études de cas

1 janvier 2004
Interview de Salomón Hernan Zerpa, Président du réseau PUNHA et maire de Abrapampa, Argentine
Diverses organisations et acteurs sociaux convoqués à “l’espace NOA” ont participé à la rencontre “Les organisations sociales et la politique : est-ce qu’on s’en mêle, ou bien y-sommes-nous déjà mêlés ?”
Jose Luis Coraggio

Salomón Hernan Zerpa, Président du réseau PUNHA et maire de Abrapampa, une Municipalité située dans la province de Jujuy en Argentine.

1. Quelle est l’institution ou l’organisation à laquelle vous appartenez ?

Le réseau PUNHA, et, à l’origine, la coopérative PUNHA, qui signifie “Pour un Nouvel Homme Américain”. C’est une coopérative artisanale textile dans laquelle je travaille depuis douze ans environ.

2. Pensez-vous qu’il soit important de travailler dans un réseau ?

Oui. En 1995-96 nous pensions que nous devions former le réseau, rencontrer des gens à la Puna, non seulement des gens originaires de la Puna, mais des habitants qui y vivaient, et avaient envie d´unir leurs efforts pour parcourir un seul chemin. C’est alors que nous nous sommes consacrés au réseau ; aujourd’hui nous sommes 43 organisations, toutes avec la même vision selon laquelle il faut continuer à avancer dans l´espace politique que nous devons occuper.

3. Dans quel domaine travaille l’organisation actuellement ? Quelles activités réalise-t-elle ? Comment caractérisez-vous l’activité de votre organisation ?

Nous travaillons des produits textiles de poil de lama à la Puna[4] : des ponchos, des ruanas, des couvertures, des tapis, et toute sorte de douceurs et conserves artisanales à Quebrada de la Humahuaca[5].

Nous avons remanié surtout le travail textile. Lorsque nous avons commencé, il y a environ 15 ans, c’était honteux de se mettre à filer, à tisser, c’était pour les vieux, les paysans, les boliviens. Aujourd’hui à la Puna, tout le monde veut tisser et filer. Nous avons récupéré beaucoup de savoir, dans tous les aspects, pas seulement dans le textile. Je crois que cela a une forte influence sur l’économie.

La plupart des techniques ont été récupérées grâce aux vieux artisans ; d’autres l’ont été à travers des histoires racontées par les grand-parents aux parents ou à des femmes qui connaissaient ces techniques mais qui n’en parlaient pas à cause de la dévalorisation de l’artisanat, justement. C’est ainsi que nous nous sommes mis à récupérer des techniques de tissus et à en inventer d’autres. Nous auto-déterminons des normes PUNHA, comme le prélavage des fils et du lama, nous avons mélangé les connaissances anciennes avec le besoin de nous adapter à ces temps nouveaux. Je me souviens que nous avons produit pendant des années des choses que nous ne vendions à personne ; c’est lorsque nous nous sommes rendus compte que nous devions faire des choses différentes que nous avons commencé à vendre beaucoup.

4. Cette coopérative-réseau PUNHA a-t-elle des liens internationaux, ou est-elle locale ?

Commercialement parlant, nous vendons nos produits à des exportateurs qui envoient les choses à l´étranger. Mais il nous manque une organisation interne renforcée pour améliorer la production. La production associative n´est pas une chose facile ; mais lorsqu´on est employé face à un patron, ce n´est pas facile non plus. Nous sommes 75 associés, sans compter les gens qui travaillent pour la coopérative ; cela fait environ 120 familles.

5. Vous voulez dire qu´il y a des travaux familiaux, ce sont les familles qui s´associent ?

Exactement.

6. Faites-nous une brève description de votre trajectoire personnelle, de votre expérience personnelle avant d´arriver à la situation actuelle.

Bien. D’abord, je suis fils d’enseignante, et moi-même suis enseignant primaire, je suis maître d’école. J´ai vécu presque 12 ans à la campagne, en alternant mon travail d’enseignant avec le militantisme politique, j’avais un poste politique, j’étais une sorte de secrétaire des finances. Ensuite, je me suis tourné vers le travail social et j’ai aidé à fonder la coopérative, j’y ai travaillé. Depuis 1995, 96, depuis que nous avons formé le réseau, nous avons une vision selon laquelle il faut avancer en politique. Il faut concevoir la politique comme un espace de pouvoir au sein de l’Etat. Toujours avec l’Etat : il faut suivre ce système démocratique, le renforcer, et ne pas croire que c’est grâce aux organisations non-gouvernementales que nous allons remplacer l’Etat. Ainsi, occuper la mairie dans nos villages a été un objectif ; au sein du réseau, on discute comment on pourrait occuper peu à peu des espaces dans ce sens... Ceci est un résumé de ma trajectoire jusqu’ici.

