permet de se projeter, d’imaginer, de tester, de mesurer l’impact, de remettre en dialogue… Et cela, en plusieurs itérations selon le budget et le projet, jusqu’au développement d’un outil ou de recommandations finales.
Une vidéo auto-promotionnelle présentant le cabinet de design Think Public.
Pour Stéphane Vincent, “qu’on soit d’accord ou pas sur le potentiel de ces méthodes, force est de reconnaître que leur richesse permet de créer des marges de manoeuvre nouvelles”. C’est le processus qui est important, plus que le résultat, car il permet de réintroduire la valeur du changement organisationnel dans les organisations. Mieux, il permet même d’aborder l’idée de transformation, processus encore plus radical pour interroger les pratiques.
Changer l’innovation ?
Le Nesta est né en 1998, grâce à des fonds provenant de la loterie nationale. Son but est de créer un environnement d’innovation en Grande-Bretagne, et on pourrait le comparer à Oséo en France. Le laboratoire du Nesta a été lancé il y a quelques mois pour s’intéresser à de nouvelles formes de soutien à l’innovation et à de nouvelles formes d’innovation, dont l’innovation sociale, nous explique Mike Harris directeur du Policy Research, le think tank de l’innovation publique du Nesta. L’objectif demeure pour cet acteur public de trouver les moyens pour que la politique d’innovation britannique ait plus d’impact, en réfléchissant aussi à la manière dont on produit l’innovation.
Pour Mike Harris, l’innovation dans les services publics anglais en est encore à un stade immature par rapport au secteur privé, ce qui ne signifie pas qu’il ne faut pas s’y intéresser. Les changements à long terme qui transforment notre société (le vieillissement par exemple), la diminution des investissements publics (qui signifie que l’amélioration des services doit se faire par d’autres moyens que le financement) et le développement de la personnalisation des services (que les gens consomment comme des produits de consommation), sont trois pressions qui transforment le champ des services publics. “L’innovation doit s’intéresser aux services comme une priorité”, assène Mike Harris. “Quand on parle d’innovation sociale, on parle de toute innovation qui touche les biens publics, qu’elle soit privée ou publique. Quand on parle d’enjeux comme le changement climatique, le vieillissement, le fonctionnement et l’avenir des systèmes de santé… on constate rapidement qu’il y a tant de défis que l’entrepreneuriat social ou l’action des associations n’y suffiront pas. L’innovation dans les services publics parle de tout ce qui délivre des services.” Il y a un “impératif d’innovation” rappelle Mike Harris à la suite d’un des rapports clefs du Nesta.
“L’innovation n’est pas toujours bien comprise”, rappelle-t-il encore. Elle n’est pas nécessairement technologique : d’une part, on peut innover en utilisant autrement les technologies existantes plutôt qu’en en développant de nouvelles. D’autre part, on peut innover sans technologie… C’est pourquoi les travaux du Nesta ne partent plus d’enjeux technologiques, mais d’enjeux de sociétés (comme le vieillissement ou la lutte contre la pauvreté) et s’adresse de plus en plus à des populations a priori éloignées de l’innovation. “L’innovation n’est pas d’abord de la technologie, mais une reconception du rôle de la technologie.” Dans ce contexte, le Nesta cherche aussi à sortir des cadres établis, des schémas de pensée des spécialistes de ces domaines comme de ceux des spécialistes des technologies, pour aller chercher des innovations radicales. C’est souvent en mettant les gens en capacité d’inventer et d’expérimenter eux-mêmes les solutions aux problèmes qui les concernent qu’on rencontre ces innovations : “L’innovation radicale, c’est ce que les autres n’ont pas pensé ou exploré. C’est la voie évidente dans laquelle on doit concevoir. Quand on commence à regarder comment on développe la capacitation des gens, on regarde l’innovation autrement. Même si l’innovation radicale c’est parfois celle dont tout le monde pense qu’elle ne marchera pas.”
Charles Leadbeater ne dit pas autre chose : “L’innovation, c’est comment partager de nouvelles idées. C’est de la collaboration que nait l’innovation. L’innovation, ce n’est pas apporter des solutions aux gens, mais plutôt de les aider à créer leurs propres solutions, en en créant le cadre.” Et de reconnaître que “l’innovation est un mot trop compliqué, car il se rapproche trop de la technologie, alors que nous parlons là des gens, de leurs vies.”
“Oui, il faudrait plutôt parler de transformation”, concède Stéphane Vincent. “De transformation appliquée notamment à l’acteur public. Devant l’ampleur des nouveaux enjeux et à organisation constante, les acteurs publics sont condamnés, d’une façon ou d’une autre. Toutes ces structures doivent se transformer car elles sont nées avant l’ère des réseaux. Elles pensent souvent que la transformation, c’est bon pour les autres, confondent dématérialisation numérique et transformation, et voient les habitants comme des bénéficiaires de leurs politiques, rarement comme des acteurs du changement.”
Bien souvent, force est de constater que l’innovation dans les services publics émerge d’en-dehors de l’institution. “La question n’est pas toujours comment améliorer le service, mais comment le détourner, le dépasser ?”, explique Leadbeater. Un symptôme que relève également Stéphane Vincent : “Tous les acteurs publics sont dans des stratégies de contournement de leurs propres politiques, de leurs propres services, de leurs propres outils pour les faire fonctionner.”
Les objectifs finaux entre l’innovation sociale et la démocratie participative sont les mêmes, mais le processus et la méthode sont différents, souligne encore l’animateur de la 27e Région. “Outre le fait qu’elles ne se déroulent pas au même moment du processus, l’innovation sociale implique une coconception qui n’est pas aussi claire dans la démocratie participative. La coconception, ce n’est pas la consultation, la concertation ou la participation.”
On voit bien que dans les méthodes, dans cette façon de revisiter l’innovation, il y a là une forme de réenchantement de l’action d’intérêt général. Une recherche permanente pour expérimenter de nouvelles solutions, de nouvelles voies, alliant créativité et technologies pour transformer sans cesse la société. Mais la transformation de la société est elle-même permanente. L’innovation sociale permettra-t-elle de fédérer les initiatives, d’être un bon médiateur entre ceux qui font de la participation citoyenne depuis longtemps, ceux qui utilisent l’intervention sous des formes plus artistiques ou communicantes ? Les valeurs sont proches, rappelle Stéphane Vincent. “Reste à savoir si la démocratie sert à rendre les gens autonomes. Si la République est prête à ce que les gens s’émancipent.”
Hubert Guillaud
Le dossier, “Voyage dans l’innovation sociale britannique” :
1ère partie : Qu’est-ce que l’innovation sociale ?
2e partie : Comment concrètement changer la société ?
3e partie : Quelles sont les limites de l’innovation sociale ?
Article MNE Bordeaux-Aquitaine
Propos recueillis par Yan de Kerorguen
L’économie sociale serait-elle la seule alternative globale crédible à la crise économique que nous traversons ? C’est ce que soutient Thierry Jeantet est directeur général d’Euresa, groupement de mutuelles d’assurance à l’échelon européen. Il a publié récemment « L’économie sociale : une alternative au capitalisme » (Editions Economica).
Qu’est ce qui différencie les entreprises de l’économie sociale des autres entreprises ?
Qu’il s’agisse des "charities" à l’anglosaxonne, des organisations autogérées allemandes, des "communautés" au Brésil ou des coopératives en France, l’économie sociale (ES) est animée par des principes communs qui forment une ligne de rupture avec le capitalisme. Ces principes sont la libre adhésion, la gestion démocratique (une personne, une voix ; et non une action, une voix comme dans les sociétés), la solidarité, la juste répartition de la création de richesse, l’indépendance vis-à-vis des états, les valeurs collectives de solidarité et l’épanouissement de la personne. On peut parler d’entreprise durable. On doit cela à la souplesse des organisations. Les statuts d’économie sociale sont souples. Ils essaiment dans des métiers très différents.
La financiarisation de l’économie a créé des entreprises figées et dogmatiques dans lesquelles c’est celui qui finance qui décide. Ainsi dans l’actionnariat, on pense d’abord à rémunérer ceux qui sont au capital, les salariés et consommateurs viennent au second plan. La course au profit se fait au détriment des salaires que les gouvernements et les entreprises n’ont pas su augmenter pour équilibrer le partage de la valeur ajoutée. Au détriment aussi des prix qui ne sont guère régulés. Dans l’ES, le projet est collectif et citoyen. Il n’appelle pas à l’accumulation du capital mais au souci du partage. Il n’est pas prisonnier de la Bourse. Mais si les organisations de l’ES se départissent du système financier traditionnel, elles ne rejettent pas le marché. Elles se caractérisent par une présence simultanée dans le domaine marchand et non-marchand. Ceux qui veulent la contraindre à renoncer à cela n’ont pas compris la nature même de l’économie sociale. Au-delà de cette souplesse, une de ses caractéristiques est d’être imaginative.
Les acteurs associatifs ou coopératifs ont permis de dynamiser nombre d’innovations sociales et économiques. Les services à la personne ont été initiés par des personnes de l’ES à travers des associations. L’économie sociale a aussi donné naissance au commerce équitable, en cherchant à structurer des relations d’équilibre entre consommateurs et producteurs. Les circuits courts de distribution sont aussi dans cette mouvance. Les finances solidaires doivent beaucoup à la créativité des entreprises et des associations qui pensent autrement les termes de l’échange et du partage.
En ces temps de remise en cause des systèmes financiers, quel rôle peut jouer l’économie sociale ?
Il convient déjà de faire face à certaines dérives ou tentations. Quelques mutuelles ou coopératives se sont banalisées par imitation. Certaines cherchent des outils y compris cotés en bourse pour se développer, faire comme les autres. L’objectif étant de rentrer dans la cour des grands, "récompensés" de leurs succès. Nous savons quelles difficultés sont nées de telles dérives ! D’autres voies pour se développer existent ! Un autre écueil est de faire de la figuration. Le capitalisme utilise de manière récurrente l’économie sociale pour panser ses plaies. Ce n’est pas la fonction de l’ES que d’être une roue de secours, pour éviter l’accident grave ou équilibrer les problèmes de cohésion sociale. L’ES a une vision de la société basée sur le rééquilibrage de l’organisation humaine. Le projet sans cesse renouvelé est de développer une vision sociétale, démocratique de la société et une économie accessible à tout le monde. Sa vraie liberté, c’est d’être un vrai projet politique. L’ES, ce n’est pas seulement une myriade d’entreprises dans le monde mais un modèle structurant de la société. Elle puise sa force et son imagination dans les mouvements de la société qui innove. Je suis convaincu que l’économie sociale est la seule alternative globale crédible à la crise économique que nous traversons. C’est une alternative déjà bien rodée dans un espace mondial ouvert à des systèmes différents.
Quels sont les défis auxquels est confronté le secteur de l’économie sociale ?
Une réflexion sur le montage de véhicules financiers est nécessaire. Un des défis est celui de la nécessaire invention d’outils adaptés aux principes de l’économie sociale et permettant un développement économique fort. Les coopératives dans le domaine de la finance solidaire contribuent à relever ce défi. L’ES doit réfléchir à ses statuts, les simplifier, les moderniser. Il y a une timidité de l’ES. Elle s’est sentie très isolée. Elle doit se muscler. Ce qui lui manque aussi est la volonté prospective de construire son avenir, et aussi de faire connaître et reconnaître – via les médias, l’école, l’université - l’alternative qu’elle représente. Un autre défi est donc celui de la communication. Depuis 20 ans, les entreprises de l’économise sociale ne cessent de progresser, tant par le nombre de sociétaires que par leurs positions économiques. Il faut marquer l’essai. L’ES doit gagner en visibilité et mettre en avant ses réussites. Il faut qu’elle parle plus fort sur la place publique et qu’elle se débarrasse de sa timidité. Enfin c’est aussi un défi de reconnaissance "politique". L’ES commence à sortir du bois avec des initiatives comme les "Rencontres du Mont Blanc". Le dernier sommet, en 2007, a permis de mieux appréhender les problèmes et les enjeux liés au changement climatiques et à la nouvelle donne énergétique. Les dirigeants de l’économie sociale, réunis à cette occasion, ont invoqué “un new deal planétaire”, et appelé à un véritable dialogue social dans les grandes instances de régulation mondiale. Les prochaines Rencontres du Mont Blanc se tiendront les 9 et 10 novembre 2009, autour du thème : “Comment nourrir la planète ? Quel rôle pour l’économie sociale ? ”. Les questions posées montrent combien le combat contre les inégalités reste central et combien le multi-développement mondial nous est cher. L’économie sociale doit, à de telles occasions, montrer qu’elle porte une vision globale de l’organisation des activités humaines, des échanges, dans le cadre d’une mondialisation qu’elle doit imprégner de ses principes.
Article de Place Publique, juillet 2009
Un évènement convivial sur la question humaine
Contrairement à toutes les autres questions, la question humaine ne dispose d’aucun expert !
Elle est l’affaire de tous et de chacun, une affaire d’expérience de vie, de sensibilité, de conscience.
Au coeur de Lyon, ville humaniste, les Dialogues en humanité, du 3 au 5 juillet 2009, sont une occasion inédite de s’interroger de façon constructive et ouverte sur les liens entre l’humain, l’écologie, l’engagement des jeunes, ou encore l’art sous toutes ses formes…
De 12h à 22h, dans un cadre propice à la réflexion et à l’utopie réaliste, sous l’arbre à palabre du Parc de la Tête d’Or de Lyon, les Dialogues en humanité proposent pendant 3 jours de nombreuses activités dont le fil rouge est la rencontre, le dialogue, le ressenti et le "faire ensemble"
Chacun pourra ainsi rencontrer et échanger avec d’autres citoyens du monde connus ou inconnus : écrivains, philosophes, artistes, entrepreneurs, témoins de vie, et partager avec eux une expérience unique au monde, dans une ambiance décontractée et festive.
Le 26 juin, le Comité de prospective du Comité 21, présidé par Bettina Laville, présidente d’honneur du Comité 21, a présenté son premier rapport intitulé : « Temps de crise financière, économique, écologique, sociale : enjeux, contradictions, opportunités ». Il analyse les origines de ces crises et formule des recommandations pour l’après-crise. Au lendemain de la réunion du conseil de l’OCDE, qui s’est conclue par une déclaration sur la croissance verte, et à la veille des rencontres du Cercle des économistes dont les travaux porteront sur le thème « des ruptures aux nouveaux équilibres », le Comité de prospective du Comité 21 se prononce pour une transformation profonde de notre civilisation, seule voie de sortie de crise.
La plupart des débats sur les crises financière, économique, écologique et sociale tournent autour de deux questions : Ces crises ont-elles la même origine et les solutions pour y répondre sont-elles communes ? Représentent-elles l’occasion de corriger une « fausse route » ou un simple détour par rapport à la « bonne route » ? Pour le Comité de prospective du Comité 21, les crises ont la même origine, la démesure, et appellent des réponses communes : moins de « court-termisme », plus d’horizon durable, moins de produits virtuels, plus d’investissements pour satisfaire nos vrais besoins. Concernant l’après-crise, le Comité de prospective préconise une transformation substantielle : un nouveau choix global d’organisation sociale. Ce n’est pas simplement le capitalisme qu’il faut refonder, mais le fonctionnement entier de nos sociétés et de nos comportements. « Stimuler » et « sauvegarder » l’économie, comme on l’entend actuellement, revient trop souvent à repousser l’échéance du changement requis.
En effet, la dégradation de la planète et la rareté des ressources sont un fait aujourd’hui, pas une menace. Nous n’en sommes plus à l’aménagement d’un développement viable mais à la construction de notre survie, en rupture avec les comportements de tous les acteurs, économiques privés, publics, société civile, etc. Ce travail doit s’appuyer sur la sociologie et les sciences politiques, voire les propositions philosophiques puisque c’est à un nouvel humanisme qu’il est fait appel. 86 pages - juin 2009
L’ambition des organisations de l’économie sociale et solidaire (ESS) est de porter une critique en actes du capitalisme. Les organisations de l’ESS ont pour objectif de créer des emplois non délocalisables, de créer de la richesse économique et sociale, de développer des modèles alternatifs de production et de gestion, et de s’inscrire durablement dans les territoires. Cette réalité économique, qui doit se prêter à une analyse non idéaliste, ne doit cependant pas occulter le projet politique à l’origine de la création de ces organisations, instituées en mouvement historique.
Dans une période contemporaine marquée par une grave crise financière du capitalisme, il apparaît nécessaire de s’interroger sur la voie alternative promue par l’économie sociale et solidaire. Les régressions actuelles – démocratiques et sociales – ainsi que les dérives économiques et juridiques doivent interpeller les organisations de l’ESS sur leur engagement politique. Ainsi, comment les valeurs de solidarité, de démocratie et de respect de l’environnement s’incarnent-elles (ou non) dans leurs stratégies et leurs modes de fonctionnement ? Ne sont-elles que des organisations supplétives au désengagement des Etats ? Sont-elles réellement les garantes d’un autre mode de création et de répartition de la richesse ? Ont-elles intégré une autre approche de la richesse ? Prouvent-elles, à travers leurs règles établies et leurs pratiques, qu’elles sont toujours à la pointe de l’innovation sociale ? Comment se gèrent les changements d’échelle du niveau local à l’international et quelles modifications en découlent au sein même des entreprises Telles sont les questions qui seront traitées au cours de ces rencontres dans le cadre de six ateliers thématiques. Ces ateliers chercheront à croiser les analyses des acteurs de terrain et des chercheurs sur les évolutions liées au relatif succès des formules entrepreneuriales de l’ESS. Une attention toute particulière sera apportée aux communications intégrant une ouverture internationale (monographie de pays étrangers, études comparatives, réflexions sur la construction européenne, prise en compte de la mondialisation, etc.)
Pour plus d’information, voir le site du Réseau Interuniversitaire de l’Economie Sociale et Solidaire - RIUESS
L’écologie politique, si elle veut être à la hauteur des espérances qu’elle suscite, doit construire une réponse réellement systémique à la crise en articulant une critique de l’insoutenabilité de nos formes de croissance avec l’exigence du mieux-être.
Cette articulation suppose qu’elle intègre pleinement dans sa perspective la question sociale, de même que les socialistes européens se doivent eux de penser radicalement la question écologique. Et la question sociale pose plus radicalement encore la question humaine et la difficulté propre à notre espèce de penser et de vivre le rapport entre notre intelligence et nos émotions. C’est toute la question de ce que Félix Guattari nommait l’écosophie, la capacité de penser écologiquement et politiquement la question de la sagesse. C’est aussi ce que Pierre Rabhi nomme les enjeux d’une "sobriété heureuse" où s’articule, dans la justice sociale, le choix de la simplicité avec celui d’un art de vivre affranchi de sa boulimie consommatrice et consolatrice.
Il nous faut d’abord voir que ce qui est commun à toutes les facettes de la crise, ce qui la rend donc systémique, c’est le couple formé par la démesure et le mal-être. Ce que les Grecs nommaient l’ubris, la démesure, est en effet au coeur de notre rapport déréglé à la nature par deux siècles de productivisme et ses deux grandes conséquences : le dérèglement climatique et ce danger à ce point majeur pour la biodiversité que l’on peut évoquer le risque d’une "sixième grande extinction" des espèces, cette fois provoquée par le comportement irresponsable de notre propre famille humaine.
C’est la démesure aussi qui a caractérisé le découplage entre l’économie financière et l’économie réelle : un ancien responsable de la Banque centrale de Belgique, Bernard Lietaer, a pu avancer qu’avant la crise, sur les 3 200 milliards de dollars (2 272 milliards d’euros) qui s’échangeaient quotidiennement sur les marchés financiers, seuls 2,7 % correspondaient à des biens et services réels !... Démesure encore dans le creusement des inégalités sociales mondiales tant à l’échelle de la planète qu’au coeur même de nos sociétés : lorsque la fortune personnelle de 225 personnes correspond au revenu de 2 milliards d’êtres humains, lorsque les indemnités de départ d’un PDG qui a mis son entreprise en difficulté peuvent représenter plus de mille fois le salaire mensuel de l’un de ses employés.
Démesure enfin, il ne faudrait pas l’oublier, cette fois dans les rapports au pouvoir, qui a été à l’origine de l’autre grand effondrement politique récent, il y a tout juste vingt ans, celui du système soviétique et de sa logique totalitaire. Il est important de le rappeler si l’on veut éviter le mouvement pendulaire des années 1930 qui vit un politique de plus en plus autoritaire, guerrier et finalement totalitaire, prendre la relève du capitalisme dérégulé des années d’avant-crise.
Ainsi le caractère transversal de cette démesure permet de comprendre le caractère systémique de la crise, et l’on comprend alors que des réponses cloisonnées qui cherchent, par exemple, à n’aborder que son volet financier se traduisent finalement par une fuite en avant dans le cas de la crise bancaire doublé de fuites en arrière dans le cas de la crise sociale. Comme quoi les caisses ne sont pas vides pour tout le monde !
Mais pour construire, au-delà d’une écologie politique, une "écosophie politique", il faut faire un pas supplémentaire dans l’analyse et comprendre ce qui lie profondément cette démesure au mal de vivre de nos sociétés.
Celle-ci constitue en effet une forme compensatrice pour des sociétés malades de vitesse, de stress, de compétition, qui génèrent un triple comportement guerrier à l’égard de la nature, d’autrui et de nous-mêmes. En ce sens, nos "sociétés de consommation" sont en réalité des "sociétés de consolation" et cette caractéristique se lit économiquement dans le décalage entre les "budgets vitaux", et les dépenses de stupéfiants, de publicité et d’armement.
En 1998, le programme des Nations unies pour le développement (PNUD) comparait en effet les budgets supplémentaires nécessaires pour couvrir les besoins vitaux de la planète (faim, non-accès à l’eau potable, soins de base, logement, etc.) et mettait en évidence que les seules dépenses de stupéfiants représentaient dix fois les sommes requises pour ces besoins vitaux (à l’époque 400 milliards de dollars par rapport aux 40 milliards recherchés par les Nations unies). On note le même écart s’agissant des dépenses annuelles de publicité.
La société dure est en permanence compensée par la production du rêve d’une société harmonieuse, et l’endroit par excellence où s’opère ce rapport est la publicité qui ne cesse de nous vendre de la beauté, du bonheur, de l’amour, voire de l’authenticité, messages dans l’ordre de l’être, pour mieux nous faire consommer dans l’ordre de l’avoir. Quant aux budgets militaires qui expriment les logiques de peur, de domination et caractérisent par conséquent les coûts (et les coups) de la maltraitance interhumaine, ils représentaient eux vingt fois ces sommes ! Ces dépenses passives de mal-être représentent (car le même écart est maintenu dix ans après) environ quarante fois les dépenses actives de mieux-être nécessaires pour sortir l’humanité de la misère et assurer un développement humain soutenable tout à la fois écologique et social.
Il nous faut donc répondre au couple formé par la démesure et le mal-être par un autre couple, celui de la "sobriété heureuse", formé par l’acceptation des limites et par l’enjeu positif du "bien-vivre" ou par ce que les prochains "Dialogues en humanité", qui se tiendront début juillet, évoquent sous le terme de la construction de politiques et d’économies du mieux-être.
Et c’est ici que l’écologie doit non seulement intégrer pleinement la question sociale, celle de la lutte contre les inégalités, mais aussi la question humaine proprement dite, c’est-à-dire la capacité à traiter ce que l’on pourrait appeler le "bug émotionnel" de l’humanité, qui est à la racine de ce qu’Edgar Morin nomme "Homo sapiens demens". La question est en effet moins de "sauver la planète" - qui a de toutes manières plusieurs milliards d’années devant elle avant son absorption par le Soleil ! - que de sauver l’humanité qui peut, elle, terminer prématurément en tête-à-queue sa brève aventure consciente dans l’Univers.
Or, comme le soulignait Spinoza, la grande alternative à la peur est du côté de la joie. La différence aujourd’hui réside dans le fait que ce qui était traditionnellement de l’ordre personnel et privé devient un enjeu politique planétaire. La question de la sagesse, c’est-à-dire la question fondamentale de l’art de vivre, qui cherche à épouser pleinement la condition humaine au lieu de vouloir la fuir, devient alors une question pleinement politique.
Nous sommes en effet à la fin du cycle des temps modernes qui furent marqués par ce que Max Weber, d’une formule saisissante, avait caractérisé comme "le passage de l’économie du salut au salut par l’économie". La crise actuelle démontre que ces promesses n’ont pas été tenues. L’un des enjeux aujourd’hui est de savoir comment sortir de ce grand cycle de la modernité par le haut, les intégristes le faisant par le bas : garder le meilleur de la modernité, l’émancipation, les droits humains et singulièrement ceux des femmes qui en constituent l’indicateur le plus significatif, la liberté de conscience, le doute méthodologique, mais sans le pire, la chosification de la nature, du vivant, des animaux et à terme des humains, la marchandisation n’étant qu’une des formes de cette chosification. Et retrouver, dans le même temps, ce qu’il y a de meilleur dans les sociétés de tradition, mais là aussi en procédant à un tri sélectif par rapport au pire : un rapport respectueux à la nature, sans qu’il soit de pure soumission, un lien social fort mais non un contrôle social, des enjeux de sens ouverts et pluralistes et non des intégrismes excluant. Une grande partie du destin de l’humanité se joue en effet dans l’alternative guerre ou dialogue des civilisations.
Nous ne sommes pas condamnés soit à la projection mondiale du modèle occidental, soit à l’acceptation au nom du relativisme culturel d’atteintes fondamentales aux droits humains, à commencer par ceux des femmes. On peut récuser l’impérialisme et le colonialisme sans être obligés de tolérer l’intégrisme et l’exclusion. C’est alors la co-construction d’une citoyenneté terrienne qui est en jeu, et la rencontre des sagesses du monde est alors un enjeu capital dans cette perspective où l’Homo sapiens sapiens, à défaut d’être une origine, pourrait être, devrait être un projet.
C’est à ce projet planétaire qu’une Europe, qui a payé le prix lourd pour comprendre que la barbarie n’est pas un danger extérieur, mais le risque intérieur par excellence de l’humanité, peut pleinement contribuer.
************ Philosophe, essayiste altermondialiste et ancien conseiller à la Cour des comptes, Patrick Viveret a été rédacteur en chef de la revue "Transversales Science Culture" entre 1992 et 1996.
Il a notamment publié "Pourquoi ça ne va pas plus mal ?" (Fayard, 2005) et "Reconsidérer la richesse" (éd. de l’Aube, 2002)
Ce texte est issu des conférences que l’Université de tous les savoirs organise sur le thème "La croissance verte, comment ?" en partenariat avec l’Ademe, la ville de Bordeaux et France Culture. (Lemonde. fr et ou Utls. fr)
Article paru dans l’édition du 14.06.09. Aussi sur le site du Monde
En juin 2008, le Comité de Facilitation et de Coordination (CFC) de l’Alliance pour une Economie Responsable, Plurielle et Solidaire (ALOE) a signé l’Appel a Projets d’ALOE. Avant de s’embarquer vers des projets de plus grande portée, Aloe a décidé de mettre en œuvre un projet pilote, intitulé « Elargir le Dialogue ALOE en Asie ».
Vous trouverez dans la section "Projets" le rapport final de ce projet, rédigé par Benjamin Quiñones. Il rapporte les décisions du Groupe d’Experts réuni à Bangkok, en Thaïlande, en octobre 2008, puis les conclusions de l’Atelier Régional de Kuala Lumpur qui a eu lieu en mars 2009. Celles-ci ont porté à la fois sur une définition de l’entreprise sociale et sur quels ajustements sont nécessaires pour que des Investisseurs Socialement Responsables répondent aux besoins de celles-ci.
Finalement, le rapport annonce les événements qui vont jalonner la constitution d’une Alliance Asiatique pour une Economie Solidaire (AASE) en mobilisant les réseaux nationaux d’ESS, et qui mènera nos partenaires asiatiques jusqu’en 2013 !
Nos meilleurs vœux pour cette démarche proactive et enthousiaste !
Yes they can ! En 2009, les Etats-Unis ne se résument plus au néolibéralisme. Une économie solidaire se structure dans le pays. Et ce nouveau secteur s’appuie sur un vivier d’initiatives communautaires, écologistes, féministes ou radicales… Le manque d’Etat rend imaginatif : et si la “solidarity economy” donnait des idées à l’Europe ?
Maximiser les profits des plus riches afin qu’ils puissent conduire des 4x4 plus larges, plus brillants, et mieux climatisés, paraissait pouvoir résumer la doctrine économique des Etats-Unis d’Amérique, depuis Ronald Reagan au moins. Et puis patatras. Le libéralisme vrombissant a été violemment embouti par la crise des subprimes. Cessations de paiement, krach boursier, récession à - 3,8 % pour le dernier trimestre 2008… En 13 mois, pas moins de 3,6 millions d’emplois ont été supprimés dans le pays. En 1978, les électeurs californiens avaient marqué l’avènement d’un marché tout-puissant en votant la fameuse « proposition 13 », qui limitait les impôts fonciers de leur Etat.
Trente ans plus tard, Barack Obama est élu à la Maison-Blanche, et il vient de défendre son plan de relance de près de 800 milliards de dollars sur ces paroles : « Bien sûr, on ne peut pas dépendre que de l’Etat pour créer des emplois et de la croissance. Cela est, et cela doit être, le rôle du secteur privé. Mais à ce moment précis, le gouvernement fédéral est le seul à encore pouvoir ramener notre économie à la vie. » Les néolibéraux peuvent cesser de claironner leur slogan « There Is No Alternative » [1]. Et pas seulement à Washington. Car au pays du billet vert, l’économie solidaire prend racine. ...
Voir article complet.
