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29 avril 2009
Retour sur Lux’09 : la globalisation de la solidarité arrive en Europe
Françoise Wautiez

Déclaration finale Lux’09
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Synthèses ateliers 1 à 12 Lux’09
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700 personnes, 59 pays représentés des 5 continents, une centaine d’interventions en français, anglais, espagnol, portugais…, des rencontres continentales du RIPESS, une rencontre intercontinentale, des réseaux proches de l’économie solidaire invités à participer à un mouvement commun. L’économie sociale et solidaire, riche de propositions et d’initiatives, était bien présente au rendez-vous de Luxembourg, au IV Forum Globalisation de la Solidarité organisée par le RIPESS. Qu’en dire ? Ce genre d’événements est très difficile à relater, mélange de ressentis, de rencontres, de frustrations de ne pas pouvoir avoir participé à plusieurs ateliers en même temps, de ne pas pouvoir avoir compris plus précisément le projet d’un tel ou un tel en Afrique ou en Asie, expérience de plus de vingt ans qui doit se raconter en 5 minutes à peine.

Le format de la rencontre était intéressant. Trois jours de rencontre, le premier « on illustre », le deuxième « on débat », le troisième « on propose » sur des temps d’1h30 de travail. Le sentiment général a été malgré tout dans la plupart des ateliers auxquels j’ai participé que trop de temps était dédié aux interventions et trop peu au débat. En outre, l’organisation des ateliers sur plusieurs villes où l’on devait se rendre en train ou grâce à des navettes mises à disposition compliquait le passage d’un atelier à l’autre.

Dans l’après-midi, de grands panels rassemblaient l’ensemble des participants. Le jeudi, par exemple, les intervenants se sont posé la question de la place de l’économie solidaire dans les lieux de décision et son peu de visibilité malgré le poids qu’elle représente dans certaines économies. Patrick Viveret a parlé du blocage de l’imaginaire en général qui a mené aux différentes crises que l’on connaît, mais que ce blocage est aussi présent dans les forces transformatrices de la société, y compris l’économie sociale et solidaire. Pour lui, l’ESS n’a pas l’ambition de ses moyens, elle ne s’inscrit pas de façon volontaire dans une approche transformatrice malgré sa vision systémique qui inclut une autre approche de la richesse, du pouvoir, de l’argent, de nos modes de vie mais aussi une capacité à chercher des solutions innovantes aux différents problèmes posés dans l’économie et la société.

Paul Singer, le très attendu secrétaire d’Etat à l’Economie Solidaire au Brésil, l’un des points du globe où l’ESS a un poids de plus en plus important, s’est posé la question de si l’ESS représentait une alternative au modèle dominant. Pour lui, la part de démocratie conquise de haute lutte dans le capitalisme a été balayée en grande partie par la contrerévolution néolibérale. Utilisant la globalisation financière comme arme, elle a affaibli le mouvement ouvrier en optant pour les délocalisations et un marché du travail mondial, corvéable à merci, affaiblissant par ailleurs les Etats Nationaux. Pour lui, il faut renforcer l’Etat, entité élue démocratiquement. Commentaire qui a soulevé de très nombreuses questions dans le public. Paul Singer a enfin déclaré que l’ESS pouvait être une alternative, qu’elle avait acquis un poids de plus en plus important dans plusieurs pays d’Amérique Latine, le Brésil bien sûr, mais aussi par sa reconnaissance dans les constitutions de la Bolivie et de l’Equateur et dans ce qu’il a appelé « le socialisme du XXIème siècle de Hugo Chavez » au Vénézuela.

L’impression d’ensemble était que l’économie sociale et solidaire représente une richesse incroyable de pratiques mais aussi de théories (un atelier organisé par Laurent Fraisse y était dédié – voir la synthèse de ces trois jours ci-contre), un maillage de réseaux difficilement compréhensible (une idée de cartographie est en train de germer pour les initiatives mais je pense qu’il en faudrait clairement une pour les réseaux dans les 5 continents et entre continents avec les spécificités de chacun), mais tout ça se voit contrebalancer par un manque de visibilité, sans doute provoquée par un manque d’ambition collective. Les rencontres du RIPESS sont certainement un moment de référence dans cette construction collective, difficile mais nécessaire. Ben Quinones et les réseaux d’Asie seront les hôtes de la prochaine rencontre en 2013. Les conclusions et les résolutions du RIPESS, notamment en ce qui concerne le volet européen du RIPESS, seront bientôt disponibles sur le site http://www.lux09.lu/index.php?id=20.

LUX09 renforce notre conviction qu’il est urgent que l’ESS se transforme pour être un élément de réponse face à la crise en proposant une vision, des propositions et de nouvelles innovations.

Liens utiles :
Site de l’événement : http://www.lux09.lu/index.php?id=20
Revue de presse de l’événement : http://www.lux09.lu/index.php?id=67