études de cas
1. Des définitions
La notion de durabilité (sustainability) est peu utilisée. On se réfère le plus souvent : soit seulement à « l’environnement », soit au « vert » et au « propre ». Le qualificatif de « vert » est à la mode : on parle d’économie, d’entrepreneurs ou d’emplois verts (green economy, green entrepreneurs, green jobs) mais aussi de gouvernement, de culture et de communautés, voire de banques « vertes », de green living et de green power (énergies renouvelables) et même de green capitalism !!!, EDA ( Economic Development Administration - l’équivalent de la DIACT en FR) définit l’économie verte comme « le développement et l’utilisation de produits et de services qui contribuent à la croissance économique et en atténue les dysfonctionnements en respectant et en revitalisant l’environnement »
Le qualificatif de « propre » est évoqué en lien –parfois très distant- avec l’énergie et les pollutions qui sont les problèmes clés. Une économie basée sur de l’énergie propre (clean energy economy) est définie « comme générant des emplois, des entreprises et des investissements tout en promouvant une production économe en énergie réduisant les émissions des gaz à effets de serre , les déchets et les pollutions et en conservant l’eau et les autres ressources naturelles »
La notion la plus riche est celle de smart growth (économie intelligente .. ou futée ?) portée par un réseau-lobby de plus de 120 organisations nationales et régionales (www.smartgrowth.org) ; elle inspire plusieurs programmes des Etats et des villes qui en adoptent les objectifs. Elle se rapproche du développent durable par son soucis d’en intégrer les 3 dimensions, tout en suivant ses 10 principes : la diversification des moyens de transport et le recours aux moyens collectifs et non motorisés, une densification de l’habitat des bâtiments, la protection des espaces verts, l’usage polyvalent des bâtiments et les quartiers multifonctionnels, une diversité de l’offre de logements abordables , l’appui aux communautés locales et à la vie de quartier, la participation citoyenne, etc. Ce mouvement dénonce l’extension des surfaces bétonnées ou asphaltées, les coûts de l’étalement urbain et préconisent des villes plus compactes. Certains de ces membres y ajoutent le souci de justice sociale. Quelques Etats –cas du Maryland - ont adopté des programmes qui incitent à appliquer ces principes. Des études de cas confirment que cette démarche favorise les valeurs de proximité et de « clustering », multiplie les connections entre développement économique et qualité de vie et inspire un nouveau modèle de planification urbaine.
EPA –l’Agence (=Ministère fédéral) pour la protection de l’Environnement –qui finance ce réseau a évalué les projets qui appliquent ces 10 principes ; elle en souligne les bénéfices environnementaux : réduction des pollutions, dépollution et réutilisation des sols, préservation des espaces verts. (www.epa.gov/smartgrowth). Un Centre National d’études, de recherche, d’assistance technique et de formation à ce modèle de développement, a été créé par une université du Maryland. www.smartgrowth.urnd.edu
2. Les communautés vertes et le rôle des réseaux.
Le développement durable –dans ses visions, aspirations et résultats des programmes et des engagements de citoyens- -se concrétise dans les réalisations locales des « communautés vertes ». Elles constituent des laboratoires et des milieux innovateurs, en matière d’environnement et d’écologie mais aussi de construction, d’agriculture biologique, d’urbanisme, de modes de vie, de planification et gestion urbaine. Ces initiatives portées par des alliances entre élus -notamment des villes petites et moyennes- et des associations appartiennent souvent à des réseaux – internationaux ou nationaux-, tels que :-
i) Le réseau « Cities for Climate Protection » est à l’origine du mouvement International Local Governement for Sustainability , associé au Programme de l’ONU pour l’environnement, qui est le promoteur des Agenda 21 ; 545 de ses 1.089 membres sont des villes américaines (10 villes françaises y participent).
ii) le réseau américain des villes en transition .(transition cities) , concept né au Royaume Uni et en Irlande et qui se diffuse actuellement en Europe ; il vise à promouvoir des formes de développement durable. Comme certains des adhérents de la Smart growth, ces villes , en appliquant les 10 principe de la charte -souhaitent passer d’une économie très dépendante de l’extérieur (en matière d’énergie, de production alimentaire ou d’emplois) à un développement plus endogène et autocentré, en « relocalisant » des activités et en valorisant les ressources locales et les aménités environnementales. Depuis mars dernier, il a d’ailleurs fusionné avec le réseau de la relocation. www.relocalization.net
iii) Le réseau des Eco villages des Amériques , qui fait partie du réseau international né en Finlande. Il compte une centaine de membres aux USA qui doivent adhérer à une « charte de la terre », obtenir un label du respect des critères écologiques et–pour les éco communautés – la norme de certification « Energy et design environnemental »(LEED) ou le label « neutre en carbone ».
iv) Le réseau des 40 villes qui se considèrent somme les leaders en matière de gestion du changement climatique (40 cities climate change leadership) ;
v) Le réseau « Smart Growth » déjà cité qui combine la recherche de la qualité de vie et de la qualité des lieux (quality of places), comme facteur d’attraction économique et de mise en œuvre de principes de développement durable.
vi) Les mouvements « greening the region » qui consiste à planter ou replanter des arbres dans les rues, les parcs ou les friches ; par exemple 7.500 par an à Cincinnati
vii) Le mouvement « slow city » , Il consiste à promouvoir une qualité de vie urbaine combinant des formes de développement durable, une nourriture saine et un rythme de vie plus lent et anti-stress. Pour résister à l’uniformisation des modes de vie, il préconise la valorisation des traditions locales, y compris culinaires et alimentaires, artisanales et du patrimoine, des modes de vie conviviaux et respectueux de l’environnement, des écosystèmes et des équilibres naturels. Une charte en 54 points a été définie en 1999, à laquelle ont adhéré de nombreuses villes américaines parmi les 300 (de plus de 50.000 habitants) qui en sont membres. viii) Le réseau de« Cool cities » , promu par l’ONG Sierra Club, il incite des communautés locales à inventer de « nouveaux environnements de vie et de travail » pour attirer des talents et des compétences. L’Etat du Michigan a lancé un concours pour inciter ses villes à devenir une « cool city », les gagnants reçoivent 100000$ pour préparer et lancer un « smart growth plan » et pourront plus facilement accéder à la 100aine de programmes de développement de l’Etat pour mettre en œuvre ce plan.
Ces réseaux, conçoivent une vision alternative et durable des modes de vie urbains ainsi que de nouvelles méthodes de planification urbaine et d’utilisation des technologies. Cette vision se concrétise dans de multiples initiatives locales, y compris de nature économique, avec un fort contenu éducatif et participatif. Les associations ou ONG qui les animent, des universités et des consultants ont développé pour leurs membres -ou pour le « marché »- une ingénierie (guides, logiciels, etc) luxuriante et une importante offre de formation. On peut citer en exemples le Projet « 2 degrés » qui fournit aux collectivités territoriales des logiciels de calcul des impacts carbone et une gamme d’instruments de mesure et de réduction des émissions de gaz à effet de serre, le Center for Neighbourhood Technology qui a élaboré des méthodologies de base pour les villes et documente toute une série d’instruments de réduction des émissions au niveau local ou des entreprises ou la communauté de pratique sur internet www.americangreenjob.net
J P Pellegrin 9/2009