Les 15 et 16 juin à Paris, dans les locaux de la Fondation Charles Léopold Mayer, se réuniront des spécialistes internationaux des questions bancaires, économiques, financières et monétaires. L’objectif de cette session - présidée par James K. Galbraith - est d’exposer, d’analyser, de détailler et de débattre des propositions avancées pour sortir de la crise et créer un ordre financier et monétaire répondant aux impératifs sociétaux.
La commission Stiglitz sur les indicateurs de performance économiques part d’un constat juste : nos instruments actuels nous rendent quasiment aveugles devant des risques majeurs. Mais ses propositions, souvent intéressantes, ne sont pas encore à la hauteur des enjeux, insistant trop sur la monétarisation comme principale méthode de mesure du progrès. L’urgence n’est pas d’évaluer les gains ou pertes en équivalent monétaire mais de disposer de signaux d’alerte que tous les citoyens puissent comprendre et s’approprier.
Une première réaction de Jean Gadrey et Dominique Méda au pré-rapport de la commission Stiglitz. Membres du collectif FAIR (Forum pour d’autres indicateurs de richesse), Jean Gadrey et Dominique Méda s’expriment sur le document provisoire mis en ligne début juin par la commission Stiglitz. Le collectif FAIR produira en juin un texte collectif plus développé, incluant des propositions pour la période à venir.
1. Que trouve-t-on dans le rapport de la commission ?
Le document de la commission accessible en ligne n’est pas d’une lecture facile, d’abord parce qu’il est rédigé en anglais (la traduction ne viendra que plus tard), ensuite parce qu’il est souvent très technique. Il nous semble donc utile d’en faire un résumé « pour tous », assorti de premiers commentaires. Nous formulons ensuite un jugement plus global.
Premier chapitre. Questions classiques sur le PIB
Le premier chapitre est celui du sous-groupe « questions classiques sur le PIB ». C’est sans doute lui qui est le plus proche de la commande initiale de Nicolas Sarkozy, lorsqu’il évoquait « les Français qui n’en peuvent plus de l’écart grandissant entre des statistiques qui affichent un progrès continu, et les difficultés croissantes qu’ils éprouvent dans leur vie quotidienne ».
Ce texte s’attache à décrire ce qu’est exactement le PIB, ses insuffisances et les tentatives d’amélioration existantes en restant dans le cadre d’une comptabilité nationale élargie (en unités monétaires).
« Le PIB est la mesure de l’activité économique la plus utilisée, c’est uniquement une mesure de la production marchande et monétaire, même s’il a été souvent utilisé comme mesure du bien-être économique. Procéder ainsi conduit évidemment à des erreurs et à de mauvaises décisions politiques », indique d’emblée le rapport, en expliquant ensuite pourquoi. Des prix souvent inadéquats
Le PIB saisit tous les biens finaux qu’ils soient consommés par les ménages, les entreprises ou les gouvernements. Les évaluer à l’aide de leurs prix devrait sembler une bonne manière de capturer combien la société est riche à un moment. Mais les prix n’existent pas pour certains biens et services (par exemple si le gouvernement fournit une assurance santé gratuite ou si les ménages donnent des soins à leurs enfants). Par ailleurs, même quand il y a des prix de marché ils peuvent être différents de l’évaluation par la société. Quand les actes de consommation ou de production affectent la société comme un tout, le prix que les individus payent pour un produit peut différer de celui de la société. Les dommages infligés à l’environnement par la production ou la consommation ne sont pas reflétés par les prix de marché. De plus, il est difficile de définir et mesurer les changements de qualité et de prix en pratique.
Du PIB au revenu disponible net
Il faut d’abord distinguer le produit brut et le produit net (ce dernier déduit la dépréciation des capitaux). Mais les mesures actuelles de dépréciation ne prennent pas en compte la dégradation des ressources naturelles et de l’environnement.
Ensuite, dans un monde de globalisation, il y a de grandes différences entre le revenu des citoyens d’un pays et les mesures de la production (PIB) dans le pays. La première notion est plus proche du bien-être des citoyens, car certains revenus sont envoyés à l’étranger et certains résidents reçoivent des revenus de l’étranger. Il serait préférable de mettre l’accent sur le revenu disponible net. Par exemple, en Irlande, il ne représente que 75 % du PIB. Les services non marchands sont très mal mesurés
Les mesures des services fournis par l’État sont défaillantes, qu’il s’agisse de services collectifs (sécurité) ou de services publics rendus aux personnes (médicaux, éducatifs…). Les mesures actuelles en « volume » sont fondées sur les « inputs » utilisés pour produire ces services (surtout le travail) plutôt que sur les « outputs » ou résultats. Les gains de productivité du travail sont alors plus ou moins ignorés. Il est certes difficile de trouver une bonne mesure. Par exemple aux États-Unis, les dépenses de santé par habitant sont les plus élevées du monde mais avec de très mauvais résultats (faible espérance de vie, etc.). Qu’est ce que cela signifie ? Un système de santé plus cher ? Moins efficace ? Il est vrai que l’état de santé ne dépend pas seulement des dépenses effectuées dans le système de santé mais de beaucoup d’autres choses. De semblables questions se posent pour l’enseignement. Il faut donc avoir des informations plus précises sur les services individuels rendus par l’Etat.
Commentaire : tout ce qui précède est juste, mais connu depuis trente ans sans que des mesures de correction aient été mises en œuvre
Dépenses « défensives » Les « dépenses défensives » sont une notion importante. Elles désignent des situations où le PIB augmente du fait d’activités qui consistent seulement à réparer des dégâts divers commis par d’autres activités qui, elles aussi, gonflent le PIB (exemple : dépolluer). Il y a alors croissance économique mais aucune progression du bien-être puisqu’on ne fait, dans le meilleur des cas, que revenir au point de départ. Il faudrait traiter les dépenses défensives comme des consommations intermédiaires et non des produits finaux ajoutés au PIB. Mais il est très difficile d’identifier les dépenses défensives. Il faudrait en développer des estimations expérimentales.
Commentaire : il est important que cette notion commence à être reconnue officiellement. Mais on note la timidité de la recommandation
La richesse est aussi dans les patrimoines ou stocks
Le meilleur indicateur de la santé d’une entreprise est son bilan (balance sheet) et la même chose vaut pour l’économie comme un tout. Pour cela nous devrions avoir un compte exhaustif de ses actifs : capital physique, humain, matériel et social, et de son passif.
Certains actifs ne sont pas reconnus comme tels dans les systèmes comptables. Le capital humain représenterait selon certains 80 % de toute la richesse. La difficulté réside dans la façon d’attribuer une valeur monétaire aux actifs non marchands. Et, même quand il y a des marchés et des prix, ils correspondent souvent à la petite fraction du stock qui fait réellement l’objet d’une transaction (exemple : ressources fossiles).
Commentaire : oui, la richesse et le bien-être sont aussi fortement liés à des patrimoines de société très divers et à des « biens communs », et pas seulement à ceux que mentionne le rapport. Mais la vision économiste des évaluations principalement monétaires de ces patrimoines est-elle à la hauteur des enjeux, d’autant que le rapport fait plutôt état d’une certaine impuissance à répondre aux questions qu’il pose ? Nous y reviendrons.
Niveau de vie économique et inégalités
Il faudrait accorder plus d’importance au revenu médian qu’au revenu moyen, car les inégalités ont augmenté. Quand les riches deviennent de plus en plus riches, cela tire la moyenne vers le haut alors que la situation ne s’améliore pas pour la majorité, comme aux Etats-Unis depuis dix ans.
Par ailleurs, il n’existe pas un consommateur représentatif ou moyen. Il est indispensable d’avoir des indices des prix et de pouvoir d’achat pour la consommation des différents groupes de la société (âge/ revenu /rural-urbain).
Commentaire : tout cela est juste et important, mais pas nouveau. Mais après tout, il peut être bon d’enfoncer le clou.
Aller vers l’intégration du travail domestique voire des loisirs ?
Il faut aussi des mesures plus larges de l’activité économique des ménages. Avant, les gens recevaient des services à l’intérieur de la famille qui sont aujourd’hui achetés sur le marché. Cela reflète un basculement du non marchand vers le marchand. Il faut utiliser les enquêtes de budget temps plus fréquentes et plus homogènes dans tous les pays pour voir comment les gens utilisent leur temps, et comment ils le répartissent entre travail et loisir.
On peut donc envisager des évaluations monétaires de la production des ménages dans les différents pays. Si l’on mesure la valeur de la production de services domestiques en multipliant le nombre d’heures par le salaire horaire moyen des personnels de maison, on obtient 35 % du PIB en France, 30 % aux Etats-Unis et en Finlande. La mesure du loisir en équivalent monétaire nécessite aussi des enquêtes de budget temps. Si on multiplie le temps de loisir moyen par la population active et le salaire moyen, on obtient pour les trois pays un doublement du revenu net disponible !
De telles mesures de « full income » (revenu global intégrant travail domestique et loisirs) sont encore une perspective incertaine à expérimenter. Mais les estimations montrent que les écarts de taux de croissance (ou de revenu réel) entre par exemple la France et les Etats-Unis sont bien plus faibles pour le « full income ».
Commentaire : rien de très nouveau, sauf l’insistance du rapport à faire plus souvent des enquêtes de budget-temps améliorées, ce qui est essentiel. En France, les évaluations de Ann Chadeau et Annie Fouquet datent de… 1981 ! Par ailleurs, la valorisation monétaire du travail domestique pose un réel problème politique. D’une part, cela tend à mettre toutes les activités sur le même plan (activités domestiques de « care » et activités de production économique). Et, d’autre part, du fait de cette mise en équivalence, certains pourraient en déduire que, si ce que les femmes font à la maison est une richesse plus ou moins équivalente à celle qu’elles produisent comme salariées, elles n’ont qu’à rester chez elles. Il faudra donc manier cette proposition avec beaucoup de précautions. C’est encore plus vrai du temps de loisir, dont on voit mal en quoi et comment la valorisation monétaire fournirait un outil d’aide à l’action. Ce chapitre reconnaît officiellement que l’ensemble des critiques faites au PIB depuis une vingtaine d’années étaient justifiées. On peut regretter que les porteurs de ces critiques aient eu tant de mal à se faire entendre, y compris des autorités économiques et statistiques. Un enseignement immédiat à tirer serait de prêter beaucoup plus d’attention aux propositions issues des courants hétérodoxes de l’économie, des autres disciplines, ou encore de la société civile, s’agissant des normes et conventions qui régissent notre vie sociale.
Mais sur le fond, qu’il s’agisse de la reconnaissance officielle apportée aux critiques du PIB, de la proposition de développer des indicateurs mettant mieux en évidence les inégalités de distribution ou de mettre en place des enquêtes budget-temps plus systématiques, le réseau FAIR ne peut qu’approuver des propositions dont ses membres se sont fait les soutiens depuis de longues années.
Chapitre 2. Les indicateurs de « qualité de vie »
Ce chapitre débute en identifiant trois approches conceptuelles pour traiter de la qualité de vie : 1) l’approche subjective du bien-être (les individus étant les meilleurs juges) par le biais d’enquêtes directes ; 2) l’approche par les capabilités d’Amartya Sen (libertés de choix de vie souhaitée) ; 3) l’approche économique de la « juste allocation », où l’on évalue monétairement les dimensions non monétaires objectives de la qualité de vie, mais « en respectant les préférences des personnes », révélées par enquête ou observation de leurs choix effectifs.
Dans l’approche par les capabilités, les états subjectifs ne sont pas tout ce qui compte : permettre aux gens de saisir des opportunités est important en soi, même si cela n’augmente pas le bien-être subjectif. La théorie des capabilités et celle de la juste allocation reposent sur des attributs objectifs, mais diffèrent dans la manière dont ceux-ci sont agrégés et pondérés. Le choix entre les différentes approches est une question normative.
Commentaires : 1) le texte se réfère à des dimensions philosophiques et sociologiques qui ne peuvent pas être exclusivement prises en charge par des économistes. On nous propose seulement trois approches, pourquoi ? 2) On nous indique que le choix entre ces trois approches dépend de choix philosophiques normatifs : qui va les faire ? Il n’est jamais question ni de construire collectivement ce choix, ni d’un bien-être ou d’un bien commun qui pourrait être d’emblée collectif. Et par ailleurs ces trois approches sont clairement non compatibles, voire contradictoires.
Les dimensions de la qualité de vie
D’une façon qui ne semble pas dictée par une théorie mais par la composition du groupe rédacteur le texte retient les dimensions suivantes : la santé ; l’éducation ; les activités personnelles (dont le travail) ; la capacité d’expression politique ; les connexions sociales au sens de Robert Putnam, membre de la commission ; les conditions environnementales ; l’insécurité personnelle et l’insécurité économique.
Toutes ces dimensions sont importantes et déterminantes pour la qualité de vie. La question est de savoir comment elles sont liées les unes aux autres et se déterminent les unes les autres. Le gros problème est aussi celui de l’agrégation éventuelle. Tous les choix d’agrégation et de pondération sont soumis à controverse. Par ailleurs, ces mesures sont actuellement basées sur des moyennes nationales et ignorent la corrélation entre les différentes dimensions de la qualité de vie parmi les gens ou les groupes, donc le cumul des inégalités ou de la pauvreté en conditions de vie.
Commentaire : il y a certaines bonnes analyses dans ce chapitre, mais on voit mal se dessiner des conclusions un peu fortes ou hiérarchisées dans cet ensemble, qui donne l’impression d’avoir été tiré dans des directions multiples du fait de la présence de « leaders » scientifiques dont les approches sont manifestement non compatibles. L’absence de délibérations constructives impliquant d’autres disciplines et d’autres acteurs se fait ressentir. La dimension collective - et construite au terme d’une délibération collective - d’un ou de plusieurs biens communs fait défaut.
Chapitre 3 : les indicateurs de développement durable
Ce chapitre passe en revue les différentes tentatives existantes pour mesurer le développement durable. Il revient sur les travaux existants, pose des questions de fond, montre les limites des différents scénarios possibles.
Il existe, dit le texte, des tableaux de bord et des indicateurs de développement durable très nombreux. Par exemple les indicateurs de l’IFEN, d’Eurostat… Il existe aussi des indicateurs composites comme celui d’Osberg et Sharpe ou d’autres. Un des avantages de ces indicateurs est d’inviter à regarder les évolutions de leurs composants. Mais on retrouve toujours le problème de l’arbitraire du choix des composants et des pondérations. Toute procédure d’agrégation se heurte à des limites.
Il existe aussi des tentatives de construire des PIB ajustés ou « verts ». On doit aussi regarder les indices qui se concentrent sur la surconsommation ou le sous-investissement et qui permettent de mettre en évidence une pression excessive sur les ressources. L’épargne nette ajustée (ENA) de la banque mondiale est, disent les auteurs, l’un de ces indices. Elle est construite à partir du concept de comptes nationaux verts. Il s’agit de maintenir un stock constant ou croissant de « richesse élargie ». Dans l’ENA, on ajoute la variation du capital « produit » par les activités économiques, les dépenses d’éducation (censées approcher l’augmentation du capital humain), puis l’on déduit la consommation (pertes) de certaines ressources naturelles (fossiles) ainsi qu’une estimation des dommages liés aux émissions de gaz carbonique. Tout cela est évalué monétairement. On utilise à cet effet des prix souvent fictifs. On est censé suivre un sentier de développement durable tant que l’ENA est positive, puisque alors la richesse élargie progresse.
« L’empreinte écologique », quant à elle, est utile pour la communication. Elle nous parle de la façon dont nous faisons usage de certaines ressources naturelles renouvelables de la planète (mais pas de toutes ces ressources : par exemple, les ressources en eau n’en font pas partie, mais il existe par ailleurs un indicateur « empreinte eau ».) Elle est selon les auteurs un bon indicateur au niveau mondial, pas à d’autres niveaux. Elle n’est pas intéressante pour analyser un pays ou une société, est-il dit. L’empreinte écologique permet de mesurer la non soutenabilité mondiale ou la contribution d’un pays à la non soutenabilité mondiale, mais pas le caractère soutenable du développement d’un pays.
Que veut-on mesurer, écrivent les auteurs ? Nous voulons mesurer le niveau de bien être et notre capacité à conserver ce niveau de bien être. Des tableaux extensifs du développement durable ne sont pas très utiles ; les indicateurs composites précédents non plus car ils ont un caractère arbitraire. Les mesures de niveaux de vie soutenables comme le PIB vert sont aussi insuffisantes. Ce que nous voulons c’est que les générations futures aient des niveaux de vie au moins égaux aux nôtres et cela dépend de notre capacité à leur transmettre des quantités suffisantes de patrimoines ou « capitaux » qui importent pour le bien être.
Une littérature récente (Arrow) montre comment on pourrait procéder en vue d’évaluations monétaires acceptables sur la base d’un indicateur d’ENA amélioré qui selon les auteurs permettrait d’envoyer les bons signaux. Les critiques faites à l’ENA sont que les pertes de ressources naturelles peuvent être compensées par des gains dans les autres formes de capitaux, ce qui n’est pas acceptable en cas de seuils critiques « vitaux ». Mais avec l’approche améliorée, on peut penser que si une ressource naturelle devient cruciale pour la survie de l’humanité sans pouvoir être remplacée par d’autres actifs, son prix tendra vers l’infini. Cette solution est pour l’instant essentiellement théorique. Il y a beaucoup d’obstacles qui s’opposent à sa mise en œuvre.
Il faudrait donc des scénarios avec des évaluations différentes des actifs critiques pour l’environnement. Le problème est que les prix (par exemple celui de la tonne de CO2) reflètent des préférences idéologiques. Une des idées est de construire une version « de précaution » d’un indicateur de richesse élargie (ENA idéale) avec des prix reflétant les pires scénarios. L’autre possibilité est de traiter le changement climatique ou d’autres évolutions majeures de l’environnement d’une façon isolée en construisant des indicateurs physiques ad hoc comparant les stocks à des objectifs définis. Cela est cohérent avec la recommandation consistant à proposer de mélanger des indicateurs monétaires et des indicateurs physiques pour les questions environnementales.
Commentaire : les questions irrésolues renvoyées à de futurs travaux abondent dans cette tentative de « sauver l’ENA ».
2. Les apports appréciables de la commission Stigliz
Les pages de ce rapport consacrées à la critique du PIB (lorsqu’on l’assimile à un indicateur de progrès) doivent être saluées, même si cela n’est pas nouveau, car lorsqu’un aréopage d’économistes de haut vol dit cela, c’est pour nous une reconnaissance, voire un tournant historique. De façon générale, nous l’avons dit, le chapitre 1 contient des avancées appréciables pour la reconnaissance de thèses que nous défendons depuis longtemps.
Parmi les autres points très positifs, signalons : une assez forte présence de la question des inégalités et de l’insécurité économique et sociale (y compris pour mieux cerner des effets cumulatifs sur certaines personnes ou certains groupes sociaux), aussi bien dans le chapitre 1 que dans le 2, mais pas dans le 3 ; l’insistance à diverses reprises sur des enquêtes de budget-temps plus systématiques et plus fréquentes dans tous les pays ; le souci de mieux valoriser (monétairement ou non) le non marchand et le non monétaire, les services publics et leurs contributions. La notion de « dépenses défensives » fait l’objet d’appréciations positives (il s’agit de situations où des activités qui augmentent le PIB correspondent à de pures réparations de dégâts occasionnés par d’autres activités qui augmentent le PIB…).
Au total, il y a vraiment du grain à moudre et des avancées dans ce rapport. Mais il y a aussi de fortes limites, dont on peut encore espérer qu’elles seront dépassées dans la version finale.
3. Un résultat encore décevant, qui n’est pas à la hauteur des grands enjeux de ce début de siècle…
Partons de cet excellent constat public de Joseph Stigliz : nos instruments de mesure actuels, notamment le PIB et sa croissance, nous ont rendus presque aveugles. Ils nous ont fait croire que la vive croissance américaine des dix dernières années devait être copiée partout, alors que c’était un mirage et qu’elle n’était pas soutenable. Ni sur le plan financier et économique, on l’a vu, ni sur le plan social (la majorité des Américains a en réalité connu une décennie de stagnation ou de déclin), ni sur le plan environnemental (tous les indicateurs physiques montrent un dépassement des seuils d’alerte). Les indicateurs économiques dominants nous trompent en ne nous envoyant pas les signaux permettant d’agir et de prévenir à temps les crises majeures, ils ne nous disent rien du bien-être durable, des inégalités, de la pression environnementales, etc. Il en faut d’autres pour cela.
Avec un tel constat, qui rejoint les nôtres, nous espérions des conclusions fortes en faveur d’indicateurs d’alerte permettant par ailleurs de fonder et de suivre les réorientations urgentes des politiques nationales et internationales. Nous n’y sommes pas encore. Commençons par les deux domaines qui occupent le plus de place dans le rapport. D’abord les extensions et révisions du PIB pour mieux mesurer un revenu disponible net voire un revenu global (« full income ») intégrant le travail domestique et les loisirs. Puis la proposition d’un indicateur phare de « développement durable national » inspiré de celui de la Banque mondiale : l’épargne nette ajustée (ENA). Extension du domaine de la monétarisation
Qui peut penser qu’en remplaçant le PIB par un indicateur (certes meilleur, donc recommandable) de revenu net, on sera moins aveugle en cas de risques de crises graves ? En quoi son utilisation en 2007 et 2008 aurait-elle permis d’y voir plus clair sur les dangers ? En rien. Il faudrait donc déjà réfléchir, pour les mettre en avant, à des indicateurs de risques économiques et financiers majeurs.
Posons-nous les mêmes questions pour l’indicateur lui aussi monétaire de revenu global ou « full income ». Les réponses sont identiques. Et pour les indicateurs suggérés de richesses patrimoniales diverses ? Mêmes réponses. Pourquoi cette impuissance, que l’on retrouvera avec l’ENA ? En raison selon nous de l’insistance sur la monétarisation comme seule méthode vraiment satisfaisante pour ces économistes. La très juste critique du PIB nous rendant aveugle n’est pas allée jusqu’à une critique des limites de la comptabilité nationale monétaire, en réalité impuissante à intégrer des problèmes POUR LESQUELS ELLE N’A PAS ÉTÉ CRÉÉE.
L’ENA, ou l’Estimation Non Adaptée
De la même façon, qui peut penser qu’avec l’indicateur monétaire d’épargne nette ajustée (voir précédemment), inventé par la Banque Mondiale et survalorisé par la commission comme hypothèse à creuser, on aura un repère qui soit 1) compréhensible par d’autres citoyens que des économistes appuyés sur leurs modèles ; 2) reflétant (ce que prétend le rapport) les grands enjeux du développement durable, alors qu’il ne prend en compte ni les seuils écologiques critiques ni les questions d’inégalité et de pauvreté ; 3) capable d’influer sur les pratiques d’acteurs qui voudraient comprendre les enjeux.
Certes, pour cet indicateur, on nous explique qu’avec des méthodes encore plus sophistiquées, mais pour l’instant au stade de la recherche, on pourrait surmonter des faiblesses actuelles reconnues. Ces faiblesses aboutissent à ce que les Etats-Unis et la Chine ont, avec cet indicateur, d’excellentes performances en matière de développement durable ! Cette proposition d’amélioration radicale nous semble, elle aussi, illusoire. Elle est, de plus, dangereuse, en nous éloignant des indicateurs d’alerte vraiment utiles pour d’autres politiques de durabilité.
Nous ne sommes pas hostiles, pour des politiques bien spécifiques (par exemple pour fixer des coûts de réparation ou des taxes), à certaines évaluations monétaires conventionnelles de dommages environnementaux actuels ou prévisibles, bien que ce soit d’une grande fragilité, comme le montrent les débats scientifiques en cours sur une probable et forte sous-évaluation, dans le « rapport Stern », des dépenses nécessaires pour éviter une catastrophe climatique.
Mais de quoi les citoyens et les décideurs, de préférence associés, ont-ils d’abord besoin pour prendre des mesures individuelles et collectives sur ces questions proprement vitales ? Ils ont besoin de savoir avant tout si leur production, leur consommation, leurs rejets et leur mode de vie utilisent des ressources naturelles (y compris le climat) dans des limites compatibles avec les capacités de la nature à fournir ces ressources et absorber leurs pollutions et rejets. De tels indicateurs ne sont pas du ressort des économistes mais de disciplines multiples mises en mouvement en relation avec les organisations de la société civile et les élus. Ce sont des indicateurs physiques d’usage des ressources, de seuils de soutenabilité, d’émissions, etc. Comme il en existe beaucoup (pour le climat, l’eau, les terres cultivables, les forêts, les pollutions de l’air et des sols, la biodiversité animale et végétale, les ressources fossiles, etc.) on peut et on doit selon nous utiliser en complément un ou deux indicateurs « résumés » ou synthétiques pour attirer l’attention sur la tendance globale avant de la décomposer en tendances par domaines. C’est entre autres le mérite de l’empreinte écologique, de l’empreinte eau, du living planet index (pour la biodiversité). Aucun n’est parfait, il faut donc encourager leur amélioration et des innovations, mais tous sont déjà bien supérieurs à cette construction d’économistes qu’est l’épargne nette ajustée. Or la commission dévalorise les premiers et consacre des pages au dernier.
S’agissant enfin des indicateurs de « qualité de vie » (chapitre 2), il est permis de se poser des questions sur l’accent mis sur les indicateurs subjectifs de satisfaction, d’affects ou de « bonheur ». Qu’ils fassent partie du paysage et puissent conduire à se poser des questions intéressantes est évident. Mais ils sont d’un intérêt négligeable pour la conduite de l’action publique, ils ne disent rien ou presque des conditions de vie, de santé, de travail, des « capabilités » (liberté de choix de vie souhaitée sur la base de conditions objectives favorables). Ils ne peuvent pas servir à définir des critères de convergence entre pays ou des objectifs mondiaux « du millénaire ». Le rejet des indicateurs composites est lui aussi un problème sur le plan de la sensibilisation et de la médiatisation. Des regrets sur la méthode
Enfin, on ne peut que regretter le caractère faiblement démocratique du processus mis en place. Dans l’article publié le 22 avril 2008 dans le Monde sous le titre « Deux Nobel ne font pas le bonheur », Dominique Méda s’était étonnée qu’une Commission destinée à réfléchir sur les conventions qui encadrent la définition de ce que sont la richesse, le progrès et la performance des sociétés ne comprenne que des économistes, si peu de femmes (deux) et aucun représentant de la société civile : « si la Commission souhaitée par le président de la République, constituée de la fine fleur de l’élite économique mondiale se réunit en chambre pour nous délivrer sa formule magique, gageons que celle-ci, quelle que soit sa perfection technique, ne nous sera d’aucune utilité, incapable qu’elle sera de rendre visibles les malaises de notre civilisation ». Le réseau FAIR s’était précisément constitué pour rappeler à la Commission, d’une part, l’existence de travaux sur ces sujets – et la presser de prendre ceux-ci en considération – et, d’autre part, la nécessité de construire de nouvelles conventions et de nouveaux indicateurs avec la société, et c’est à cette condition que Jean Gadrey avait accepté de participer à ses travaux. Si la Commission a rencontré deux fois certains membres de FAIR en 2008, la société civile organisée a été tenue totalement en dehors de ses discussions. C’était pourtant une occasion tout à fait exceptionnelle de nourrir une délibération collective dont nos sociétés ont plus que jamais besoin. C’est la critique la plus forte que FAIR porte aujourd’hui à l’égard des travaux de la Commission.
Conclusion provisoire
Le collectif FAIR publiera en juin une analyse beaucoup plus développée des enjeux, des priorités et des modalités de la construction de nouveaux indicateurs, ne portant pas uniquement sur les travaux de la commission Stiglitz. Le présent texte, rédigé « à chaud », entend juste répondre à cette question qui nous est posée de plus en plus souvent : que trouve-t-on dans ces travaux et avez-vous de premiers commentaires ?
Par Jean Gadrey et Dominique Méda.
Article de L’Institut pour le Développement de l’information économique et sociale
Paradoxe des temps modernes. Les extraordinaires avancées des sciences et des techniques ont permis à l’humanité d’accumuler un savoir faire et une capacité de production à même de satisfaire la plupart de ses besoins, et pourtant cette richesse potentielle, loin de se traduire par l’accomplissement des promesses du progrès, s’accompagne aujourd’hui d’une inégalité toujours accrue, d’une énorme demande sociale non satisfaite, et d’une pression croissante sur les conditions d’existence au nom du sacro saint rendement compétitif. Mais rendement de quoi ?
Loin de permettre de libérer l’homme, l’intelligence, les énergies mobilisées, les efforts consentis, englués dans un système devenu inefficace, inadapté et dangereux, conduisent l’humanité à sa perte. Le système économique - dont la structure est un archaïsme hérité des temps obscurs où la rareté dominait - poursuit sa trajectoire aveugle et insoutenable qui nous rapproche inexorablement de l’épuisement des ressources primaires, et de la dévastation de notre planète. « Prosperity Without Growth ? » est un ouvrage (disponible gratuitement en ligne) publié par la Commission du Développement Durable, une agence gouvernementale du Royaume-Uni, qui ose aborder de front cette question brulante. La croissance, telle que nous la pratiquons, est dans l’impasse. Il faut repenser à nouveaux frais nos modèles de développement, et renoncer à la religion du PIB.
Cela implique-t-il un retour aux privations ? Nullement. Les études effectuées de par le monde montrent qu’une fois atteint un niveau de revenu situé entre la moitié et les deux-tiers de ce qu’il est aujourd’hui aux USA, le sentiment de bien-être n’augmente plus en relation avec l’accroissement des revenus. Renoncer à la croissance, ce pourrait donc être simplement renoncer au « toujours plus » du consumérisme, à la recherche vaine de la distinction par les colifichets du « je le vaux bien » narcissique. Une telle révolution, non seulement économique mais également culturelle, est possible, nous dit la Commission Britannique, qui indique en s’appuyant sur les travaux de l’économiste canadien Peter Victor que cela permettrait également de travailler moins. Nous publions ci-dessous la note de lecture de cet ouvrage rédigée par Charles Siegel pour Common Dreams, et fournissons le lien de téléchargement.