7. Quel résultat attendez-vous de votre activité en tant que responsable de la coopérative et organisateur du réseau ? Dans quelle mesure a-t-elle de l’influence sur l’ensemble de la communauté ? Ou bien s’adresse-t-elle à certains secteurs en particulier ? Quels sont les résultats espérés ?

Personnellement, je crois que cela a de l’influence, je crois que le réseau est né pour influencer les politiques publiques. Pour être un interlocuteur valable, qui sait faire de la politique. Je pense que l’influence doit exister surtout au niveau structurel, dans le changement de choix, dans la création de nouvelles politiques, sans avoir peur. Telles ont toujours été nos expectatives, avec également celle de créer un espace de pouvoir, et créer des liens avec tous les acteurs de notre pays latino-américain qui ont aussi envie de changer cette réalité.

8. Dans quels domaines vos interventions ont-elles le plus d’influence : dans le domaine social, économique, politique ?

En ce moment, je pense que notre influence est plutôt économique, du point de vue productif, de revaloriasation de la vie paysanne, et sociale, surtout du point de vue de l’organisation, du renforcement des institutions sociales de cet endroit.

9. Mais est-ce que cela ne vous amène pas toujours vers la politique ? En réalité, ne peut-on pas dire que vous influencés les 3 domaines ?

Bien sûr, je voudrais qu’il en soit ainsi. Moi, lorsque j’imaginais comment on arriverait à atteindre ce domaine, je pensais que 5 à 10 personnes du réseau devraient occuper des espaces dans des endroits différents, ceci afin que nous ne nous fassions pas manger par le système. Je crois que c’est l’une de nos plus grandes craintes.

10. Vous pratiquez un développement local, et créez du travail, vous produisez des biens. Dans quelle mesure considérez-vous que vous êtes entrain de créer une économie alternative ?

Lorsque nous avons décidé de faire du développement local ici, nous nous sommes dit qu’il ne pouvait y avoir de développement local sans mentionner les économies locales, sans améliorer le bien-être. En d’autres mots, nous ne pouvons pas réaliser une communauté sans nous soucier de l’intégration de tous les exclus aux économies locales.

11. Alors, vous essayez de contribuer à une économie différente de celle qui prédomine dans le pays ?

Oui, absolument.

12. Pourquoi ?

D’abord, lorsque la coopérative est née, nous avons décidé qu’ il fallait profiter de nos ressources naturelles pour créer du travail. Dans les années 90, la globalisation, la vente en masse nous ont presque finis ; c’est ce qui nous a fortement unis. En plus, nous avons récupéré au sein des marchés internes des stratégies de vie que la vie moderne nous avait arrachées. Les marchés de troc, par exemple, que notre réseau organise. Ma femme me raconte qu’elle mangeait des oranges, des pommes à la campagne parce que son père allait dans la vallée avec son âne, amener du lait, de la viande ; rien ne leur manquait. Comment avons-nous récupéré tout cela ? On nous avait fait casser les stratégies de survie du peuple ; la “salarisation” a été une follie pour nous en tant que race, en tant qu´ethnie. À partir du réseau, nous avons recommencé à créer toutes ces instances de négotiation, l’échange des fruits, une économie différente qui permet à la population de résoudre ses problèmes sans devoir plonger dans cette follie qu’est l’économie globalisée.

13. Avez-vous donné un non à cette économie nouvelle, différente ? Est-elle nouvelle, ou bien est-ce une récupération de la vielle économie ?

Il me semble que l’on récupère la vieille économie, mais on y ajoute de nouveaux éléments. En d’autres mots ; l’abondance d’aliments qu’il y avait avant , que l’on livrait à dos d’âne, n’est plus la même chose aujourd’hui. Maintenant les communications font que l’échange se pratique de façon différente, mais c’est la même fonction que l’on remplit.

14. Croyez-vous qu’il vous sera possible de coexister et de vous lier à l’économie capitaliste, à l’économie d’entreprise, ou bien existe-t-il un conflit ?

