1.1 Les leçons apprises des Voyages Apprenants 2007-2009.
Les résultats des 6 Voyages Apprenants (VA) préparatoires à Lux’09 avaient formalisé un diagnostic partagé et ouvert la perspective de « remettre l’économie dans le bon sens ». Comment ?
1. « partir des acteurs de terrain et de la réalité concrète, des besoins, des aspirations et des ressources humaines d’inventivité plutôt que de partir des institutions, des logiques de pouvoir et des visions fragmentées et orientées ».
2. « déclarer que l’autre économie est une économie de la coresponsabilité : quelle est ma responsabilité dans l’économie, la société, la culture et la nature ? et comment je peux relier ces grands domaines entre eux et avec ma vie personnelle ? ».
Diagnostic validé par les participants à l’Atelier 7 et remis en chantier dans un programme d’activité 2010-2013.
http://www.pactes-locaux.org/bdf/do...
http://www.pactes-locaux.org/
1.2 En juin 2010, le deuxième cycle de VA est engagé à Mulhouse.
Nous avons vérifié que du dire au faire, il est possible d’inscrire la solidarité dans des réponses concrètes aux besoins essentiels ; de transformer des convictions politiques et des valeurs éthiques dans des actes de résistance et d’entraide ; de restaurer les droits fondamentaux localement – avec ceux qui sont proches – et de les relier avec des solidarités d’ailleurs. Des personnes d’engagement, par leur action déterminée, agrègent les initiatives dans une approche de co-construction collective, faisant vivre durablement un espace commun …« la Maison de la Citoyenneté mondiale » … à Mulhouse. Ensemble, ils entretiennent le désir de faire les pas d’après. Point de situation en février 2011 de Roger Winterhalter à paraître dans « Colibri ».
1.3 En février 2001, il se poursuit à São Brás de Alportel au Portugal, accueilli par l’Associação In Loco.
Après la chute de la dictature en 1974, des personnes de conviction et d’expérience s’engagent dans la démocratisation du Portugal, quittent le Nord du pays pour un territoire d’arrière-pays rural, l’Algarve qu’ils ne connaissent pas et devient leur territoire de vie. Leur travail d’enquête produit un diagnostic initial, des opportunités de moyens et une petite équipe soudée par ses valeurs et ses apprentissages. Les conditions d’autonomie et de créativité sont réunies pour mettre en œuvre concrètement une approche recherche/action territoriale, intégrée et participative, formalisée peu à peu, adaptée à différents contextes par la suite.
Sur la longueur du temps – plus de 20 ans – le choix d’inscrire les projets dans une dimension collective d’apprentissage et d’appropriation a produit des résultats – et quantitatifs, et qualitatifs – qui « font boule de neige », permettent aux porteurs de projets accompagnés de gagner en autonomie dans la réponse à leurs propres besoins, de fixer des jeunes et des entreprises sur place. Ces résultats mettent In Loco en mesure de se réaliser à plus grande échelle (de 4 villages à la région de l’Algarve et du Sud Alentejo) et d’obtenir une reconnaissance institutionnelle qui perdure jusqu’à aujourd’hui.
Nous avons vérifié que cette façon de faire constitue un cadre approprié à la résolution de problèmes d’emploi, d’organisation de services locaux, de gestion associative de fonds publics, de créations d’activités et d’entreprises , avec comme effets « immatériels » la revalorisation de la culture des lieux et de l’engagement dans la vie sociale. In Loco est un aménageur citoyen performant.
Dans un contexte moins favorable, l’Association se pose aujourd’hui la question : Quel est le modèle économique viable permettant d’agir dans continuité de ces valeurs ? Des membres d’In Loco ont investi l’application du budget participatif pour reprendre l’initiative sur les méthodologies de la participation politique. Ils construisent une expertise d’usage dans des territoires de taille modeste au Portugal d’une part et s’impliquent dans la mise en réseau international de ces expériences de budget participatif d’autre part. Ils légitiment et outillent ainsi la méthode dans différents contextes, notamment urbains, dans une approche interculturelle.