Lire la suite de l’article sur Contre Info.
Vous pouvez télécharger le rapport et lire un article en anglais sur notre site.
L’Europe ne va pas bien. Les sondages laissent prévoir un fort taux d’abstention aux élections européennes, donnant l’image d’un désamour ou d’un incompréhension à l’égard du Parlement Européen dont l’importance n’a pourtant cessé de croître au fil des années. La difficulté à aboutir à la ratification du Traité de Lisbonne est un autre signe de la perte de souffle et de projet de l’Union Européenne. Les citoyens ne comprennent pas où veut aller l’Europe. Ils sont attachés au développement durable, à l’équilibre entre efficacité économique et et justice sociale qui sont les traits distinctifs de l’Europe dans le monde, mais ils ont le sentiment que l’Europe tend à ne devenir qu’un marché unifié bénéficiant avant tout aux grandes entreprises, ce qui trace la ligne de fracture entre anti et pro européens au sein de chaque État.
La Fondation Charles Léopold Mayer, pour sa part, est convaincue que malgré ses crises, la construction européenne est l’aventure géopolitique la plus importante du 20ème siècle et qu’elle constitue le seul modèle de référence possible pour construire une gouvernance mondiale légitime, démocratique et efficace ou, tout simplement, un monde vivable.
Cet intérêt s’est matérialisé par l’ouverture d’un blog sur le site d’Euractiv, le site le plus consulté pour ce qui concerne les affaires européennes. L’adresse du blog est www.challengeforeurope.eu. Nous avons déjà réuni 70 propositions mises sur ce blog au rythme de 2 par jour.
Vous pouvez vous y associer de la manière suivante :
apporter vos propres propositions, selon le modèle ci-joint ;
faire le lien entre votre site web et l’adresse du blog pour renforcer sa notoriété et améliorer son référencement sur Google ;
animer le blog en faisant vos propres observations sur les propositions déjà postées ;
attirer l’attention des candidats à la députation européenne avec lesquels vous êtes en mesure d’entrer en contact soit sur ce foisonnement de propositions, soit sur telle ou telle proposition qui vous paraît d’un intérêt particulier, soit encore sur l’importance pour les candidats de se mettre à l’écoute des perspectives sur l’Europe dont les citoyens sont porteurs.
« Le monde a besoin d’alternatives et pas seulement de régulations ». C’est en ces termes que débute ce court texte de François Houtart. Texte d’une allocution à l’Assemblée générale de l’ONU à l’automne 2008. On y retrouve les grands principes d’une économie plurielle, responsable et solidaire.
Article du Bulletin Quoi de neuf Mai 2009 du CRDC
Conférence–Débat co-organisée par l’IRE, Prospective 2100 et Ecole de Paris du management.
La crise bancaire et financière fait la une des médias depuis des mois. Pourquoi est-elle plus grave que les précédentes ? Quelle en est l’origine systémique ? Pourquoi les solutions conventionnelles (baisser les taux d’intérêts, renflouer les banques, relance Keynesienne) ne suffiront-elles pas ? De plus, nous savons qu’elle coïncide avec d’autres défis planétaires sans précédents comme le changement de climat, les effets économiques du vieillissement des populations, et la mutation technologique qui découple la croissance avec l’emploi. Quelles innovations monétaires sont disponibles dès aujourd’hui pour structurellement résoudre ces défis, et changer cette crise en une opportunité ? Que peuvent faire les états, les entreprises, et les citoyens eux-mêmes, pour éviter d’être entraînés dans la débâcle bancaire ? Voici les questions qui seront traitées pendant cette soirée grâce notamment à l’intervention de Bernard Lietaer, auteur de Monnaies régionales. De nouvelles voies vers une prospérité durable.
Avec :
Jean-Marc Brûlé, Président de l’Atelier, Centre de ressources régional de l’Economie sociale et solidaire
Jacques Dughera, Secrétaire général, Conseil National de l’Insertion par l’Activité Economique (CNIAE)
Yann Fradin, Directeur général, Association Espaces, Insertion par l’écologie urbaine en Val de Seine
Frédéric Massot, Président du Centre des Jeunes Dirigeants et des Acteurs de l’Economie Sociale (CJDES)
Animé par :
Laurent Jeanneau, journaliste, Alternatives économiques
Résumé : Les crises actuelles révèlent avec vigueur la rupture déjà consommée du compromis entre l’économique et le social. C’est l’ensemble du système qui est violemment remis en cause. Avec une visibilité limitée, une internationalisation fragmentaire, une atomisation des acteurs ou une délicate cohabitation avec le secteur strictement marchand, se pose la question de la possibilité pour l’économie sociale et solidaire d’être un levier de la refonte du système économique et social. Comment l’économie sociale et solidaire au travers de la multitude de ses expériences locales peut montrer la voie pour " produire et travailler autrement " ? Enfin comment développer entre les acteurs de l’économie sociale et solidaire et ceux du développement durable, qui oeuvrent sur les mêmes enjeux du territoire et de l’humain, les passerelles qui permettent de donner encore plus de force et de cohérence au mouvement de transformation sociétale qui est en cours ?
La mondialisation économique vue par la Marche mondiale des femmes et des groupes féministes.
La Marche mondiale des femmes (Lettre aux dirigeants du FMI et de la BM : 2000 bonnes raisons de changer de cap, octobre 2000), rejoignant les critiques féministes de la mondialisation, s’était employée à analyser comment ce processus était certes le résultat du système économique dominant – le capitalisme néolibéral – mais aussi comment il n’affectait pas les femmes de la même manière que les hommes (Wichterich, 1999). Et de démontrer les effets paradoxaux de la mondialisation : plus grande participation des femmes au marché de l’emploi mais augmentation des écarts entre une minorité de femmes dites « gagnantes » et une majorité de femmes « perdantes » (L’économie en question du point de vue des femmes, 2004). Et de démontrer comment les femmes sont de plus en plus cantonnées dans le travail précaire, atypique, flexible, à domicile, informel ; comment elles deviennent partout des « femmes de services », comment elles sont confinées dans des ghettos d’emplois et des secteurs traditionnellement féminins et sous-payés, comment leurs conditions de travail et de salaire n’ont pas encore atteint ceux des hommes. La crise économique actuelle ne fera qu’aggraver cette situation.
Des féministes ont proposé une analyse plus approfondie de la mondialisation : le phénomène ne pouvait se comprendre du seul point de vue de la critique du capitalisme néolibéral. Il fallait l’analyser également à partir du patriarcat entendu comme système autonome – politique, économique, social et culturel – d’oppression des femmes ; un système antérieur au capitalisme lui-même et caractérisé par :
L’assignation des femmes à des rôles, tâches, statuts spécifiques dans la société,
L’appropriation du corps, du sexe et du temps des femmes, de leur force productive et reproductive,
L’exclusion des femmes de la propriété, du pouvoir politique, du pouvoir économique, etc.
La discrimination dans la reconnaissance de leur travail et de leur existence, dans l’accès et l’usage des ressources.
Poursuivant encore plus loin l’analyse, de nombreux groupes féministes se sont appliqués à montrer l’imbrication des discriminations de « classe », de « genre » et de « race » qui caractérisent le système économique qualifié trop étroitement de capitalisme néolibéral. Les femmes du Sud, les femmes autochtones, les femmes Noires, les femmes arabes, etc. vivent des discriminations spécifiques dans le système actuel en tant que travailleuses exploitées – sous-payées ou non rémunérées – dans leur pays ou territoires, en tant que migrantes ou immigrantes, en tant que victimes de toutes sortes de violences institutionnelles. Le capitalisme tire profit du racisme et du patriarcat et vice-versa. La féminisation de la pauvreté, de la maladie, et en particulier des migrations, en constitue un exemple. Ces migrations légales et illégales des femmes constituent aujourd’hui la moitié des migrations totales. Chaque année par exemple, des milliers d’aides domestiques et des milliers d’entraîneuses de bar émigrent vers des pays du Nord ou de l’Ouest pour travailler dans des conditions qui se rapprochent bien souvent de l’esclavage. La traite et le trafic de femmes et de filles à des fins d’exploitation sexuelle sont en croissance partout dans le monde.
Enfin, les éco-féministes ont appelé à critiquer le système économique du point de vue de son impact sur l’environnement, sur les relations sociales, et sur l’avenir de la planète : productivisme boulimique, addiction pathologique à la consommation, individualisme à courte vue basé sur le « tout avoir, tout de suite et tout le temps », culture de guerre et donc dépendance envers l’industrie militaire, esprit de compétition et cupidité qui mènent à une concentration de la richesse à la limite du supportable et à des mutations dangereuses de la nature elle-même (changements climatiques, pollution de l’eau, de l’air, de la terre, etc.).
L’opération « sauvetage » du système actuel : un cul-de-sac ?
Les plans de sauvetage de l’économie doivent également être dans notre mire. On le sait : les dirigeants du G20 se sont beaucoup agités pour répondre à l’urgence de cette crise en proposant des mesures immédiates et de court terme telles qu’un resserrement des contrôles sur la spéculation aux niveaux national et international, des investissements dans les infrastructures, des exigences de transparence, etc. Mais le préambule à leurs travaux annonce surtout que tout va changer pour ne rien changer en profondeur.
En fait, les dirigeants des pays du G20 proposent des corrections aux dérives du système – ce qui n’est pas négligeable, surtout du point de vue des populations vulnérables – mais qui ne constitue en rien une remise en cause de ce qui est au coeur de la crise économique : les finalités et le fonctionnement du système lui-même. Une fois la tempête passée, les choses reviendront à la normale ! Rien en effet sur la démocratisation des secteurs financiers, sur l’élimination des paradis fiscaux et de l’évasion fiscale en général, sur la refonte des institutions financières internationales (OMC, FMI, BM, etc.) des bourses, de l’accès au crédit, de l’appropriation individuelle ou corporatiste des ressources naturelles, sur la mise en cause des politiques inégalitaires, sur l’encouragement à la consommation et à l’endettement, sur le productivisme qui met la planète en péril, etc
Les dirigeants mondiaux ignorent totalement l’existence du sexisme et du racisme comme causes structurelles de la crise économique, donc il faut questionner leurs plans de sauvetage :
Comment affectent-ils les femmes de manière spécifique ?
Quelles mesures sont destinées aux femmes ? Par exemple : l’équité salariale estelle partie prenante de ces plans ? Met-on un stop à la privatisation des services de santé et d’éducation ?
Quand les gouvernements parlent d’investir dans les infrastructures, de quoi parlent-ils ? Des ponts, des routes …mais qu’en est-il des biens et services qui répondent aux besoins fondamentaux des individus et collectivités (garderies, centres de femmes, groupes de défense de droits, coopératives agricoles, etc.).
Sur quels principes et quelles valeurs refonder l’économie ?
La Charte mondiale des femmes pour l’humanité propose de construire un autre monde fondé sur les valeurs d’égalité, de liberté, de solidarité, de justice et de paix.
Chacune de ces valeurs implique l’émergence d’une « autre » économie basée sur les principes suivants :
La primauté du politique sur l’économisme ; donner priorité au « vivre ensemble », au souci pour l’intérêt général, le bien commun, les biens publics en tant que patrimoine commun de l’humanité à partager équitablement (ressources naturelles, eau, air, etc.) ;
La démocratie comme fin et comme moyen de transformation de l’économie. L’économie demeure un immense chantier à démocratiser ;
Une conception résolument solidaire de l’économie en opposition à l’économie machiste et guerrière dominante qui produit un très petit nombre de gagnants et une grande masse de perdantes et perdants. Une économie nouvelle socialise les gains de productivité au lieu de les privatiser ;
L’égalité de droit et de fait entre les femmes et les hommes et une transformation des rapports sociaux qui implique entre autres :
une remise en cause de la hiérarchisation sociale et, par le fait même, une remise en cause des privilèges individuels et collectifs associés à cette hiérarchie ;
un engagement de la part des divers acteurs sociaux à réclamer le respect des droits des femmes ;
La reconnaissance du travail invisible de reproduction sociale assumé très majoritairement par les femmes et encore ignoré dans la comptabilité de la richesse ;
Les droits, en particuliers les droits économiques, sociaux et culturels qui concernent toutes les sécurités souhaitées (alimentaire, énergétique, de santé, d’éducation, de logement, etc.) ;
Le respect de l’environnement et la remise en question de la croissance économique à tout prix (productivisme destructeur des rapports sociaux et de l’environnement).
Des exemples de mesures immédiates à prendre :
Investissements gouvernementaux dans tous les types d’infrastructures (de « béton » et sociales) hors de partenariats privés-publics (PPP) ;
Refondation d’une politique industrielle axée sur les projets innovants, écologiques et riches en emplois des petites et moyennes entreprises et industries avec droit de regard de l’État sur la stratégie de relance industrielle (Le Monde, 21 janvier 2009) ;
Mesures de facilitation de l’accès au crédit ;
Mesures de protection, de création et de formation en emploi ;
Mesures de protection des plus vulnérables dans toutes les sociétés (assurance-chômage, sécurité du revenu, etc.) dont les femmes, en particulier les femmes pauvres, monoparentales, âgées, Noires, autochtones, etc ;
Mesures de partage des gains de productivité en faveur des salaires, contre le chômage mondial et pour le travail décent protégé par les normes du Bureau international du travail (BIT) ( http://ituccsi. org/spip.php ?article2703&lang=fr) ;
Mesures pour instaurer l’égalité et l’équité salariales entre les hommes et les femmes ;
Promotion de l’économie locale dont l’économie sociale ;
Reconnaissance et émergence, dans la sphère publique formelle, du travail « invisible » des femmes. Entre autres, la reconnaissance des savoirs traditionnels et des savoirs d’expérience acquis à l’extérieur de la sphère économique « dominante ». Ces savoirs contribuent au bien-être des personnes et des collectivités. Il est fondamental de les valoriser et de leur reconnaître une « rentabilité sociale » autant qu’une « rentabilité économique » ( http://ituc-csi. org/spip.php ?article2703&lang=fr) ;
Partage équitable entre les femmes et les hommes du temps alloué au travail domestique et à l’éducation des enfants dans la sphère privée.
Article trouvé sur http://www.millebabords.org/spip.php?article11185
Les 8 et 9 mai auront lieu les premières rencontres du réseau vaudois d’économie sociale et solidaire à Pully (Suisse)
1. Contexte en Suisse romande
Il existe, en Suisse romande (dont Vaud est un des deux cantons, l’autre étant Genève), de nombreuses intiatives d’économie sociale et solidaire. Celles-ci s’expriment notamment dans les domaines suivants, tels qu’ils sont envisagés par l’Association de Promotion de l’ESS du canton de Vaud :
Habitat associatif et coopératif, Agriculture de proximité, Promotion économique locale, Entreprises d’Insertion Sociale, Mobilité douce, Secteur artisanal et industriel coopératif, Economie non monétaire (SEL), Commerce équitable et biologique, Micro-entreprises culturelles, sportives et de bien-être, PME à visage humain et sans but spéculatif, etc.
Actuellement, entre 5% et 10% des échanges commerciaux s’effectuent dans le cadre d’une économie sociale et solidaire (des chiffres plus précis pour le canton doivent être donnés par un programme de recherche sur plusieurs années). Entreprises, associations, coopératives ou fondations génèrent des revenus et sont des acteurs économiques. Même les dirigeants des SA & Sàrl peuvent inscrire dans leurs statuts qu’elles ne visent aucun but lucratif.
Quelques exemples d’activités exercées dans le canton : Chèques Emploi, activités d’insertion par la récupération, jardins ou restau d’insertion, théâtre forum, etc.
L’association Smala (qui soutient des micro-entreprises d’innovation sociale depuis 1993) et APRES- GE (Chambre genevoise de l’ESS) se sont associées pour préparer le lancement suisse d’une ou plusieurs entreprise collective partagée (ECP) inspirées des expériences françaises existantes (en France elles sont appelées Coopérative d’Activité et d’Emploi). Le Secrétariat à l’Education et à la Recherche soutient ce transfert d’innovation sociale. En Europe, 3 autres pays (Portugal, Suède et Italie) ont bénéficié d’un soutien de l’UE pour développer une ECP adaptée au contexte de leur pays.
Dans une entreprise collective partagée, où différentes professions se côtoient : déménageurs, graphistes, artisans alimentaires, arthérapeutes... Tous prospectent et trouvent leurs clients, tous ont leur identité propre. Mais une seule entreprise facture, encaisse, salarie et facilite le partage (de matériel, de savoir-faire, de clients). C’est le principe des ECP, dont les participants se nomment des "entrepreneurs salariés".
2. La mise en réseau
On constate cependant une certaine difficulté, voire de la réticence, des initiatives de base de l’ESS de Suisse romande à s’organiser en réseau. Bien que se connaissant souvent les unes les autres, les organisations fonctionnent de manière encore relativement cloisonnée comparé à d’autres pays.
Voici quelques hypothèses sur ces difficultés, que les rencontres visent à surmonter :
Difficulté de certains acteurs de se reconnaître dans la dénomination "économie sociale et solidaire". Soit c’est le côté "social" ou "solidaire" qui dérange, soit pour certaines associations, le côté "économie", et ce malgré la réalité de l’association de ces deux objectifs dans leurs activités.
Difficulté à faire reconnaître que les organisations de l’ESS sont des acteurs de l’économie
3. Actions
L’Association pour la Promotion de l’Economie Sociale et Solidaire en canton de Vaud APRES-VD s’inspire notamment de son homologue, initié par l’association APRES-GE, constituée en chambre genevoise de l’ESS en 2005, après une rencontre fondatrice à la fin de l’année 2004, qui avait regroupé 200 participants de Suisse romande. 200, c’est aussi le nombre de membres de la chambre de l’ESS créée en 2005.
Dans le canton de Vaud, un comité de pilotage a été créé en 2005, auquel participe une dizaine d’organisations participent au Copil, avec une ouverture sur l’extérieur (APRES-GE et FBES) :
Banque Alternative Suisse (BAS.ch) - Dominique Roten Action Solidaire et Création d’Entreprises (ASECE.ch) - Yvette Jaggi Chambre de l’Economie Solidaire (APRES-GE.ch) - T. Pellet & C. Taddeo Union des Sociétés Lausannoises (lausanne-USL.ch) - Bertrand Sonnay Fédération Romande des Consommateurs ; section VD (FRC.ch) - Théo Bondolfi Association Eglise et Monde du Travail (EMDT) - Jean-Pierre Thévenaz Lausanne Roule (lausanneroule.ch) - Lucas Girardet Association Smala (lasmala.org) - Pierre Delcourt et Marie-Jane Berchten Ass. Transdisciplinarité & Entreprise Sociale (APTES.ch) Frédéric Richard Fondation Ynternet.org pour l’inclusion numérique (Ynternet.org) Mariette Glauser
Ce comité de pilotage a mis en place un site internet en 2009 (www.zen3.net) qui permet aux organismes vaudois qui pratiquent une économie à visage humain de se connecter en réseau. Ce réseau vaudois sera lancé officiellement aux rencontres des 8 et 9 mai 2009 à Pully. Les participants peuvent faire figurer leurs organisations et leurs prestations sur un annuaire, dont 1000 exemplaires seront imprimés pour ces rencontres.
Une trentaine d’organisations se sont déjà mises en réseau, et au moins 60 d’entre elles se sont inscrites aux rencontres.
4. Valeurs et objectifs de l’ESS
APRES-VD décline de la façon suivante les valeurs et objectifs de l’ESS :
Economie Sociale et Solidaire (ESS), une économie à dimension humaine, ici et maintenant. L’objectif des acteurs de l’ESS est de contribuer à : • Replacer l’être humain au centre de l’économie • Utiliser le capital comme outil au service du bien commun
Les 7 valeurs de l’ESS, adoptées par APRES-VD et APRES-GE sont :
Bien-être social : être plutôt qu’avoir Citoyenneté : chaque contributeur a une voix qu’une compte Ecologie : produire pour vivre et non vire pour produire Autonomie : autonomes mais pas individualistes Solidarité : 1+1 > 2 Diversité : riches de nos différences Cohérence : dire ce qu’on fait et faire ce qu’on dit
5. Programme de la rencontre des 8 et 9 mai 2009
Le 8 mai
Espace projets : l’innovation sociale et solidaire.
Une salle pour le conseil et l’accompagnement personnalisés de 15 à 30
minutes sur rendez-vous directement pris sur place avec :
appui à la vie associative par www.avec-association.ch
doléances & solutions administratives : avec Bertrand Sonnay
performance et implication pour vos projets, avec Daniel Held
ne réinventons pas la roue, animé par Geneviève Morand (Rézonance)
pour vous relier avec d’autres initiatives.
Buffet / Stands (saveurs et couleurs solidaires)
Ateliers : micro-crédit, femmes qui entreprennent, entrepreneurs salariés, économie numérique.
Débat en plénière : Entreprendre solidairement : pourquoi, comment ?
Le 9 mai
Ateliers : La Charte, APRES-VD, les réseaux
Débat : quelles clés de succès pour l’Economie Sociale et Solidaire ?
Télécharger la brochure sur www.apres-vd.ch
Le préprogramme de ces rencontres se trouve ici : _ http://www.ynternet.net/APRES-VD/ESS-VD_programme_8-9-mai.pdf
Avisez-nous de votre intérêt à y participer, en nous écrivant à info@apres-vd.ch
700 personnes, 59 pays représentés des 5 continents, une centaine d’interventions en français, anglais, espagnol, portugais…, des rencontres continentales du RIPESS, une rencontre intercontinentale, des réseaux proches de l’économie solidaire invités à participer à un mouvement commun. L’économie sociale et solidaire, riche de propositions et d’initiatives, était bien présente au rendez-vous de Luxembourg, au IV Forum Globalisation de la Solidarité organisée par le RIPESS. Qu’en dire ? Ce genre d’événements est très difficile à relater, mélange de ressentis, de rencontres, de frustrations de ne pas pouvoir avoir participé à plusieurs ateliers en même temps, de ne pas pouvoir avoir compris plus précisément le projet d’un tel ou un tel en Afrique ou en Asie, expérience de plus de vingt ans qui doit se raconter en 5 minutes à peine.
Le format de la rencontre était intéressant. Trois jours de rencontre, le premier « on illustre », le deuxième « on débat », le troisième « on propose » sur des temps d’1h30 de travail. Le sentiment général a été malgré tout dans la plupart des ateliers auxquels j’ai participé que trop de temps était dédié aux interventions et trop peu au débat. En outre, l’organisation des ateliers sur plusieurs villes où l’on devait se rendre en train ou grâce à des navettes mises à disposition compliquait le passage d’un atelier à l’autre.
Dans l’après-midi, de grands panels rassemblaient l’ensemble des participants. Le jeudi, par exemple, les intervenants se sont posé la question de la place de l’économie solidaire dans les lieux de décision et son peu de visibilité malgré le poids qu’elle représente dans certaines économies. Patrick Viveret a parlé du blocage de l’imaginaire en général qui a mené aux différentes crises que l’on connaît, mais que ce blocage est aussi présent dans les forces transformatrices de la société, y compris l’économie sociale et solidaire. Pour lui, l’ESS n’a pas l’ambition de ses moyens, elle ne s’inscrit pas de façon volontaire dans une approche transformatrice malgré sa vision systémique qui inclut une autre approche de la richesse, du pouvoir, de l’argent, de nos modes de vie mais aussi une capacité à chercher des solutions innovantes aux différents problèmes posés dans l’économie et la société.
Paul Singer, le très attendu secrétaire d’Etat à l’Economie Solidaire au Brésil, l’un des points du globe où l’ESS a un poids de plus en plus important, s’est posé la question de si l’ESS représentait une alternative au modèle dominant. Pour lui, la part de démocratie conquise de haute lutte dans le capitalisme a été balayée en grande partie par la contrerévolution néolibérale. Utilisant la globalisation financière comme arme, elle a affaibli le mouvement ouvrier en optant pour les délocalisations et un marché du travail mondial, corvéable à merci, affaiblissant par ailleurs les Etats Nationaux. Pour lui, il faut renforcer l’Etat, entité élue démocratiquement. Commentaire qui a soulevé de très nombreuses questions dans le public. Paul Singer a enfin déclaré que l’ESS pouvait être une alternative, qu’elle avait acquis un poids de plus en plus important dans plusieurs pays d’Amérique Latine, le Brésil bien sûr, mais aussi par sa reconnaissance dans les constitutions de la Bolivie et de l’Equateur et dans ce qu’il a appelé « le socialisme du XXIème siècle de Hugo Chavez » au Vénézuela.
L’impression d’ensemble était que l’économie sociale et solidaire représente une richesse incroyable de pratiques mais aussi de théories (un atelier organisé par Laurent Fraisse y était dédié – voir la synthèse de ces trois jours ci-contre), un maillage de réseaux difficilement compréhensible (une idée de cartographie est en train de germer pour les initiatives mais je pense qu’il en faudrait clairement une pour les réseaux dans les 5 continents et entre continents avec les spécificités de chacun), mais tout ça se voit contrebalancer par un manque de visibilité, sans doute provoquée par un manque d’ambition collective. Les rencontres du RIPESS sont certainement un moment de référence dans cette construction collective, difficile mais nécessaire. Ben Quinones et les réseaux d’Asie seront les hôtes de la prochaine rencontre en 2013. Les conclusions et les résolutions du RIPESS, notamment en ce qui concerne le volet européen du RIPESS, seront bientôt disponibles sur le site http://www.lux09.lu/index.php?id=20.
LUX09 renforce notre conviction qu’il est urgent que l’ESS se transforme pour être un élément de réponse face à la crise en proposant une vision, des propositions et de nouvelles innovations.
Liens utiles :
Site de l’événement : http://www.lux09.lu/index.php?id=20
Revue de presse de l’événement : http://www.lux09.lu/index.php?id=67
C’est une deuxième édition annoncée du Salon de l’économie sociale et solidaire « Ecoss ». Elle se tiendra du 30 avril au 3 mai à la Foire internationale de Casablanca (FIC) sous le thème « Le commerce équitable, pour un développement durable ». Le nombre de visiteurs attendus est de 20.000, soit presque le double que lors de la première édition.
Article complet sur Le Matin.ma
Le numéro 33 de la Revue Durable est consacré à l’économie sociale et solidaire.
Cette excellente revue consacrée au développement durable marque ainsi la place de l’économie sociale et solidaire comme acteur d’un développement durable et solidaire.
Vous pourrez y voir un article de Jean-Louis Laville : Soutenabilité forte et solidarité démocratique et de Laurent Fraisse : Les politiques territoriales de l’économie solidaire en France. Plusieurs articles sont consacrés aux nouveaux facteurs de richesse, aux indicateurs, et à la monnaie sociale.
Tous les 4 ans, ce forum se répète, alternativement au « Sud » et au « Nord », avec une participation croissante des réseaux d’ESS de part le monde (Amérique latine, Amérique du Nord, Afrique, Asie, Europe). Après Lima en 1997 et Québec en 2001, puis Dakar en 2005, la prochaine aura lieu au Grand Duché de Luxembourg en 2009 (LUX’09). Quatrième du genre, elle aura pour thématique spécifique : « Un autre économie existe, les innovations de l’Economie Sociale et Solidaire ».
Preprogramme et plus d’informations sur http://www.lux09.lu/index.php?id=20
Ce séminaire est co-organisé par l’IRE et l’Ecole de Paris du management. Il se tiendra dans les locaux de l’Ecole des Mines, le 10 avril de 9h30 à 12h.
Avec également les participations d’Olivier Poupart-Lafarge - Ancien directeur général délégué de Bouygues, membre des collèges de l’Autorité des marchés financiers et de l’Autorité des normes comptables- et de Gilbert Gélard - membre du board de l’International Accounting Standards Board (IASB).
Le principe de juste valeur, à la base des les normes comptables américaines et de celles de l’IFRS, est accusé, notamment par des assureurs et des banquiers, d’être un facteur de dérèglement des marchés, voire d’avoir provoqué la crise. En valorisant les actifs financiers au prix de marché, il contraint les investisseurs à afficher, en période de baisse des cour, des pertes comptables pas justifiées par rapport aux fondamentaux économiques. De plus, ceux qui voudraient investir à long terme (assurances notamment) sont dissuadés d’acheter des actions, craignant d’avoir à enregistrer à court terme des pertes comptables. Pour Nicolas Véron, les modes de valorisation alternatifs suggérés aboutissent à une information financière de moindre qualité et présentent de sérieux risques comme le suggère la crise japonaise des années 1990. La comptabilité en « juste valeur » serait pour lui la pire des solutions à l’exception de toutes les autre. L’affaire est sérieuse, il faut en débattre…
L’Alliance financière pour le commerce durable (FAST), organisation internationale qui met en lien petits producteurs et institutions financières, vient officiellement d’inaugurer son secrétariat, à Montréal. Le rôle de l’organisme est de soutenir et développer la production et le commerce de produits "fabriqués de manière durable" : un meilleur accès au financement et la création d’outils d’aide à la gestion seront ses principaux leviers pour aider les petits producteurs (agriculteurs et coopératives) dans les pays en développement.
L’organisme, présidé par Jason Potts, qui est également chargé de programme à l’Institut international de développement durable, a été mis en oeuvre par un regroupement d’entreprises et organisations, dont Citi Group, la Banque Mondiale et Starbucks. En activité depuis un peu plus d’un an, FAST compte déjà une centaine de membres dans 26 pays : outre des cultivateurs (notamment de café) dans les pays en développement, FAST a bâti un réseau avec de nombreux acteurs internationaux du développement durable, tels que Transfair et le Forest Stewardship Council. Au Québec, Développement International Desjardins, Commerce équitable Oxfam-Québec, le Chantier d’économie sociale, Equiterre... figurent également parmi ses collaborateurs.
