études de cas
1. Quel est le but principal de votre activité économique ?
Le but des interventions de mon organisation est le déplacement d’habitants de bidonvilles de quartiers squattés vers des quartiers de réimplantation construits à cette fin. J’identifie des organisations existantes d’habitants de bidonvilles et je les aide à planifier et à implanter leur propre programme d’accumulation de capital qui permettra aux ménages d’acheter des unités de logement dans les quartiers de relogement, sur une base de prestations mensuelles. En même temps que les épargnes sont créées par les organisations populaires, je les aide à identifier des projets d’entreprises dans lesquels elles peuvent investir leur argent.
2. Pratiquez-vous une ECONOMIE ALTERNATIVE ou une AUTRE ECONOMIE ? Si oui, dans quel sens se différentie-t-elle du courant dominant de l’économie actuelle ?
L’économie dominante ne fournit pas de possibilité pour les habitants des bidonvilles d’acheter leurs propres unités habitationelles. Dans notre programme Bayanihan, les gens qui ont accumulé plus qu’assez d’épargnes pour couvrir leurs frais mensuels d’habitation ont investi dans des projets de création de revenus, ce qui leur permet de gagner un peu plus d’argent. L’économie dominante n’a pas non plus de mécanismes pour fortifier ceux qui possèdent moins et peuvent moins, aussi bien économiquement que politiquement. Dans notre programme Bayanihan, l’accumulation et le “rassemblement” des épargnes des gens leur ont donné de l’espoir, une voix, et l’occasion d’exploiter leur propre capacité de produire. La réunion hebdomadaire à laquelle chaque membre de l’association du village participe régulièrement permet effectivement d’inculquer aux gens des valeurs positives et leur permet de prendre des décisions ayant trait à leurs propres activités économiques.
3. D’après vous, qu’est-ce que la RICHESSE ? La richesse matérielle est-elle le but ultime que vous désirez atteindre, ou un moyen pour obtenir quelque-chose ? Qu’est-ce que cette autre chose ?
La richesse, c’est le fait de rendre les gens plus forts, en possédant plus de capacités et de sagesse. La richesse est un moyen de restaurer la vie spirituelle d’un individu.
Notre but est de renforcer le pouvoir des gens sur leur propre destinée. La richesse financière et physique n’est qu’un sous-produit de ce processus.
4.Quelles sont les VALEURS que vous et vos camarades pratiquez dans votre vie quotidienne et dans votre travail ? Croyez-vous que ces valeurs pourraient prédominer un jour dans toute la société ? Comment faire pour y arriver ?
Les valeurs prédominantes que nous promouvons pour rendre les gens plus forts est le rétablissement du rapport avec Dieu. Dieu a un propos pour la vie de chaque individu. Il veut bénir les gens, mais le peuple doit acquérir des capacités et de la sagesse pour être capable d’être un bon adminstrateur de toute ressource que Dieu lui a permis d’avoir.
Oui, ces valeurs peuvent devenir prédominantes dans notre société. Ce qu’il nous faut faire, c’est organiser les gens dans des groupes de Bayanihan, et les éduquer pour qu’ils puissent rétablir leur rapport avec Dieu.
5.Quelles innovations avez-vous développées en organisant la propriété, en administrant le travail et l’appropriation des fruits du travail ?
J’ai introduit deux innovations : l’une est l’entraînement pour survivre. Cela a rendu les participants de notre programme Bayanihan capables d’investir dans des projets d’entreprise, et de gagner de l’argent qu’ils utilisent pour payer les prestations mensuelles de leurs logements dans les quartiers de relogement. Une autre innovation consiste à organiser les activités sociales délibérément, ce que je fais : j’organise des visites d’échanges pour promouvoir des liens entre des membres d’une même organisation dans un village, ainsi que parmi des membres de différentes organisations de différents villages.
6. Pouvez-vous énumérer les choses que vous considérez les plus importantes lorsque vous travaillez au sein d’un réseau de solidarité (coopérative) ou dans une chaîne de production dont la ligne de conduite se base sur la solidarité/coopération ?
Maturité spirituelle
Connaître le “tibok” (pouls) des gens, leur situation et leurs besoins
Des valeurs positives basées sur des principes Bibliques
Accessibilité du leader
Technologie accessible
7. Est-ce que votre activité a de l’influence sur la vie au sein de la communauté ? Si oui, comment, et dans quels domaines ?
Les gens des communautés où je travaille sont devenus plus conscients de l’importance des épargnes en tant que moyen de devenir plus forts. Ceux qui ont investi leur argent et créé des revenus partagent leur expérience avec leurs voisins. C’est grâce aux réunions hebdomadaires que le programme Bayanihan a un impact sur la vie des individus parce que c’est là qu’ont lieu l’entraînement et les sessions de motivation.
8. Quelle est votre compréhension du mot “TRAVAIL”, d’après votre expérience ? Quelle valeur et quel sens a-t-il dans votre vie ?
Le travail est dévotion et amour, traduits par nos efforts et notre application, talents, capacités, et pouvoir de travail. Il faut avoir un corps en bonne santé et être physiquement apte pour pouvoir se consacrer pleinement à son travail.
9. Quel rôle LA FEMME joue-t-elle au sein d’une initiative économique dont le fil conducteur est la coopération/solidarité ?
Les femmes sont des agents de changements. Elles sont des catalysateurs très efficaces au sein d’un programme comme celui de Bayanihan, qui cherche à fortifier les gens.
10. Comment les politiques publiques et l’Etat peuvent-ils contribuer au progrès d’une économie guidée par la solidarité/coopération (bayanihan) ?
Le gouvernement devrait promouvoir un appui légal, de régulation au programme Bayanihan afin que les gens aient confiance en nous. Le gouvernement pourrait également fournir une aide financière à l’entraînement pour la survie.
11. Croyez-vous que la globalisation de la coopération et de la solidarité soit possible ? Si oui, comment pourrait-on la réaliser ?
Oui, le renforcement de l’autonomie des gens est un souci global, et nous pouvons nous unir à des organisations d’autres pays qui partagent notre point de vue. Je crois que les associations de villages que nous avons établies sont compétitives dans un monde globalisé.