études de cas

2 février 2004
Interview de Golden Harvest Christian Ministry International, Philippines.
Cette association coordonne 7 organisations populaires et 4 associations de propriétaires de maisons dans 11 villages. Ses activités comprennent la formation de valeurs, l´organisation communautaire, l´accumulation de capital, le développement d´entreprises, et le renouvellement spirituel. Cette expérience s’inscrit dans le cadre de l’Economie "Bayanihan” ou économie solidaire aux Philippines.
Ben Quiñones

1.Quel est le but principal de votre activité économique ?

Les 3 “M” du Programme Bayanihan : “Maka Diyos” (la Crainte de Dieu) ; “Masagana” (Abondant) ; “Mapagbigay” (Généreux)

2. Pratiquez-vous UNE ECONOMIE ALTERNATIVE, OU UNE AUTRE ECONOMIE ? Si oui, dans quel sens se différentie-t-elle du courant dominant de l´économie actuelle ?

L´économie dominante est orientée vers le marché, qui abandonne beaucoup de gens, surtout les pauvres, à leur sort. Sans une éducation adéquate et un entraînement, les pauvres gens ont moins de chances que la classe moyenne et les riches d´avoir accès à un travail bien remunéré, ou à obtenir crédit, ou des prêts financiers, auprès des banques, pour commencer une entreprise. L économie dominante affaiblit les pauvres gens, et encourage la mentalité de mendiant parmi ceux qui n´arrivent pas à être compétitifs sur l´économie de marché.

À Bayanihan, nous apprenons aux gens à créer leur propre capital en épargnant, et à commencer leur propre entreprise. Ils apprennent à être autonomes en mobilisant des ressources locales, et en utilisant ces ressources dans des initiatives productives.

3. D´après vous, qu´est-ce que la RICHESSE ? La richesse matérielle est-elle le but ultime que vous désirez atteindre, ou un moyen pour obtenir quelque-chose ?

C´est la formation des valeurs qui est le but ultime du programme Bayanihan, et non pas la création de richesse matérielle. La transformation spirituelle est une richesse intangible qui donne aux gens un nouvel espoir et de l´énergie pour créer une richesse financière.

4. Quelles sont les VALEURS que vous et vos camarades pratiquez dans votre vie quotidienne et dans votre travail ? Croyez-vous que ces valeurs pourraient prédominer un jour dans toute la société ? Comment faire pour y arriver ?

Les valeurs que nous pratiquons au sein de notre organisation sont : l´habitude d´économiser, être un bon gérent, ne pas être paresseux. Ces valeurs sont acceptées universellement, et on les trouve auprès d´innombrables peuples du monde entier ; donc, elles peuvent prédominer dans une société telle que la société philippine.

5. Quelles innovations avez-vous développées en organisant la propriété, en administrant le travail et et l´appropriation des fruits du travail ?

Je pense que j´ai introduit 2 innovations : 1) en transformant les chômeurs – surtout des femmes – en opérateurs-propriétaires de nouvelles entreprises ; et, 2) en développant les potentiels de leadership de chaque membre des organisations populaires.

6. Pouvez-vous énumérer les choses que vous considérez les plus importantes lorsque vous travaillez au sein d´un réseau de solidarité (coopérative) ou dans une chaîne de production dont la ligne de conduite se base sur la solidarité/coopération ?

la confiance envers l´autre et la confiance en soit l´amour et l´accueil savoir comment servir les autres honnêteté, transparence liberté de dire aux autres ce que vous ressentez.

7.Est-ce que votre activité a de l´influence sur la vie au sein de votre communauté ? Si oui, comment, et dans quels domaines ?

Le jeu de Bingo (jeu de hasard qui attire beaucoup de gens dont les revenues sont bas) a été banni de presque toutes les communautés où j´ai travaillé. Les gens se sont convaincus que leur argent serait beaucoup mieux placé dans le programme d´épargne de Bayanihan, et ont investi plus tard dans de solides projets d´entreprises.

8.Quelle est votre compréhension du mot “TRAVAIL”, d´après votre expérience ? Quelle valeur et quel sens a-t-il dans votre vie ?

Le travail est la production avec “profit” ou “‘plus plus’ de revenu”. Le “plus plus” est la dignité et la respectabilité. Nous ne pouvons créer un revenu avec dignité et respectabilité que si nous n´exploitons pas le travail des autres, et si nous sommes socialement responsables de notre environnement et de notre société.

9. Quel rôle la FEMME joue-t-elle au sein d´une iniative économique dont le fil conducteur est la coopération/solidarité ?

Les femmes sont des agents actifs du changement. Ce sont des leaders au sein de leurs communautés. Ce sont elles qui agissent.

10. Comment les politiques publiques et l´Etat peuvent-ils contribuer au progrès d´une économie guidée par la solidarité/coopération (Bayanihan) ?

Le gouvernement pourrait offrir/appuyer l´entraînement des gens en technologies nouvelles.

11. Croyez-vous que la globalisation de la coopération et de la solidarité soit possible ? Si oui, comment pourrait-on la réaliser ?

Oui, je pense que notre programme peut être copié n´importe où dans le monde, s´il existe des organisations qui s´intéressent à son adoption. Le point crucial est de rendre les gens conscients de leurs potentiels de mobiliser les ressources locales, et d´appliquer ces ressources à des fins productives.