"En faisant le lien entre un accès accru au financement et une production durable et efficiente, FAST entend jouer un rôle de premier plan dans la promotion d’une nouvelle économie verte au Canada comme à l’étranger", dit Jason Potts. L’une des prochaines réalisations de FAST sera la mise en ligne, le mois prochain, d’une plateforme Web permettant de mettre en lien prêteurs et producteurs.
Source : http://www.novae.ca/
La RSE, levier de performance pour sortir de la crise
La sortie de la crise qui frappe l’économie mondiale passera par le développement durable. Green business, nouveaux marchés, responsabilisation de la finance, mobilisation des salariés : sur tous ces volets, la RSE contribue à améliorer la performance des entreprises et à inventer de nouveaux modèles de croissance. Comment exploiter au mieux les potentiels de la RSE ? Quels sont les outils de gestion qui le permettent ? Comment piloter une stratégie de développement durable efficiente ? Quels sont les innovations et les secteurs les plus prometteurs ? Le huitième Forum FEDERE réunira plus de 600 dirigeants et managers d’entreprises, ONG, institutions internationales, experts autour de ces enjeux.
Avec le Grenelle de l’environnement, ou des mesures de relance comme la prime à la casse, le développement durable est appelé à la rescousse de secteurs clés comme le bâtiment ou les transports. L’étude d’impact du Grenelle de l’environnement estime à 535 000 le nombre d’emplois créés ou maintenus. Sans parler des effets, difficilement mesurables, des actions de protection de la biodiversité, de réduction du risque chimique… Aux Etats-Unis, le président Obama a souligné la nécessité d’un « redressement vert ». Certes, les résultats de la conférence de Poznan et le vote du paquet climat énergie européen ont suscité la déception des ONG et des pays en développement. Les résistances, les lobbies, les intérêts à court terme n’ont pas dit leur dernier mot. Mais, ainsi que le soulignait récemment Jeffrey Sachs dans Les Echos, il ne sera possible de sortir de la crise que par une direction claire et des solutions durables. Au niveau micro-économique de la gestion au quotidien, les mesures publiques d’incitation comme le bilan carbone (qui va être obligatoire pour les entreprises de plus de 500 salariés), la rénovation des immeubles tertiaires, le recyclage des déchets professionnels permettront aux entreprises de faire des économies. Mais sur bien d’autres plans, la RSE devient un levier de performance. A travers les nouveaux marchés (les technologies vertes, l’éco-conception, les produits bio ou équitables, la microfinance…), elle est une source d’innovation et donc d’avantage concurrentiel. Une politique de développement durable permet aussi de mobiliser les collaborateurs de l’entreprise et de donner du sens à leur travail, et en externe de consolider l’image de l’entreprise.
ROI du développement durable, biodiversité et stratégie d’entreprise, finance responsable, mobilisation des salariés, éco-conception, achats et relations fournisseurs, marketing responsable, ancrage territorial : sur tous ces enjeux au coeur des préoccupations des entreprises, les conférenciers et participants débattront et partageront leurs expériences et leurs pratiques. Le baromètre annuel Federe - La Poste permettra aussi de mesurer où en sont les pratiques des entreprises.
COLLECTIF FAIR
À la suite du mandat confié, début 2008, à la « Commission Stiglitz-Sen » de proposer de nouvelles mesures du progrès, nous avons créé un collectif baptisé FAIR, Forum pour d’autres indicateurs de richesse, destiné à permettre à la société civile de participer à cette réflexion et de faire entendre sa voix sur ces enjeux de société. Vous trouverez des informations et des documents de ce collectif en consultant en ligne notre page : http://www.idies.org/index.php?category/FAIR
Nous avons organisé une première rencontre à l’Assemblée Nationale le 22 avril 2008. Nous avons été reçus par la Commission Stiglitz le lendemain, au cours de sa première réunion, puis à nouveau le 11 décembre dernier.
Nous souhaitons franchir une nouvelle étape de cette mobilisation en organisant, le 30 mars prochain au Conseil Économique et Social, une journée de rencontres avec la société civile intitulée « Forum pour d’autres indicateurs de richesse ». Nous y invitons en priorité des associations, ONG et syndicats, et des représentants de collectivités locales impliqués dans ces démarches alliant débats démocratiques sur des projets de société et propositions d’indicateurs adaptés à d’autres objectifs et à de nouvelles politiques. Y seront également invités des membres de la Commission Stiglitz et de la statistique publique.
Convoqué conjointement avec l’Universidad de los Andes (Venezuela) & le RIPESS-AN (Réseau intercontinental de promotion de l’économie sociale et solidaire – Amérique du Nord)
Ce forum constitue la conférence qui inaugurera le Réseau d’Economie Solidaire des Etats-Unis (SEN).
Liste préliminaire des ateliers sur : http://www.populareconomics.org/ussen/node/107
Onze des plus grandes banques éthiques ont fondé une alliance mondiale pour renforcer les alternatives positives au modèle financier actuel, secoué par les crises. Début mars 2009, la nouvelle alliance a été sortie des fonts baptismaux en présence de la princesse Maxima des Pays-Bas et d’Achim Steiner, alors directeur du PNUE. Établie en Suisse, la Banque alternative BAS est membre fondatrice de la Global Alliance for Banking on Values. Le lien est tissé du Bangladesh (BRAC Bank) au Pérou (Mibanco), des États-Unis (ShoreBank Corporation) à l’Allemagne (GLS Bank), de la Suisse (BAS) à la Mongolie (XacBank) : en tout, onze banques totalisant plus de 12 milliards de francs d’avoirs et réunissant plus de sept millions de clientes et clients dans 20 pays composent la Global Alliance. Celle-ci veut unir la coopération économique solidaire, la durabilité des activités et la responsabilité dans la gestion des revenus. La stabilité économique de toutes les banques de la Global Alliance - même dans la crise actuelle - prouve que leur modèle est viable. Peter Blom, PDG de la banque néerlandaise Triodos, qui a organisé l’événement fondateur du 2 au 4 mars à Zeist (NL) : “Il n’y a pas qu’une réponse à la crise financière : il en faut plusieurs. Et les membres de notre Global Alliance ont beaucoup de ces réponses en mains. Ensemble, nous représentons une très grande force de changement.”
Source : Banque Alternative Suisse
C’est en solidarité pleine et sans réserve aucune que nous saluons le profond mouvement social qui s’est installé en Guadeloupe, puis en Martinique, et qui tend à se répandre à la Guyane et à la Réunion. Aucune de nos revendications n’est illégitime. Aucune n’est irrationnelle en soi, et surtout pas plus démesurée que les rouages du système auquel elle se confronte. Aucune ne saurait donc être négligée dans ce qu’elle représente, ni dans ce qu’elle implique en relation avec l’ensemble des autres revendications. Car la force de ce mouvement est d’avoir su organiser sur une même base ce qui jusqu’alors s’était vu disjoint, voire isolé dans la cécité catégorielle – à savoir les luttes jusqu’alors inaudibles dans les administrations, les hôpitaux, les établissements scolaires, les entreprises, les collectivités territoriales, tout le monde associatif, toutes les professions artisanales ou libérales...
Mais le plus important est que la dynamique du Lyannaj – qui est d’allier et de rallier, de lier relier et relayer tout ce qui se trouvait désolidarisé – est que la souffrance réelle du plus grand nombre (confrontée à un délire de concentrations économiques, d’ententes et de profits) rejoint des aspirations diffuses, encore inexprimables mais bien réelles, chez les jeunes, les grandes personnes, oubliés, invisibles et autres souffrants indéchiffrables de nos sociétés. La plupart de ceux qui y défilent en masse découvrent (ou recommencent à se souvenir) que l’on peut saisir l’impossible au collet, ou enlever le trône de notre renoncement à la fatalité.
GRÈVE LÉGITIME
Cette grève est donc plus que légitime, et plus que bienfaisante, et ceux qui défaillent, temporisent, tergiversent, faillissent à lui porter des réponses décentes, se rapetissent et se condamnent.
Dès lors, derrière le prosaïque du "pouvoir d’achat" ou du "panier de la ménagère", se profile l’essentiel qui nous manque et qui donne du sens à l’existence, à savoir : le poétique. Toute vie humaine un peu équilibrée s’articule entre, d’un côté, les nécessités immédiates du boire-survivre-manger (en clair : le prosaïque) ; et, de l’autre, l’aspiration à un épanouissement de soi, là où la nourriture est de dignité, d’honneur, de musique, de chants, de sports, de danses, de lectures, de philosophie, de spiritualité, d’amour, de temps libre affecté à l’accomplissement du grand désir intime (en clair : le poétique). Comme le propose Edgar Morin, le vivre-pour-vivre, tout comme le vivre-pour-soi n’ouvrent à aucune plénitude sans le donner-à-vivre à ce que nous aimons, à ceux que nous aimons, aux impossibles et aux dépassements auxquels nous aspirons.
La "hausse des prix" ou "la vie chère" ne sont pas de petits diables-ziguidi qui surgissent devant nous en cruauté spontanée, ou de la seule cuisse de quelques purs békés. Ce sont les résultantes d’une dentition de système où règne le dogme du libéralisme économique. Ce dernier s’est emparé de la planète, il pèse sur la totalité des peuples, et il préside dans tous les imaginaires – non à une épuration ethnique, mais bien à une sorte "d’épuration éthique 1" (entendre : désenchantement, désacralisation, désymbolisation, déconstruction même) de tout le fait humain. Ce système a confiné nos existences dans des individuations égoïstes qui vous suppriment tout horizon et vous condamnent à deux misères profondes : être "consommateur" ou bien être "producteur". Le consommateur ne travaillant que pour consommer ce que produit sa force de travail devenue marchandise ; et le producteur réduisant sa production à l’unique perspective de profits sans limites pour des consommations fantasmées sans limites. L’ensemble ouvre à cette socialisation anti-sociale, dont parlait André Gorz, et où l’économique devient ainsi sa propre finalité et déserte tout le reste. Alors, quand le "prosaïque" n’ouvre pas aux élévations du " poétique ", quand il devient sa propre finalité et se consume ainsi, nous avons tendance à croire que les aspirations de notre vie, et son besoin de sens, peuvent se loger dans ces codes-barres que sont "le pouvoir d’achat" ou "le panier de la ménagère". Et pire : nous finissons par penser que la gestion vertueuse des misères les plus intolérables relève d’une politique humaine ou progressiste. Il est donc urgent d’escorter les "produits de premières nécessités", d’une autre catégorie de denrées ou de facteurs qui relèveraient résolument d’une "haute nécessité". Par cette idée de "haute nécessité", nous appelons à prendre conscience du poétique déjà en uvre dans un mouvement qui, au-delà du pouvoir d’achat, relève d’une exigence existentielle réelle, d’un appel très profond au plus noble de la vie.
Alors que mettre dans ces "produits" de haute nécessité ?
C’est tout ce qui constitue le cur de notre souffrant désir de faire peuple et nation, d’entrer en dignité sur la grand-scène du monde, et qui ne se trouve pas aujourd’hui au centre des négociations en Martinique et en Guadeloupe, et bientôt sans doute en Guyane et à la Réunion.
D’abord, il ne saurait y avoir d’avancées sociales qui se contenteraient d’elles-mêmes. Toute avancée sociale ne se réalise vraiment que dans une expérience politique qui tirerait les leçons structurantes de ce qui s’est passé. Ce mouvement a mis en exergue le tragique émiettement institutionnel de nos pays, et l’absence de pouvoir qui lui sert d’ossature. Le "déterminant" ou bien le "décisif" s’obtient par des voyages ou par le téléphone. La compétence n’arrive que par des émissaires. La désinvolture et le mépris rôdent à tous les étages. L’éloignement, l’aveuglement et la déformation président aux analyses. L’imbroglio des pseudos pouvoirs Région-Département-Préfet, tout comme cette chose qu’est l’association des maires, ont montré leur impuissance, même leur effondrement, quand une revendication massive et sérieuse surgit dans une entité culturelle historique identitaire humaine, distincte de celle de la métropole administrante, mais qui ne s’est jamais vue traitée comme telle. Les slogans et les demandes ont tout de suite sauté par-dessus nos "présidents locaux" pour s’en aller mander ailleurs. Hélas, tout victoire sociale qui s’obtiendrait ainsi (dans ce bond par-dessus nous-mêmes), et qui s’arrêterait là, renforcerait notre assimilation, donc conforterait notre inexistence au monde et nos pseudos pouvoirs.
Ce mouvement se doit donc de fleurir en vision politique, laquelle devrait ouvrir à une force politique de renouvellement et de projection apte à nous faire accéder à la responsabilité de nous-mêmes par nous-mêmes et au pouvoir de nous-mêmes sur nous-mêmes. Et même si un tel pouvoir ne résoudrait vraiment aucun de ces problèmes, il nous permettrait à tout le moins de les aborder désormais en saine responsabilité, et donc de les traiter enfin plutôt que d’acquiescer aux sous-traitances. La question békée et des ghettos qui germent ici où là, est une petite question qu’une responsabilité politique endogène peut régler. Celle de la répartition et de la protection de nos terres à tous points de vue aussi. Celle de l’accueil préférentiel de nos jeunes tout autant. Celle d’une autre Justice ou de la lutte contre les fléaux de la drogue en relève largement... Le déficit en responsabilité crée amertume, xénophobie, crainte de l’autre, confiance réduite en soi... La question de la responsabilité est donc de haute nécessité. C’est dans l’irresponsabilité collective que se nichent les blocages persistants dans les négociations actuelles. Et c’est dans la responsabilité que se trouve l’invention, la souplesse, la créativité, la nécessité de trouver des solutions endogènes praticables. C’est dans la responsabilité que l’échec ou l’impuissance devient un lieu d’expérience véritable et de maturation. C’est en responsabilité que l’on tend plus rapidement et plus positivement vers ce qui relève de l’essentiel, tant dans les luttes que dans les aspirations ou dans les analyses.
Ensuite, il y a la haute nécessité de comprendre que le labyrinthe obscur et indémêlable des prix (marges, sous-marges, commissions occultes et profits indécents) est inscrit dans une logique de système libéral marchand, lequel s’est étendu à l’ensemble de la planète avec la force aveugle d’une religion. Ils sont aussi enchâssés dans une absurdité coloniale qui nous a détournés de notre manger-pays, de notre environnement proche et de nos réalités culturelles, pour nous livrer sans pantalon et sans jardins-bokay aux modes alimentaires européens. C’est comme si la France avait été formatée pour importer toute son alimentation et ses produits de grande nécessité depuis des milliers et des milliers de kilomètres. Négocier dans ce cadre colonial absurde avec l’insondable chaîne des opérateurs et des intermédiaires peut certes améliorer quelque souffrance dans l’immédiat ; mais l’illusoire bienfaisance de ces accords sera vite balayée par le principe du "Marché" et par tous ces mécanismes que créent un nuage de voracités, (donc de profitations nourries par " l’esprit colonial " et régulées par la distance) que les primes, gels, aménagements vertueux, réductions opportunistes, pianotements dérisoires de l’octroi de mer, ne sauraient endiguer.
VICTIMES D’UN SYSTÈME FLOU, GLOBALISÉ
Il y a donc une haute nécessité à nous vivre caribéens dans nos imports-exports vitaux, à nous penser américain pour la satisfaction de nos nécessités, de notre autosuffisance énergétique et alimentaire. L’autre très haute nécessité est ensuite de s’inscrire dans une contestation radicale du capitalisme contemporain qui n’est pas une perversion mais bien la plénitude hystérique d’un dogme. La haute nécessité est de tenter tout de suite de jeter les bases d’une société non économique, où l’idée de développement à croissance continuelle serait écartée au profit de celle d’épanouissement ; où emploi, salaire, consommation et production serait des lieux de création de soi et de parachèvement de l’humain. Si le capitalisme (dans son principe très pur qui est la forme contemporaine) a créé ce Frankenstein consommateur qui se réduit à son panier de nécessités, il engendre aussi de bien lamentables "producteurs" – chefs d’entreprises, entrepreneurs, et autres socioprofessionnels ineptes – incapables de tressaillements en face d’un sursaut de souffrance et de l’impérieuse nécessité d’un autre imaginaire politique, économique, social et culturel. Et là, il n’existe pas de camps différents. Nous sommes tous victimes d’un système flou, globalisé, qu’il nous faut affronter ensemble. Ouvriers et petits patrons, consommateurs et producteurs, portent quelque part en eux, silencieuse mais bien irréductible, cette haute nécessité qu’il nous faut réveiller, à savoir : vivre la vie, et sa propre vie, dans l’élévation constante vers le plus noble et le plus exigeant, et donc vers le plus épanouissant. Ce qui revient à vivre sa vie, et la vie, dans toute l’ampleur du poétique.
On peut mettre la grande distribution à genoux en mangeant sain et autrement.
On peut renvoyer la Sara et les compagnies pétrolières aux oubliettes, en rompant avec le tout automobile.
On peut endiguer les agences de l’eau, leurs prix exorbitants, en considérant la moindre goutte sans attendre comme une denrée précieuse, à protéger partout, à utiliser comme on le ferait des dernières chiquetailles d’un trésor qui appartient à tous.
On ne peut vaincre ni dépasser le prosaïque en demeurant dans la caverne du prosaïque, il faut ouvrir en poétique, en décroissance et en sobriété. Rien de ces institutions si arrogantes et puissantes aujourd’hui (banques, firmes transnationales, grandes surfaces, entrepreneurs de santé, téléphonie mobile...) ne sauraient ni ne pourraient y résister.
Enfin, sur la question des salaires et de l’emploi. Là aussi il nous faut déterminer la haute nécessité. Le capitalisme contemporain réduit la part salariale à mesure qu’il augmente sa production et ses profits. Le chômage est une conséquence directe de la diminution de son besoin de main d’oeuvre. Quand il délocalise, ce n’est pas dans la recherche d’une main d’uvre abondante, mais dans le souci d’un effondrement plus accéléré de la part salariale. Toute déflation salariale dégage des profits qui vont de suite au grand jeu welto de la finance. Réclamer une augmentation de salaire conséquente n’est donc en rien illégitime : c’est le début d’une équité qui doit se faire mondiale.
Quant à l’idée du "plein emploi", elle nous a été clouée dans l’imaginaire par les nécessités du développement industriel et les épurations éthiques qui l’ont accompagnée. Le travail à l’origine était inscrit dans un système symbolique et sacré (d’ordre politique, culturel, personnel) qui en déterminait les ampleurs et le sens. Sous la régie capitaliste, il a perdu son sens créateur et sa vertu épanouissante à mesure qu’il devenait, au détriment de tout le reste, tout à la fois un simple "emploi", et l’unique colonne vertébrale de nos semaines et de nos jours. Le travail a achevé de perdre toute signifiance quand, devenu lui-même une simple marchandise, il s’est mis à n’ouvrir qu’à la consommation. Nous sommes maintenant au fond du gouffre. Il nous faut donc réinstaller le travail au sein du poétique. Même acharné, même pénible, qu’il redevienne un lieu d’accomplissement, d’invention sociale et de construction de soi, ou alors qu’il en soit un outil secondaire parmi d’autres. Il y a des myriades de compétences, de talents, de créativités, de folies bienfaisantes, qui se trouvent en ce moment stérilisés dans les couloirs ANPE et les camps sans barbelés du chômage structurel né du capitalisme. Même quand nous nous serons débarrassés du dogme marchand, les avancées technologiques (vouées à la sobriété et à la décroissance sélective) nous aiderons à transformer la valeur-travail en une sorte d’arc-en-ciel, allant du simple outil accessoire jusqu’à l’équation d’une activité à haute incandescence créatrice. Le plein emploi ne sera pas du prosaïque productiviste, mais il s’envisagera dans ce qu’il peut créer en socialisation, en autoproduction, en temps libre, en temps mort, en ce qu’il pourra permettre de solidarités, de partages, de soutiens aux plus démantelés, de revitalisations écologiques de notre environnement... Il s’envisagera en "tout ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue". Il y aura du travail et des revenus de citoyenneté dans ce qui stimule, qui aide à rêver, qui mène à méditer ou qui ouvre aux délices de l’ennui, qui installe en musique, qui oriente en randonnée dans le pays des livres, des arts, du chant, de la philosophie, de l’étude ou de la consommation de haute nécessité qui ouvre à création – créaconsommation. En valeur poétique, il n’existe ni chômage ni plein emploi ni assistanat, mais autorégénération et autoréorganisation, mais du possible à l’infini pour tous les talents, toutes les aspirations. En valeur poétique, le PIB des sociétés économiques révèle sa brutalité.
Voici ce premier panier que nous apportons à toutes les tables de négociations et à leurs prolongements : que le principe de gratuité soit posé pour tout ce qui permet un dégagement des chaînes, une amplification de l’imaginaire, une stimulation des facultés cognitives, une mise en créativité de tous, un déboulé sans manman de l’esprit. Que ce principe balise les chemins vers le livre, les contes, le théâtre, la musique, la danse, les arts visuels, l’artisanat, la culture et l’agriculture... Qu’il soit inscrit au porche des maternelles, des écoles, des lycées et collèges, des universités et de tous les lieux connaissance et de formation... Qu’il ouvre à des usages créateurs des technologies neuves et du cyberespace. Qu’il favorise tout ce qui permet d’entrer en Relation (rencontres, contacts, coopérations, interactions, errances qui orientent) avec les virtualités imprévisibles du Tout-Monde... C’est le gratuit en son principe qui permettra aux politiques sociales et culturelles publiques de déterminer l’ampleur des exceptions. C’est à partir de ce principe que nous devrons imaginer des échelles non marchandes allant du totalement gratuit à la participation réduite ou symbolique, du financement public au financement individuel et volontaire... C’est le gratuit en son principe qui devrait s’installer aux fondements de nos sociétés neuves et de nos solidarités imaginantes...
NOUS APPELONS À UNE HAUTE POLITIQUE, À UN ART POLITIQUE
Projetons nos imaginaires dans ces hautes nécessités jusqu’à ce que la force du Lyannaj ou bien du vivre-ensemble, ne soit plus un "panier de ménagère", mais le souci démultiplié d’une plénitude de l’idée de l’humain.
Imaginons ensemble un cadre politique de responsabilité pleine, dans des sociétés martiniquaise guadeloupéenne guyanaise réunionnaise nouvelles, prenant leur part souveraine aux luttes planétaires contre le capitalisme et pour un monde écologiquement nouveau.
Profitons de cette conscience ouverte, à vif, pour que les négociations se nourrissent, prolongent et s’ouvrent comme une floraison dans une audience totale, sur ces nations qui sont les nôtres.
An gwan lodyans qui ne craint ni ne déserte les grands frissons de l’utopie.
Nous appelons donc à ces utopies où le Politique ne serait pas réduit à la gestion des misères inadmissibles ni à la régulation des sauvageries du "Marché", mais où il retrouverait son essence au service de tout ce qui confère une âme au prosaïque en le dépassant ou en l’instrumentalisant de la manière la plus étroite.
Nous appelons à une haute politique, à un art politique, qui installe l’individu, sa relation à l’Autre, au centre d’un projet commun où règne ce que la vie a de plus exigeant, de plus intense et de plus éclatant, et donc de plus sensible à la beauté.
Ainsi, chers compatriotes, en nous débarrassant des archaïsmes coloniaux, de la dépendance et de l’assistanat, en nous inscrivant résolument dans l’épanouissement écologique de nos pays et du monde à venir, en contestant la violence économique et le système marchand, nous naîtrons au monde avec une visibilité levée du post-capitalisme et d’un rapport écologique global aux équilibres de la planète...
Alors voici notre vision : Petits pays, soudain au coeur nouveau du monde, soudain immenses d’être les premiers exemples de sociétés post-capitalistes, capables de mettre en oeuvre un épanouissement humain qui s’inscrit dans l’horizontale plénitude du vivant...
Empreinte écologique, qualité de la vie... les pistes de la commission Stiglitz LE MONDE | 26.02.09 | 15h01
Les trente-trois économistes travaillent depuis plus d’un an. Américains, Français, Anglais, Indiens, tous appartiennent à la "Commission sur la mesure de la performance économique et du progrès social", créée début 2008 à l’initiative de Nicolas Sarkozy, et présidée par Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie. Leur mission ? Définir de nouveaux indicateurs capables de remédier aux lacunes du système statistique mondial actuel.
Les aberrations du produit intérieur brut (PIB) sont connues : il augmente en cas de catastrophe naturelle grâce aux dépenses de reconstruction engagées, mais le coût de la catastrophe, lui, n’est pas comptabilisé. De même, la progression du PIB est loin d’aller de pair avec l’amélioration des conditions de vie des populations. "Nous allons proposer des mesures qui font sens, pas seulement pour la France mais pour tous les pays intéressés par nos travaux", précise l’économiste Jean-Paul Fitoussi, coordinateur de la commission. Le rapport final devrait être rendu au plus tard mi-mai. Mais des pistes existent déjà.
Un nouveau PIB. Pour M. Fitoussi, "il s’agit de compter en négatif ce qui est négatif, et en positif ce qui est positif". Exemple : quand le prix des loyers en centre-ville s’enflamme, il pousse les citadins vers la campagne. La construction de nouvelles maisons et les trajets du domicile au travail font progresser le PIB, alors que le temps de transport, un temps inutile, et les dégradations de l’environnement liées aux déplacements, sont nuisibles. La commission souhaite qu’ils s’inscrivent en négatif dans le PIB. De même, ce dernier devrait prendre en compte des éléments sans valeur marchande apparente, comme le bénévolat ou le travail domestique.
Les experts veulent aussi contrer les fausses perceptions liées au calcul actuel du PIB. D’où un travail important sur la mesure des inégalités qui devrait les conduire à préférer le revenu médian - qui sépare la population en deux parties égales : les 50 % qui ne l’atteignent pas, les 50 % qui le dépassent - plutôt que le revenu moyen qui peut augmenter parce que les revenus des riches progressent, mais pas forcément ceux des plus pauvres.
Développement durable. Emissions de CO2, biodiversité et empreinte écologique (surface nécessaire en hectares pour fournir les ressources consommées et pour assimiler les rejets d’une population donnée). La commission Stiglitz reprend cette idée retenue par le Grenelle de l’environnement. Le premier ministre a saisi, par une lettre du 20 janvier, le Conseil économique, social et environnemental (CESE), lui demandant son avis sur la pertinence de l’empreinte écologique comme futur indicateur économique. Le CESE doit remettre son avis d’ici fin mai.
Le bien-être. M. Stiglitz est favorable à des indicateurs capables de mesurer les perceptions subjectives des populations : qualité de la vie, sentiment de bien-être, etc. La présence dans la Commission de Daniel Kahneman (Princeton), spécialiste de ce type d’enquêtes, n’est pas un hasard.
Marie-Béatrice Baudet Article paru dans l’édition du 27.02.09
Reportage Au Brésil, l’Etat d’Acre mesure le "bien-être durable" LE MONDE | 26.02.09 | 15h01 • Mis à jour le 26.02.09 | 15h01 BELÉM (BRÉSIL) ENVOYÉE SPÉCIALE
la simple lecture des statistiques, il ne fait pas bon vivre dans l’Etat d’Acre, au Brésil, petit territoire de l’Amazonie. Il affiche de piètres résultats en matière de développement humain, à en croire l’indicateur des Nations unies, calculé depuis 1990, et qui évalue à côté de la richesse matérielle (le produit intérieur brut, PIB, par habitant) l’accès des populations aux services de santé ou à l’éducation.
Pourtant les habitants de cette région de forêts ne sont pas plus mal lotis que les exclus des bidonvilles de Rio de Janeiro ou de Sao Paulo. Au contraire. Mais l’essentiel de leurs échanges échappent à la comptabilité nationale qui, de la mégalopole au village amazonien, utilise la même grille de lecture pour juger du bien-être d’une société.
"Imaginez que la forêt constitue le supermarché où nous faisons l’essentiel de nos courses, mais cela n’apparaît nulle part car il y a peu d’échanges monétaires. Du coup, il est facile de conclure que nous sommes sous-alimentés", explique Carlos Duarte, secrétaire d’Etat d’Acre à la forêt. Il est tout aussi réducteur de croire que les citoyens d’Acre ne peuvent pas se soigner, l’accès aux infrastructures modernes de santé étant moins aisé que dans les grandes villes ; ou qu’ils sont mal logés, disposant rarement d’un "habitat adéquat" qui, au sens de l’office des statistiques nationales, doit être construit en dur, comporter deux pièces et être entouré d’un trottoir pavé. En réalité, les soins sont souvent assurés par une médecine traditionnelle qui tire ses remèdes des plantes, et les "caboclos" - ces métisses qui forment le gros de la population - vivent dans des maisons en bois construites sur pilotis, mieux adaptées au climat que des cubes de béton.
Au début du XXe siècle, grâce au boom du caoutchouc, l’Acre était une région riche. Au point de fournir près du tiers du PIB brésilien. La concurrence asiatique a mis un terme à cette épopée, il y a longtemps. Les élus de la région continuent toutefois de penser que leur forêt mérite d’être préservée et qu’elle rapporte plus "debout" que livrée à l’exploitation industrielle, ou convertie en pâturage ou en champs de soja.
Cette idée aujourd’hui défendue par le gouverneur Binho Marques, du Parti des travailleurs, reprend le vieux combat des "seringueiros", les ouvriers chargés de récolter le latex dans les plantations d’hévéas. Restait à en faire la démonstration. L’Acre s’est donc tourné vers des économistes afin qu’ils construisent un nouvel indicateur de richesse : l’indicateur de "bien-être durable".