Je ne sais pas jusqu’à quel point nous pourrons coexister avec eux. Dans la coopérative, par exemple, on nous impose un travail dans ce sens, les commandes en grandes quantités, les délais ; tout ce qu’exige cette économie moderne nous pèse. Mais je crois que si nous voulons émerger dans le monde, nous devons nous y adapter. Dans la coopérative, il n’y a pas un ouvrier qui doit filer 100 kg de laine par mois parce qu’on l’y oblige ; il y a une dame qui se présente, on lui fait un contrat ; on sait qu’elle doit élever ses enfants, jouer un rôle social dans la coopérative, et, quand il lui reste du temps, alors elle travaille, elle file 10 kg, 3 kg, elle travaille quand elle peut. Parfois nous en souffrons parce que le contrat disait qu’elle devrait filer 3 kg, mais parfois elle n’y arrive pas. Il existe quelques défasages considérables, on vend à Bariloche, à Buenos Aires ou à des gens qui voyagent en Europe et qui ont leur billet pour tel ou tel jour... et il faut réussir à livrer la commande. Ce sont des faits de cette économie moderne à laquelle nous essayons de nous adapter, tout en travaillant l’économie alternative. Il faut jouer avec les deux, car nous ne pouvons en garder qu’une seule.

15. Quelles sont les valeurs que vous et les autres membres de l’ organisation pratiquez dans votre vie quotidienne ? Quelles sont les valeurs qui vous orientent, vous guident ?

Principalement, le respect, le respect en général, le respect de la diversité de pensée. Je crois que toutes les autres valeurs découlent du respect : l’honnêteté, l’envie de travailler, le goût pour le travail, la joie, si possible.

16. Afirmez-vous que ces valeurs sont inhérentes aux gens qui participent aux activités que vous organisez, ou bien appartiennent-elles plutôt aux dirigeants ? Et les gens, possèdent-ils des valeurs diferentes ?

Non, les valeurs sont réparties ; je crois que la solidarité et la participation, cette envie de s’unir, le respect, le silence font partie du monde andin.

17. Qu’entendez-vous par solidarité ?

J’associe beaucoup la solidarité avec l’empathie, avec le pouvoir d’être à côté des autres au bon moment et dans l’espace adéquat.

18. Qu’entendez-vous par participation ?

Nous discutons beaucoup le mot participation, je crois que c’est le pouvoir d’agir ensemble et de décider ensemble. Nous, qui sommes de la Puna, sommes participatifs, mais pas forcément parleurs.

19. Qu’entendez-vous par profit ?

Je l’associe plus au Vil Métal, à l’accumulation de l’argent pour l’argent.

20. Qu’entendez-vous par qualité de vie ?

La santé, la nature.

21. Qu’entendez-vous par nécessités de base ?

Il existe une nécessité de base qui n’est jamais nommée lorsqu’on énumère les nécessités de base : c’est l’affection, surtout pour les enfants pendant les premières années ; l’affection est structurante pendant nos premières 10 ou 15 années.

22. D’après vous, qu’est-ce que l’équité ?

Par exemple : il existe une inégalité dans le fait que les gens qui utilisent un métier à tisser gagnent plus que les dames qui filent la laine, alors le métier à tisser subventionne le travail de filage. C’est difficile, mais je crois que c’est l’un des grands exemples d’équité qui doit reigner parmi nous.

23. Vous partagez, afin que chacun reçoive la même chose ? La distribution se fait-ele plutôt d’après les besoins de chacun, ou d’après son travail ?

Non, la distribution se fait d’après le travail de chacun ; le coût de la confection du fil est beaucoup plus élevé que celui des métiers à tisser, c’est pourquoi les métiers à tisser subventionnent le filage.

24. Croyez-vous que votre organisation, aujourd’hui, fait face à de nouveaux défis, des défis inédits, et que vous devrez changer vos stratégies à cause de cela ?

Oui. Nous avons toujours pensé que nous formerions des dirigeants, mais nous nous rendons compte que c’est difficile pour beaucoup de gens de la coopérative d’occuper des postes de leaders dans d’autres endroits, je ne sais pas si c’est par paternalisme, ou une façon de ne pas vouloir participer ; mais nous faisons face au défi de former de nouveaux leaders. D’autre part, nous faisons face à des défis quotidiens dans le domaine économique : maintenir la qualité, conserver les marchés, les clients ; ce sont des défis que nous ne connaissions pas, avec lesquels nous n’étions pas habitués à travailler. Avant, on ne pensait toujours que pour nous.

25. En ce moment, avez-vous des problèmes de discrimination et de conflits au sein des secteurs populaires ? Quels sont les principaux conflits ?

