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9 et 10 novembre 2009
4e Rencontres du Mont-Blanc : Comment nourrir la planète ? Quel rôle pour l’économie sociale ?
Chamonix, France

Plus de 950 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde. Haïti, Mexique, Egypte, Indonésie, l’année 2008 a été marquée par les émeutes de la faim. Aux images saisissantes ont succédé les explications, trop nombreuses pour former une image claire. L’envolée du prix des céréales, l’entrée en bourse des denrées alimentaires, la compétition pour les terres avec les cultures non-alimentaires, les premières conséquences des changements climatiques.

A cela s’ajoutent d’autres éléments moins débattus, mais tout aussi déterminants. La forte régression des cultures vivrières au profit des « cultures de rente » (soja pour les cheptels européens, huile de palme, etc.) dans les pays du Sud, a mis en péril leur souveraineté alimentaire et les a rendus dépendants d’importations coûteuses en devises.

Les semences très productives des grandes compagnies agroalimentaires sont, elles aussi, coûteuses, protégées par des brevets et accompagnées d’un cortège d’intrants chimiques, engrais et pesticides qu’il faut acheter.

Dans les pays qui ont bénéficié des rendements spectaculaires de l’agriculture industrielle, on voit la productivité stagner -voire baisser- et les sols s’appauvrir dans des proportions inquiétantes.

L’eau se raréfie au point qu’aux Etats-Unis, certains agriculteurs gagnent mieux leur vie en vendant leurs droits sur l’eau aux villes proches qu’en cultivant leurs terres.

Ailleurs, il est plus intéressant d’acheter le blé à l’étranger que de dépenser l’eau nécessaire pour le faire pousser.

On pourrait continuer encore la liste des problèmes qui surgissent, s’imbriquent et tissent une barrière de plus en plus infranchissable. L’agriculture mondiale arrive dans une impasse, et l’on ne sait plus aujourd’hui s’il sera possible, demain, de nourrir 9 milliards d’humains.

Le paradoxe, c’est que la faim a d’abord frappé ceux qui produisent la nourriture pour le monde (2,5 milliards de personnes vivent et trop souvent mal de la production agricole).

Le paradoxe, c’est aussi que les modèles alimentaires qui s’imposent partout aujourd’hui sont la cause de graves malnutritions au Sud (où les terres sont consacrées à l’alimentation des porcs, volailles et boeufs consommés dans les pays riches) et de graves maladies au Nord (obésité, maladies cardio-vasculaires et diabète sont aujourd’hui considérés comme épidémiques).

Le paradoxe, encore, c’est que l’inquiétude naît alors que l’on produit (encore) largement de quoi nourrir toute la population mondiale. Car ce qui fait défaut aujourd’hui, ce ne sont pas les ressources mais leur distribution équitable, ce ne sont pas les terres, mais leur juste répartition.

Dans déjà de nombreux pays, les mouvements coopératifs, associatifs, mutualistes, les fondations jouent un rôle important pour pondérer les injustices et aider les logiques de solidarité à se mettre en place, mettre en place d’autres façons de produire et consommer.

Toutes les analyses indiquent que l’économie sociale a un rôle-clé à tenir dans un avenir proche (coopératives agricoles, de pêche, de consommation et de distribution, associations de commerce équitable, banques coopératives et mutualistes, mutuelles de santé et d’assurance, associations sociales, fondations, coopératives de services...), si elle reste fidèle aux valeurs dont elle est porteuse. Aide à la recherche et au développement d’une agriculture respectueuse de l’environnement et des sociétés, mise en place de circuits de production et de vente véritablement équitables, soutien aux organisations agricoles locales permettant l’autonomie des territoires, évolution des modes de consommation et de distribution, conciliation entre production alimentaire et bio-énergie… sont quelques-uns des défis qui attendent l’économie sociale.

Les 3e Rencontres du Mont-Blanc (en 2007) ont permis aux acteurs de l’économie sociale de mieux appréhender les problèmes et les enjeux liés au changement climatique et à la nouvelle donne énergétique.

Cela leur a permis de se positionner, de concevoir le rôle qui est le leur et de mettre sur pied près de trente projets qui reflètent leurs valeurs et l’originalité de leurs méthodes dans le monde entier. Les liens sont nombreux, entre crise énergétique et crise alimentaire.

Les 4e Rencontres du Mont-Blanc, en novembre 2009, sont l’occasion d’une analyse de la situation mondiale, de présenter expériences et réalisations mais aussi de nouveaux projets à partager pour tenter de « mieux nourrir la planète ».

Des dirigeants de coopératives, mutuelles, associations, fondations y participeront ainsi que des représentants de mouvements sociaux et syndicaux, d’organisations internationales invitées (Pnud, Pam, FAO, Cnuced, BIT, ACI...), des chercheurs et universitaires.

Les projets qui émaneront de ces Rencontres, portés par des entreprises et organisations présentes feront ensuite l’objet d’un suivi afin d’en mesurer la portée concrète.

Télécharger le programme.