"Nous avons élaboré un indicateur de développement humain en y intégrant une dimension environnementale", explique le coordinateur du projet André Abreu, de la fondation France Libertés. Qualité des sols, réserves en eau, préservation de la biodiversité, émissions de CO2, etc. ont été pris en compte à côté de critères plus traditionnels : revenus, santé, éducation, logement. Ce travail réalisé par l’économiste Jean Gadrey et une équipe de chercheurs de l’université de Lille, vient d’être achevé. Il reste à le faire valider par la population : "Nous allons lancer une consultation auprès des différents groupes sociaux pour être sûrs que notre indicateur reflète leur conception du bien-être", poursuit M. Abreu.
Parallèlement, le gouvernement a entrepris de mieux valoriser la production liée à la forêt pour améliorer les revenus de la population. "Il y a quelques années, un hectare valait 20 dollars quand la même surface plantée en soja pouvait rapporter 600 dollars. A ce prix, il était très difficile de lutter contre la déforestation", constate M. Duarte. "Aujourd’hui, grâce aux filières commerciales consolidées autour du latex, des fruits, des plantes et essences pour les cosmétiques ou la pharmacologie, un hectare peut rapporter au petit exploitant près de 300 dollars par an. Et ce revenu est pérenne car l’exploitation respecte le renouvellement des ressources", assure l’ancien ingénieur forestier.
Dans une Amazonie chaque jour davantage grignotée par l’avancée des grandes exploitations agricoles, la forêt doit sa survie à la population qui l’habite. "Ouvrir notre région à l’agrobusiness aurait débouché sur de graves conflits sociaux", reconnaît M. Duarte. Les déconvenues d’autres régions brésiliennes ont fini de convaincre qu’il fallait persévérer dans cette voie. L’Etat de Bahia s’est rué vers les plantations d’eucalyptus pour alimenter l’industrie de la pâte à papier. Quinze ans après, les sols sont ruinés, les nappes phréatiques épuisées et la plupart des entreprises sont parties. Le mirage de la richesse aura été de courte durée. Les autorités en ont tiré la leçon. Elles réfléchissent à leur tour à une autre mesure de la richesse.
Laurence Caramel
Article paru dans l’édition du 27.02.09
Depuis le 1er Forum Social Mondial, en janvier 2001 à Porto Alegre (Brésil) l’importance et la visibilité de l’économie sociale et solidaire dans le mouvement pour une autre mondialisation vont croissantes. A chaque édition du FSM des centaines de séminaires réunissant les réseaux de ce mouvement ont lieu, ainsi que des ateliers thématiques et autres rencontres sur l’économie sociale et solidaire. Ce mouvement participe pleinement à son niveau au succès des forums sociaux, événements plus larges que ceux organisés par l’ESS elle-même, et qui lui donne l’occasion de rencontrer d’autres types de mouvements.
Les thèmes discutés et les témoignages apportés sont assurément divers : commerce équitable, finances solidaires, démocratie et développement local, autogestion des entreprises, coopératives, économie populaire, monnaies sociales, indicateurs de richesse, auxquels s’ajoute maintenant : modes de développement soutenable, stratégies face à la crise financière internationale, entre autres. Les débats sont de plus en plus riches année après année.
L’économie sociale et solidaire s’ouvre également davantage aux mouvements sociaux : syndicalisme, mouvements de femmes, souveraineté alimentaire, pour les droits économiques, sociaux et culturels, etc. Cela inaugure bien de la préparation de la 4e rencontre Globalisation de la Solidarité en avril 2009, malgré les difficultés originelles de sa préparation.
Présence au FSM de Belem
L’économie sociale et solidaire était bien présente au Forum Social Mondial 2009. Ses principaux organisateurs, le Forum Brésilien d’Economie Solidaire, le Réseau Intercontinental des Promoteurs de l’Economie Sociale et Solidaire (RIPESS, officiellement constitué en 2004, en prolongement des forums Globalisation de la Solidarité), l’Organisation Mondiale du Commerce Equitable (IFAT), INEES (organisation luxembourgeoise qui doit accueillir la prochaine rencontre du RIPESS) et le Fondation France Libertés, notamment, ont organisé plus de 115 ateliers et séminaires. Des milliers de personnes étaient présentes à ces ateliers et séminaires.
Le RIPESS était officiellement représenté pour la première fois au Forum Social Mondial 2004. Mais c’est au FSM de Nairobi en 2007 qu’il a présenté pour la première fois un programme fort et articulé, avec une centaine d’organisations. Pour Belem, son objectif était d’affirmer la confluence de l’économie solidaire avec d’autres réseaux et mouvements sociaux.
Les activités proposées à Belem ont connu un franc succès. La conférence du 30 janvier, proposant un dialogue avec les réseaux et mouvement sociaux, a eu 180 auditeurs dans une salle prévue pour 120. Les participations croisées ont été nombreuses, plus encore que d’habitude, affirmant l’esprit d’ouverture de ce mouvement. Plusieurs mouvements et coalitions internationales (Tax Justice Movement, Our World is Not for Sale, etc.) se sont ainsi associés au mouvement de l’ESS, dans la recherche d’alternatives et de solutions à la crise.
Mondialisation du mouvement de l’économie solidaire
Le Forum Social Mondial 2004, qui avait lieu pour la première fois sur le continent asiatique, à Mumbai en Inde, a été l’occasion, dans sa préparation et sa tenue, de trouver un langage commun entre les mouvement sociaux impliqués dans l’économie en Occident et en Asie du Sud et Sud-Est. Une partie importante de la « people’s economy » indienne s’est ainsi retrouvée et connectée au mouvement de l’économie sociale et solidaire, tel qu’il s’était construit au Québec, en Amérique latine et en Europe. Puis c’était au tour de l’Afrique de regrouper les initiatives se reconnaissant dans ce mouvement, à l’occasion de la troisième rencontre du RIPESS « Globalisons la Solidarité » en novembre 2005 à Dakar, qui fut un moment marquant de convergence et d’élargissement de ce mouvement, sous le slogan « Renforcer le pouvoir d’agir des peuples ».
L’impulsion donnée en Asie s’est poursuivie sur sa lancée, puisque tous les deux à trois ans (2004, 2007…) a lieu en Asie du Sud-Est l’Asian Forum for Solidarity Economy, partie intégrante du mouvement international de l’économie sociale et solidaire. Le monde anglo-saxon pour sa part connaît des mouvements très importants actifs soit dans le plaidoyer par rapport aux politiques économiques, soit dans le « développement communautaire ». Malgré la proximité géographique avec le Québec et l’Amérique centrale, culturelle avec l’Europe, le concept d’ « économie solidaire » y trouvait peu d’écho ou d’équivalent. En 2007, se forme pourtant un début de réseau d’économie solidaire aux USA, l’année du premier forum social de ce pays. Le Forum Social Mondial de Belem a été l’occasion d’affirmer l’existence de ce réseau, qui pourrait être porteur de propositions pour l’ensemble du mouvement.
Logo du RIPESS, depuis la rencontre de Dakar 2005
Préparation de Lux 09
La prochaine rencontre internationale des réseaux d’économie sociale et solidaire (4e rencontre « globalisation de la solidarité ») aura lieu du 22 au 25 avril 2009 au Luxembourg. Le slogan pour cette édition est : « Une autre économie existe : les innovations de l’économie sociale et solidaire ». Un comité de pilotage se réunit régulièrement depuis 2 ans pour la préparer. 12 thèmes ont été choisis, et sont coordonnés par des organisations de l’ESS. Des mécanismes de solidarité sont prévus pour la participation d’organisation du Sud.
Une présentation a été faite à Belem de la rencontre Lux 09, et plusieurs nouvelles organisations ont adhéré au processus proposé par le comité de pilotage. Par exemple RENAPESS (Mali) et le Réseau Canadien de Développement Communautaire ont proposé d’organiser des ateliers en collaboration avec d’autres organisations. Cela devrait permettre à ce partenaire du Sud de mobiliser des fonds pour les délégations africaines à Lux 09. D’autres organisations, comme Caritas, le CCFD, les Maristas, ont affirmées être intéressés à soutenir les délégations du Sud.
La programmation Lux 09 prend forme, et plusieurs organisations ont respecté les délais pour soumettre des propositions. Le dialogue en ligne n’est pas aussi dynamique que souhaité, mais l’organisation des forums a cependant été allégée, et son efficacité accrue devrait faciliter la participation. http://forum.lux09.lu/
Le Prix Européen de la microfinance a été créé par le Grand-Duché de Luxembourg pour promouvoir la microfinance, considérée comme un outil important de lutte contre la pauvreté. En 2006, l’objectif du premier Prix Européen de la Microfinance ("Innovation for Rural Outreach ») a consisté à mettre en lumière et à encourager les initiatives de microfinance permettant des avancées en matière de portée des services en milieu rural. La Fondation Zakoura au Maroc a été récompensée pour son programme sur le tourisme rural.
Appel et invitation
Vu l’impact croissant d’un mouvement altermondialiste vivace, de nombreuses initiatives en matière d’économie solidaire prennent leur envol. Nous portons notre espoir sur le renforcement et la mise en réseau de toutes les initiatives qui associent des concepts critiques et des projets d’ordre pratique. Par ce biais nous recherchons des chemins communs vers des transformations dans les domaines politiques, sociaux, écologiques et culturels. En 2006 s’est tenu à Berlin un congrès sur la question : « Comment gérer nous-mêmes l’économie ? » Plus que 1400 personnes sont venus au lieu de 500 initialement attendus.
A partir de ce congrès nous fixons nos objectifs :
développer des projets sur le plan local, régional et global
diffuser davantage la notion d’« Economie solidaire »
échange, discussion et mise en réseau en théorie et en pratique
motiver pour s’engager dans ce sens
Pour plus d’information, inscription et programme de ce Congrès 2009, voir : http://www.solidarische-oekonomie.at/
Appel soumis à la signature des associations, syndicats et mouvements sociaux Belém, le 1er février 2009
Pour un nouveau système économique et social Mettons la finance à sa place !1
La crise financière est une crise systémique qui s’inscrit dans le contexte de crises globales multiples (climatique, alimentaire, énergétique, sociale…) et d’un nouvel équilibre des puissances. Cette crise résulte de trente ans de transferts des revenus du travail vers le capital, tendance qu’il faut inverser. Elle est la conséquence d’un système de production capitaliste fondé sur le laissez-faire et qui se nourrit de l’accumulation des profits à court terme par une minorité, des déséquilibres financiers internationaux, de la répartition inégale des richesses, d’un système commercial injuste, de la perpétration et l’accumulation de dettes irresponsables, écologiques et illégitimes, du pillage des ressources naturelles et de la privatisation des services publics. Cette crise frappe l’humanité dans son ensemble, à commencer par les plus vulnérables (les travailleurs, les chômeurs, les paysans, les migrants, les femmes…) et les pays du Sud, qui sont victimes d’une crise dont ils ne sont en rien responsables.
Les moyens utilisés pour sortir de la crise se limitent à socialiser les pertes en vue de sauver, sans réelle contrepartie, le système financier à l’origine du cataclysme actuel. Où sont les moyens pour les populations qui sont victimes de la crise ? Le monde n’a pas seulement besoin de régulations, mais d’un nouveau paradigme qui ramène la sphère financière au service d’un nouveau système démocratique fondé sur la satisfaction de tous les droits humains, le travail décent, la souveraineté alimentaire, le respect de l’environnement, la diversité culturelle, l’économie sociale et solidaire et une nouvelle conception de la richesse. C’est pourquoi nous demandons de :
Nous appelons les associations, les syndicats et les mouvements sociaux à converger pour créer un rapport de force citoyen en faveur de ce nouveau modèle. Nous les appelons à multiplier les mobilisations partout dans le monde, notamment face au G20, dès le 28 mars 2009. Signatures des organisations et liste de signataires à ww.choike.org/gcrisis ou signatures par email à finance@eurodad.org (nom de l’organisation, pays, contact email).
1 Cet appel est issu d’une série de séminaires au Forum social mondial 2009 de Belém, ayant impliqué notamment : Action Aid, Attac, BankTrack, CADTM, CCFD, CEDLA, CNCD, CRID, Eurodad, Forum mondial des alternatives, IBON, International WG on Trade-Finance Linkages, LATINDADD, Networkers South-North, NIGD, SOMO, Tax Justice Network, Transform !, OWINFS, War on Want, World Council of Churches.
Nous y voilà, nous y sommes. Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l’incurie de l’humanité, nous y sommes. Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l’homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu’elle lui fait mal. Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d’insouciance.
Nous avons chanté, dansé.
Quand je dis « nous », entendons un quart de l’humanité tandis que le reste était à la peine. Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l’eau, nos fumées dans l’air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu’on s’est bien amusés.
On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l’atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu.
Franchement on s’est marrés. Franchement on a bien profité.
Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu’il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre. Certes.
Mais nous y sommes.
A la Troisième Révolution.
Qui a ceci de très différent des deux premières ( la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu’on ne l’a pas choisie. « On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins.
Oui.
On n’a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis. C’est la mère Nature qui l’a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies.
La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d’uranium, d’air, d’eau.
Son ultimatum est clair et sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l’exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d’ailleurs peu portées sur la danse).
Sauvez-moi, ou crevez avec moi. Evidemment, dit comme ça, on comprend qu’on n’a pas le choix, on s’exécute illico et, même, si on a le temps, on s’excuse, affolés et honteux. D’aucuns, un brin rêveurs, tentent d’obtenir un délai, de s’amuser encore avec la croissance. Peine perdue.
Il y a du boulot, plus que l’humanité n’en eut jamais.
Nettoyer le ciel, laver l’eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l’avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, – attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille – récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n’en a plus, on a tout pris dans les mines, on s’est quand même bien marrés).
S’efforcer. Réfléchir, même.
Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire. Avec le voisin, avec l’Europe, avec le monde.
Colossal programme que celui de la Troisième Révolution. Pas d’échappatoire, allons-y.
Encore qu’il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l’ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante. Qui n’empêche en rien de danser le soir venu, ce n’est pas incompatible. A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie –une autre des grandes spécialités de l’homme, sa plus aboutie peutêtre. A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution. A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.
Fred Vargas Archéologue et écrivain
« Changer notre système de valeurs »
La crise actuelle offre la possibilité de changer de systèmes de valeurs. Changer ce qui fait sens et ce qui entre dans les comptes. Voilà la colonne vertébrale du projet de changement social qui ressort des Assises nationales du développement durable. Les Assises nationales du développement durable l’ont à nouveau martelé : il y a urgence à agir.
Télécharger la synthèse et les préconisations des Assises.
Entretiens avec Jaime Lerner, Brésil ; Lester Brown, EEUU ; Wangari Maathai, Kenya ; Patrick Viveret, France.
Entretien avec Bernard Lietaer sur les monnaies régionales sur le site de l’IRE.
Prochaine rencontre de la société civile international en Amazonie, à Bélem do Para au Brésil. Débats et activités variées autour d’une autre mondialisation. Vous trouverez dans le document ci-joint la programmation des tous les ateliers et conférences sur l’économie solidaire qui auront lieu au cours du FSM.
Cette conférence est l’occasion de rappeler que l’économie sociale demeure une économie de proximité qui se fait au service des territoires et au bénéfice du plus grand nombre : c’est en cela qu’elle contribue activement aux cohésions économiques, sociales et territoriales.
Programme sur : http://www.eco-soc2008.eu/index.php?option=com_content&task=blogcategory&id=51&Itemid=150&lang=french
Du 13 au 15 novembre 2008, REEL Hérault (Réseau d’Entreprises pour une Economie Locale durable dans l’Hérault) organise, en partenariat avec la Communauté de Communes du Lodévois et l’association Fruits Oubliés du Languedoc :
les 1° Rencontres de l’Economie Locale Vivante & de la Bio-diversité. Ces rencontres seront l’occasion pour les acteurs de l’économie locale de se retrouver et d’échanger avec des professionnels de France et d’ailleurs (cette année : Italie, USA), sur les conditions de création d’une économie locale vraiment vivante et respectueuse des humains et de la planète. cette question est plus que jamais d’actualité, alors que l’économie mondiale connaît une crise grave. Téléchargez le programme des Rencontres 2008.
Participation du directeur Executif de BALLE, US, Doug Hammond.
Pour mutualiser les expériences nationales et internationales en matière de construction d’indicateurs territorialisés de progrès sociétal et de bien être.
Informations sur www.pekea.org Au programme : échanges de savoirs entre élus, responsables de politiques publiques, agents des collectivités territoriales, chercheurs, et avec la population, tous concernés par la mise en œuvre et l’élaboration commune des politiques publiques locales.
Les textes et documents d’appui du séminaire 2006 sont accessibles en divers formats : Cliquez pour afficher la liste .
Quels types d’indicateurs de progrès sociétal sont pertinents ? Comment les élaborer en associant les citoyens ? Comment prendre en compte les dimensions territoriales ?...constituent des questions qui sont au cœur de ce colloque.
Organisé par
l’Instituto de Investigaciones economicas UNAM, México, l’Observatoire de la Finance, Genève et le Pacific Asia Resource Center, Tokyo, coordination : OSCAR UGARTECHE, IIEc-UNAM.
Voir le programme (en espagnol).
En octobre prochain à Sao Paulo, au Brésil, aura lieu le Premier Congrès International de Bonheur Brut (IBB). L’événement comptera sur la présence de Dasho Karma Ura, directeur du projet IBB (Gross National Happiness) au Butan et du Dr. Michael Pennock, économiste du Canada impliqué dans la mise en place de l’IBB auprès des Nations Unies.
Nous avons le plaisir de vous informer qu’un colloque sur le thème « Economie sociale et solidaire : nouvelles pratiques et dynamiques territoriales » est organisé par l’Université de Nantes et le Réseau des chercheurs en économie sociale de l’Ouest, en partenariat avec la DIIESES (Délégation interministérielle à l’innovation, à l’expérimentation sociale et à l’économie sociale) et la Région des Pays de la Loire.
Ce colloque aura lieu les 29 et 30 septembre 2008 à l’Hôtel de Région de Nantes. Voir : http://www.iemniae.univ-nantes.fr/56398052/0/fiche___pagelibre/&RH=IAE_FR1
Séminaire, le 18 septembre 2008 à Malmo, Suède dans le cadre du Forum Social Européen. Objectifs du séminaire :
* Commencer à débattre et développer une théorie de l’activité économique alternative et du travail
* Focaliser sur une critique des exemples les plus significatifs, complets et illustratifs à partir des activités économiques alternatives existantes concrètes
* Faire de propositions et considérer des rôles nouveaux, compatibles et alternatifs pour les fonctions représentatives et coordinatrices actuellement à la charge ou supprimés par les états, les entreprises, les institutions financières et les syndicats.
* Jeter les bases pour développer un réseau mondial pour le soutien réciproque et l’échange de ressources et d’expériences.
* Prévoir des activités analogues à présenter au FSM de Belém au Brésil
Voir : http://openesf.net/projects/alternative-economies/project-hom
FAIR, de quoi s’agit-il ?
Offrir une vision renouvelée de la richesse ou du développement humain durable, tel est l’objectif qu’ambitionnent d’atteindre les réseaux de la société civile qui ont créé le collectif FAIR : Forum pour d’autres indicateurs de richesse.
Pour trouver des solutions aux grands problèmes sociaux, environnementaux et démocratiques qui se posent aujourd’hui, il faut, parmi bien d’autres choses, changer notre regard sur la richesse et sur sa mesure, et aller au-delà des indicateurs économiques usuels – comme le produit intérieur brut et la croissance économique. Mais ce travail nécessaire est-il seulement une affaire d’experts ?
Depuis des années, notamment en France, des réseaux de la société civile, militants associatifs et syndicaux, des acteurs des territoires et des chercheurs de plusieurs disciplines, travaillent cette question. Ils ont produit des réflexions de fond, commencé à mettre des indicateurs au service d’une réorientation de politiques publiques et de décisions privées. Ils se sont regroupés dans un réseau de coopération baptisé FAIR, Forum pour d’autres indicateurs de richesse.
Voir :
Le 5e Forum Social Européen (FSE) aura lieu cette année à Malmö dans le Sud de la Suède, du 17 au 21 septembre 2008. Le thème principal du FSE est : "Rendre une autre Europe possible ! - Est et Ouest ensemble, construire des alliances pour les luttes et les alternatives." En plaçant le FSE dans le Nord de l’Europe, ce sont de nouvelles organisations qui s’ impliquent activement dans le processus du FSE. Notre site :www.esf2008.org
Nous vous demandons de soumettre vos propositions pour les séminaires et les activités au programme. Ce sont les organisations participantes qui construisent le programme du FSE ! Vous trouverez le formulaire de l’inscription sur www.esf2008.org/registrations et toute l’information nécessaire au sujet de la construction du programme et comment soumettre des propositions sur www.esf2008.org/program.Veuillez noter que l’échéance est le 31 mai ! Pour discuter avec des partenaires pour de possible coopérations sur le site web www.openesf.org. Pour toute information supplémentaire et vos questions, veuillez contacter le groupe chargé du programme du comité d’organisation nordique : program@esf2008.org
Comité d’Organisation Nordique :
Email : info@esf2008.org
Url : www.esf2008.org
Tel : +46 (0)709-346 920
Adresse postale : c/o Kvarnby Folkhögskola
Industrigatan 4
212 14 Malmö
Suède
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Föreningen ESF Norden 2008
www.esf2008.org
info@esf2008.org
0709-346 920
L’Institut Européen d’Economie Solidaire propose de construire et d’expérimenter au niveau local un outil méthodologique dynamique qui permette d’évaluer de façon pertinente la qualité de vie et le bien-être des populations au niveau local. sur la base de 3 ou 4 territoires tests du Grand Duché du Luxembourg.
Voir la newsletter 11 d’INEES.
Au cœur du Parc de la Tête d’Or, le Grand Lyon organise les 4, 5 et 6 juillet 2008 la 7ème édition des Dialogues en Humanité.
Ce forum mondial de la question humaine est né en 2002 lors du Sommet Mondial de Johannesburg de la rencontre entre Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon et Président de la Communauté urbaine du Grand Lyon, et Patrick Viveret, philosophe. Une façon de traiter les problèmes de notre temps conjuguant lucidement le principe d’espérance et le principe de responsabilité. Voir la programmation 2008 sur : http://dialoguesenhumanite.free.fr/pmwiki.php5?n=2008.Programmation
Conférence ""Prospects for the Acceptance of Competitive Local Currencies : The Future of BerkShares." (Futur des monnaies locales et en particulier des Berkshares), le 18 juillet 2008 à Great Barrington, EEUU. Les documents de la conférence seront disponibles sur le site de l’American Institute for Economic Research et celui de la E. F. Schumacher Society .
Pour plus d’nformation sur les Berkshares, voir www.berkshares.org
« Mondialiser au profit de tous » telle est l’ambition des coopératives, mutuelles, associations et fondations et donc de l’ensemble de l’économie sociale. Tel est le sens de l’Appel du Mont-Blanc lancé par les dirigeants de l’économie sociale de tous les continents.
, Université du Québec en Outaouais. Pour plus d’information sur le programme et les conférenciers, voir : http://www.uqo.ca/ries2001/conference2008/programme.html
Mansfield College, Oxford, Grande-Bretagne. Plus d’information sur http://www.inter-disciplinary.net/ptb/ejgc/ejgc.htm.
Vous pouvez aussi lire, dans "programme", "session 1", le document d’Erik Paredis et Gert Goeminne, les chercheurs de l’Université de Ghent qui ont réalisté l’étude sur la dette écologique de la Belgique. Le document s’intitule : Le Concept de Dette Ecologique : une Approche de Justice Environnementale au Développement Durable, un Appel à des Transitions Radicales dans les Pays Industrialisés (en anglais). (http://www.inter-disciplinary.net/ptb/ejgc/ejgc7/s1.html)
Pour la troisième fois depuis 2004, se réalisera à Lima (Pérou), en mai 2008, la rencontre Enlazando Alternativas 3 (EA3) promue par divers mouvements sociaux ainsi que des Organisations non-gouvernementales d’Europe, d’Amérique Latine et des Caraïbes (ALC). Cette rencontre est conçue comme un Sommet des Peuples des deux continents et se déroulera parallèlement au cinquième Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernements de l’ALC et de L’UE.
Voir la Convocation à Lima.
C’est à Oaxaca, au Mexique, en avril dernier (2007) qu’a été créé le réseau ProsperA, un réseau actif en Afrique, Amérique Latine, Europe et Asie. D’ailleurs, à la suite du Forum Asiatique (Manille, 17-20 oct.), les acteurs présents ont décidé de lancer ProsperA Asie, un réseau régional destiné à organiser des actions communes pour promouvoir les performances sociales.
ProsperA, qu’est ce que c’est ?
ProsperA est un réseau opérationnel d’acteurs de la microfinance, basé sur l’expérience et les initiatives de ses membres qui vise à promouvoir la culture et la pratique des performances sociales au travers du renforcement des capacités des IMF et des réseaux locaux.
ProsperA s’engage à promouvoir les performances sociales en défendant une plu- ralité d’objectifs : ciblage des pauvres et des exclus ; amélioration des services pour répondre aux besoins des publics cibles ; renforcement des capacités des bénéficiaires, en particulier en termes de capital social ; engagement en faveur de la responsabilité sociale vis-à-vis des employés, des clients, de la communauté et de l’environnement
ProsperA coordonne des échanges et des actions communes à partir de l’outil SPI et des initiatives de ses membres, en particulier en termes de gouvernance, d’impact et d’évaluation des performances sociales.
Qui sont les membres de ProsperA (déc. 07)
Réseaux
FORO LAC FR, Amérique Latine ; Alpimed, Salvador ; FINRURAL, Bolivie ; RFR, Equateur ; Colmena Milenaria, AMUCSS, Mexique ; KNFP, Haïti ; CIF, Burkina- Faso ; Consortium Alafia, Bénin ; APIFM Madagascar ; CERISE, PAMIGA, France.
MFIs
Crecer, Promujer, Bolivie ; Finca, Pérou ; Pilarh, Honduras ; Sefia, Mexique ; REFI- COM-CDRO, Fafides, Guatemala ; ASC Union, Albanie ; ASHI, VEDCOR, Philippi- nes ; CCSF, Cambodge ; CRG Guinée ; INMAA, Maroc
Organisations d’appui
CSR-SME, Philippines, FIDEV, Madagascar ; AQUADEV, TRIAS, Belgique ; CIDR, CIRAD, Entrepreneur du monde, IRAM, IRC, GRET, SIDI, France
Vous pouvez lire leur newsletter ici => PDF - 59 ko
Pour plus d’information, contacter le comité de pilotage de ProsperA :
Cerise 00 33 (0) 1 40 36 92 92 www.cerise-microfinance.org cerise@globenet.org
Ou régionalement Amériqe Latine : Foro Lac Fr (informes@desempenosocial.org) Afrique : FIDEV (crazaka1@yahoo.fr), Asie : CRS SME (benqjr117@yahoo.com)
Audit de la dette équatorienne et création del Banco del Sur, de nouvelles donnes pour les pays du Sud ?
L’Observatoire de la Finance, l’Université Jagiellonian et l’Université de Fribourg (Suisse) sont heureux de vous inviter à la Conférence :
Comment les grandes multinationales abordent-elles leur "environnement non lié au marché" (secteur public et acteurs sociaux) en Europe, et en particulier dans les Nouveaux Etats Membres de l’Union Européenne ? Trois options leur sont ouvertes : répondre à la loi et d’une manière plus large aux préoccupations et expectatives sociales, influencer la loi et - si nécessaire - trouver des moyens d’accomoder cette même loi.
Plus de détails : http://www.obsfin.ch/multinationals.htm
Télécharger le programme (seulement en anglais) - pdf - 181 ko
Dans nos sociétés toujours plus soumises à l’empire de l’argent et de la marchandise, il peut paraître incongru voire choquant de parler de monnaie « sociale » ou de finance « solidaire ». Pourtant les aspirations à un autre argent n’ont jamais été aussi vives qu’aujourd’hui, et une diversité d’initiatives relaient ces aspirations. Les monnaies dites sociales touchent aujourd’hui autour d’un million de personnes dans une quarantaine de pays. Leur manifestation française la plus connue, les SEL, n’est qu’un cas particulier d’un ensemble varié d’expériences dont fait aussi partie le projet de monnaie SOL, soutenu par de grandes institutions de l’économie sociale, et qui est en phase de lancement dans plusieurs régions de France. La solidarité dans la finance se traduit quant à elle par le développement foudroyant de la microfinance, qui concerne aujourd’hui plusieurs dizaines de millions de personnes dans le monde, et de dispositifs d’épargne et de finance solidaire dont le succès ne se dément pas.
Cet "argent autrement" relève-t-il d’autre chose que d’une utopie ? Peut-on raisonnablement y voir les ferments d’une transformation de la façon dont l’argent est vécu et employé ? Ou ne sont-ce que des avatars sympathiques ou des sous-produits de la poursuite de la monétarisation, de la financiarisation et de la marchandisation du monde ? Quelle est la portée réelle de ces initiatives, ont-elles une capacité transformatrice ? A partir d’un livre collectif publié sous la direction de Jérôme Blanc, Exclusion et liens financiers : monnaies sociales (Economica), le panel d’intervenants, spécialistes de la monnaie, de la microfinance, et acteurs de ces expériences donneront leur éclairage sur ces questions.
Rappel du déroulement de l’Université populaire et citoyenne et introduction de la rencontre par Jean-Louis Laville, professeur titulaire de la chaire Relations de service au Cnam, a récemment dirigé : Dictionnaire de l’autre économie, 2007 et L’économie solidaire, une perspective internationale, 2007.