Je suis très préoccupé par l’auto-discrimination que font certains peuples considérés comme indigénistes, je me sens absolument coya[6], indien aborigène, et ceci de façon tout-à-fait naturelle. Mais aujourd’hui on fait des réserves virtuelles, tout comme les nord-américains l’ont fait pour leurs indiens ; ici, nous autres, les coyas, sommes entrain de nous auto-exclure, c’est un très mauvais signe, préoccupant, parce que on s’auto-exclut en tant que pauvres petits, parce qu’on veut un conseil de consultation seulement pour les indigènes ; on voudra bientôt des écoles uniquement pour indigènes...

26. En général on associe le travail à l’emploi, avec un salaire ; les gens disent : “je travaille mais payez-moi un salaire” ; mais avec un tel chômage, de nouvelles formes de travail surgissent. Croyez-vous que les gens valorisent plus le retour à un travail salarié avec un patron, ou bien la recherche d’autres formes de micro-entreprises autonomes, ou de participation à des formes associatives de travail ?

C’est la première idée qui prime, et les gens luttent de toutes leurs forces pour avoir un patron, et si ce patron est l’Etat, c’est encore mieux ; dans notre cas, c’est retourner dans les mines, que les mines nous donnent du travail ; c’est comme une paralysie de la pensée autonome pour créer des ressources d’une façon différente.

27. Et quant aux deux autres ? Les micro-entreprises et les formes associatives ?

C’est l’individuel qui vient d’abord, et ensuite les formes associatives, il y en a très peu.

28. Pensez-vous que les allocations de chômage de Jefes et Jefas[7] doivent maintenir l’exigence d’une contre-partie de travail, ou bien doit-on les attribuer sans exiger aucune contre-partie, comme un droit citoyen ?

Je crois qu’il doit y avoir une contre-partie de travail, dans le sens de former un nouveau type de travail, ou bien orienter ce subside dans le but de convertir cela en travail, soit en services, soit en production de biens.

29. Je crois que vous connaissez le programme “Manos a la obra” (mains à l’ouvrage) ; savez-vous qui l’a fait démarrer ? Voyez-vous des différences entre ce programme et le programme Jefes e Jefas de Hogar ?

C´est le Secrétariat du Développement Social qui le fait fonctionner[8]. Je pense que c’est un complément. Par-contre, je ne vois pas de différences en ce qui concerne les programmes très traditionnels qui sont en cours d’exécution. On a obligé les gens à formuler des projets pour la simple formulation de projets, et non pas pour couvrir des besoins pressants ; alors, dans l’idée de “puisqu’il y a des ressources, faisons un projet”, attitude constatée dans certaines sphères gouvernementales, on pense que “nous serons meilleurs si nous arrivons à faire plus de projets”. Il me semble que cela n’est pas logique, et aura de sérieux inconvénients.

30. Quel rôle les femmes jouent-elles dans les initiatives économiques coopératives et solidaires ?

La femme, à la Puna, a toujours eu un rôle très spécial, d’abord en contenant les grandes crises, et ensuite, en travaillant quand leurs maris ont perdu leur emploi ; elles se sont organisées : 80% de notre coopérative est formée de femmes. Elle est présidée par des femmes ; nous en sommes très fiers, et continuons à soutenir l’égalité des genres, et la non-discrimination de l’âge, ce qui est aussi important.

31. Les jeunes ont-ils un rôle spécial par rapport à la coopération et la solidarité ?

Nous travaillons beaucoup avec des jeunes ; ils sont très optimistes par rapport aux changements, ils y croient, c’est un rôle important, de plus en plus prépondérant.

32. Quelles ont les principales difficultés auxquelles vous faites face dans votre activité ?

Au sein du réseau, c’est le choc entre la “technicité” et la réalité quotidienne, en d’autres mots, toute une pensée académique provenant des années 70. Je ne constate pas cela seulement dans le réseau, mais dans beaucoup d’organisations sociales : quelques illuminés veulent diriger politiquement ces groupes. Pour nous, cela a provoqué un grand déséquilibre au sein du réseau : les techniciens qui venaient d’une forte participation dans les centres universitaires, non contents de cela,...bon, j’ai beaucoup de respect pour la gauche, mais la pseudo-gauche...Ils voient des fantômes partout, ils croient que l’on vit une guerre, une révolution, il me semble que cela ne fait pas de bien aux mouvements sociaux argentins ; je connais beaucoup d’expériences semblables...

33. Que fait-on, ou que doit-on faire ?

On doit respecter le fait que ce sont les gens et les bases qui dirigent politiquement leurs mouvements ; il ne faut pas les mettre en boîte dans tel ou tel mouvement, telle ou telle histoire.

