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20 février 2009
L’économie sociale et solidaire en 2009 : de Belem à Luxembourg
Article de Pierre Johnson, ALOE, France

Depuis le 1er Forum Social Mondial, en janvier 2001 à Porto Alegre (Brésil) l’importance et la visibilité de l’économie sociale et solidaire dans le mouvement pour une autre mondialisation vont croissantes. A chaque édition du FSM des centaines de séminaires réunissant les réseaux de ce mouvement ont lieu, ainsi que des ateliers thématiques et autres rencontres sur l’économie sociale et solidaire. Ce mouvement participe pleinement à son niveau au succès des forums sociaux, événements plus larges que ceux organisés par l’ESS elle-même, et qui lui donne l’occasion de rencontrer d’autres types de mouvements.

Les thèmes discutés et les témoignages apportés sont assurément divers : commerce équitable, finances solidaires, démocratie et développement local, autogestion des entreprises, coopératives, économie populaire, monnaies sociales, indicateurs de richesse, auxquels s’ajoute maintenant : modes de développement soutenable, stratégies face à la crise financière internationale, entre autres. Les débats sont de plus en plus riches année après année.

L’économie sociale et solidaire s’ouvre également davantage aux mouvements sociaux : syndicalisme, mouvements de femmes, souveraineté alimentaire, pour les droits économiques, sociaux et culturels, etc. Cela inaugure bien de la préparation de la 4e rencontre Globalisation de la Solidarité en avril 2009, malgré les difficultés originelles de sa préparation.

Présence au FSM de Belem

L’économie sociale et solidaire était bien présente au Forum Social Mondial 2009. Ses principaux organisateurs, le Forum Brésilien d’Economie Solidaire, le Réseau Intercontinental des Promoteurs de l’Economie Sociale et Solidaire (RIPESS, officiellement constitué en 2004, en prolongement des forums Globalisation de la Solidarité), l’Organisation Mondiale du Commerce Equitable (IFAT), INEES (organisation luxembourgeoise qui doit accueillir la prochaine rencontre du RIPESS) et le Fondation France Libertés, notamment, ont organisé plus de 115 ateliers et séminaires. Des milliers de personnes étaient présentes à ces ateliers et séminaires.

Le RIPESS était officiellement représenté pour la première fois au Forum Social Mondial 2004. Mais c’est au FSM de Nairobi en 2007 qu’il a présenté pour la première fois un programme fort et articulé, avec une centaine d’organisations. Pour Belem, son objectif était d’affirmer la confluence de l’économie solidaire avec d’autres réseaux et mouvements sociaux.

Les activités proposées à Belem ont connu un franc succès. La conférence du 30 janvier, proposant un dialogue avec les réseaux et mouvement sociaux, a eu 180 auditeurs dans une salle prévue pour 120. Les participations croisées ont été nombreuses, plus encore que d’habitude, affirmant l’esprit d’ouverture de ce mouvement. Plusieurs mouvements et coalitions internationales (Tax Justice Movement, Our World is Not for Sale, etc.) se sont ainsi associés au mouvement de l’ESS, dans la recherche d’alternatives et de solutions à la crise.

Mondialisation du mouvement de l’économie solidaire

Le Forum Social Mondial 2004, qui avait lieu pour la première fois sur le continent asiatique, à Mumbai en Inde, a été l’occasion, dans sa préparation et sa tenue, de trouver un langage commun entre les mouvement sociaux impliqués dans l’économie en Occident et en Asie du Sud et Sud-Est. Une partie importante de la « people’s economy » indienne s’est ainsi retrouvée et connectée au mouvement de l’économie sociale et solidaire, tel qu’il s’était construit au Québec, en Amérique latine et en Europe. Puis c’était au tour de l’Afrique de regrouper les initiatives se reconnaissant dans ce mouvement, à l’occasion de la troisième rencontre du RIPESS « Globalisons la Solidarité » en novembre 2005 à Dakar, qui fut un moment marquant de convergence et d’élargissement de ce mouvement, sous le slogan « Renforcer le pouvoir d’agir des peuples ».

L’impulsion donnée en Asie s’est poursuivie sur sa lancée, puisque tous les deux à trois ans (2004, 2007…) a lieu en Asie du Sud-Est l’Asian Forum for Solidarity Economy, partie intégrante du mouvement international de l’économie sociale et solidaire. Le monde anglo-saxon pour sa part connaît des mouvements très importants actifs soit dans le plaidoyer par rapport aux politiques économiques, soit dans le « développement communautaire ». Malgré la proximité géographique avec le Québec et l’Amérique centrale, culturelle avec l’Europe, le concept d’ « économie solidaire » y trouvait peu d’écho ou d’équivalent. En 2007, se forme pourtant un début de réseau d’économie solidaire aux USA, l’année du premier forum social de ce pays. Le Forum Social Mondial de Belem a été l’occasion d’affirmer l’existence de ce réseau, qui pourrait être porteur de propositions pour l’ensemble du mouvement.

Logo du RIPESS, depuis la rencontre de Dakar 2005

Préparation de Lux 09

La prochaine rencontre internationale des réseaux d’économie sociale et solidaire (4e rencontre « globalisation de la solidarité ») aura lieu du 22 au 25 avril 2009 au Luxembourg. Le slogan pour cette édition est : « Une autre économie existe : les innovations de l’économie sociale et solidaire ». Un comité de pilotage se réunit régulièrement depuis 2 ans pour la préparer. 12 thèmes ont été choisis, et sont coordonnés par des organisations de l’ESS. Des mécanismes de solidarité sont prévus pour la participation d’organisation du Sud.

Une présentation a été faite à Belem de la rencontre Lux 09, et plusieurs nouvelles organisations ont adhéré au processus proposé par le comité de pilotage. Par exemple RENAPESS (Mali) et le Réseau Canadien de Développement Communautaire ont proposé d’organiser des ateliers en collaboration avec d’autres organisations. Cela devrait permettre à ce partenaire du Sud de mobiliser des fonds pour les délégations africaines à Lux 09. D’autres organisations, comme Caritas, le CCFD, les Maristas, ont affirmées être intéressés à soutenir les délégations du Sud.

La programmation Lux 09 prend forme, et plusieurs organisations ont respecté les délais pour soumettre des propositions. Le dialogue en ligne n’est pas aussi dynamique que souhaité, mais l’organisation des forums a cependant été allégée, et son efficacité accrue devrait faciliter la participation. http://forum.lux09.lu/