Intervenants :
* Jérôme Blanc, maître de conférences à l’Université Lumière Lyon 2, auteur de plusieurs ouvrages dont Exclusion et liens financiers : monnaies sociales, rapport 2006-07 ; * Elisabeth Carbone, SEL Gabare, animatrice de la Route des SEL ; * Pascale Delille, consultante en économie sociale et solidaire, association Synsol ; * Keith Hart, anthropologue au Goldsmiths College, Londres, et auteur de plusieurs ouvrages dont Money in an Unequal World : Keith Hart and his Memory Bank, 2001 ; * Isabelle Laudier, responsable scientifique de l’Institut Caisse des Dépôts et Consignations pour la recherche ; * Catherine Lenzi, doctorante en sociologie, Université de Versailles Saint-Quentin ; * Jean-Michel Servet, professeur à l’IUED Genève – Institut universitaire d’études du développement), socioéconomiste, auteur de plusieurs ouvrages dont Banquiers aux pieds nus : la microfinance, 2006 ; * Bruno Théret, directeur de recherches au CNRS, IRISES, économiste, auteur de plusieurs ouvrages dont La monnaie dévoilée par ses crises, 2007 ; * Celina Whitaker, équipe de coordination du projet SOL, association SOL.
Inscription gratuite mais obligatoire, car le nombre de places est limité
Contact : Nadine da Rocha sed@lise.cnrs.fr
01 58 80 88 29 ou 01 40 25 10 85
Le Pacific Asia Resource Center (PARC) à Tokyo a lancé le travail d’un Groupe d’Etude de l’Économie Solidaire au Japon le 27 mars dernier. C’est là une première tentative pour mettre en place un Forum National sur l’Économie Solidaire.
Le Forum est représenté par le Professeur Jun Nishikawa de la Faculté d’Économie Politique de l’Université Waseda, Reiko Inoue, Présidente de PARC et Yoko Kitazawa, fondatrice de PARC et journaliste. Ses membres sont composés de 20 universitaires, chercheurs, activistes ONGs/associations loi 1901 dans plusieurs domaines et par des acteurs de l’économie solidaire.
L’Économie Solidaire au Japon est identifiée de la façon suivante :
Le Forum se réunit une fois par mois, et jusqu’à octobre 2007, ses membres continueront à étudier les domaines majeurs et les acteurs de l’économie solidaire au Japon. La version anglaise des prises de notes sera accessible sur le site web du PARC http://www.parc-jp.org/
Le Forum participera au Forum Asiatique sur l’Économie solidaire qui aura lieu à Manille, aux Philippines, du 17 au 20 octobre 2007.
Après le Forum Asiatique, il explorera la possibilité d’un réseau d’économie solidaire en Asie de l’Est (Japon, Corée et Chine).
Yoko Kitazawa
PARC Toyo Building 3rd Floor, 1-7-11 Kanda-Awajicho,
Chiyodaku, 101-0063 Tokyo Japan
Tel : 81-3-5209-3455 Fax : 81-3-5209-3453
E-mail :office@parc-jp.org
Deuxième Rencontre Latino-américaine de Commerce Equitable et Economie Solidaire, du 20 au 23 février 2007 à La Havane - Cuba, organisée par le Réseau Intercontinental de Promotion de l’Economie Sociale et Solidaire - RIPESS - Région Amérique Latine et la Mesa de Coordinación Latinoamericana de Comercio Justo.
Invitation (.pdf 245 ko - espagnol).
Le Fórum Brasileiro de Economia Solidária (FBES), Plataforma de Articulação do Comércio Justo e Solidário - Faces do Brasil e a Organização dos Produtores Familiares para Comércio Justo e Solidário lancent une consultation publique sur le texte qui règlementera le système brésilien de commerce équitable. Ses résultats seront présentés au Gouvernement en février prochain.
Voir http://www.adital.com.br/site/noticia.asp?idioma=ES&cod=26063 (en espagnol ou portugais)
Le DVD sur la conférence "Régionalisation Monétaire" et le 4ème Sommet sur le Regio est désormais disponible.
Le DVD contient deux films (34 min. + 45 min.) et tous les exposés en version originale (sous-titrée en anglais).
Pour plus d’information sur ces événements et un bon de commande (sites en anglais et allemand) :
Voir aussi les précédents articles sur note site :
Le mouvement d’économie solidaire a grandi au niveau mondial. Il est encore peu connu et reconnu en Allemagne, même si le secteur d’activités de l’économie sociale et solidaire en progression est déjà présent : d’anciennes et de nouvelles formes de coopératives, des organisations caritatives, des entreprises sociales ou solidaires, des entreprises autogérées et alternatives, des initiatives collectives de logement, des systèmes d’échanges locaux ou de troc, le commerce équitable, des institutions de finances solidaires, la production – consommation et autres initiatives rurales, des entreprises d’insertion et autres formes d’initiatives d’économie sociale pour et avec les chômeurs, les femmes, les minorités ethniques ou autres personnes désavantagées socialement et/ou économiquement.
Même si ce secteur emploie presque deux millions de personnes en Allemagne, il n’est toujours pas visible en tant que tel, car il est divisé en un grand nombre de milieux ou d’approches qui se connaissent peu les unes les autres. Ainsi, la Rencontre va rassembler les différents acteurs afin qu’ils échangent sur leurs expériences et débattent à propos des concepts théoriques, des pratiques sous-jacentes et des stratégies. De plus, la Rencontre établira des ponts entre les initiatives d’entraide économique et les activistes plus politiquement orientés d’autres mouvements sociaux. Le moment est venu de travailler ensemble pour une autre économie, avec des valeurs démocratiques, sociales et/ou écologiques, en vue de produire des biens et services socialement utiles et pour le bien commun, dans un environnement de capacitation, de paix et de justice sociale. Afin d’atteindre cet objectif, la Rencontre ouvrira un espace pour l’échange d’expériences, des débats controversés, et l’apprentissage mutuel, incluant des exemples provenant d’ailleurs, d’Afrique, d’Asie, d’Amérique Latine et du Nord, d’Europe de l’Est et de l’Ouest.
Le programme est construit autour de 9 Forums avec des plénières et des ateliers :
Note : L’expression « économie solidaire » est utilisée comme synonyme d’expressions telles qu’économie sociale, économie communautaire, tiers-secteur, économie populaire, développement centré sur les personnes, etc. etc.
Contact : Dagmar Embshoff, Email : info@solidarische-oekonomie.de, website : www.solidarische-oekonomie.de
ou : Karl Birkhölzer, Email : Karl.Birkhoelzer@tu-berlin.de
Source : Développement local durable : Bulletin d’information # 30 http://developpementlocal.blogspot.com
Au cours d’ une glorieuse semaine ensoleillée et chaude, près de 300 personnes se sont réunies dans la cité de Weimar, située dans l’ancienne Allemagne de l’Est, pour apprendre et discuter sur les systèmes de monnaies locales. Cet événement de deux jours a réuni des experts internationaux et des scientifiques sociaux de nombreuses disciplines afin de parler de comment des systèmes de monnaies locales peuvent contribuer – et l’ont d’ailleurs fait - au développement économique et social.
La conférence a combiné contributions théoriques d’économie, sociologie, géographie et aménagement du territoire avec cas empiriques et évaluations. Des études de cas récentes et historiques d’une variété de pays (Royaume-Uni, Hongrie, Argentine, Brésil et Indonésie) ont servi à illustrer les débats avec des exemples pratiques [vous pouvez télécharger des présentations dans la rubrique documents].
L’événement lui-même a constitué un moment merveilleux pour que activistes internationaux et universitaires se rencontrent et échangent des idées, et les organisateurs ont fait un travail fantastique pour rassembler autant de gens pour discuter ces idées, et les poses et les soirées étaient riches de vie sociale, l’occasion de faire de nouveaux amis et contacts, ainsi que de goûter la bière locale, la Weimarer, ou de se débattre avec des langues peu familières !
La conférence a soulevé beaucoup des questions que pose aussi le groupe de travail sur la Monnaie Sociale, par exemple :
Cependant, comme toute l’événement a consisté en conférences, ce fut là une occasion manquée d’ouvrir un espace de discussion et des ateliers qui répondent effectivement à ces questions. Une dynamique plus participative et un format plus interactif auraient pu permettre aux nombreuses personnes dans l’audience ayant une vraie expérience et vision, de partager leur connaissance et leurs compétences.
L’événement a été suivi par un Congrès appelé RegioGeld de deux jours, qui réunissait des activistes des nouveaux systèmes de monnaies locales allemands, et bien sûr les deux événements se chevauchaient quelque peu. Un grand moment de la conférence pour moi a été l’occasion d’acheter un jeu de cartes RegioGeld Quartett (Familles Heureuses) qui présente 32 systèmes de monnaies locales et régionales de pays de langue allemande ! Les éditions futures devraient présenter les monnaies complémentaires au niveau européen, asiatique, et ainsi de suite, et elles sont une façon merveilleuse de présenter à des personnes qui ne les connaissent pas ce que sont et surtout l’énorme variété de monnaies complémentaires de par le monde – ce qui d’ailleurs était le message de cette conférence.
Gill Seyfang
A l’occasion du premier Forum Social Mondial tenu à Porto Alegre en 2001, des participants en provenance des différentes régions du Brésil ont décidé de travailler ensemble à la construction d’une plate-forme commune en vue de construire une économie alternative à l’économie néolibérale dominante. Deux années de débats auront été nécessaires afin de s’entendre sur une charte de principes et la plate-forme commune.
Créé en Juin 2003, à l’occasion de la III Réunion plénière brésilienne d’Economie solidaire, le Forum brésilien d’Économie solidaire (FBES), est aujourd’hui l’instance nationale d’organisation, d’articulation, de débats, d’élaboration de stratégies et de mobilisation du mouvement d’Economie solidaire au Brésil. Le FBES représente, également, le mouvement d’Economie solidaire auprès des pouvoirs publics (Fédérales, Etats de la Fédération et des municipalités, par le biais de la Coordination nationale et des Forums des Etats et des municipalités), et auprès des entités, des réseaux et des organismes nationaux et internationaux.
Le Brésil est un vaste pays de plus de 180 millions d’habitants, répartis dans 27 États. Ainsi, le FBES s’est donné une organisation qui repose sur des Forums dans chacun des 27 États et sur 16 organisations ou entités nationales. La Coordination Nationale est composée de 97 personnes, trois par État et 16 des entités nationales. Cette coordination se réunit deux fois par année. De plus, une Coordination Nationale Exécutive composé de 13 personnes assure un suivi régulier du FBES. En appui au FBES, un Secrétariat Exécutif National composé de 3 personnes appuie et anime l’ensemble, assure la circulation de l’information, notamment par un Bulletin diffusé à plus de 4000 abonnés.
Le président Lula, élu en 2002, a réalisé sa promesse de créer un Secrétariat national l’économie solidaire (SENAES). Le FBES et le SENAES ont constitué huit Groupes de Travail (GT) conjoints afin de promouvoir concrètement l’Économie solidaire au Brésil : communication, recensement géographique, cadres juridiques, politiques publiques, production, commercialisation et consommation, relations internationales, finances solidaires et formation.
Présentement, le FBES est très actif afin de promouvoir des changements législatifs. Les années de dictature n’ont pas rendu propice un cadre législatif approprié. Ainsi, plus de 50% des 14 000 entreprises recensés sont des associations. Toutefois, le cadre juridique des associations n’est pas adapté aux spécificités et à la diversité des entreprises d’économie solidaire. De même, la loi des coopératives, instituée pendant ces années, favorise surtout des grandes coopératives (principalement d’agri-business). Par exemple, il faut un minimum de 21 membres pour créer une coopérative et les exigences d’enregistrement et autres formalités sont telles qu’elles sont un frein pour les entreprises d’économie solidaire. Ainsi, seulement 8% des entreprises recensées sont des coopératives.
En juin, une première Conférence nationale d’envergure, regroupant plus de 1 200 participants désignées les forums dans les 27 États, s’est tenue. Dans les semaines qui ont précédé cette Conférence, plus de 10 000 personnes ont participées aux 27 forums étatiques.
La Conférence était convoquée par trois Ministères : le Developement Social, le Développement Agraire, et le SENAES (qui est du ministère de l’Emploi et du Travail). Le FBES était responsable de faire un vaste mouvement de mobilisation dans les États afin de garantir les débats et d’élargir la participation aux acteurs de la société civile et des gouvernements locaux qui ne connaissent pas encore l’Économie Solidaire. Le thème de cette Conférence était : L’Économie Solidaire comme stratégie et politique de développement.
Il est intéressant de savoir que le FBES n’est pas encore constitué en association légale. Ce qui ne l’empêche pas, au contraire, d’avoir un fonctionnement d’envergure. En comparaison avec ce que nous connaissons ailleurs, il est sans doute possible de dire qu’il s’agit d’un réseau, voire même d’une organisation.
Le mot « forum » a été retenu car son sens original signifie « place publique ». Les dictionnaires y donnent le sens suivant : « place où se tenaient les assemblées du peuple et ou se discutaient les affaires publiques ».
Rédaction : Yvon Poirier
Développement local durable : Bulletin d’information # 30
Contact : ypoirier
Ce monde possède un potentiel merveilleux, et en même temps, de nombreuses sonnettes d’alarme sont tirées par d’innombrables experts attirant notre attention sur le fait que notre mode de vie actuel n’est pas soutenable : nous ne pouvons continuer comme cela ! La croissance économique, telle qu’elle se dessine depuis quelques décennies, crée un stress social et écologique de plus en plus important. Les pressions sur les systèmes et ressources naturels s’intensifient. L’économie s’étend mais l’écosystème dont elle dépend ne s’étend pas, cette différence créant une relation de plus en plus tendue. Les indicateurs environnementaux clés sont de plus en plus négatifs. Les forêts diminuent, les nappes phréatiques se polluent, les sols s’érodent, les poissons se raréfient, les rivières s’assèchent, les coraux meurent, des espèces végétales et animales entières disparaissent…
Nous nous comportons comme si nous ne devions pas avoir de descendance…
Entre les pays dits développés et les autres, la fracture augmente : riches plus riches, pauvres plus pauvres, et ont de moins en moins la possibilité de remonter la pente. À l’intérieur de nos pays mêmes, cette fracture entre riches et laissés-pour-compte s’accroît également.
Nous nous comportons comme si la famille humaine n’existait pas…
Une croissance dont beaucoup d’entre nous profitent. Mais une croissance dont les fruits vont principalement et de plus en plus vers les déjà nantis, une croissance qui pollue et exploite sans vraiment de discernement ce patrimoine limité qui nous est confié, l’environnement naturel. À un point où certains nous prédisent des catastrophes majeures, ou sur le plan écologique ou sur le plan social, voire sur les deux.
À qui la faute ?
Plutôt que de parler de « faute », nous préférons formuler cela dans les termes suivants : « Qui est à l’origine de ces déséquilibres ? » et, partant, « Qui en porte la responsabilité ? » Et, enfin, le même « qui » peut-il et veut-il participer à rééquilibrer ce qui doit l’être ?
En 1987, les Nations unies publièrent le Rapport Brundtland. Ce rapport soulignait la corrélation entre la pauvreté dans le monde et la dégradation des milieux naturels. Il démontrait aussi que la croissance économique de longue durée, la lutte contre la pauvreté et la bonne gestion de l’environnement allaient souvent de pair. C’est ce rapport qui, le premier, définit le concept du développement durable ou soutenable (sustainable development), qui suppose donc un type de développement économique écologiquement sage et socialement équitable.
La notion de développement durable est de plus en plus reconnue comme le cadre qui permet l’accès à une meilleure qualité de vie pour le plus grand nombre et sur le long terme. Ce type de développement cherche en effet à assurer nos besoins actuels sans compromettre les besoins des générations futures. Et dans ce but, il veut équilibrer les préoccupations économiques, sociales et environnementales, en veillant à ce que chacun de ces pôles se développe au mieux sans pour autant le faire au détriment d’un autre. Le développement durable est ainsi devenu suffisamment incontournable pour être maintenant intégré dans les politiques gouvernementales de nombreux pays industrialisés, au moins dans ses préoccupations environnementales.
L’Agenda 21, le document de référence concernant le développement durable, va plus loin que le Rapport Brundtland. Il apporte une réponse brève et décisive à la question des responsabilités par son constat : « La cause principale de la dégradation continue de l’environnement mondial est un schéma de consommation et de production non viable, notamment dans les pays industrialisés, qui est extrêmement préoccupant dans la mesure où il aggrave la pauvreté et les déséquilibres. » Voilà qui est posé : nous produisons et consommons de manière non soutenable.
Quelle est notre responsabilité vis-à-vis des générations futures à qui, comme le dit la maxime, nous empruntons la terre ?
Comme le souligne l’Agenda 21, nous avons à modifier ces schémas non soutenables pour, petit à petit, les remplacer par des modes de production et de consommation qui prennent mieux en compte la dimension sociale et la dimension environnementale. Comment faire ? Et qui peut le faire ? Ce sont là des questions que nous ne pouvons pas ignorer.
[1]
Nous avons la grande tristesse de faire part du décès brutal, à 51 ans, de Philippe Amouroux, survenu le 25 mars dernier.
Philippe jouait un rôle décisif dans l’Alliance. C’est lui qui a coordonné en 2005 le débat sur la Charte Constitutive de l’Alliance. Il animait l’ensemble des travaux techniques et méthodologiques de mise au point d’outils de travail de l’Alliance : annuaires, forums, etc.
Enfin et surtout, il coordonnait la grande diversité de chantiers regroupés dans le pôle de socio-économie solidaire.
Il avait aussi, en 2004, organisé la participation massive des alliés au Forum Social Mondial de Mumbaï. La perte est immense pour l’Alliance.
Une cérémonie en son honneur se tiendra jeudi 6 avril dans les locaux de la fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme, 38 rue Saint-Sabin 75011 Paris.
La Comisión Venezolana de Organización del VI FSM América
La Confederación Latinoamericana de Cooperativas y Mutuales de Trabajadores - Colacot
La Union Nacional de Cooperativas y Organizaciones de la Economia Social, Participativa y Solidaria de Venezuela y
Unesscoobol
Vous invitent à la VI Rencontre Internationale de l’Economie Solidaire - Ecosol - qui aura lieu dans le cadre du VI Forum Social Mondial FSM des Amériques du 24 au 29 Janvier, 2006 à Caracas, Republica Bolivariana de Venezuela.
Luis Francico Summer Paez : Secrétaire Général de la Colacot
Luis Hernandez Oliveros : Coordinateur Général Unesscoobol
Contacts : SOCIAL FORUM fsmecosol@yahoo.com
Après six jours de posture publique et de marchandage, les négociateurs à la Conférence Ministérielle de l’Organisation Mondiale du Commerce à Hong Kong n’ont pas fait de progrès significatifs sur les principaux dossiers qui avaient été au cœur des pourparlers sur le commerce lors de la rencontre de Doha : réductions tarifaires en matière d’accès aux marchés pour les produits agricoles, libéralisation du commerce sur les produits industriels et ouverture du marché des services. L’accord ratifié par les Ministres indique 2013 comme date butoir pour la fin des subventions agricoles à l’exportation, propose une aide aux états les plus pauvres présents à l’OMC et n’offre rien ou très peu aux producteurs de coton africains. Parvenir à un accord durant la Conférence de Hong Kong répond à tous les espoirs de l’OMC : il permettrait la rédaction d’un projet de texte de traité commercial en 2006 qui, à son tour, signifierait l’injection de milliards de dollars dans l’économie mondiale et la réduction en masse de la pauvreté.
Il était à prédire que les réactions seraient très différentes. "Le soulagement dans la salle est palpable. Tout le monde partage le sentiment que nous avons réussi, pas complètement... mais avec un élan qui nous permettra de conclure le Cycle en 2006- indiquent les notes du journal de conférence de Pascal Lamy. Alors que les pays en voie de développement lui ont donné un accueil prudent, l’Inde accueille favorablement la révision du projet de texte. " Après avoir tourner en rond pendant longtemps, nous voilà, semble-t-il, en train de mettre en oeuvre un agenda de développement ", a annoncé le Ministre du Commerce et de l’Industrie, M. Kamal Nath, représentant de ce pays.
Comme résultat de six jours d’âpres négociations et de marchandages entre nations riches et pauvres, un texte de compromis a été approuvé par l’ensemble des 149 états membres rassemblés pour la conférence ministérielle à Hong Kong. Ce texte propose l’élimination des subventions à l’exportation sur le coton —une question sensible pour les États-Unis— en 2006, et propose le 30 avril 2006, comme date butoir pour la rédaction d’un projet de texte d’accord pour le cycle plus large de Doha. Il laisse ouverte la possibilité d’éliminer les subventions du coton des pays riches, une demande prioritaire des pays africains, plus rapidement que ce qui serait finalement pacté pour toutes les denrées agricoles dans un traité final.
Face à une globalisation de l’économie qui nous mène droit dans le mur, il est temps de s’interroger sur ce que représente l’économie du point de vue spirituel. On découvre alors que de nouvelles formes d’économie apparaissent, qui suivent les lois du Cœur et les grands principes du Nouvel Age. Elles nous montrent le chemin pour passer d’une économie matérialiste mortifère à une économie spirituelle de la Vie.
Aujourd’hui, l’économie semble être ce qui régit le monde.
Ce ne sont plus les hommes politiques qui règnent : ils sont désormais au service des enjeux économiques. L’économie détermine nos modes de vie, notre alimentation, nos loisirs … Elle crée nos désirs et forge notre culture, ceci d’une manière de plus en plus homogène d’un bout à l’autre de la planète. Elle s’est globalisée pour optimiser les coûts et rapporter plus de profits à ceux qui détiennent le capital financier, et elle globalise, du même coup, le comportement et les aspirations des hommes.
Le terme économie vient du grec oikos (maison) et nomos (lois et usages). Si le monde est notre grande maison, alors l’économie actuelle est bien à sa place. Le problème est que le monde, qui n’a jamais été aussi florissant, n’a jamais été aussi proche d’une grande catastrophe : augmentation de la pauvreté et de l’écart entre les riches et les pauvres, chômage, augmentation sans précédent de la pollution, destruction des ressources naturelles non renouvelables, crises financières régulières, marchés financiers n’ayant plus aucune commune mesure avec la réalité des échanges, Etats surendettés et incapables de subvenir aux besoins de leurs peuples … Cette économie semble bien s’être emballée sans qu’il n’y ait aucun maître du jeu. Et la science économique traditionnelle est bien immature, occupée à faire des calculs mathématiques pour nous expliquer comment s’en sortir … en pratique. Nous sommes tellement emmitouflés dans notre société de consommation que, bien souvent, nous vivons sereinement toutes ces menaces, qui nous crèvent les yeux, comme si elles n’existaient qu’à l’intérieur de notre poste de télévision.
Alors peut-être faut-il revenir aux sources ?
André Malraux disait : le troisième millénaire sera spirituel ou ne sera pas ? Il avait peut-être donné ainsi la seule piste de solution à nos problèmes. Qu’est-ce donc que cette maison dont parle l’économie. Une maison, c’est une forme, une enveloppe à l’intérieur de laquelle nous vivons. Il y a notre corps, c’est notre propre maison, puis la maison dans laquelle nous vivons, seuls, avec nos amis ou notre famille, puis il y a notre village, notre quartier, notre ville, notre pays et enfin notre planète.
Ce sont toutes ces formes qu’habite l’humanité. Ces formes ne sont que l’habitacle, la voiture d’une énergie vitale qui s’incarne. Les formes naissent quand cette énergie arrive et meurent quand elle se retire. Vu sous cet angle spirituel, l’économie, ce sont les lois et usages qui régissent tous les échanges énergétiques entre humains au sein de ces formes sociales, de ces maisons qu’habitent des individus, des groupes, des peuples …
Et cette belle histoire de l’incarnation et de l’évolution, nous la connaissons. Elle amène des formes de plus en plus intelligentes, extériorisant les qualités les plus élevées dans ces formes, et traduisant un véritable développement d’une énergie spirituelle, de l’intérieur vers l’extérieur, qui s’échange entre les formes de tous les règnes de la nature. Nous savons aussi que dans cette grande aventure de l’évolution, si tous ces êtres et sociétés qui s’incarnent dans ces formes ont la même origine et le même but, ils en sont tous à des points très variés de leur chemin. L’énergie UNE s’incarne ainsi dans les formes minérales, végétales, animales et humaines. Les humains ont un rôle particulier dans cette histoire. Ils s’alimentent dans les règnes inférieurs trouvant sources d’énergie physique, alimentation et ressourcement psychique. Cela leur permet de se libérer des contraintes matérielles et de chercher un bien-être qui leur permet de se développer sur les plans mental et spirituel, le véritable développement !
Dans cette grande aventure spirituelle, l’énergie est faite pour circuler, pour répondre aux besoins de chacun dans l’optique du développement du TOUT. L’énergie ne doit pas être accumulée au profit de quelques-uns. Si elle l’est, ce doit être au profit de tous.
Qu’est-ce qu’une économie spirituelle ?
C’est d’abord une économie qui suit les lois de la Vie, les lois du Cœur, et c’est ensuite une économie qui encourage l’expression des qualités spirituelles. Le cœur répartit l’énergie en fonction des besoins de chaque partie d’un organisme vivant quelque soit sa fonction, tout en gardant à l’esprit la vie et l’objectif de l’organisme tout entier. Il optimise l’usage de l’énergie, ne la gaspille pas et amène ce qui est juste en chaque point de l’organisme.
De la même façon, une économie spirituelle répond aux besoins de chacun quelque soit son degré d’évolution et sa fonction sociale, elle ne gaspille pas l’argent qui est la concrétisation de l’énergie dans le corps social, le sang du corps social. Elle répartit la richesse pour un meilleur développement humain, pour l’affranchissement des contraintes matérielles et le développement de formes sociales de plus en plus intelligentes et belles. L’économie spirituelle est au profit de tous. Elle n’accumule l’argent que lorsqu’il faut investir dans la durée pour le bien de tous et jamais au profit de quelques-uns.
Une économie spirituelle suit les principes qui, d’après le Tibétain, gouverneront le Nouvel Age. C’est une économie de la Liberté de chacun dans le choix de ce qu’il veut consommer, produire et échanger, tout en respectant la liberté de tous et de l’humanité dans son ensemble. Ceci implique obligatoirement la responsabilité de chacun, à son niveau et dans son contexte de vie, de l’impact de ses actes sur la vie des autres et sur la vie de la planète.
C’est ensuite une économie de l’Egalité, non pas absolue, mais dans la différence et le respect des besoins de chacun, au point où il en est de son cheminement personnel, une économie qui poursuit un but unique pour tous, mais respecte la diversité, une économie équitable.
Enfin, c’est une économie de la Fraternité, où nous sommes tous solidaires de ce qui se passe dans notre village, dans notre pays, sur la planète, ces formes, insérées les unes dans les autres telles des poupées russes, que nous habitons toutes. C’est donc une économie de la coopération et non de la compétition.
D’une économie matérialiste à une économie spirituelle.
Il n’y a pas besoin de grande démonstration pour affirmer que l’économie dominante actuelle est très loin d’être spirituelle. Dégradant les ressources de la planète, elle est irresponsable. Elle donne au petit nombre de riches beaucoup plus que nécessaire à leur développement spirituel et maintient une majorité de pauvres dans la seule obsession de leur survivance physique. Elle tend à tout globaliser et uniformiser, que ce soit les ressources génétiques, les goûts, les modes de vie et les cultures, tuant la diversité naturelle des formes d’expression de la vie sur tous les plans. Cette uniformité n’unifie rien … elle sépare ! L’unité ne peut se trouver que dans la diversité, comme nous le montre l’écologie et le fonctionnement des écosystèmes. L’économie actuelle est instable car elle ne suit pas les lois de la Vie. La Vie n’est pas uniforme, elle est UNE … et multiformes.
Heureusement, l’ère du Verseau nous amène, depuis quelques décennies, les premières formes d’une économie spirituelle. Elles restent encore globalement marginales, mais sont symboliques d’un renouveau et sont en croissance constante. Il faut faire tout ce qui est possible pour les encourager et les promouvoir. En voici quelques exemples !
Le courant du développement durable encourage les technologies de productions propres faisant appel aux énergies renouvelables.
Le commerce équitable n’était, au départ, que le souci de respecter les besoins et la rémunération des petits producteurs agricoles des pays pauvres, écrasés par les mécanismes du marché. Il s’étend de manière régulière à d’autres produits et intègre de plus en plus de critères de respect de l’environnement et des ressources de la planète.
La consommation éthique ou responsable encourage le citoyen consom’acteur à faire les choix qui sont bons à la fois pour lui et pour tous ses semblables.
La finance solidaire donne accès à ceux qui sont exclus du système bancaire actuel aux ressources financières. Elle promeut aussi le soutien des initiatives économiques qui privilégient la performance sociale à la performance économique.
Des monnaies, complémentaires aux monnaies officielles, se développent dans de petits groupes, des communautés, des régions et même des pays. Elles permettent de pratiquer des échanges qui renforcent ces communautés, répondent à leurs besoins et prennent en compte leurs valeurs.
A un niveau plus global, des citoyens commencent à se mobiliser, en dehors des institutions sociales peu à même de gérer le changement. Ils proposent des principes nouveaux de circulation de l’argent (dette extérieure des Etats, marchés financiers, réforme du système monétaire et des institutions internationales …), de régulations des échanges (Organisation Mondiale du Commerce, gestion des biens communs, politiques agricoles …) et de responsabilité sociale des acteurs économiques.
Ces formes nouvelles d’économie annoncent un passage d’une économie matérielle et matérialiste à une économie spirituelle. Ceci implique de reconsidérer ce qu’est la richesse et la manière dont elle est évaluée. Le niveau de conscience mis dans l’acte économique aura un impact direct sur l’évolution de ces formes nouvelles. Plus le développement sera spirituel plus il sera durable. Dans cette nouvelle ère du Verseau, chacun est responsable de l’évolution de l’économie. Le pouvoir du citoyen est créateur des nouvelles formes et il peut faire plus qu’il n’imagine [2]. Nous irons ainsi vers une économie du juste nécessaire, mais aussi vers une économie du désir retrouvé de se développer dans l’Etre et non dans l’Avoir, une économie de la Vie !
