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juillet 2006
Forum Brésilien d’Économie Solidaire (FBES), un réseau inspirant
Yvon Poirier

Bien que fort récent, le Forum Brésilien d’Économie Solidaire (FBES) est une inspiration riche en leçons sur la façon de s’organiser en réseau.

A l’occasion du premier Forum Social Mondial tenu à Porto Alegre en 2001, des participants en provenance des différentes régions du Brésil ont décidé de travailler ensemble à la construction d’une plate-forme commune en vue de construire une économie alternative à l’économie néolibérale dominante. Deux années de débats auront été nécessaires afin de s’entendre sur une charte de principes et la plate-forme commune.

Créé en Juin 2003, à l’occasion de la III Réunion plénière brésilienne d’Economie solidaire, le Forum brésilien d’Économie solidaire (FBES), est aujourd’hui l’instance nationale d’organisation, d’articulation, de débats, d’élaboration de stratégies et de mobilisation du mouvement d’Economie solidaire au Brésil. Le FBES représente, également, le mouvement d’Economie solidaire auprès des pouvoirs publics (Fédérales, Etats de la Fédération et des municipalités, par le biais de la Coordination nationale et des Forums des Etats et des municipalités), et auprès des entités, des réseaux et des organismes nationaux et internationaux.

Le Brésil est un vaste pays de plus de 180 millions d’habitants, répartis dans 27 États. Ainsi, le FBES s’est donné une organisation qui repose sur des Forums dans chacun des 27 États et sur 16 organisations ou entités nationales. La Coordination Nationale est composée de 97 personnes, trois par État et 16 des entités nationales. Cette coordination se réunit deux fois par année. De plus, une Coordination Nationale Exécutive composé de 13 personnes assure un suivi régulier du FBES. En appui au FBES, un Secrétariat Exécutif National composé de 3 personnes appuie et anime l’ensemble, assure la circulation de l’information, notamment par un Bulletin diffusé à plus de 4000 abonnés.

Le président Lula, élu en 2002, a réalisé sa promesse de créer un Secrétariat national l’économie solidaire (SENAES). Le FBES et le SENAES ont constitué huit Groupes de Travail (GT) conjoints afin de promouvoir concrètement l’Économie solidaire au Brésil : communication, recensement géographique, cadres juridiques, politiques publiques, production, commercialisation et consommation, relations internationales, finances solidaires et formation.

Présentement, le FBES est très actif afin de promouvoir des changements législatifs. Les années de dictature n’ont pas rendu propice un cadre législatif approprié. Ainsi, plus de 50% des 14 000 entreprises recensés sont des associations. Toutefois, le cadre juridique des associations n’est pas adapté aux spécificités et à la diversité des entreprises d’économie solidaire. De même, la loi des coopératives, instituée pendant ces années, favorise surtout des grandes coopératives (principalement d’agri-business). Par exemple, il faut un minimum de 21 membres pour créer une coopérative et les exigences d’enregistrement et autres formalités sont telles qu’elles sont un frein pour les entreprises d’économie solidaire. Ainsi, seulement 8% des entreprises recensées sont des coopératives.

En juin, une première Conférence nationale d’envergure, regroupant plus de 1 200 participants désignées les forums dans les 27 États, s’est tenue. Dans les semaines qui ont précédé cette Conférence, plus de 10 000 personnes ont participées aux 27 forums étatiques.

La Conférence était convoquée par trois Ministères : le Developement Social, le Développement Agraire, et le SENAES (qui est du ministère de l’Emploi et du Travail). Le FBES était responsable de faire un vaste mouvement de mobilisation dans les États afin de garantir les débats et d’élargir la participation aux acteurs de la société civile et des gouvernements locaux qui ne connaissent pas encore l’Économie Solidaire. Le thème de cette Conférence était : L’Économie Solidaire comme stratégie et politique de développement.

Il est intéressant de savoir que le FBES n’est pas encore constitué en association légale. Ce qui ne l’empêche pas, au contraire, d’avoir un fonctionnement d’envergure. En comparaison avec ce que nous connaissons ailleurs, il est sans doute possible de dire qu’il s’agit d’un réseau, voire même d’une organisation.

Le mot « forum » a été retenu car son sens original signifie « place publique ». Les dictionnaires y donnent le sens suivant : « place où se tenaient les assemblées du peuple et ou se discutaient les affaires publiques ».


Le présent article a été rédigé suite à des échanges et discussions avec le secrétaire-exécutif du FBES, Daniel Tygel, pendant une mission qu’il a effectuée au Québec et au Canada du 15 au 27 mai dernier. De plus, un texte de présentation, traduit en anglais, français et espagnol, est disponible à l’adresse www.fbes.org.br/internacional

Rédaction : Yvon Poirier
Développement local durable : Bulletin d’information # 30
Contact : ypoirier videotron.ca