34. D’après vous, quel est le rôle de l’Etat, a-t-il un rôle politique important dans la construction d’une économie alternative, ou bien doit-il laisser que cette construction se fasse à partir des bases elles-mêmes ?

Personnellement, je ne crois pas en des politiques qui viennent du haut, des états ; je crois fortement que nous devons créer des politiques locales qui puissent se consolider peu à peu au niveau régional, et, bien entendu, se renforcent en tant que politiques plus populaires qui contribuent et suivent ce dont nous sommes entrain de parler.

35. Possédez-vous un paradigme, une croyance, un exemple qui vous oriente, un point de repère ?

En général, j’ai toujours essayé de briser tous les paradigmes pour m’habituer à ce nouveau concept de participation. Mais pour moi, ce sont les jeunes qui montrent où est le nord, qui nous orientent. Nous avons toujours dit “nous avons appris à apprendre” ; dans ce domaine, nous apprenons à apprendre ; je crois qu’il y a beaucoup de mythes sur ce que sont les économies régionales, le renforcement des marchés internes, la hiérarchisation de la vie paysanne. Je crois que la campagne c’est la vie, et je me bats très fort pour cela ; l’école de la campagne doit être la meilleure école possible. Et lorsque nous nous vendrons, vendons-nous en tant que personnes capables, intelligentes, et on pas en faisant de l’indigénisme stupide qui dit que nous sommes de pauvres petits. C’est vrai qu’on nous a donné des coups, mais si nous vivons toujours de la même façon, nous n’allons rien changer. J’aime m’assoir autour d’une table avec le plus de gens possible, et discuter ; nous sommes capables de faire cela.


[1] Cette interview a été réalisée pour le Chantier Vision par José Luis Coraggio et Inés Arancibia. La révision et l’édition de ce travail a été rélaisée avec la collaboration de Mariana Moyano.

[2] L’espace NOA est constitué d’ organisations sociales du nord-ouest de l’Argentine, qui unissent leurs efforts dans le but de construire une région plus démocratique, plus juste et solidaire. Cfr. Autres informations sur la page du Centre Nueva Tierra, l’organisation qui est responsable de sa création.

[3] hernan@imagine.com.ar

[4] La Puna est une région du nord-ouest de l’Argentine, qui comprend les territoires de cinq provinces : Jujuy, Salta, Catamarca, Tucumán, et Santiago del Estero.

[5] La Quebrada de la Humahuaca est une région du nord-ouest argentin qui comprend 170 km de vallées et de montagnes qui s´étendent du sud au nord. C’est un lieu où l’héritage culturel est très riche. L’UNESCO a déclaré cette région Patrimoine Culturel et Naturel de l’Humanité.

[6] Être coya vient du mot QOLLASUYU, qui est l’une des régions du grand Tawantinsuyo, qui prend naissance dans le nombril, appelé Cuzco ; c’est à partir de là que commence tout le territoire actuel des hauts-plateaux de la Bolivie, do Nord du Chili et du Nord-est Argentin, que l’on nommait Qollasuyo ; ses habitants étaient les Qollas, et, avec le temps, COYA (Qolla). Source : www.indigenas.bioetica.org.

[7] Le Plan “Jefes y Jefas de Hogar” (chefs de famille) est un projet de niveau national qui a pour but d’offrir une aide économique (150 pesos par mois) aux chefs de famille (hommes ou femmes) au chômage, pour garantir le Droit Familial à l’inclusion sociale, en assurant : la fréquentation de l’école par les enfants, ainsi que le contrôle de leur santé ; l’insertion des bénéficiaires dans l’éducation formelle ; leur participation à des cours de formation aidant à leur future réinsertion dans le monde du travail ; leur insertion dans des projets productifs ou dans des services communautaires dont l’impact est considérable en ce qui concerne l’emploi. Source : www.observatorio.net/politica.

[8] Le “Plan Nacional de Développement Local et Economie Sociale Manos a la obra” (mains à l’ouvrage) a pour but de financer des projets productifs qui favorisent l’inclusion sociale, et qui ont surgi à partir d’expériences différentes, par des métiers, des ressources et des talents de gens du même quartier, d’après les caractéristiques propres de chaque municipalité et localité. Ce programme est destiné à des groupes de personnes organisées associativement qui ont besoin de travail et qui possèdent une alternative de travail qu’elles essaient de faire marcher, ou qui ont besoin d’aide pour les faire démarrer.. Les bénéficiaires du Plan Jefes et Jefas au chômage vont également pouvoir participer à ce programme. Source : www.desarrollosocial.gov.ar