Le feu qui a brûlé des milliers de voitures lors des dernières semaines dans les banlieues de plusieurs villes françaises n’est que le signe visible et violent d’un problème structurel d’exclusion et de discriminations sociales inhérent au modèle économique néolibéral. Essayer de l’éteindre avec l’eau des interventions policières dans les quartiers et la fermeture des frontières de l’Europe à l’immigration est une solution ni juste, ni efficace. Si on ne change pas les conditions socio-économiques qui se trouvent à l’origine du feu structurel, il reprendra de nouveau un jour ou l’autre.
La socio-économie solidaire est l’une des voies pour avancer dans le sens d’une amélioration à long terme des conditions socio-économiques des populations exclues au Nord et au Sud. Pourquoi ? Parce que les organisations de commerce équitable, les institutions de finance solidaire et tout autre expérience de socio-économie solidaire sont des instruments économiques concrets qui permettent à des millions de personnes d’améliorer leurs conditions de vie et d’être acteur de leur propre développement.
Mais l’économie solidaire n’est pas qu’un moyen d’agir économiquement pour la cohésion sociale en articulant la lutte pour la reconnaissance des droits socio-économiques et l’accès des plus démunis à l’emploi, au crédit, à la consommation et au logement par des innovations socio-économiques de la société civile. Elle vise à promouvoir un nouveau paradigme économique reposant sur la démocratie économique et la justice sociale. Face à la globalisation de l’économie et à l’aggravation des inégalités sociales au Nord comme au Sud, tout l’enjeu de la socio-économie solidaire est bien de dépasser le stade de la réussite d’initiatives locales pour s’affirmer politiquement et économiquement comme un promoteur de comportements économiques et de régulations internationales plus équitables et solidaires, ainsi que de nouvelles solidarités Nord-Sud.
Cette prétention, qui inspire le travail du Pôle de Socio-Economie Solidaire (PSES) depuis sa création, explique l’importance stratégique des deux rencontres de socio-économie solidaire qui ont lieu dans quelques jours à Dakar :
Espérons que ces deux événements ouvriront quelques pistes d’espoir et des propositions concrètes à même de s’attaquer au feu structurel de l’injustice socio-économique !
Quand le fils du pêcheur étend son filet sur le sol ou sur l’eau, ce dernier s’étire à l’horizontale, se déploie pour couvrir le plus d’espace possible. Aucun nœud ne se trouve au-dessus des autres, n’est plus important que les autres. Aucun nœud ne peut considérer les autres nœuds comme des concurrents, des adversaires, des ennemis. Chaque nœud sait qu’en faisant partie du filet, il est indissociablement lié aux quatre autres nœuds situés à ses côtés qui, à leur tour, sont liés chacun à quatre autres nœuds, suivant une progression exponentielle... pour former un filet. Néanmoins, chaque nœud a conscience de sa responsabilité propre, par le lien qui le rattache aux quatre nœuds voisins et par l’intégrité du filet tout entier. Chaque nœud sait qu’il est unique et que les autres nœuds sont également uniques. C’est la diversité des nœuds qui forme l’unité du filet. Quand le pêcheur réfléchit à cette complexité merveilleusement simple, des larmes d’émotion coulent de ses yeux. Il voue un véritable amour à son filet, car celui-ci est son œuvre, mariant beauté et efficacité. Le filet reflète la complexité merveilleusement simple qu’est le pêcheur.
Telle est l’économie solidaire. Il s’agit de bien plus qu’une simple activité de production visant la survie. C’est un art de vivre. Elle (éco = maison ; nomie = gestion) nous met face à un défi, qui consiste à gérer et à prendre soin des différentes demeures que nous habitons (le corps, le foyer, la communauté, la municipalité, l’écosystème, le pays, la planète). Elle invite chaque habitant à s’autonomiser afin de devenir l’acteur du développement de son potentiel individuel et collectif. L’activité économique favorise la viabilité du développement humain et social. Tel est le véritable objectif auquel il nous faut aspirer. Un objectif en perpétuel mouvement, toujours en avance, car nos potentiels sont infinis ! Ce développement peut également être défini comme la conquête permanente d’un degré de liberté toujours plus élevé : liberté liée aux attaches de la simple survie, à la chaîne du travail esclave ou salarié (emploi), à la privation de divers droits et à l’aliénation en rapport à nos devoirs de citoyens et d’êtres humains dans un Univers également en mouvement.
L’économie solidaire affirme que personne n’autonomise personne et que personne ne s’autonomise seul. Cependant, pour s’autonomiser en tant que personne et qu’être social, il est nécessaire que tout un chacun soit consciemment relié aux autres (femmes et hommes). Si ce lien est hiérarchique et vertical, il se révèlera source de domination et d’aliénation. Seul le lien horizontal, non hiérarchique, est source d’émancipation. Ce lien horizontal porte un autre nom : la démocratie. La véritable démocratie est comme le filet du pêcheur : chaque personne est pleinement responsable d’elle-même et de la communauté humaine tout entière, dans une relation d’harmonie dynamique vis-à-vis de l’environnement. La relation entre les personnes s’articule autour de la coopération, de la réciprocité, du respect de la diversité, de la solidarité, de la construction d’unanimités sans préjudice de la diversité. Le filet est l’unité de la diversité.
L’éducation émancipatrice est celle qui contribue à l’autonomisation impulsée par l’apprenant lui-même, lequel assume, ce faisant, la responsabilité de gérer son propre développement, individuel et social. L’éducation émancipatrice enseigne à aller toujours plus loin. L’éducateur de l’émancipation est celui qui veille à ce que chaque élève apprenne à apprendre sans avoir besoin de lui. Cette vocation se caractérise par l’humilité de souhaiter que l’apprenant parvienne, enfin, à se passer de son guide. Tel est le souhait de l’autonomisation impulsée par l’autre, lequel est sur le point de devenir un voyageur qui, pas à pas, s’ouvre lui-même le chemin. Mais ce voyage est long et truffé de risques, de détours. L’éducation émancipatrice enseigne à ne pas craindre les risques, pas plus que les crises ou les conflits. Au beau milieu de la diversité qui constitue la vie, les risques sont naturels. Apprendre à les combattre, non pas comme des ennemis, mais comme des alliés, aide à grandir et à avancer, toujours plus loin et toujours plus haut.
Dans son humble impeccabilité, l’éducateur de l’émancipation souhaite que l’apprenant atteigne son niveau, voire le dépasse, dans les trois arts que sont l’être, le savoir et le savoir faire. Un tel éducateur pratique l’éducation amoureuse. Et quand cette éducation est au service d’une économie solidaire, elle façonne les relations d’un tissu économique riche d’un contenu social, solidaire et amoureux. Et de l’amour naît tout naturellement l’objectif ultime de notre existence sur Terre : la plénitude de la vie, le bonheur.
Marcos Arruda
http://www.socioeco.org/fr/contact.php
Le Réseau intercontinental de promotion de l’économie sociale et solidaire (RIPESS) annonce officiellement la tenue de la 3ième Rencontre internationale de globalisation de la solidarité qui se tiendra à Dakar, au Sénégal du 22 au 26 novembre 2005.
Il nous fait plaisir de vous transmettre les documents relatifs au programme de contenu de la 3ième rencontre. Sentez-vous concernés par ce programme collectif et n’hésitez pas à nous faire des propositions d’ateliers originaux et innovants à partir de vos propres expériences.
L’Appel de Propositions explique les modalités pour nous acheminer ces propositions. N’hésitez pas également à le diffuser auprès d’autres réseaux évoluant dans l’économie sociale et solidaire.
L’invitation s’adresse à toute personne ou organisation intéressée par les thèmes suivants :
Finances solidaires
Développement local
Alternatives populaires aux modèles de développement privés et étatiques
Commerce équitable
Promotion de l’économie sociale et solidaire
Vous pouvez inscrire vos activités jusqu’au 31 juillet 2005. Nous en profitons aussi pour annoncer que nous venons de mettre en ligne notre site web : www.ripess.net. Nous vous invitons à le consulter régulièrement pour suivre l’évolution des préparatifs de Dakar 2005. Enfin, il faudrait rappeler que le RIPESS ne saurait compter sans votre collaboration pour la réussite de cet événement majeur qu’est Dakar 2005, aussi nous espérons que vous y prendrez activement part afin de construire ensemble un monde plus juste et solidaire, pour et par les populations elles-mêmes dans leurs communautés respectives, dans l’ensemble des pays et continents de notre planète.
Abdou Salam Fall, Président du RIPESS
Courriel : dk2005@sentoo.sn
Web : www.ripess.net
Qu’est-ce que l’Economie Solidaire ? Des exemples spécifiques : la Finance Solidaire, Les Monnaies Sociales, le Tourisme Durable et le Commerce Equitable : sur le site d’Euforic (pdf - 254 ko)
Pour moi, la chose est claire : le Forum Social Mondial (FSM) est un extraordinaire exemple de bilan énergétique positif. Mais comme beaucoup de processus innovants, les effets visibles ne sont pas toujours au rendez-vous. Le changement n’utilise les grandes avenues qu’après avoir arpenté longuement les ruelles, et n’est souvent perceptible que pour ceux qui y croient.
Quelle entreprise, quelle institution organiserait un événement réunissant plus de 150.000 personnes avec des moyens aussi limités et sans en voir le profit immédiat ? Aucune ! !
Et de fait, le budget du Forum est de l’ordre de ce que peut dépenser une multinationale pour réunir quelques centaines de personnes. L’organisation est, en conséquence, souvent un peu limite, mais les militants s’accommodent de la fournaise des tentes ou de sanitaires réduits à leur plus simple expression. L’organisation n’est évidemment pas parfaite, et il y a toujours des ratés quelque part, mais … les choses se font. Beaucoup de bonne volonté, et au-delà des dissensions, une obstination et des objectifs communs qui galvanisent les énergies et les font aller jusqu’au bout.
Le gain énergétique vient, d’abord, du fait que tous ceux qui le peuvent sont là, pour ce grand rendez-vous annuel, et que les interactions y sont facilitées ! Par rapport à un événement ou une rencontre qui serait focalisée sur une thématique ou un objet, ici, tout est multiplié. On fait peut-être moins progresser chaque chose, mais on fait progresser beaucoup plus de choses en peu de temps.
Et pour cela, les allées du Forum, les stands de restauration, les halls des hôtels et les terrasses des cafés sont aussi importants que les tentes elles-mêmes. Les événements autogérés sont aussi importants que les multiples réunions tenues en parallèle.
Néanmoins, tout ce qui contribue dans l’organisation officielle à améliorer les interactions, à créer de nouveaux contacts sur un même thème ou à relier les thèmes entre eux, améliore le bilan énergétique. En ce sens, un grand progrès a été fait cette année par la création des espaces thématiques, par la priorité donnée aux activités autogérées et par la suppression des grands événements médiatiques de masse. D’aucuns verront le verre à moitié vide en pointant du doigt la segmentation entre les thèmes due à la séparation des espaces, sans voir le verre à moitié plein du gain énorme d’interaction entre les thèmes au sein d’un même espace. Le mieux est l’ennemi du bien. L’étape franchie cette année est un progrès réel qui n’occulte en rien le fait qu’il faille, à l’avenir, faire progresser aussi les liens et les échanges entre les espaces thématiques … une chose à la fois, surtout quand il s’agit de tâches aussi délicates.
Mais le bilan énergétique se mesure aussi dans les résultats produits. En quoi ce Forum Social est-il si important ? On y prêche et on y scande l’idée qu’un autre monde est possible, mais, finalement, une fois les chapiteaux repliés et les banderoles retirées, qu’est-ce qui a changé dans le monde ? En quoi, ce qui ressort du Forum a-t-il un impact sur les communautés de base, en quoi les alternatives ont-elles un réel potentiel de changement, en quoi influence-t-il la gouvernance globale de la planète ?
Quelles sont les véritables forces politiques à l’œuvre dans le FSM ?
On voit beaucoup de questionnements sur la force réelle des dynamiques citoyennes et des alternatives mises en avant lors des Forums.
On ressent une recherche d’un impact concret, d’une traduction pratique de la dynamique des Forums et des dynamiques citoyennes en général, en particulier sur le plan politique. Or, la Charte du FSM interdit toute déclaration ou parole politique officielle, et l’on a du mal à se faire une idée claire, par ailleurs, sur ce qui ressort concrètement des Forums.
Et pourtant, force est de constater que le mouvement prend de l’ampleur malgré toutes les difficultés d’organisation, que l’affluence ne fait que croître, que les hommes politiques du Nord et du Sud sont sensibles à l’événement, que des innovations, inconnues pour beaucoup, ont pignon sur rue dans les allées du Forum. La venue de Lula et de Chavez ont suscité beaucoup d’intérêt : même si ils ne sont pas venus au Forum, en tant que tel, leur présence au Gigantinho pendant le Forum était éloquente. Beaucoup d’intérêt également pour cette "économie solidaire" qui s’affichait partout dans les espaces du Forum (avec, entre autres, son "Chai", monnaie alternative qui a servi aux échanges dans les boutiques de commerce équitable). Concept totalement inconnu dans certains pays, mais réalité grandissante ailleurs avec même une reconnaissance politique dans certains gouvernements, qui ne peut qu’interroger.
Certains ont du mal à comprendre comment cette nouvelle vision de l’économie, née au départ d’innombrables alternatives destinées à pallier, ça et là, aux dégâts du système, peut justement changer ce système. Ils sont plus attirés par les campagnes altermondialistes d’opposition au système et ne voient pas encore très bien en quoi cette économie solidaire porte les germes des règles qui feront fonctionner le système autrement et sur d’autres valeurs. Mais la curiosité est là et le sentiment s’insinue et est déjà bien présent, qu’on ne fait pas changer les choses seulement à partir du global, et qu’il faut associer tous les acteurs de terrain qui se reconnaissent dans cette nouvelle vision d’une autre économie.
Les choses changent au niveau global quand on commence à avoir un impact politique. Elles changent aussi quand on commence à avoir une évolution visible des courants de pensée et des représentations qu’on se fait d’un monde souhaitable. Si le Forum Social est questionné sur le premier point, comme nous venons de le voir, il l’est aussi sur le second.
Plus qu’un lieu qui favorise l’innovation dans la pensée, le Forum la capitalise et l’affiche collectivement.
Ce n’est certainement pas le lieu le plus favorable à cela, même si tout est possible. En revanche, c’est un excellent lieu pour voir comment les idées progressent d’année en année. Même s’il n’y a pas, sauf exception, de débat approfondi sur une question, les intervenants font le bilan du point où ils en sont dans leur réflexion. Et l’on voit ainsi des thèmes qui restaient relativement marginaux, il y a deux ans, venir au premier plan. Sur certaines thématiques, comme l’économie solidaire, il y a une habitude de travail collectif qui s’est mise en place depuis déjà des années, et une communication grandissante entre les FSM, grâce à des lieux d’échange et de réflexion comme le Pôle Socio-Economique de l’Alliance, ou, comme les autres grands événements qui forment l’agenda de la société civile. On voit alors des évolutions et des tendances lentes mais nettes prendre place. Pour ne citer que deux choses, une volonté des acteurs de tous niveaux se confirme de :
Le Forum, plus qu’un endroit où se développe l’innovation, est un endroit où elle se capitalise et où les idées s’affichent collectivement, donnant plus de force aux dynamiques citoyennes. Cette fonction est extrêmement importante dans les dynamiques de changement, car si l’innovation dans les idées est ce qui fait changer les conceptions du monde et donne les plans du monde de demain, l’émergence et la consolidation d’une communauté mondiale citoyenne sont les fondations sur lesquelles pourront se concrétiser et se généraliser ces idées.
Les Forums Sociaux ne sont pas les seuls lieux où se bâtit cette communauté mondiale, mais ils jouent un rôle capital. Ils permettent aux citoyens de tous les milieux qui forment cette communauté de prendre conscience de leurs forces, de leurs faiblesses, de leurs complémentarités et, progressivement, des prochaines étapes qui permettront les changements. C’est un lieu par excellence de constitution d’une force politique populaire qui ne cherche pas à prendre le pouvoir, mais à donner du pouvoir et du sens. Cette force n’est pas organisée selon les critères habituels, c’est ce qui en fait aussi la difficulté d’appréhension et provoque des doutes. Elle associe aussi bien des militants d’ONG que des élus locaux, des leaders religieux, des chefs d’entreprise, des journalistes, des militaires, et bien d’autres … même si certaines catégories ne sont représentées que par quelques pionniers.
Pour moi, c’est cette constitution d’une force invisible, mais perceptible, qui représente le terme irrémédiablement gagnant de l’équation énergétique du Forum Social Mondial. Seuls des événements aussi fédérateurs et massifs peuvent constituer une telle force et donner un sentiment d’identité à ceux qu’une étude célèbre, faite par des sociologues américains, a nommés les "créatifs culturels" pour que la politique ne change pas seulement par les partis ou les syndicats, mais aussi par les citoyens d’aucun bord.
Une mémoire vive des forums sociaux
Reste à canaliser toute cette énergie accumulée et lui trouver des points d’application pour qu’effectivement l’impact soit mesurable, au cours du temps, à la fois sur le plan politique, dans les courants de pensée innovants et dans leur concrétisation dans les comportements de tous les citoyens. Ici consiste probablement l’effort le plus important à fournir maintenant, qui devrait retenir la plus grande attention des financeurs du FSM. C’est toute la promotion, la visualisation et l’affichage des propositions exposées dans les différents événements du Forum. C’est aussi leur traduction dans des discours politiques pluriels d’un type nouveau, bien loin des discours épuisants et épuisés des politiciens actuels.
Il ne s’agit pas de promouvoir une parole unique ou un programme politique, mais de montrer la pluralité des propositions sur les différents champs de l’activité humaine, et de permettre leur mise en débat dans des espaces publics qui touchent de plus en plus de citoyens et non pas les seuls professionnels ou praticiens avertis de la politique. Il faut recueillir et garder la mémoire des idées et des propositions qui se sont affichées collectivement sous les chapiteaux, pour qu’elles puissent devenir actives et circuler dans d’autres cercles. Ce n’est pas une mémoire de stockage, mais une mémoire "vive" qu’il nous faut, une mémoire où sont chargés les processus actifs d’une communauté mondiale émergente. C’est le chemin qu’a pris l’équipe "memoria-viva", en charge officielle de la constitution de cette mémoire du Forum.
C’est une tendance qu’on retrouve aussi dans les réseaux promoteurs de l’économie solidaire au FSM (au nombre d’une soixantaine, de niveau national ou international), qui, dans le cadre d’une coopération effective depuis 2002, pousse les choses encore un peu plus loin cette année en se dotant, pour la première fois, d’une équipe chargée de recueillir et de synthétiser après le Forum, les propositions des événements qu’ils ont soutenus.
* Philippe Amouroux
http://www.socioeco.org/fr/contact.php
Après Mumbai, toutes celles et ceux qui suivent de prêt ou de loin l’aventure des forums sociaux s’accordaient à dire qu’il était temps de les repenser ou de les renouveler. De l’extérieur, nombreux étaient ceux qui estimaient que les forums n’étaient pas loin de l’enlisement, incapables de donner corps, par des propositions articulées entre elles, à cet autre monde. De l’intérieur, le constat était moins critique. Mais nul ne peut nier que les forums sont confrontés au défi de donner à voir, dans leur forme comme sur le fond, certains des éléments de cet autre monde, sans pour autant rompre avec le principe fondamental de l’absence de déclaration finale. Les forums sociaux n’ont certes que 5 ans. Mais ils se sont imposés comme un moment privilégié des luttes et mouvements altermondialistes. Alors que certains évènements tendent à laisser penser qu’effectivement, il n’y a pas, ou peu d’alternatives - qu’il s’agisse de la réélection de Bush malgré l’ampleur du mouvement antiguerre, de l’incapacité de Lula à engager les réformes promises, etc. - les forums doivent plus que jamais contribuer à entretenir l’espoir. Quitte à ce que les attentes vis-à-vis du forum soient contradictoires, qui devrait être plus populaire et propositionnel, plus mondial et participatif, radical mais réaliste, divers mais crédible, etc.
Le Conseil international du forum a donc décidé d’introduire quelques changements majeurs dans le processus de préparation du FSM 2005.
Un autre programme
Ainsi a-t-il été décidé que le programme du forum 2005 ne se composerait que d’activités libres. Lors des 3 premières éditions, les activités organisées par le Forum (Comité Brésilien ou Conseil International), qu’il s’agisse des panels, des témoignages ou des tables de dialogue et de controverses étaient les plus valorisées, dans le programme comme sur le site physique du forum. Seules ces activités étaient traduites. De ce fait, les activités " officielles " étaient les plus visibles médiatiquement. Elles donnaient le ton général du forum. A l’inverse, les activités libres étaient relégués au second plan, bien que les participants montrent un intérêt croissant pour celles-ci, alors même que bon nombre d’entre elles étaient autrement plus innovantes ou pointues que de grandes conférences au cours desquels les intervenant(e)s répétaient ce qu’ils ou elles avaient dit lors du forum précédent.
Cette tension entre activités officielles et activités libres a atteint son paroxysme à Mumbaï. Les grandes conférences se sont toutes déroulées dans des salles immenses mais vides, pendant que les allées du forum ne désemplissaient pas, et que plusieurs activités libres débordaient de participants.
Supprimer les activités officielles n’était néanmoins pas sans risque, au premier rang desquels celui de renforcer l’aspect confus des forums. Ce risque était renforcé par le fait qu’organiser le forum uniquement sur la base d’activités proposées par ses participants pouvait donner à certains le sentiment que, toutes les activités étant sur le même plan, elles étaient mises en concurrence les unes avec les autres - concurrence pour être visible et attirer des participants, concurrence pour bénéficier d’une traduction prise en charge par le forum, etc. En conséquence, cette suppression des activités officielles pouvait tout à fait nuire à la coordination des activités libres.
Consulter, s’inscrire, s’articuler : participer !
De fait, l’enjeu était multiple. Il s’agissait de construire le forum "par le bas", sur la base des priorités des organisations participant au forum, tout en faisant en sorte que chaque organisation puisse préparer sa participation très en amont et en lien avec d’autres organisations préoccupées par des thématiques similaires. Tout cela en incitant les participants à mettre le forum - et sa préparation - à profit pour élaborer des plans d’actions et faire émerger des propositions.
Ce faisant, le processus d’organisation du forum s’est organisé en trois phases, qui devaient permettre de pallier ces risques.
La première étape a été la consultation. Elle devait permettre de définir les grands axes du forum sur la base des préoccupations des organisations susceptibles d’y participer, au lieu de ne les baser que sur la réflexion des réseaux et mouvements qui participent au Conseil International. Cette étape a été un vaste succès (plus de 1800 organisations y ont pris part), ce qui montre que nombreux sont ceux et celles qui sont intéressés à transformer le forum en un processus aussi auto-construit que possible. La masse de réponses n’a malheureusement pas permis de faire une analyse méthodique et précise des résultats de la consultation. La définition des 11 espaces du forum s’est donc faite en tenant compte de la consultation en y ajoutant des éléments apportés par les membres des commissions contenu et méthodologie du Conseil International.
La deuxième étape était celle des inscriptions. Celle-ci devait précéder la troisième étape, celle des articulations. Pour diverses raisons, techniques et temporelles, ces deux phases se sont déroulées simultanément. Plus de 4000 organisations se sont inscrites et ont proposées près de 2650 activités. Onze listes de diffusion ont été ouvertes, une par espace, pour faciliter le travail de coordination de ces activités - sur une base volontaire.
Par ailleurs, chaque jour du forum, un temps de 2 heures, de 18 heures à 20 heures est prévu pour permettre des rencontres libres et spontanées entre les organisations qui le souhaiteraient.
Le processus d’articulation n’a malheureusement pas pu être mené aussi loin que prévu. Des listes de discussion ont bien été ouvertes, mais trop peu de temps avait été consacré à penser les méthodes de facilitation de ces articulations. Vous pouvez voir une tentative d’approfondissement de ce processus sur le site www.portoalegre2005.info.
Une telle démarche est très proche à ce que le Pôle de Socio-économie Solidaires (PSES) a fait au sein des réseaux promoteurs de l’économie solidaire autour des deux derniers forums sociaux mondiaux. Il s’agissait bien de systématiser et d’étendre cette démarche à d’autres groupes, à d’autres thématiques. L’expérience du PSES le prouve néanmoins : si la création de liens entre organisations travaillant sur des thèmes similaires ou proches est indispensable à l’élaboration d’alternatives concrètes, elle ne va pas pour autant de soi, et ne peut se faire que dans la durée et nécessite des moyens et des méthodes adaptés.
Vive la mémoire !
La mémoire du forum, quant à elle, s’articule autour de 3 projets :
L’ensemble des contenus issus de ces projets seront accessibles via le site officiel du forum, ainsi que directement sur le site www.memoria-viva.org. Ces projets portant sur la mémoire des forums s’inscrivent dans un mouvement d’ensemble de réflexion sur les traces des forums, sur la manière de les recueillir, sans qu’elles ne se figent dans des archives, de manière à ce qu’elles viennent alimenter le processus des forums sociaux.
Le forum comme processus d’apprentissage
Les changements qui ont été introduits dans le cadre de la préparation du forum montrent un aspect central de la dynamique des forums : il s’agit aussi d’un processus d’apprentissage. Cela veut évidemment dire que tout ce qui a été prévu au départ n’a pu être réalisé : les organisateurs eux-mêmes apprennent des changements qu’ils introduisent. C’est ce qui explique, en partie du moins, les problèmes mentionnés ci-dessus à propos de la consultation ou de la phase d’articulation. Afin d’aller plus loin, il aurait fallu plus assumer le fait que, pour être un processus d’apprentissage, les forums sociaux doivent également être des espaces d’expérimentations, quitte à faire des erreurs.
Malgré tout, la nouvelle méthodologie d’organisation du forum est dès à présent un succès, en ce qu’elle a permis une implication plus grande de chaque organisation, et non des seuls organisateurs, dans la construction du forum lui-même. Tous ces éléments, s’ils sont repris et analysés, permettront d’enrichir la dynamique d’ensemble. Dans cette perspective, il importe que nous inscrivions notre travail dans le long terme, pour ne pas dédier l’ensemble de notre temps et de notre énergie à la préparation d’un seul et unique forum.
La participation pionnière du PSES
Le PSES a toujours travaillé au sein des forums sociaux pour regrouper, comparer, discuter, et échanger parmi les différents acteurs de l’économie solidaire. Cette année, le réseau essaiera de porter cette dynamique, "d’aller vers les autres" encore un peu plus, en organisant des activités avec des groupes qui ne s’identifient pas nécessairement à l’économie solidaire, mais qui ont en commun avec le PSES le souci de trouver des alternatives économiques globales, plus justes et plus humaines, comme, par exemple, l’International Forum on Globalization (IFG).
* Nicolas Haeringer
http://allies.alliance21.org/fsm/article.php3?id_article=193
L’enjeu était de taille puisque le monde anglo-saxon est généralement sous représenté dans les forums sociaux et qu’en comparaison à la France ou au Brésil le mouvement altermondialiste pèse peu dans l’espace public anglais.
Avec environ 20 000 délégués, la participation était moindre qu’à Florence et à Paris en partie en raison du coût d’inscription et de logement dans une des villes les plus chères du monde, mais aussi des difficultés de la coalition anglaise, dominée par les militants du Social Workers Party et du mouvement anti-guerre Globalise Resistance, à élargir la base des mouvements sociaux en tenant compte de leur diversité idéologique et de leurs modes d’action. Pour ne prendre que l’économie sociale et solidaire, ce n’est qu’au dernier moment que le mouvement des coopératives anglaises a accepté de participer et d’intervenir au FSE.
Mais, au-delà d’une moindre participation, plusieurs délégués reviennent avec le sentiment que le FSE de Londres n’a pas eu suffisamment prise sur la société anglaise. La médiatisation de l’événement était faible en comparaison à la couverture du FSE de Paris-St Denis. L’impact sur la classe politique anglaise semble marginale, malgré le soutien financier et logistique du maire de Londres, Ken Livingston. Plus généralement, le londonien de la rue n’était pas au courant que le mouvement altermondialiste européen s’était donné rendez-vous dans la capitale.
En ce qui concerne l’économie sociale et solidaire, quatre séminaires ont été organisés sur les finances solidaires, les mouvements sociaux, le développement durable et les alternatives économiques permettant d’approfondir les débats amorcés à Florence et Paris. Je me contenterai de dire un mot sur celui co-organisé par le Mouvement pour l’économie solidaire et les coopératives de production Ile-de-France sur la démocratisation de l’économie. Résultat du réseautage au sein du mouvement altermondialiste, ce débat visait à décloisonner les mouvements et à confronter les points de vue de syndicalistes, altermondialistes et militants écologistes avec les positions des acteurs de l’économie sociale et solidaire. Le débat fut riche et animé.
Au-delà d’un accord commun pour critiquer une conception néo-libérale qui veut laisser croire que l’économie est une sphère autonome du politique qui serait étrangère aux principes démocratiques (droit de vote, débat public et argumenté), Eve Durquety (UR SCOP IDF) et John Goodman (Cooperative UK) ont rappelé qu’historiquement le mouvement coopératif étaient issu, comme le mouvement syndical, du mouvement ouvrier. A partir de la fin du XIXème, les chemins des deux familles se sont plus ou moins éloignés. Comme l’a rappelé Christophe Aguitton, progressivement l’Etat-nation est devenu au XXème siècle le cadre de régulation ou de dépassement du capitalisme selon que l’on soit réformiste ou révolutionnaire.