Dans le contexte de l’effondrement de systèmes dictatoriaux de l’autre côté de la Méditerranée, nous sommes confirmés dans la justesse de notre engagement, à partir des territoires vécus, leurs contraintes et leurs ressources au service :
du rétablissement des fonctionnements démocratiques : Comment la volonté des peuples peut-elle construire des formes d’organisation moins aliénantes par des voies pacifiques ? Cela ne résulte pas d’une génération spontanée, mais d’apprentissages collectifs !
d’une économie au service de réponses concrètes aux besoins essentiel des habitants de ces territoires.
de façon ouverte et reliée horizontalement, pour apprendre les uns des autres, constituer la boîte à outils de ces transformations, s’organiser car c’est l’union qui fait la force.
Brigitte Carraz : « La mobilisation d’In Loco pour préparer la rencontre a permis de bien voir comment une démarche de développement local vers les populations mobilise les ressources, comment la structure a évolué en 20 ans, s’instrumentalisant pour survivre, sans perdre ses objectifs de départ. Ceci démontre que, dans la mesure où on est clair, on peut se permettre cette démarche qui est bénéfique, utile aux personnes. Il ne faut pas avoir peur des changements, mais les accompagner avec nos valeurs ».
1.4 Comment continuons-nous ?
France Joubert : « Le Voyage Apprenant est intéressant parce qu’il nous permet d’apprendre et nous ramène à notre propre réalité… qui est la même ! les problèmes de financement, le vieillissement des équipes, la relance des activités ».
Compléter le 2ème cycle de VA jusqu’en 2012 : lieux, thèmes, moyens, mutualisation sur les conditions d’une économie territoriale coopérante afin de formaliser notre « boîte à outils » au service de l’action.
Champs d’activités sur lesquels agir :
1 - besoins de base : se nourrir, se loger, produire... ;
2 - énergies : eau, gestion des ordures... ;
3 - culture locale ;
4 - environnement : réparer les dégâts, prévenir pour l’avenir ;
5 - tourisme local et loisirs ;
6 - infrastructures et services.
Avec des transversales (qui ne sont pas sur le même plan que les 6 ou 7 champs d’activités)
argent, monnaie, valeur
travail, emploi
gouvernance
éducation populaire et autres méthodes pour construire les interactions du local à l’international (comprendre, expérimenter, résister, réguler, négocier...)
(Adopté à Mulhouse : Extrait du CR du VA, juin 2010)
Préparer l’avenir : Comment transposer les apprentissages collectifs ? S’organiser, gagner en efficacité dans notre affirmation
Mutualisation : à vérifier si la grille d’analyse établie en 2007 a besoin d’être actualisée ou adaptée pour structurer nos résultats :
Quelle économie l’action a-t-elle ou peut-elle générer ?
Comment l’action a t-elle augmenté la prise de pouvoir et la responsabilité dans les solutions mises en oeuvre ?
Quelles articulations l’action a-t-elle utilisées ou produites pour réussir des percées ?
Qu’est ce qui a permis à certaines dynamiques d’obtenir une pérennité et d’engendrer sur un territoire des modes de faire durables ?
Quelles leçons pour les multiplier à l’avenir ?
Indicateurs de qualité + territoire à affiner
pour « se rendre compte » et « rendre compte » de la reprise d’autonomie,
pour montrer ce que produit la confiance dans l’organisation des solidarités,
pour installer et faire fonctionner des espaces publics de dialogue et négociation (non pas pour servir au sauvetage des systèmes, mais à leur transformation, c’est-à-dire préparer l’avenir)
Communication sur l’essentiel pour influencer la décision : à travailler …
« être interlocuteur dans le paysage politique, pour rétablir des rapports de force et être acteurs dans les décisions de la vie sociale » (Roger Winterhalter).
« Inscrire, maintenant, le développement local (local-social-economy) dans l’agenda européen est essentiel, car il reste ignoré » (Karl Birkhölzer).