Une histoire...

L’Alliance pour une économie responsable, plurielle et solidaire - ALOE, est la continuation d’une aventure commencée 10 ans plus tôt sous l’auspice de la FPH.

Le Pôle de Socio-Economie Solidaire, le PSES, a pris corps au sein de l’Alliance pour un monde responsable pluriel et solidaire, une mouvance qui a rassemblé des centaines de participantes et participants de par le monde pour tenter de réinventer des formes collectives de travail pour aborder un monde de plus en plus complexe, sur la base de valeurs partagées. Le PSES est né de cette mouvance, de la volonté d’ouvrir de nouvelles perspectives et de nouvelles méthodes de travail pour dégager les grandes lignes d’une alternative économique d’ensemble. A partir de mi 1997, Philippe Amouroux et Laurent Fraisse initient la réorganisation des questions économiques et sociales au sein de l’Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire.

En 1998-1999, le PSES prend ainsi forme progressivement, des rencontres, des contacts, un site web, une équipe d’animation. L’échéance de l’Assemblée mondiale des citoyens de décembre 2001 amène à intensifier le travail et la coordination du Pôle. En 2000-2001, pour chacun des 15 chantiers, une équipe d’animation est créée, un document préparatoire rédigé, un forum électronique ouvert, une rencontre organisée et un cahier de propositions élaboré. Tous les cahiers de propositions sont disponibles ici.

Organisée en juin 2001, la rencontre de Findhorn, en Ecosse, a permis de mutualiser les résultats des 15 chantiers, de croiser les propositions, d’identifier les défis communs et les percées. Il s’agissait du premier séminaire transversal du PSES. Cette rencontre représentait un double défi. En effet, chacun des 15 chantiers devait intégrer la réflexion des autres pour s’attaquer aux questions identifiées comme transversales. Il s’agissait aussi de voir comment les diverses propositions issues des chantiers « pouvaient se relier et faire système pour déboucher sur un « changement de paradigme » , c’est-à-dire sur une autre vision des systèmes de production et d’échange qui forment ensemble l’économie. Le séminaire a permis de créer une vision d’ensemble de l’économie solidaire et de construire des stratégies à moyen terme pour le PSES. Cette rencontre a constitué un vrai saut qualitatif dans la construction d’un nouveau paradigme de l’économie et de la société.

En juxtaposant les différents secteurs et en rapprochant les différents acteurs de l’économie solidaire, et surtout en soulignant la complémentarité entre ceux qui veulent réguler le système et ceux qui lui créent des alternatives (le plus souvent au niveau micro), elle a permis de passer d’une vision de l’économie solidaire comme secteur alternatif de l’économie à la vision d’une économie qui serait solidaire et véritablement centrée sur l’être humain.

Depuis Findhorn, le PSES a pu largement diffuser ses analyses et propositions grâce à son site Web, la diffusion des cahiers de propositions et des percées et la participation à des rencontres internationales : Symposium sur la Globalisation de la solidarité (2001 et 2005), Forum Social Mondial (2002, 2003, 2004, 2005, 2006 et Forum Européen en 2002 et 2003), Conférence sur les Microfinances et la gouvernance des institutions (mars 2002), responsabilité du thème économie solidaire au FSM de 2002 et 2004.

Le PSES évolue et passe à d’une douzaine de chantiers actifs. On peut distinguer trois catégories.

  • Les chantiers portés par des initiatives d’économie solidaire innovantes et généralement sous-estimées pour repenser les régulations, en particulier à l’échelle internationale : commerce équitable, responsabilité sociale des entreprises, finance solidaire, monnaie sociale, femme et économie.
  • Les chantiers sur des questions macroéconomiques de régulation : gouvernance, indicateurs, dette, finance internationale.
  • Les chantiers qui cherchent à donner une cohérence entre innovation microéconomique et problèmes sectoriels pour construire une vision d’un projet de développement économique plus intégré à partir des points communs d’innovation de ces diverses expériences et des potentiels de transformation de l’existant : vision, indicateurs.

Ces différents groupes de travail ont été pionniers sur la construction de réseaux internationaux sur des questions d’économie solidaire qui étaient peu ou pas débattues à l’époque. Ces questions ont d’ailleurs peu à peu pris de l’ampleur dans certains pays (expérience d’un secrétariat d’état à l’économie solidaire en France et au Brésil par exemple) et au niveau international (avec les FSM où la thématique économie solidaire a eu droit de cité dans ces rassemblements).

La rencontre de Dakar, en octobre 2005, a encore approfondi le souci de transversalité du PSES. Elle marque la volonté du Pôle de s’orienter plus vers une fonction de think tank, plutôt que de réseautage et d’échanges qui l’avaient caractérisé jusque là. C’est à Dakar que se dessine le nouvel ALOE, une alliance d’innovateurs, entrepreneurs, activistes, chercheurs et décideurs politiques et une perspective plus large d’économie responsable, plurielle et solidaire (ERPS).