Malgré un internationalisme affiché, c’est bien au sein de l’espace national que les luttes sociales s’organisent et voient des débouchés à leurs revendications. Or, la mondialisation néo-libérale oblige les entreprises d’économie sociale et les initiatives solidaires, les syndicats et les ONG à repositionner leur action à l’échelle européenne et globale. D’un côté, les coopératives sous la pression de la concurrence des entreprises de capitaux risquent de se banaliser si elles oublient la dimension politique de leur action. Les réussites micro-économiques et la démocratie dans l’organisation restent fragiles sans changements des régulations économiques. A l’inverse, syndicats et mouvements sociaux risquent de s’enfermer dans une position purement protestataire si elles n’intègrent pas dans leur programme les alternatives économiques existantes qui proposent d’autres manières de produire, de consommer et d’épargner. La construction d’un monde plus juste et solidaire ne passe pas seulement par des actions de résistance face aux méfaits de la mondialisation mais aussi à des changements dans ses actes économiques quotidiens en tant que travailleur, consommateur ou épargnant. Bref comme l’a dit Alberto Zoratti (Roba dell’ altromondo), il s’agit de proposer une utopie concrète permettant aux gens d’agir ici et maintenant.
Sur ce point, les activités d’économie solidaire et du commerce équitable présentent l’intérêt d’articuler activité commerciale (vente de produit équitable), démarche d’éducation populaire et actions politiques comme la campagne de l’éthique sur l’étiquette pour Artisans du Monde (France) ou celle contre l’OMC pour Roba dell’ altromondo (Italie). Les convergences sont certaines entre les initiatives qui cherchent à relocaliser sur les territoires certaines activités productives en construisant des circuits courts de distribution avec les revendications du mouvement écologiste. Sur ce sujet, Eve Mitchell (Friends of the Earth UK) a dénoncé l’insoutenabilité écologique du modèle de développement des échanges internationaux qui trop souvent fragilise les savoir faire et les revenus des petits paysans du Sud.
Les points de débats restent nombreux. Face aux risques de substitution des entreprises sociales aux services publics, notamment au Royaume-Uni, Jean-Michel Joubier (CGT) interpelle l’économie sociale et solidaire dont la position apparaît ambivalente sur le sujet. De même, le respect des droits sociaux et des conditions de travail des salariés de l’économie sociale et solidaire ne correspond pas toujours aux valeurs affichées. D’autres participants s’interrogent sur la faiblesse des réseaux de distribution des produits du commerce équitable et du potentiel de renouvellement des coopératives de consommation dans les pays comme le Royaume-Uni où elles existent encore. A l’inverse, les syndicats ne peuvent plus se contenter d’entériner la division entre l’économique et le social et de refuser de se positionner sur les questions entrepreneuriale et de gestion. Dans un contexte de globalisation où la responsabilité sociale des entreprises se trouve posée, les alliances syndicats, ONG de solidarité internationale ou écologiste sont à tisser.
Laurent Fraisse
http://www.socioeco.org/fr/contact.php#lf
L’association APRÈS (Association pour la PRomotion de l’Economie sociale et Solidaire), avec le soutien de plus de 50 organisations de la région genevoise (associations, fondations, coopératives, autres) est heureuse de vous inviter Premières Rencontres de l’Economie Sociale et Solidaire de la région genevoise qui se tiendront les 18 et 19 novembre 2004 à Genève.
Pour le programme détaillé, voir http://www.apres-ge.ch
Ces Rencontres constituent une première opportunité de mettre en présence ceux qui pourront à l’avenir constituer les forces vives d’un réseau de l’Economie sociale et solidaire dans la région genevoise. Elles seront l’occasion - au cours d’ateliers et de plénières - de débattre des questions au cœur des activités et des valeurs défendues par les salariés et bénévoles du secteur de l’ESS :
A l’issue des Premières Rencontres de l’Economie Sociale et Solidaire de la région genevoise, un portail servira à la fois de centre de ressources pour toute personne ou organisation désirant offrir ses service et privilégier l’utilisation de ceux proposés par d’autres acteurs de l’ESS (par exemple dans l’agriculture biologique, l’habitat associatif, les magasins du commerce équitable, les librairies coopératives, etc.), d’accès aux informations sur les évolutions de l’ESS en Europe et dans le reste du monde, d’espace virtuel où bénéficier de conseils juridiques et économiques relatifs à la constitution d’une organisation dans le secteur de l’ESS.
Association APRÈS (Association pour la PRomotion de l’Economie sociale et Solidaire)
www.apres-ge.ch
Dans le cadre de la Deuxième Réunion de la Commission des Affaires Economiques, de la Dette Sociale et de l’Intégration Régionale du PARLATINO ( Parlement Latinoaméricain) qui aura lieu dans la ville de Sao Paulo au Brésil les 14 et 15 octobre prochains, sera organisé un panel sur l’Economie Sociale dont feront partie le Dr. Heloisa Primavera, Coordinatrice du Département de Gestion Sociale de la Faculté de Sciences Economiques de l’Université de Buenos Aires et le Dr. Paul Singer, Secrétaire National à l’Economie Solidaire au sein du Ministère du Travail et de l’Emploi du Brésil. Le thème abordé par les membres de cette table ronde sera « Vers une économie solidaire et durable ».
Cet évènement rassemblera des intellectuels, des hommes et femmes politiques, des activistes de terrain et des techniciens d’Argentine, du Brésil, du Chili, du Paraguay, du Venezuela, de la Colombie et du Honduras qui échangeront des expériences réussies dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités qui affectent la région, afin d’impulser la réalisation des Objectifs du Millénaire fixés par les Nations Unies.
Programme : www.parlatino.org.br
Par cette rencontre nous souhaitons : échanger nos pratiques en matière d’Economie Solidaire de manière à pouvoir mieux intervenir dans la chaîne de production ; favoriser le dialogue et le débat sur les politiques publiques ; approfondir la plateforme d’Economie Solidaire au Brésil.
Comité organisateur
En juillet dernier, 25 personnes, représentant des centaines d’organisations, à travers leur réseau et réunies à Trois Rivière, au Québec, ont lancé le Réseau Nord-Américain de l’Économie Solidaire (NANSE). Le NANSE est relié au Réseau Intercontinental pour la Promotion de l’Économie Sociale et Solidaire (RIPESS). Pour plus d’information, lisez la première édition de High Road, (en anglais seulement) une lettre de liaison de quatre pages qui sera insérée régulièrement dans Making Waves, le magazine du CED Canada - http://www.cedworks.com.
Ou contacter :
Mike Lewis
Executive Director
Center for Community Enterprise
250)723-1139 Office phone
250)723-3730 fax
ccelewis@island.net
La ville de Cancun (Mexique) a été pendant près d’une semaine la scène de plusieurs événements en rapport avec le commerce international. Cette station touristique des caraïbes peut être vue comme un symbole de la globalisation. Pour certains, c’est un paradis touristique, pour d’autres un enfer hôtelier. Situé dans une zone auparavant pratiquement inoccupée par l’être humain, son développement a causé la déforestation des mangroves et des forêts, le déplacement de communautés de pêcheurs. Certains quartiers du centre ville n’ont l’eau courante que trois heures par jour, alors que les hôtels proposent en permanence leurs piscines et terrains de golf aux touristes aisés. En dehors de toute logique économique, certains promoteurs veulent prolonger le bétonnage des côtes sur la centaine de kilomètres qui séparent Cancun du site archéologique de Tulum.
Réunion Ministérielle de l’OMC : Les pays riches échouent à imposer leurs priorités
La 5ème réunion Ministérielle de l’Organisation Mondiale du Commerce s’est achevé sur un constat d’echec des négociations. Alors que la réduction des subventions agricoles des pays développés devaient être discutée, ces derniers ont insisté pour avancer sur de nouvelles questions, dites "questions de Singapour" : investissement, achats publics, transparence et facilitation du commerce. Ces pays refusent d’égaliser le terrain sur les questions agricoles, en maintenant de fortes subventions dans ce secteur alors qu’ils demandent aux pays plus faibles de libéraliser leur économie. Un groupe de pays en développement comprenant le Brésil, l’Egypte, l’Argentine et l’Equateur, dit "groupe des 21 ou 20+ (de nouveaux pays s’y sont intégrés presque chaque jour) s’est formé pour demander la réduction des subventions agricoles avant tout autre discussion sur de nouvelles questions.
Grace à la détermination et à l’appui de ce groupe, mais aussi à l’appui de vastes réseaux de la société civile, les négociations n’ont pu avancer dans le sens des pays les plus puissants. Le brouillon de déclaration finale préparé par un "groupe de facilitateurs" mentionnait les "questions de Singapour", malgré l’opposition explicite de plus de 70 pays en développement. La réunion ministérielle s’achève sur un score nul. Les discussions se poursuivront à Genève et ailleurs, mais devront désormais compter sur une plus grande cohésion des pays en développement décidé à ne pas se faire tromper.
Symposium sur le Commerce Durable et Foire du Commerce Equitable
A quelques kilomètres du centre de convention, des représentants d’organisations de la société civile du monde entier, paysans, pêcheurs, écologistes, organisations de solidarité internationale, fondations, se sont réunis en plusieurs forums parallèles pour discuter des questions intéressant plus largement les populations du monde entier. Plusieurs marches de protestation ont été organisées, en direction du centre de convention. Le premier jour des négociations, le leader paysan coréen Khyanghai Lee s’est donné la mort durant une manifestation paysanne devant les grilles séparant les manifestants de la zone hôtelière, en protestation à la situation imposée aux paysans du monde entier par les accords commerciaux. La manifestation générale du 13 septembre s’est déroulée de façon pacifique.
Institute for Agricultural and Trade Policy, Equiterre et Comercio Justo México ont organisé un Symposium sur le Commerce Durable et une Foire du Commerce Equitable à quelques kilomètres du lieu des négociations, auquel des membres du comité de pilotage du chantier ont participé. Les questions les plus présentes étaient celles de la certification (biologique et équitable) et du changement d’échelle, mais le symposium a aussi été l’opportunité de présenter des expériences positives et de discussion d’autres questions. Le programme complet du symposium est sur www.fairtradeexpo.org et les organisateurs doivent présenter un compte-rendu complet, que nous ferons circuler sur ce forum.
Le dernier jour de cet événement (12 octobre) était consacré à un Forum de Commerce Equitable des Amériques, dans le prolongement du symposium. Même si la participation n’était pas à la hauteur de l’événement, celui-ci a été l’occasion de quelques échanges intéressants.
Présence du chantier à Cancun
Les membres du chantier présents étaient : Meredyth Ailloud (IDS), René Audet (UQAM), Abraham Appiah-Kubi (Kuapa Kokoo), Pierre Johnson (Yamana) et Arun Raste (IRFT). Avec Arun Raste (Inde) et Abraham Appiah-Kubi (Ghana) l’engagement d’élargissement géographique du chantier et la présence de représentants de producteurs (Kuapa Kokoo est une coopérative de producteurs de cacao) a été rempli.
René Audet, Abraham Appiah-Kubi, Pierre Johnson et Arun Raste sont intervenus comme participants ou modérateur au Symposium sur le Commerce Durable. Meredyth Ailloud a modéré une partie du séminaire organisé par Coordination Sud (France) et des organisations paysannes d’Afrique de l’Ouest sur les prix agricoles. Peu avant la réunion ministérielle, celle-ci a écrit un document sur la base d’une étude commandée par une organisation de commerce équitable, document intitulé "Leçons pour une évolution du commerce mondial vers plus d’équité et de durabilité" comprenant une analyse des enjeux par rapport à l’OMC et des propositions aux négociateurs. Celles-ci devraient être résumées et traduites pour permettre une circulation et une discussion sur cette liste.
Après l’échec des négociations de Cancun, de nombreuses organisations de commerce équitable sentent le besoin de comprendre le contexte multilatéral qui nous est imposé (OMC) et de formuler des propositions de régulations internationales. Le chantier commerce équitable devrait être une force permettant de faciliter cette discussion.
Pierre Johnson
Buts et Objectifs
Activités principales
1. Stands et expositions commerciales et de groupes du monde entier qui :
2. Symposium et Chantiers
En collaboration avec les participants de la conférence, IATP organisera un programme passionnant d’ateliers et sessions de table ronde qui répondent à une gamme générale de questions du Commerce équitable (par exemple commerce Indigène, stratégies de vente, impacts sur petits producteurs d’usages du commerce mondiaux comme le dumping, tendances de la consommation éthique, dimensions du genre du Commerce équitable, achats publics, leçons de programmes de la certification, rapports à ISO, BIT, OMC, etc.). Il y aura un axe spécial adaptée aux besoins des groupes de producteurs et le rôle spécial du Commerce équitable au Mexique sera présenté. Chaque jour de la conférence, les visionnaires et invités spéciaux seront invités pour attirer les médias et d’autres participants.
3. Installations de la Conférence de Presse et de l’Internet Radio Radiodiffusion Mondiale
Un programme spécial média sera porté dehors avant et pendant l’événement.
Une salle spécifique sera disponible pour les événements médiatiques et Commerce équitable a les événements ayant rapport, y compris mais pas limité à :
Notre station de radio Internet "cancunradio.org" couvrira les conférences de presse et des événements en anglais et espagnol.
4. Événements locaux de Commerce équitable
En plus des activités de Cancun, des organisations communautaires et des groupes d’étudiants organisent des événements locaux du Commerce équitable autour du temps de l’OMC pour encourager le Commerce équitable dans leurs régions et créer des occasions pour parler de questions du commerce aux médias, responsables politique, et au public en général.
Pour info :
Institute for Agriculture and Trade Policy
Kari Hamerschlag, kariham@earthlink.net ; 510-207-7257,
Jerónimo Pruijn, Comercio Justo Mexico, jeronimo@laneta.apc.org, 525-555-140-266, www.comerciojusto.com.mx ;
Isabelle St Germaine, Equiterre, Quebec, Canada, istg@equiterre.qc.ca, 1-514-522-2000 x222
Le PSES organise un atelier "Enjeux et mise en œuvre de stratégies de changement et d’action par les alliances citoyennes", les 10/11 et 12 juin prochain, à Barcelone. C’est là la mise en œuvre de la décision prise à la réunion du PSES à Porto Alegre, nous tenterons de répondre aux différentes questions posées lors de cette réunion et qui tournait autour de 3 grands axes :
Le besoin d’une réflexion stratégique pour la dynamique de l’Alliance
Ceux d’entre nous qui ont participé à certains événements internationaux, comme par exemple, les Forums sociaux mondiaux ou continentaux, ont pu se rendre compte que l’Alliance commence à être perçue à la fois comme une force de propositions importante et comme une force de cohésion, de cohérence et de vision globale. Pas toujours en tant que telle -certains regrettent même parfois ce manque de visibilité - mais souvent par l’intermédiaire de ses animateurs et participants de différents chantiers, présents, aussi bien en terme de mises en perspective théoriques, d’articulation du travail collectif, d’organisation, de synthèse que d’articulation entre les thématiques.
Nous pensons que c’est là le résultat d’une démarche propre à l’Alliance : mises en débats des grands enjeux de société, dialogues entre différents acteurs ; mises en perspective globales et approche transversale entre thèmes, milieux et territoires, etc. Tout ceci constitue des apports uniques dans la construction d’une démarche citoyenne.
Mais l’efficacité de l’action de l’Alliance, dans son rôle d’appui intellectuel et stratégique aux réseaux et mouvements, la qualité et la valeur ajoutée des propositions élaborées dans cet espace, les possibilités de mise en œuvre de ces propositions, implique une nécessité de réflexion collective en matière de stratégies à mettre en place.
Une réflexion parallèle du Pôle de Socio-Economie Solidaire (PSES)
Or ces mêmes constatations ont été faites par le PSES. L’économie solidaire et ses différentes familles commencent à émerger, — très timidement encore , il est vrai —comme la préfiguration d’une autre économie plus humaine. Des réseaux d’économie solidaire se mettent en place un peu partout dans le monde, l’Economie Solidaire s’est transformée en un des thèmes importants du Forum Social Mondial et d’autres événements internationaux. Et présents à l’un ou l’autre point de ce processus, des animateurs ou des participants des chantiers socio-économiques de l’Alliance.
Mais de ce constat surgissent plusieurs questions. Telles celles exprimées lors de la réunion tenue par le PSES, à Porto Alegre, le 23 janvier dernier, profitant de la présence de bons nombres d’animateurs et de participants actifs des chantiers au Forum Social Mondial III. Il y avait là au total 38 participants
L’essentiel de la réunion fut en effet consacré à identifier les questions les plus importantes qui se posent sur la stratégie et les activités futures ; le temps limité ne permettant que d’identifier les questions, de les expliciter et de les regrouper sur quelques axes clés : Comment l’interaction de la dynamique de l’Alliance avec les mouvements sociaux peut-elle être constructive ? Quelles stratégies de mise en œuvre concrète de la transversalité des travaux au sein du Pôle et de l’Alliance ? Comment renforcer la pluralité et l’équilibre de la participation dans les chantiers ?
Trois jours de réflexion stratégique
C’est dans le but de tenter de répondre ensemble à ces différentes questions que le PSES a décidé d’organiser trois journées de réfléxion stratégique, avec à la fois des participants qui connaissent bien la dynamique du PSES et des participants des autres Pôles thématiques et Collèges de l’Alliance qui ont été idéntifiés comme proches, en termes de propositions, du PSES. En tout, 16 participants du PSES avec dans la mesure du possible des représentants de tous les chantiers du Pôle (une personne pouvant représenter plusieurs chantiers) et 9 personnes d’autres Pôles thématiques ou Collèges de l’Alliance (voir encadrés).
Méthodologie
Des échanges préalables auront lieu par l’intermédiaire d’une liste électronique de discussion. Sur place le travail s’effectuera en sous-groupes qui travailleront à répondre à ces questions à partir de cas concrets concernant les chantiers présents, pour en tirer des leçons et des lignes de conduite pour le futur.
Les invités apporteront une contribution sous la forme d’un texte d’une ou deux pages relatant des expériences concrètes de mises en liens avec les mouvements sociaux, de dynamiques interchantiers ou avec d’autres collèges ou encore de manière de gérer la participation plurielle. Par exemple, le chantier Femmes et Economie pourrait nous relater l’état des relations avec la Marche Mondiale des Femmes et les perspectives d’avenir possible. Ces textes circuleront avant la rencontre et seront commentés et retravaillés sur place.
Principales questions à débattre lors de l’atelier de réflexion stratégique
Liens avec les mouvements sociaux et les réseaux d’action
Transversalité et complémentarité entre les chantiers
Participation plurielle
Qui participe du PSES ?
Qui doit venir des autres chantiers thématiques et collégiaux de l’Alliance ?
En octobre 2002, la liste de l’opposition au gouvernement néolibéral de Fernando Henrique Cardoso, menée par Luis Inacio da Lula Silva, du Parti des Travailleurs, a gagné les élections nationales au deuxième tour, avec une majorité absolue des votes de 105 millions d’électeurs. En décembre, le Groupe de Travail Brésilien d’Economie Solidaire (GTB), formé en 2001 pour préparer, en collaboration avec les réseaux et forums d’économie solidaire d’autres pays et continents, les événements du Forum Social Mondial, a organisé un processus de pression afin que l’équipe de transition, chargée de préparer les politiques et structures du futur Gouvernement Lula, inclue dans ses priorités une instance responsable pour l’Économie Solidaire. Cela a impliqué convaincre les futurs gouvernants que l’Economie Solidaire était plus qu’une politique de compensation pour lutter contre le chômage et la précarisation de l’emploi, opérées par les politiciens néolibéraux des 8 années de Gouvernement Cardoso.
Victoire ! Il y a une semaine, le Secrétariat National à l’Economie Solidaire (SNAES) a été créé par une Mesure Temporaire signée par le Président Lula, et c’est le Prof. Paul Singer qui a assumé la position de Secrétaire, avec une petite équipe, dans le contexte institutionnel du Ministère du Travail. Pendant des mois, nous avons dialogué avec Singer et son équipe sur la relation entre le Secrétariat et la société civile, que ce soit le secteur de l’"Économie Populaire" - les mille formes d’initiatives populaires, plutôt informelles, orienté surtout vers des stratégies de survie -, ou le secteur plus organisé qui agit pour la construction de l’Économie Solidaire. Singer est un intellectuel organique exemplaire. "Je serai Secrétaire, mais au service de ceux qui construisent cette société. Vous êtes ceux qui sont au coeur de la construction d’expériences concrètes, des initiatives autogérées, des réseaux, des chaînes de production solidaires , des événements d’Économie Solidaire au FSM. Je dois apprendre de vous .Si vous me permettez, j’espère être quelquefois capable de m’asseoir avec vous aux réunions et d’écouter et d’apprendre.Attitude humble et accueillante, plutôt rare pour un intellectuel qui revient dans la vie politique.
A partir de ces dialogues, le GTB a décidé de stimuler la réalisation de Plénières d’Économie Solidaire par Etat dans tout le pays, en préparation de la III Plénière Nationale à Brasília les 26-29/6/03. L’objectif principal de la III Plénière est la création du Forum Brésilien d’Économie Solidaire (FBES). Sa nature et façon de fonctionner, ainsi que ses relations avec les gouvernements des différents Etats brésiliens et autres secteurs de la société seront les du débat de la III Plénière. Quinze des 27 états réalisent des Plénières. Le GTB a préparé un document avec des propositions de principe qui constiueront les éléments de base d’un projet commun, les défis et orientations pour la réalisation des Plénières d’Etat. Il a demandé aux Plénières de choisir des personnes qui viendraient participer la III Plénière Nationale, d’après quelque critères : majorité de participants de base (actif dans les initiatives solidaires), une représentation par Etat proportionnelle au nombre des participants dans chaque Plénière, etc. Plusieurs Etats ont déjà organisé leur Plénière, d’autres les préparent pour les semaines qui suivent. Très importante est la présence dans les agendas de contenus et thèmes transversaux qui tournent autour de concepts " de Chaîne Productive Solidaire " et "Réseau de Collaboration Solidaire."
Étaient aussi présents dans les Plénières des personnes qui agissent dans les groupes ou coopératives de production de biens (couture, métalurgie, construction civile, aliments, travail manuel, et autres) et services (consultants, gestion coopérative, transport, finance solidaire et autres), ainsi que des coopératives de consommation ou d’achats collectifs, des groupes de commercialisation et de mouvements populaires (associations de quartiers, syndicats, Centrales de Mouvements Populaires) et fonctionnaires (surtout membres de gouvernements municipaux qui encouragent l’Économie Solidaire). Ceux-ci ont réalisé déjà trois rencontres, avec des Secrétaires du Travail, du développement local et autres, visant à la formation d’un Forum d’Agents Publics. Dans le GTB nous avons la participation de quelques agents et ensemble nous avons défini déjà, comme axes prioritaires pour le FBES, le débat sur son identité et sa constitution, son rôle de mobilisation sociale et interlocuteur avec le SNAES.
Concernant la nature et l’identité du FBES, l’opinion dominante est jusqu’à maintenant que le FBES devrait avoir un rôle galvanisant et d’articulation, facilitant avant tout le développement chaînes de production solidaires et de réseaux qui seraient articulés au niveau de chaque Etat et au niveau national, et qui ne limiteraient pas à la relation avec le SNAES ou les autres secteurs du gouvernement.
Concernant les axes de discussion de politiques publiques, sont présents : (1) finances solidaires (inclut la monnaie sociale), (2) législation, (3) chaînes de production solidaires et réseaux (inclut la consommation éthique comme première référence pour chaînes de production solidaires et les réseaux), (4) technologie et connaissance (l inclut le développement et la durabilité), (5) organisation de mouvement (forum, Conseil, Réseaux), (6) éducation / formation à la solidarité (inclut vision, valeurs, genre, ethnie, transformation culturelle, développement intégral) et (7) communication solidaire.
Les questions abordés comme thèmes de travail dans les groupes sont : (1) qui sommes-nous et comment sommes-nous organisés ? (2)quelle articulation territoriale (local, municipal, étatique, national) ou sectoriel existe-t-il ou sera-t-il nécessaire d’en construire ? (3) qu’est-ce ce qui nous unit ? quel projet avons-nous en commun ? (PRINCIPES) (4) quelles politiques publiques voulons-nous (PLATE-FORME D’ACTION autour de sept axes) (5) quels sont les défis principaux pour renforcer le mouvement d’Économie Solidaire ? (6) quel Fórum Brasileiro voulons -nous(conception, composition, dynamique/continuité) ? (7) Relation avec les autres acteurs (gouvernements, coopératisme traditionnel, etc.) et le projet FBES ? (8) quel agenda pour le futur (actions prioritaires, FSM-Brézil, FSM2004-Mumbai) ?
Évidemment, les sujets du PSES et de l’Alliance sont présents de diverses manières dans l’ordre du jour des Plénières. Et la synthèse vise à fournir de très précieux documents propositifs en vue de l’approfondissement des dialogues qui sont développés dans les chantiers du PSES et des collèges de l’Alliance. Nous nous engageons à faire un autre compte-rendu sur la III Plénière et le futur agenda du jour, à le partager avec le PSES et l’Alliance, ainsiq qu’avec les réseaux articulés autour des événements des FS à niveau national, continental et mondial.
Le Groupe Brésilien de préparation du thème "Economie Solidaire", a proposé aux principaux réseaux nationaux et internationaux de participer à un Réseau International des Promoteurs pour le Forum Social Mondial III. Pour permettre une meilleure communication, le PSES a facilité, comme l’année passée, un forum électronique en français, anglais, espagnol et portugais, avec une forte participation brésilienne et française, mais aussi des participants de plusieurs pays d’Amérique Latine, d’Amérique du Nord, d’Europe, d’Afrique et d’Asie.
Par rapport à l’année dernière, quelques points très positifs ressortent :
Le Réseau des Promoteurs a pu ainsi organisé un programme commun comprenant :
Un Panel sur l’Economie Solidaire intitulé : "La socio-économie solidaire, une stratégie de développement humain".
Un schéma cartographique (.gif - 59 ko) permet de comprendre comment les événements étaient reliés entre eux. Le processus de synthèse a fait l’objet d’un travail collectif particulièrement bien coordonné. Des groupes de travail ont fonctionné au niveau de chaque thème, puis un groupe, réunissant des représentants de chaque thème et une équipe de synthèse globale, a travaillé une demi-journée avant la table ronde finale.
La synthèse générale des événements sur l’Economie Solidaire a été présentée par Carola Reintjes et Marcos Arruda, lors du Panel de Synthèse du premier des 5 axes thématiques du FSM "Développement démocratique et durable", animé par Walden Bello.
En dehors du programme commun, beaucoup d’autres séminaires ou ateliers ont été organisés sur les différents thèmes de l’Economie Solidaire. Au total, cela représente plus de 130 événements, soit près de 8% des 1700 événements du FSM.
L’économie solidaire est née au départ pour combler les manques du système actuel : pénurie d’argent, accès interdit pour une partie importante de la population au système économique, au crédit, à l’initiative économique, accroissement de l’écart entre les riches et les pauvres, destruction de l’environnement du fait d’une logique de marché guidée par la compétition et l’accaparement du pouvoir financier. L’économie solidaire commence à émerger, maintenant, non seulement comme une série d’alternatives palliant aux défauts du système, mais comme la préfiguration, grandeur nature, d’une autre économie plus humaine. Ses différentes familles apparaissent clairement complémentaires.
Bien sûr, ceci est tout récent et les militants de l’économie solidaire, que nous sommes tous, sont encore en train de se battre quotidiennement pour exister, pour montrer qu’ils existent et pour montrer ce qu’ils apportent de neuf et de prometteur. Même dans ce Forum Social nous avons encore été obligés de nous battre pour avoir la place de nous exprimer.
Cependant, nous pouvons considérer que le travail effectué a porté ces fruits : dans l’intervention finale du Panel de Synthèse, Walden Bello a exprimé qu’il ne s’agissait plus seulement maintenant de lutter contre la globalisation et de déconstruire le système actuel, mais qu’il fallait construire une nouvelle économie plus humaine. Il a indiqué que l’Economie Solidaire était déjà un témoignage vivant de cette nouvelle économie, et une porte ouverte vers elle. Il a constaté qu’elle était, dès à présent, un des thèmes forts du Forum Social Mondial.
Dans l’ensemble de ce processus, les animateurs et participants des chantiers socio-économiques de l’Alliance ont été très présents, dans le forum électronique, dans l’organisation des Ateliers et Séminaires, dans ces événements et dans le Panel, dans le processus de synthèse. Ils ont été naturellement choisis comme rapporteurs de la synthèse globale et des synthèses sur les thèmes commerce équitable, monnaie sociale, femmes et économie, politiques publiques.
Ils ont profité de leur présence à Porto Alegre pour tenir également trois réunions de coordination (équipe globale d’animation, animateurs et participants les plus actifs des chantiers du PSES), suite auxquelles la décision a été prise de tenir, dans les mois qui viennent, deux ateliers méthodologiques :
Par ailleurs, plusieurs chantiers (Femmes et Economie, Monnaie Sociale, Commerce Equitable, Indicateurs, Vision) ont tenu une réunion qui a débouché sur un plan d’action pour 2003, lequel sera proposé dans les semaines qui viennent sur les forums électroniques
Pour conclure, ce troisième Forum Social Mondial a été marqué dans l’ensemble par un progrès net du travail collectif d’organisation, de mise en perspective, de synthèse, d’articulation entre les thématiques. C’est l’impression qui ressort sur les grands événements, Tables de Controverse et Panels, et qui a été pleinement vécue dans les événements sur l’Economie Solidaire, Séminaires et Ateliers. Bien sûr, nous savons que nous avons encore beaucoup de chemin à faire dans cette direction, mais nous avons beaucoup progressé cette année. Nous souhaitons maintenant relever avec optimisme le défi de l’Inde en 2004.